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12/12/2015

Les Tarzanides du grenier n° 191


En août 1945, le final de la seconde guerre mondiale signé entre les USA et le Japon ne fut qu'une transition vers d'autres conflits armés mondiaux dits « de décolonisation » et organisés par deux systèmes politiques ambitionnant de se partager les richesses du monde.

 
D'une part le capitalisme, de l'autre le socialo-communisme, chacun mobilisant ses finances et son intelligence pour rivaliser à savoir lequel réussirait en premier de futurs voyages cosmiques, avec pour étape intermédiaire la conquête de la lune. On sait qu'en 1957, l'URSS devança momentanément les États-Unis en satellisant un objet mécanique autour d'une planète qu'à l'époque personne ne qualifiait de bleue.

 
Bip – bip, bip-bip, bip …

 
Le triomphe mondial du SPUTNIK soviétique.

 
Aussitôt, la Bande Dessinée française s'empara du phénomène scientifique, le réduisant à un jouet pour l'enfance. L'éditeur Artima, déjà rodé par le titre METEOR qu'il publiait depuis 1953, créa SPOUTNIK en francisant le russe SPUTNIK. Ainsi, l'engin communiste propulsé en octobre 1957 eut pour successeur immédiat un vulgaire papier imprimé baptisé SPOUTNIK lancé en décembre 1957. Un numéro 1 de 36 pages qui mérita sa popularité même si, par comparaison d'avec d'autres romans d'anticipation, ses illustrations sont trop calmes, trop sages pour faire illusion. Des images dessinées non pas par le menton des frères Bogdanov mais par la main des frères Giordan, lesquels, longtemps avant, avaient présidé à la naissance d'un Tarzanide de choix : TIM l'AUDACE (1947).

 

Spoutnick-n°-1.jpg

 
Assez curieusement, ce numéro SPOUTNIK de 1957 est divisé en deux épisodes comme s'il avait d'abord été prévu pour paraître sous deux numéros mensualisés successifs. Le premier épisode va de 1 à 18, le deuxième de 1 à 17. Autre particularité de publication inhabituelle chez l'éditeur Artima : la dernière page (la 36) ne présente pas la liste des autres titres mensuels de Artima parus en décembre 1957.

 
Plus de cinquante années se sont volatilisées sur l'élasticité poreuse de l'espace temps, sans que les amateurs de romans de fiction cessent de s'intéresser à ce pourtant modeste numéro 1 de SPOUTNIK. Quoique chacun admet en souriant d'aimable pitié que beaucoup d'auteurs traitant du même thème ont mille fois mieux réussi à captiver notre attention.

  
Doc Jivaro (MFCL)

 

05/12/2015

Les Tarzanides du grenier n° 190

Édité mensuellement en France à partir d'une volaille pondue par Walter Lantz, PIKO l'oiseau bénéficia en guise de publicité de l'excellente réputation de la S.A.G.E. logée au 12 de la rue du 4 septembre dans Paris.

 

La S.A.G.E. publiait plusieurs BD célèbres : Superman, Fantôme du Bengale, King Police montée …

 

L'imprimeur en était Georges Lang dont les rotatives tournaient à plein rendement pour fournir à notre jeunesse sa dose hebdomadaire de bandes dessinées issues de toutes les origines.

 

En tant que coupeur de tête (avec un s. pour le pluriel), Doc Jivaro ne pouvait pas rater le numéro 1 de ce PIKO de l'année de grâce 1956.

 

Piko-numéro-1.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

36 pages. 2 pages en noir sur blanc alternent avec 2 pages multicolores.

 

 

Lorsque fut publié PIKO, j'avais renoncé depuis 2 ou 3 ans à lire des « petits mickeys ». J'étais passé de la « Pension Radicelle » à une douteuse « Famille Pied de Bouc » de la collection Série Noire. Autre gens, autres mœurs. Tout au plus m'attardais-je sur quelques uns des derniers titres de l'Atelier Chott.

 

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Séquence BD de trois images chapardées dans l'ultime FANTAX (n° 9 en 1959). Quiconque se souvient des premiers films interprétés par Eddie Constantine, reconnaît dans cette BD pour enfants une façon de parler influencée par ce qui était alors la grande mode des Lemmy Caution. C'était Bernard Borderie qui filmait « La Môme Vert de Gris » en attendant non pas Godot mais « Ces dames préfèrent le Mambo », tandis que le cinéma Le REX, haut perché dans Montluçon, annonçait « La P… respectueuse » de Sartre en l'absence de toute prostituée rue des Rémouleurs.

 

Eddie Constantine ? Un homme vraiment pas dangereux.

 

Si vous souhaitez lire une filmographie sympathique du Eddie-Lemmy de ces dames, procurez-vous le numéro 79 de MONSTER BIS présenté par Alain JARRY.

 

 

Doc Jivaro (MFCL)

28/11/2015

Les Tarzanides du grenier n° 189

 

Moi, Général de Gaulle … Pardon ! pardon pour ce faux lapsus. Je viens tout simplement de me retarder d'écrire : moi, Doc Jivaro.

