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22/09/2024

Tarzanide n° 614

 

QUEEN of the JUNGLE

 

- Il ne tient plus en place !

 

Mes parents et moi rendions visite dans une petite épicerie de quartier, celle-ci tenue par un couple que je trouvais âgé : les Dubreucq. C’était alors presque incroyable pour moi qu’avec ma petite enfance montluçonnaise, je puisse être cousiné avec deux familles d’origine belge.

 

- Il ne tient plus en place je te dis, répéta mon père en s’adressant à maman. Donne lui 50 frs qu’il aille s’acheter un journal de guignols comme ça il se tiendra tranquille.

 

C’était vrai : depuis au moins deux heures que les adultes discutaient entre-eux ça m’avait donné comme des fourmis dans les jambes. Tout à proximité du commerce de ce couple de cousins, une boutique de Presse était ouverte : sa façade existe encore sur le trottoir de droite en direction de l’hôpital. Une bonne femme ne connaissant pas ma binette me surveilla de ses deux yeux en coin. Je feuilletai plusieurs petits bouquins jusqu’à en choisir un dont le titre : Youmbo ne m’était pas familier. Je venais de le sélectionner à cause d’un personnage féminin ressemblant à LA PANTHÈRE BLONDE : mais en se nommant SHEENA. Un poignard bien en main elle me paraissait plus violente encore, frappant, égorgeant, bref : elle était déjà « gore » avant que le mot se généralise dans le bac à sable des écoles.

 

BD-Youmbo-bandeau,-07-1950.jpg

 

Si je garde un bon nombre de fascicules « Panthère Blonde », en revanche je reste fort pauvre en « Sheena ». Aussi m’arriva t’il d’acheter le numéro 1 spécial, année 1985, lors d’un de mes déjà anciens allers-retours Montluçon-Paris. Cet exemplaire contient des images imprimées en 3 D et dont l’effet d’optique est obtenu à travers des lunettes bleu-rouge dites anaglyphes. Mais plutôt que des reliefs il s’agit surtout d’une simple illusion de plans superposés.

 

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Sheena fut inventée par l’américain Will Eisner pendant l’année 1937 et quelques commentateurs écrivirent que SHEENA était inspirée par l’héroïne TARZELLA préalablement créée par un bédéiste trop souvent dénigré : Rex Maxon.

 

BD-Tarzella,-1946.jpg

2e trimestre 1946,  réédition tardive française

 

Chez nous tout un chacun sait que des personnages de BD peuvent devenir aussi des personnages de cinéma, lesquels demeurent moins nombreux que ceux de la BD. Mais dans le cas des héroïnes victorieuses dans des jungles fictives, il se peut que le nombre de films surpasse celui des titres dans les bandes dessinées. Prochainement et en nous inspirant du numéro 24 de la collection MONSTER – Bis du regretté Norbert Moutier, nous reparlerons de plusieurs de ces girls plus ou moins dénudées dans l'ombre des forêts où la férocité des hommes ne dérange pas les heures de digestion du grand boa.

 

Bar Zing

 

23/06/2024

Tarzanide n° 598

 

HOMME SINGE, PAS VALET

 

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Bon ! Vous venez de lire sous l’image et vous avez compris : TAR-ZAN (Peau-nue) ne plie jamais ses genoux devant un autre homme. Prince, roi, empereur, milliardaire ou simple smicard il s’en moque bien. Même les hiérarchies religieuses ne l’impressionnent pas. Il ne se prosterne même pas devant telle ou telle divinité. Et lorsqu’il se met à quatre pattes c’est pour renifler les effluves celles d’un ami qu’il recherche, ou celles d’un tyran qu’il jure de détruire.

 

Évidemment ce ne sont là que les aventurlures d’un personnage désormais mythique dont la place auprès d’un Gilgamesh, Hercule ou d’un Adam ne se discute même plus.

 

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Dans les multiples éditions en langue française, romans ou bandes dessinées, voire spectacles cinématographiques, les exemples par lesquels TARZAN apporte la preuve qu’il ne courbe son échine en présence d’aucune hiérarchie humaine ou divine, abondent.

 

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Deux images signées Rex Maxon

 

La belle et forcément cruelle NÉMONE règne sur une cité somptueuse dominée par un dôme en or.

