09/02/2013
Les Tarzanides du grenier (n° 20)
Aucun texte à propos des avatars de Tarzan, aujourd'hui.
Je me suis rendu à Domérat, proche de 5 km de Montluçon City Infernale. Il s'y tient une vente de « vieux papiers de collection » pendant les deux jours de cette fin de semaine.
Domérat compte à peu près 9 000 habitants et Montluçon quelque 40 000 après, en avoir compté 50 000. Le terrain d'aviation pour pigeons et le groupe SAFRAN Sagem dépendent du territoire de la commune de Domérat. Si bien que j'ai pris l'habitude de dire que Montluçon-Ville n'est que la banlieue de Domérat-Village.
Lorsque j'étais gamin, il y avait LES vendanges. Nous allions vendanger le paysage dont le vin s'appréciait moins que l'eau de vie. Les guêpes nombreuses planaient, voraces, au-dessus des raisins broyés. Certaines d'entre elles, victimes de leur gourmandise s'engluaient, s'étouffant dans le mou. Un autre enfant plus lourd que moi, me montrait sa force en leur arrachant les ailes.
Le soir c'était festin. Bruyant, forcément. Et dans votre assiette, attention ! on pouvait y avoir mis une farce-attrape. Ça faisait rire – gros rire, chaque bouche faite de trente gueules. J'eus droit dans mon assiette à une araignée, fausse comme la petite cuillère qui se plie en deux dans votre tasse. Une autre fois, je ne sais plus quel cousin lointain trouva un … étron noyé dans son potage. En sucre, l'étron. Mais ça vexe quand même drolement, je le compris tout de suite en voyant le visage du type dont l'image m'est restée dans la mémoire. Il y avait aussi le clairon truqué qui vous envoie de la poudre noire dans le visage quand vous soufflez dans l'embout.
Et ainsi de suite jusqu'à presque l'aube.
J'abrège ici, j'arrête même.
Samedi prochain : WAMBA
WAMBA
UN TARZANIDE DE RACE NOIRE
Docteur Jivaro
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02/02/2013
Les Tarzanides du grenier (n° 19)
La sortie des écoles, années 50.
N'était pas rare qu'un colporteur nous distribua des buvards publicitaires d'un peu tous les genres : pour du fromage, pour de la colle, pour du chocolat, pour et pour … pour des journaux illustrés aussi. Généralement, c'était à 11 H 30, pas à 16 H 30 que s'effectuait la distribution.
D'un format rectangulaire présenté à l'italienne voici un de ces buvards. Autant vous dire que beaucoup d'entre eux épongeaient mal, qu'ils écrasaient l'encre violette sur nos cahiers plutôt que de l'absorber.
L'instituteur, terni dans sa blouse grise, désapprouvait l’utilisation de ces buvards « de réclame » ; et n'avait évidemment pas tort à cause de leur manque d'efficacité. Toutefois, en refusant l'usage de ces mauvais buvards l'instituteur condamnait moins la médiocrité de leur texture que leur publicité incitant à lire et regarder des bandes dessinées. Surtout lorsque le titre en appelait à TARZAN.
Un jour – en matinée ou en pendant l'après midi ? Pas souvenir. Mais c'était dans l'école et nous étions âgés de sept ans. L'instituteur arracha des mains d'un gosse un protège-cahier sur lequel figurait la silhouette d'un cow boy tenant un revolver. Il déchira en deux, en quatre le dessin imprimé et en laissa tomber les morceaux sur le plancher. « Ramasse ! » qu'il commanda à l'enfant le plus proche.
Cet instituteur passait pour un champion du coup de pied dans le derrière des petits garçons. « Je chausse du 40 ! » qu'il avertissait pour obtenir le silence. Depuis j'ai plusieurs fois imaginé que le fantôme du bon vieux docteur Freud étudiait la relation équivoque d'une chaussure d'adulte et d'une culotte d'enfant. Écoliers, méfiez-vous de bien des instituteurs.
