06/07/2013
Le Petit Censeur Illustré n° 2
Au matin du 11 mars 1950, les fidèles clients-lecteurs de TARZAN voient leur champion favori se débattre dans une situation désespérée. De vilains pas beaux pygmées l'emprisonnent entre leurs petits bras musclés. Vient-il d'être capturé par de voraces cannibales ? En tout cas, ces nains dont la tête paraît malade d'hydropisie, on les nomme ONONOĖS.
Mais sont-ce, ici, les véritables ononoés que le dessinateur Burnes Hogarth inventa, donnant libre cours à une de ses manies consistant à dé-sexualiser nombre de ses personnages ? Ces créatures exceptionnelles dont le laps d’existence fut très restreint dans la BD allaient détenir un record dont elles dédaignaient pourtant les lauriers. Elles furent les victimes principales de la censure imposée en France à toutes les images destinées aux enfants.
Vignette terminale de la huitième page de l'hebdo TARZAN n° 181. Elle vaut vraiment le coup d'un commentaire à venir détaillé ; elle ainsi que toutes les autres, celles la précédant, celles lui succédant.
Docteur Jivaro
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30/06/2013
Le petit censeur n° 1
Après une période assez brève (globalement : 1972-1983) de liberté de création dans la BD – et pas uniquement dans celle destinée aux adultes – la censure est redevenue toute puissante dans tous les domaines relatifs à l'affichage public des journaux illustrés.
Il suffit de regarder la devanture fadasse d'une librairie d'aujourd'hui tout en se souvenant de telle ou telle autre de la fin des années 70, pour comprendre tout ce dont les « belles âmes » politiques, de droite ou de gauche, nous ont démuni depuis bientôt trois décennies.
Cependant, on peut toujours s'en consoler, sachant que dans le pays de Thorez et de René Coty se furent surtout les années 50 qui eurent à subir les plus grands abus de censure dans le rédactionnel et le graphisme populaires.
Ci-dessus la couverture de FOX, n° 33 de mai 1957.
Publié en France, donc censuré, ce produit italien était adapté par les éditions LUG alors très productives à Lyon.
Le revolver tenu dans la main droite à été supprimé. On a déplié l'index comme pour ne garder qu'une
trace inoffensive du canon de l'arme disparue. Mais l'escamoteur, sans doute chichement payé, a laissé vide la gaine pendue au ceinturon. Il s'est dispensé de dessiner le six coups qui, normalement, devrait y être replacé. Je ne connais pas l'image d'origine. Je suppose, pourtant, que l'autre personnage menacé laisse tomber son colt et que celui-ci, aussi, a été effacé.
Le protagoniste en chemise jaune se nomme sûrement TEX WILLER, ranger fameux réédité par Lug mais pas dans FOX. Dans RODEO. (Et après que WILLER TEX ait possédé son propre journal pendant 35 numéros entre 1952-1955).
Constatons sur ce numéro 93 de RODEO (1958) le même genre de censure que celle appliquée au numéro 33 de FOX. Et cette fois, la main droite a été modifiée maladroitement. L'encre en a même bavé, la coquine.
Un avant goût de ce TEX WILLER apparut prématurèment sous le nom de TEXAS BOY, dès 1947 – Et fut publié sur 32 pages, chacune des pages n'étant modestement composée que d'une seule bande horizontale.
Ci-dessous, le numéro 10 de TEXAS BOY. La dernière page présente une publicité pour PANTHERE BLONDE, une des copines de notre enfance.
Sur cette couverture n° 9, une action défensive meurtrière impossible à publier pour une jeune clientèle des années 50 et 60. Et même à présent, en 2013 vous n'en verrez pas l'équivalent dans un journal pour juniors.
Difficilement trouvable, la collection complète de TEXAS BOY tient-elle en 39 ou 41 numéros ? Question non résolue. Quoiqu'il en soit, si votre pire ennemi vous la donne avant de périr étranglé par vos soins, acceptez en le cadeau. Et pour une bonne raison : chacun des exemplaires peut atteindre jusqu'au prix de 90 euros malgré le chétif de sa présentation.
Docteur Jivaro
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22/06/2013
Les tarzanides du grenier (n° 37)
Commençant KALI, se prolongeant ZORA puis redevenant KALI, ce pockets fut publié tantôt genre garçon, tantôt genre fille par « Jeunesse et Vacances » jusqu'à atteindre 51 numéros ZORA et 133 KALI. Une quantité faible comparativement à leur longue période d'existence (de 1966 à 1981). L'explication tient au fait que ce produit n'était souvent mis en vente que trimestriellement. Exemple : KALI du numéro 122 est daté d'octobre 1978 ; son numéro 123 de janvier 1979.
Beaucoup d'exemplaires comptent 132 pages. Généralement KALI-ZORA en occupe les 42 premières pages. Les feuilles suivantes supportent des séries changeantes : Ringo, Buffalo Bill et autres. On y retrouve même les péripéties de HARDI JOHN ! jeune yankee engagé dans le conflit américano-nippon et dont les débuts héroïques se firent dans L'INTREPIDE, hebdomadaire fameux qui reparut en 1948 après une absence de quelque dix années.