 

Tiens ! Tiens ! N’a t’on pas entendu parlé d’un grand prophète s’envolant au ciel depuis un dôme en or ? Merveille !

 

Le refus absolu par lequel TARZAN entend se faire respecter, voire se faire admirer lui aurait sûrement attiré les pires ennuis, jambes brisées, colonne vertébrale cassée et mise à mort, s’il n’avait profité sans y penser d’un privilège réservé aux fous : l’idiot comme le fou bénéficient souvent d’une faveur de la part des lois d’une cité : avoir le droit de dire quatre vérités désagréables à tel ou tel un monarque. César lui-même devait tolérer les ricanements du crétin ; les rois espagnols entretenaient leurs déments. Aujourd’hui encore nos tribunaux pardonnent globalement à tel ou tel individu jugé maboul.

 

Ainsi TARZAN fut-il épargné en présence de la jolie et capricieuse (encore une !) ZORA, princesse du royaume des lilliputiens.

 

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Images signées Bob Lubber

(Images quelque peu censurées. Loi de 1949)

 

Malgré tout et personne n’étant parfait, il fut un moment exceptionnel pendant lequel l’invincible Lord Greystoke allias TARZAN plia un genoux devant une jolie fille. Reine de la Cité des Lions. Cet instant inouï dessiné par Hogarth en date du 23 may 1937, se produisit peu de semaines après que Harold Foster ait cédé sa place pour l’illustration des exploits imaginaires du personnage créé par Edgard Rice Burroughs en 1909.

 

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Cette reine qui eut le privilège de voir TARZAN agenouillé devant Elle, se prénommait NAKONIA. Et savez-vous ? Les syllabes de ce prénom me rappellent l’enseigne d’un restaurant proche de Montluçon  : des Bégonias, des Hortensias, des Magnolias ou je ne sais plus quoi, la où on me servit du poulet sec comme une assiette hors service. Une salle dans lequel je me trouvai par hasard en compagnie d’un groupe d’anciens salariés de chez Dunlop.

 

Bar Zing

 

22/05/2022

Tarzanides n° 528

 Un singe en nid vert,

dirent Belmondo et Gabin

 

 

La variole du singe ? Disons une contamination par l’anthropoïde africain qui frappa les jeunes lecteurs de l’AS, un illustré dominical, dès que son numéro 1 fut édité en 1937 le 4 avril. Celui-ci venait en remplacement d’un « Petit Illustré ». En quatrième page de l’As - et en couleur ! - était imprimé une « Enfance de Tarzan » qui allait grandement participer à la contagion d’enfants français captivés par le virus du singe, à savoir le virus de Tarzan.

 

BD-Tarzan,-4-avril-1937.jpg

 

Cependant cette version française fournie par L’As restait incomplète. Le premier chapitre du roman écrit en 1912 par Burroughs n’y apparaît pas. La mutinerie des marins qui obligea les futurs parents de Tar-Zan (peau nue) a trouver un refuge précaire sur la côte africaine, n’est pas présente. De même manque l’épisode de la folie de Lady Alice alors qu’elle est enceinte et que son époux Lord Greystoke va bientôt être mis à mort par un gorille géant nommé Kerchak. Les dessins présentés dans L’As sont dus à Harold Foster. Mais seuls les quatorze premiers numéros résultent du très grand talent de celui qui, plus tard, créa le célèbre Prince Vailant (orthographe yankee) ; tous les autres numéros jusqu’au n° 167 final comportent encore le personnage de Tarzan mais dessiné par un certain Rex Maxon. Un Rex Maxon dont Lacassin, spécialiste de la saga de l’homme singe, écrira le plus de mal possible en 1963 dans la revue BIZARRE.

 

Revue-Bizarre,-Tarzan,-1963.jpg

 

Sur ce point, Doc Jivaro et Bar Zing n’ont jamais épousé l’opinion de Lacassin. Pour une bonne raison, une raison d’enfance : c’est par les dessins de Rex Maxon qu’ils connurent d’abord le personnage TARZAN.

 

Ah ! Que je n’oublie pas de vous rappeler que dans ce Tarzan c’est l’homme blanc qui monte et descend de l’arbre. Ce n'est pas l'homme noir. De quoi, aujourd’hui, rassurer un PAP NDIAYE,  lequel aime fréquenter des forums où les visages pâles sont interdits de présence.