 

Ayant achevé un de mes commentaires à propos d'une des BD de 1946 traitant des maquis français, j'accompagnais mon épouse dans l'Espace Culturel d'une grande surface commerciale. Mon regard fut arrêté par deux épais volumes, chacun de plus de 400 pages et portant pour en-tête UDERZO. Le sous titre « L'intégrale 1941-1951 » bien mieux que le nom célèbre appâta ma curiosité.

 

Uderzo-l'intégrale-1941-195.jpg

 

Découpe virtuelle du premier plat.

 

 

J'ai feuilleté, j'ai acheté. Je me suis dit : voici encore une jouvence qui va te ramener vers l'âge des barboteuses.

 

Beaucoup des illustrations et des bandes dessinées réimprimées dans ce tome 1 de « Hors collection », je les connaissais depuis longtemps. En particulier celles présentées sous le nom de BELLOY l'Invulnérable.

 

Ce gaillard s'exposa d'abord en page une de l'hebdomadaire OK quand ce journal atteignait son numéro 84. C'était le moment pendant lequel UDERZO s'exerçait à modeler des champions de stature herculéenne. Aussi Belloy faisait-il suite à un Prince Rollin dont il amplifiait la carrure ; et ce même Prince Rollin arrivait, lui, d'un Arys Buck en en triplant les volumineux biceps. Tous trois provenaient de la mode des Tarzanides mais tous trois étaient secoués dans un shaker de comique.

 

Cependant, UDERZO se différenciait de ses rivaux dessinateurs d'athlètes. Il s'en différenciait en négligeant l'anatomie des grands corps masculins et faisait oublier sa négligence en déformant jusqu'à les disloquer les masses musculaires. En résultaient des anomalies exacerbées jusqu'à l'infirmité. Seule l'habileté de la ligne, la netteté et la propreté de l'imagerie rendaient le lecteur tolérant envers des maladresses contraires à la myologie humaine.

 

Dans le lot des pseudo Tarzanides que fabriqua UDERZO il en est un qui n'exista que sur 6 pages. Six Pages publiées dans KID Magazine journal de BD qui ne connut pas de vrais succès en 1949. Et ce pseudo Tarzanide, ses compagnons le surnommaient Brick le Fort.

 

En 1949, j’entrais dans ma septième année. Je connus BRICK Le Fort durant la dizaine de jours de vacances d'été que je passais à Chenérailles, en Creuse. Toutefois, ce ne fut que plus tard, dans ma neuvième ou dixième année que j'entreprenais une copie partielle de l'épisode « Trésor de l’Île Fantôme » où la force de BRICK le corsaire se vérifiait à chaque vignette. Et comment n'aurais je pas repéré que pour donner des mouvements aux flots de l'océan UDERZO imitait les effets graphiques inventés par HOGARTH ?

 

 

Rick-2-pages.jpg

 

Deux pages quadrillées arrachées à un de mes cahiers d'écolier. Le stylo plume muni d'une réserve d'encre bleue de marque Waterman, je l'utilisais plus fréquemment pour « faire des petits guignols » que pour réduire à un dénominateur commun des séries de fractions.

 

Doc Jivaro

 

21/11/2015

Les Tarzanides du grenier n° 188

 

Un n° 1 peu connu tout en ayant le mérite d'exister.

 

Le-sabre-maudit.jpg

 

Signé de Pierre Delorme, ce volume de 56 pages probablement dessiné au feutre noir, date de novembre 1981 et semble avoir été édité à compte d'auteur. Le linéaire épais dans le texte comme dans la silhouette des acteurs donne une page parfois encombrée plutôt qu'animée. Ce qui nous soustrait à la fascination que les estampes de la période EDO exprimaient pour les saignées guerrières : le lent goutte à goutte rouge sur le papier des unes, les mille ruissellements du pinceau à travers les fibres des autres.

 

Doc Jivaro connut Delorme alors que tous deux enseignaient dans le cadre d'Ateliers d'Expression Culturelle de la Ville de Paris. Cet ancien collègue est maître de quelques-uns des arts martiaux nippons, principalement le Kendò.

 

Mais en Chine, en Mandchourie notamment et depuis les années 30, les familles chinoises ne gardent pas du tout un souvenir agréable relatif à la philosophie symbolisée par le sabre japonais.

 

Doc Jivaro

 

 

07/11/2015

Les Tarzanides du grenier n° 187

 

Samedi précédent, une dame parlant couramment le patois françois vint demander chez le presque dernier libraire du vieux Montluçon :

 

- Avez-vous des AGGIE ? Vous savez : une bande dessinée des années 50.

 

J'entendis la demande, je me tus comme mille fois trucidé.

 

AGGIE « la petite américaine » fut inventée par Hal Rasmusson, qui la dessina et dont la parution en vocabulaire français eut lieu dans le disparu hebdomadaire FILLETTE – Jeune Fille.