Les dessins de ZORA-KALI, aussi fréquemment que pauvrement imités de ceux de Hogarth, sont condamnés à demeurer toujours en-dessous de leur modèle d'Outre-Atlantique. Néanmoins c'est cette décalque, quoique miséreuse, qui fait que nous en rangeons les personnages parmi les tarzanides.
Les pages 32, 33 et 34 du numéro 122 (oct. 78) ont ceci d'assez agaçant que leurs images reprennent de façon indigente quelques-unes des phases du combat qui opposa TARZAN contre un grand lutteur gréco-romain (voir l'original made in USA des 21 et 28 oct. 1945).
Nouveau Siegfried, Tarzan plonge l'épée mythique – NOTUNG ? - dans l'éternel brasier régénérateur. On est alors dans les lendemains de la défaite inouïe du 3e Reich, et ce n'est pas Paris qui a brûlé, c'est Berlin.
Berlin à partir de laquelle Hitler et Speer anbitionnèrent de créer Germania, capitale annoncée gigantesque dans une Europe fortifiée « De Brest à Vladivostok ».
Bien que signés Hogarth les deux dessins ne sont pas entièrement de sa main. Il s'est suffi d'un crayonné préparatoire, l'encrage final étant abandonné au débutant Rubimor.
Docteur Jivaro
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08/06/2013
Les tarzanides du grenier (n° 35 bis)
Selon la mythologie hébraïque – celle de la Bible – la femme et le serpent se font complices pour accabler l'homme, ce grand nigaud qu'il faut savoir mener par le bout du zizi.
C'est sous l'influence des tarzanes et autres tarzellas – alors très en vogue – que Pellos invente DURGA RANI, une jeune fille athlétique, vierge de partout.
On est alors en 1947 (une feuille de lancement n° 0 existerait dès 1946 ?) On est alors en 1947, Pellos travaille encore et toujours pour les éditeurs Offenstald, lesquels produisent simultanément à des titres diversifiés une LISETTE, brochure hebdomadaire imprimée d'images et de texte. Elle est adressée aux fillettes scolarisées, dans le royaume pas forcement enchanté des petites culottes tissées de coton blanc.
« j'aimais beaucoup KIPLING » avouera avec émotion Pellos dans le numéro 31 des Cahiers de la Bande Dessinée. Donc, géographiquement, ce ne sera pas l'Afrique, ce sera l’Inde. Mais attention,pas l’Inde des Colonies Anglaises ni celle de notre compatriote DUPLEIX. Ce sera l’Inde d'avant ou, si vous préférez, de l'Inde en dehors de toute conquête européenne. Une Inde romancée n'ayant pas même conservée souvenir de l'épopée Alexandre Le Grand.
L'histoire de DURGA RANI se déroule sur 126 planches. Les illustrations ne sont pas enfermées dans des cases et les phylactères n'existent pas. Toute onomatopée est bannie. Les dessins servent à accompagner un long texte découpé par paliers. En résultat, il ne s'agit pas vraiment d'une BD. On peut parier que les gamines en admiraient les images avant de se décider à en lire le récit.
Voyager en compagnie de la « Reine des Jungles » n'équivaut pas à une période de repos. Nulle part la sécurité ! On s’entre-tue, on assassine avec rage. Les animaux s'écrabouillent, se déchirent, se dévorent pendant que DURGA RANI, autoritaire et orgueilleuse, s’exhibe colérique dans ses vengeances. Tout ça créant un climat frénétique et voluptueux. De quoi inciter plus d'une gamine à quelque rêvasserie érotique conduisant à de premières masturbations. Mais heureusement pour la tranquillité des familles répressives, le lit des enfants d'avant l’adolescence ne parle pas. Silence et couche cousue.
Pellos n'oubliait que rarement de placer sa signature au bas de chacune de ses planches. Le moindre petit dessin méritait, lui aussi, d'être paraphé. Il profitait ainsi d'une tradition française rendant hommage au travail de l'artiste aussi modeste soit-il. Les italiens dans leurs journaux pour enfants ne disposaient pas fréquemment d'une pareille reconnaissance. Mes copains d'école et moi avons aimé KIT Le Petit Shérif ainsi que Pécos Bill sans jamais connaître ni le nom ni même le pseudonyme de leurs auteurs transalpins.
Au dessus de la signature de Pellos on voit un petit signe graphique dont la forme est modifiée après quelque temps d'utilisation. Tantôt un cœur, tantôt un œil. Parfois un profil schématisé, celui d'un animal ou d'un humain, etc. Pellos disait que ces pictogrammes l'aidaient a repérer l'année de réalisation des dessins. Était ce vrai ?
Les 126 pages de Durga Rani peuvent être divisées en quatre cahiers d'inégales épaisseurs, chacun marqué d'un pictogramme différent des trois autres.