 

Doc Jivaro

04/04/2021

Tarzanide n° 491

Nombreux furent les écoliers de ma génération feuilletant et re-feuilletant le titre TARZAN édité par Del Duca dans ses Éditions Mondiales. Il en commercialisa 102 numéros mensuels, le premier en février 1946 le dernier en 1952 (si j’en crois l’ Officiel BDM des années 2001-2002). Cependant beaucoup de nous autres gamins négligèrent de remarquer que le titre TARZAN faillit bien disparaître au profit d’une TARZELLA. Eh oui : la concurrence féminine, déjà ! … C’était avec le numéro 5 : une jolie blonde remplaçait soudainement le grand macho créé par Edgar Rice Burroughs en l’an 1912.

 

 

BD Tarzella-couv,-1946.jpg

 

 

Cette jeune sauvageonne était créée dessinée par l’américain Rex Maxon. Elle surgissait dans une jungle africaine de fantaisie où, sacrément culottée ! Elle osait lancer des défis au seul vrai roi des grands gorilles, le fils unique d’Alice Greystoke.

 

 

BD-Tarzella-pg-3,-1946.jpg

 

 

Les numéros BD périodiques 6, 7 et 8 qui suivirent dans la « Collection Tarzan » de Del Duca affichent donc TARZELLA pour titre principal et ce n’est que sur la couverture du numéro 9 que le titre TARZAN reparaît pendant que la jolie TARZELLA est reléguée au second plan. Ouf ! Nous autres les garçons l’avions échappé belle ! Pour un peu la cour de récréation de l’École Voltaire aurait été encombrée de cordes à sauter, de jeux de marelle et de jupes plissées ! Le comble !

 

En ce moment certains musées, dont le Musée Carnavalet de la Ville de Paris, suppriment la numération en chiffres romains auprès des œuvres historiques exposées. Les conservateurs et leurs sous-fifres démocrasseux d’aujourd’hui espèrent-ils contribuer ainsi à nous faire renoncer à l’origine historique gréco-romaine de notre civilisation ? Quoiqu’il en soit, dans la série des TARZAN mensuels, de l’Éditeur Del Duca, les numéros de publication étaient indiqués de la manière antique suivante :

 

 

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Quarante et un écrit XXXXI et non pas XLI ça nous rappelle le cadran d'anciennes pendules sur lequel le chiffre quatre est écrit IIII plutôt que IV, non ?

Tiens ! Rappelons que les prétendus chiffres arabes de notre arithmétique viennent de l’Inde antique, et que ce sont les Hindouistes qui inventèrent le zéro longtemps avant que les musulmans envahissent l’ancien moyen-orient où ils trouvèrent les fondements abstraits de ce qu’ils appelèrent Algèbre.

 

 

Doc Jivaro

 

07/03/2021

Tarzanides n° 486

 Cachez ce sein ...

 

 

En avril 1967 et sous la direction de Claude Moniterni, fut édité le catalogue relatif à la grande exposition BANDE DESSINÉE ET FIGURATION NARRATIVE qui ouvrait dans le Musée des Arts Décoratifs, rue de Rivoli, Paris-Ier.

 

Les auteurs ne manquèrent pas de dénoncer sur deux pages (138 et 139) les ravages que la censure votée en Juillet 1949 infligeaient à nombre d'images BD éditées en France. A titre d'exemple voici la Princesse N'ani, créée par Brun Hogarth mais mutilée par les partenaires occasionnels catholiques et communistes retardant le plus possible l'émancipation sexuelle de notre enfance.

 

BD-Censure,-Burne-Hogarth.jpg

 

Le catalogue étant imprimé en noir et blanc, ses responsables ne nous donnèrent pas à voir une autre image, celle-ci en couleur et témoignant de la férocité des censeurs. La voici ci-dessous extraite du numéro 528 de Spirou, année 1948.

 

BD-Reine-N'Ani,-Spirou-n°-528,-1948.jpg

 

 

On ne devrait pas avoir à rappeler que les vertus de pudeur, de décence, etc. proviennent de barbares tortures, mutilations, etc. et que nos lointains ancêtres apprirent à cacher leurs organes sexuels afin de les présenter le moins possible comme objets de convoitise devant leurs agresseurs. En fait et pour en revenir à cette simple image, ce n'est peut-être pas la poitrine de la jolie N'Ani que les tortionnaires auraient dû supprimer mais l'avant bras au premier plan du dessin : ne croirait on pas qu'il fait symboliquement allusion à un pénis énorme, celui de TARZAN ?