Le nom de TARZAN, c'est à dire sa célébrité, fut utilisé pour aider à la vente de produits. Il y eut du gasoil TARZAN ! ; il y eut du chewing-gum TARZAN. Alors voilà la godasse TARZAN. Regardez le dessin tout simple placé à gauche de la chaussure : Il a été copié chichement sur la page de garde de « Tarzan et le traître », n° 13 de l’Édition Hachette, année 1949 .
Cet épisode fut d'abord débuté dans le grand hebdo JUNIOR, année 1940. La seconde guerre mondiale en interrompit la publication en France, et c'est Henry Le MONNIER qui en continua le récit à partir du numéro 201 (sauf 202) ; mais pour parvenir à une fin différente de celle de l'américain.
Docteur Jivaro
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01/02/2013
Angoulême 2013 - Festival BD
La bande dessinée va t'elle
se métamorphoser en vidéo ?
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Un incunable désormais introuvable
Le n° 3 de RECTO VERSO
Publié en 1983, alors que la mort de HERGE
accable les uns sans désoler les autres.
Ce numéro fut réalisé avec la participation de
Patrick CLAEYS, CHABERTY, GIO, EFFER, STANISLAS, etc, etc, etc ...
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19/01/2013
Les Tarzanides du grenier (n° 17)
MIRACLE JONES
Année 76 de 1900, l'éditeur Serg participe à la grande mode des rééditions de bandes dessinées anciennes, qu'il rajeunit illusoirement sur de beaux papiers couchés, glacés.
De ce Miracle Jones francisé, la préface est tout aussi détaillée qu'ennuyeuse. Semblant avoir été rédigée par un élève accumulant les noms, les dates et les références en croyant ainsi ne pas rater l'examen. Ce préfacier s'est-il figuré qu'il faut réciter toute La Bible pour justifier les pitreries de « Charlot boxeur » ? Miracle Jones fut inventé par le bédéïste Hogarth momentanément en panne de Tarzan. Aussi ne résulte-t’il pas des conflits armés entre Mac Arthur et le général Soto, celui-ci surnommé « lame de rasoir » par les derniers samouraïs réduits à l'état suicidaire du kamikaze.
Démissionnaire de Tarzan fin novembre1945, Hogarth fabrique deux personnages de BD dont il espère le succès. L'un DRAGO, l'autre MIRACLE JONES. DRAGO se veut crédible mais MIRACLE JONES se fait déculotter à chaque tour de page.
DRAGO est un jeune argentin d'opérette qui affronte sans y être préparé le réseau nazi Odessa, lequel n'est pas nommé dans le scénario. (Mais a-t'il réellement existé ce réseau?)
Quant à MIRACLE JONES … au physique il n'est qu'un gringalet binoclard. Adulte, il ressemble à un gamin vieilli. La paire de lunettes qui lui tire les oreilles n'est pas l'indice d'une intelligence vive mais la trace d'une infériorité physiologique. Infériorité musculaire, visiblement. Hogarth, encore obsédé par l'anatomie avantageuse de SON Tarzan, essaya t'-il de s'en délivrer en modelant celle d'un pauvre petit monsieur qui s'imagine athlétique lorsqu'il n'est que chétif ? Car MIRACLE JONES est un mythomane s'attribuant des exploits par lesquels il espère bien s'attirer admiration de lui même. IL SE rêve en marchant. Les choses les plus banales lui apparaissent sous des aspects fantastiques. Il se veut justicier, se voulant sauveur. Il se promène en Don Quichotte : un simple sac en peau de croco d'île s'agrandit aux proportions d'un saurien vaurien cherchant à happer une dame apeurée. MIRACLE JONES s'imagine secourant la pauvre femme. Mais il tombe de haut. Il rate, il échoue. C'est son fantasme qui lui éclate entre les mains comme bulle de savon. C'est le gag final, celui du bas de page. Hogarth était un type qui se prenait tellement au sérieux qu'il craignait de déchoir en inventant de l'humour. A son avis, tout propos tenu en plaisantant ne détient aucune valeur intellectuelle. Aussi campait-t'il dans des blagues réduites à celle de la peau de banane. Oui, Hergé se contentait de pareil : le faux pas, le dérapage, le geste maladroit et le bégaiement pour seules causes de la plaisanterie.