 

Voici le scanné de la couverture du numéro 1 Pauvre AGGIE (année 1948). Pas vraiment en bon état de conservation. Une enfant marqua en bleu de cinq M. cette première page. Une enfant ? Les enfants n'ont pas cette assurance graphique dans la main. Peut être, alors, une adolescente.

 

Aggie-numéro-1-couverture.jpg

 

C'était la Société Parisienne d’Édition rue Dunkerque (Paris) qui commercialisait ce produit modeste dérivé du capitalisme d'outre atlantique. La mention « Petite américaine » ajoutée par l'éditeur français, incitait sans doute les gamines de chez Dupont-Durand à se montrer modernes en cessant de porter une jupe pour préférer se culotter du blue jean.

 

Aggie-numéro-1-page-31.jpg

  

Bande cueillie (oh ! oh!) en bas de la page 33 de l'album n° 1. Ajoutez-lui Monsieur Dindon à col allongé-dressé visible sur la couverture, et ça y est ! vous vous souvenez d'avoir lu quelques-uns des articles allemands signés de Georg GRODDECK (d.c.d. 1934).

 

Doc Jivaro

 

31/10/2015

Les Tarzanides du grenier n° 186

 

Doc Jivaro demeure a 99 % persuadé qu'il possède le numéro 1 de la bédé DIAVOLO imaginée en 1946 et par Melwyn-Nash pour les Éditions « Aventures et Voyages » sous la référence du logo MON JOURNAL. Hélas ! Impossible de remettre la main sur cette relique, tant le monticule du désordre s'enfle, se haussant pour soulever la toiture du propriétaire.

 

Donc sans prétendre combler l'emplacement laissé vide par l'absence du DIAVOLO n° 1, résignons nous à ne regarder que la couvrante du numéro 2.

 

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DIAVOLO ? Un amérindien dessiné par Besseyras (parfois orthographié en Bessyras) et dont la publication correspond au moment où le scénariste Melwyn-Nash faisait alliance avec Bernadette Ratier après s'être séparé de Pierre Mouchot, son précédent employeur.

 

Par la disposition des cadres dans la planche, ainsi que par l'occupation « en entier » de chaque image par le corps du héros, DIAVOLO répercute les mises en page que Hogarth avait recueilli de Fosters en les amplifiant. Toutefois – et c'est heureux – Besseyras ne calque pas les attitudes de son personnage sur celles inventées par Fosters – Hogarth ; et cela contrairement à ce que firent alors beaucoup des artistes bédéistes ayant à animer un athlète appelé à égaler les triomphes d'un tarzanide.

 

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Difficile de contester que ce « peau rouge » ressemble plus à un Tarzan qu'à un indien habitué des plaines où galopèrent Grazy Horse et le Général Custer.

 

 

Entre 1946 et 1949 DIAVOLO sera imprimé pendant dix numéros mensuels. Jusqu'à ce qu'à son tour, victime de la censure, il disparaisse.

 

 

Nous le pensâmes mort : il n'était qu'en hibernation. Aussi reparut'il mais amoindri dans les pages de BRIK, autre production chapeautée par le logo MON JOURNAL. Des années passèrent jusqu'en juillet 1957 : le personnage indien cessa finalement d'exister, ne laissant de lui que son patronyme sous la forme d'un titre.

 

Docteur Jivaro, sans se dédouaner de n'avoir pas retrouvé le numéro 1 du DIAVOLO de l'année 1946, affiche ici le numéro 1 du Diavolo petit format de l'année 1957. 

Diavolo-Juillet-1957.jpg

 

Cette seconde édition dont chaque numéro est doté de cent pages, les unes en noir sur blanc, les autres en un carmin nuancé, n'offre rien de vraiment remarquable sauf que … sauf que ses pages 96, 97 et 98 présentent une publicité en faveur de l'agent fédéral LASH LARUE publié dans DAGOTA numéro 33 toujours pour la même année 1957. Un LASH LARUE dont les traits du visage m'ont parfois fait penser à la physionomie de Victor Mature, comédien qui incarna le chevelu-tondu Samson dans un film de la Paramount Pictures.

 

La première série des dix numéros DIAVOLO demeure d'autant onéreuse qu'elle est rare ; et que les vieux collectionneurs encore plus proches de leur corbillard que moi du mien (j'espère) refusent de les proposer aux enchères, même sur le web où pourtant, bien des choses mercantiles prospèrent.

 

Ces gens là, collectionnant et se jalousant entre-eux, ne se rencontrent que pour comploter de quoi rendre inaccessible leur prétendu trésor à tout nouvel arrivant. Ils jouent encore au plus malin du bac à sable. Ils affirment détenir tel ou tel exemplaire en double, en triple, en quadruple … Mais lorsque vous leur proposez un échange, ils affectent tout à coup se souvenir de ne rien avoir de ce qu'ils affirmaient mordicus avoir en partage.

 

On les rencontre qui sont fiers de posséder quelque Graal, jusqu’à ce que quelqu'un les affronte en possédant l'Anneau des Nibelungen.

 

Doc Jivaro