 

Burnes Hogarth n'était pas Michel Ange ! contrairement à ce qu'affirment ceux et celles qui abusent de compliments en sa faveur : non seulement il est étourdi en mélangeant les jambes de la femme et les pattes du lion (une patte arrière du fauve apparaît comme jambe de la pin-up) mais encore et surtout sa pratique fantaisiste de la myologie ne peut en rien convaincre celui qui a lu et relu le Traité d'Anatomie Artistique de Paul Richer (1890).

 

Doc Jivaro avait préparé un sujet tout autre que celui-ci qu'il vient d'improviser. Il faudra bien qu'un jour prochain il argumente pour se justifier de parfois choisir la manière naïve mais finalement robuste de Rex Maxon plutôt que le style kitsch Art Floral maniéré signé de l'esbroufeur Burnes Hogarth.

 

Doc Jivaro

 

29/11/2020

Tarzanide n° 462

 

 

Lion d’Or (Le) dans la mémoire de la Cité Montluçonnaise c’est un établissement situé sur la rive droite de la rivière le Cher. On y dansait, on s’y restaurait et pendant leur jeunesse deux de mes tantes y avaient leurs habitudes durant la période dite « entre deux guerres ». Plus tard, donc plus proche de nous, lorsque j’étais adolescent, ma grand-mère paternelle me racontait que : « Marthe, elle dépensait le pognon de son mari pour faire la belle sur le boulevard. Puis elle venait me demander de lui prêter de l’argent pour l’aider à élever son fils. Remarque, je ne lui en veux pas : elle t’a fait cadeau de la petite voiture rouge dans laquelle tu pédalais à toute vitesse dans les allées du jardin. Tu te souviens ?

 

D’un autre côté, Le Lion d’Or permettait à mon père de faire un jeu de mots adapté à ma cervelle de cinq ans : « Ce soir on est de sortie : On va au lit on dort ».

 

The Golden Lion est un film muet daté de 1929. Muet et américain. J’en connaissais l’existence mais sans avoir assisté au déroulement de sa pellicule. Un replay fourni par Drive in Movie Chanel vient de d’éprouver ma patience, non pas à cause de la simplicité du scénario qu’à cause du bruitage sans tam-tam et beaucoup trop de piano.

A mon sens ce film doit être compris comme un documentaire de l’histoire du cinéma quant à ses techniques et non pas comme une œuvre d’art valable par son scénario.

 

 

BD-Tarzan-and-the-Golden-Lion.jpg

 

 

Les connaisseurs des romans réussis par Burroughs ont toujours été étonnés par la présence d’une Betty Greystone dans ce film de 1927. Il s’agit d’une sœur soudainement attribuée à TARZAN, laquelle n’a jamais existé sous la plume du romancier Burroughs. Néanmoins, la tenue vestimentaire de cette demoiselle éphémère, col fermé du corsage et cheveux courts taillés « à la garçonne », servira à fixer le premier aspect de Jane Porter, épouse de TARZAN, dans les bandes dessinées américaines pour adultes qui suivront les films de 1927 et 1929.

 

 

BD-Tarzan,-1931-et-1932.jpg

 

 

Avec TARZAN et le Lion d’Or (1927) suivi de TARZAN The Tiger (1929), deux hommes de haute stature James Pierce puis Frank Merrill pensèrent sûrement avoir fixé définitivement la silhouette de l’homme singe Lord Greystone : un athlète sauvagement vêtu d’un short en peau de léopard suspendu à une bretelles bandoulière appuyée sur l’épaule gauche. C’est d’ailleurs ainsi que le représentèrent les bandes dessinées r’américaines dans leurs débuts, voyez-ça ci-dessus : à droite celle par Rex Maxon en juillet 1931 ; celle de gauche de Hal Foster en juin 1932.

 

- Et alors ?

- Et alors c’est Johnny Weissmuller qui fera disparaître la bretelle bandoulière tout en réduisant le méchant grossier short à un petit pagne suggestif qui ne manqua pas de séduire la jeune jolie Maureen O’Sullivan en l'an 1932.

 

Doc Jivaro