A se rêver aussi courageux qu’invincible MRACLE JONES était obligé de se classer dans la série prestigieuse des Tarzanides. D'autant que lui et Lord Greystoke ont le même papa dessinateur. Mais pour Miracle Jones toute prétention à l'héroïsme le décompose dans le ridicule.
Dédaigné par les femmes, MIRACLE JONES s'invente une compagne voluptueuse. Une vamp, une pin-up. Une créature conforme à tous les fantasmes habituels à l'homme : une courtisane avec laquelle il entretient des relations sado-masochistes mais qu'il réduit presque toujours à des jeux enfantins.
L'album Serg MIRACLE JONES contient au final 6 pages BD réalisées en 1935 par Hogarth et habituellement désignées comme « pièces de 8 ». Une aventure de corsaires permettant d'évaluer, après coup, les progrès graphiques du maître lorsqu'il succède à Foster et réalise sa première planche BD de Tarzan (celle-ci publiée en couleurs dans l'hebdo JUNIOR, n° 71 du 5 août 1937).
Sur le web, on peut se payer MIRACLE JONES pour une cinquantaine d'euros. J'ignore la quantité exacte de planches MIRACLE JONES dessinées par Hogarth. Cependant je pense que son talent n'est en rien renforcé par l'ajout du petit Monsieur à lunettes castratrices.
Docteur Jivaro
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12/01/2013
Les Tarzanides du grenier (n° 16)
En juillet 1974, dans le numéro 66 de CHARLIE-Mensuel, une chronique signée Théophraste EPISTOLIER s'en donnait à cœur-jouïr aux dépens du nouveau TARZAN illustré par HOGARTH (Burnes). Un produit américain converti en patois français par les Éditions Williams France-Paris, et assemblé en deux épisodes de 122 pages bariolées.
(Une dizaine d'années plus tard, Hogarth se déclara fort mécontent de la crudité des teintes).
Théophraste notait : « les singes et Tarzan ont un grand vide entre les jambes ».
C'est vrai. C'est vrai et c'est normal. Normal, c'est à dire pas naturel. Tel père sans sexe, tel fils désexué. Encore une « opération du Saint Esprit » réussie ! Et il faut reconnaître que, oui, Hogarth se comporta toujours en puritain castrateur du fils qu'il adopta des grands anthropoïdes.
Vue de l'arrière-train, vue d'en dessous, ce Tarzan juvénil à de quoi angoisser tout garçon qui somnole dans la tête d'une femme. Une couguar en serait fort deçue. De quoi faire rire aussi, car lorsque Hogarth dessine le fessier et, particulièrement, l'entrefesson de son n'héros il se pose des questions auxquelles il ne fournit qu'une réponse nulle. Une absence. Le RIEN.
Voyez qu'il n'y a rien à voir : pas même un petit trou de cul !
La nuit des noces s'annonce comme une frustration pour le mariage gay.
La censure impose des infirmités. Elle fait vertu de toute monstruosité qu'elle invente. Vertu de toute émasculation. Et lorsque le zizi lui manque à couper, elle « améliore » les filles en leurs arrachant le clitoris. Ou en leur cousant les nymphes, le pucelage n'étant que la fragile aile du papillon.
Dans les églises
on fournit des ailes aux anges
pour les consoler de n'avoir pas de sexualité.
Chez Tarzan,
la paire de testicules manque
mais les pattes s'en trouvent quintuplées.