Un ovale pages 1 à 12 - Un astérix de la page 13 à 59 et de la page 60 jusqu'à 107 : un coeur - Une étoile page 108 jusqu'à 126 la finale
Durga Rani danse en acrobate païenne.
Le rabbin, le curé, le mollah et le secrétaire du Parti des Travailleurs détestent ce style de danse. Quant aux femmes dites libérées, qu'elles soient frigides ou qu'elles soient lesbiennes, elles détestent surtout les hommes qui aiment ce genre de danseuse.
Docteur Jivaro
18:19 Publié dans Arts, BD, Grenier de la BD, Journaux, Media, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tarzan femme, tarzanides, durga rani, kit le petit shérif, pécos bill, pellos, bd, bédé anciennes
01/06/2013
Les tarzanides du grenier (n° 35)
Aucun Tarzanide ce jour !
J'allais vous parler de DURGA RANI.
J'allais vous en parler lorsqu'un des collectionneurs de BD avec lesquels j'échange des titres, arriva, proposant un fort gros lot de « formats de poche » parus pendant les années 70.
Je ne pouvais pas refuser. Résultat : nous avons écoulé cet après-midi à discuter des mérites d'Hugo Pratt comparativement à ceux de Druillet. Nous avons bien ri, aussi en revoyant certaines vignettes réussies par Manara. Et finalement nous nous sommes promenés dans le passé des comics américains. En particulier de tous ceux qui prirent des chats pour sujet principal.
C'est dire que le temps m'a manqué pour rédiger un 35e tarzanide.
Lorsque le collectionneur de vieux papiers est sincère la valeur commerciale lui importe assez peu.
Image recto-verso de la page de garde de l'album FELIX LE CHAT,
édité en France, année 1931.
Docteur Jivaro
17:17 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bédés anciennes, félix le chat, manara, hugo pratt
18/05/2013
Les Tarzanides du grenier (n° 34)
PANTERA BIONDA (2)
La sexy Barbie vient d'ouvrir SA maison rose itinérante … Ce n'est pas de mon goût, n'appréciant pas la guimauve. Mais comme Barbie fait enrager les lesbiennes viragos ; et comme les gauchistes, grands fournisseurs de « camps de rééducation par le travail », la détestent, alors cette petite blonde de 29 cm m'est devenue sympathique. Que voulez-vous, la pétroleuse Louise Michel, laideronne que même Victor Hugo semble avoir refusé de baiser, n'est pas de mon genre. Elle qui exigea d'être fusillée après avoir été assurée de la clémence des tribunaux versaillais.
Étant gosse je déchirais les pages de BECASSINE et m'abstenais de toute relation intime avec les robes de BLEUETTE, poupée fadasse frappée d'un mongolisme même pas identifié trisomique 21. J'ai horreur des filles dont le pubis mutilé de pudeur est clos comme un œuf durci à la cuisson!
Heureusement pour mon enfance, il y eut la bédé PANTHERE BLONDE.
Douze numéros venus d'Italie.
Contrairement à ce qui est parfois raconté, PANTHERE BLONDE ne vient pas de SHEENA (1938) mais de TARZELLA. Sheena se vêt d'un short hypocrite faisant obstacle ; Tarzella et Panthère Blonde, elles, voltigent en jupe courte, leurs jambes suggérées libres en-dessous de leur petite jupe taillée peau de léopard.
Eh ! Eh ! En créant le soleil, le dieu d'Israël créa,
en même temps, les ombres. Du vent dans la voilure.
Ces douze exemplaires BD, assez vite censurés en France par la conjuration de la bigote catho et de l'abonné à « l'Huma Dimanche », furent édités, dit-on, jusqu'à 100 000 exemplaires pendant les années 1948-1949.
L'imagerie en résulte d'un artiste italien mort en 1981 : MAGNI inversé en INGAM. Presque toutes les interprétations commercialisées en France virent leurs couvertures endommagées par les ciseaux d'Anasthasie. Tantôt le poignard brandi par l'héroïne est gommé (n° 4. La Secte des Thugs) ; tantôt la jupe est allongée comme s'il s'agissait de se rendre, mains jointes à hauteur du bonbon, dans la librairie en face de l'église Saül-Paul dans Montluçon, là où les journaux quelque peu érotiques sont systématiquement enlevés du rayon destiné à les exposer.
PANTHERE BLONDE donna une succession assez prodigieuse de filles de la jungle. Le cinéma, lui-aussi produira de multiples Tarzellas et autres Tarzanides.
Couverture d'un des exemplaires MONSTER-bis et ayant pour sujet principal de jolies femmes exposant leur anatomie sous prétexte d'une vie sauvage menée sinon pendant les nuits du Bois de Boulogne tout au moins dans des forêts de carton pâte. Est-il nécessaire de signaler que le public en était majoritairement masculin ?
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On y va chéri ?
Docteur Jivaro
18:47 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Moeurs, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bandes dessinées, sage édition, pierre gires, alain jarry, bandes dessinées anciennes, tarzan, tarzanides, panthère blonde, tarzan femme