Le doigt tendu d'une main et l'autre main grande ouverte, deux oppositions complémentaires, l'une phallique, l'autre femelle, souvent répétitives jusqu'à l’obsession dans la gestuelle artificielle et hystérique de Hogarth. Une manière de lancer des signaux désespérés avertissant que toute festivité érotique est désormais prohibée de l'espace publique.
Docteur Jivaro
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05/01/2013
Les Tarzanides du grenier (n° 15)
« Il nous faut un Tarzan ! Tarzan a un succès fou chez les gamins ! Il nous faut à nous aussi notre Tarzan qui nous apportera de nouveaux lecteurs ».
Le patron a parlé, et le patron c'est le directeur gérant – Jean CHAPELLE.
Fabriquer un faux TARZAN, un Tarzanide – un de plus ! c'est d'accord. Mais comment le nommer ?
-
Pourquoi pas TAO ? ça commence par un T et certaines contrefaçons du Seigneur de la Jungle commencent par cette lettre : TIM, TARGA … Alors, allons-y pour TAO !
C'est ainsi que surgit l'homme fauve, copyright ARCADIE, et imagé bédé par Lucien NORTIER, un presque débutant.
D'emblée, TAO capture une jolie blonde.
C'est dire que ses mœurs
sont déplorables :
hétérosexuel qu'il est.
Ou alors, c'est qu'il craint les foudres
de Yahvé et de Allah,
et qu'il cache son penchant
homosexuel en simulant
un appétit primitif
pour les rondeurs féminines
– Pouah !
L'aventure de TAO débute dans le numéro 74 de ZORRO Jeudi Magazine, en octobre 1947 et s'achève au numéro 98 d'avril 1948. Elle compte en tout 25 planches imprimées noir sur blanc. Le texte de Robert CHARROUX n'empêcha pas Francis Lacassin de désigner comme « très faible » le scénario.
Lucien NORTIER ignorait comment animer un personnage demi-nu et généreusement musclé. Il aurait pu compenser cette défaillance en imitant + ou – le TARZAN de Hogarth ou celui de Foster, ainsi que firent de nombreux dessinateurs ayant à traiter un tarzanide. Il refusa, choisissant de se débrouiller par ses seuls moyens. Nous pouvons l'approuver d'avoir ainsi ni recouru à la facilité, ni cédé à la paresse.
Par contre nous regrettons que Nortier et Charroux, sans doute avec l'acquiescement de Chapelle, aient infantilisé le langage de leur TAO, comme si ce grand adulte demeurait mentalement attardé. Un handicap analogue avait frappé TARZAN dans les films réalisés (mal) par la MGM sous le contrôle d'un Sol Lesser, individu soumis au matriarcat et qui trouva peut être une satisfaction vicieuse à mutiler le héros viril créé par E. R. Burroughs.
Collection italienne
« Jungle Film » où Tarzan
est appelé Antar.
Tarzan-Antar n'y
parle pas « petit nègre »
mais petit blanc sous développé
côté intellect.
Titre de la brochure :
Jungle appelle Berlin. (N° 12, décembre 1964).
Il s'agit de TARZAN TRIUMPHS,
film américain distribué par R.K.O (année 1943).
Chez TAO,
le langage est atrophié
pareillement à celui qui,
finalement accabla
Jhonny Weissmuller
devenu bedonnant.
TAO l'homme fauve, rapidement disparu, n'a laissé pour ainsi dire aucun regret chez les jeunes lecteurs. Dans la lecture de Zorro, ils préféraient ROBIN, bel enfant blond accompagné d'une superbe tigresse maternelle.
Docteur Jivaro
18:39 Publié dans BD, Grenier de la BD, Journaux, Media, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bd anciennes, hogarth, tarzan, tarzanides, nortier, jean chapelle, cuvelier, charroux, illustrations, dessin, journaux pour enfants