06/10/2018
Tarzanides du grenier n° 318
LE DICTA'T'HEURE
S’il s’agit d’un acteur-clown du cinéma dont les contorsions farceuses passèrent facilement et très tôt du cinéma « muet » à la bande dessinée (muette) c’est bien le faux clochard inventé par Charlie Chaplin : CHARLOT (pour ne pas le nommer).
Dès 1937, le Grand Hebdomadaire français l'AS, dirigé par la famille OFFENSTADT édite une BD intitulée « Les Aventure acrobatiques de Charlot ». Un rôle tenu par le célèbre SDF dont le fond de culotte semble toujours supporter un poids de matière trop lourd pour ses coutures...
Journal l’AS, n° 68, page 3.- Format 39 cm x 27 cm.
Le dessinateur est alors THOMEN : Raoul THOMEN.
Quatre années d’occupation allemande stoppèrent le succès populaire de Charlie Chaplin dans le pays de Pétain et de de Gaulle.
L’immédiat après-guerre vit la SPE reprendre la publication du titre Charlot mais sous la forme d’une brochure périodique de 52 pages. Les histoires sont imprimées deux pages en couleur qui alternent avec deux pages noir sur blanc. C’est encore Thomen qui en illustre le texte tout en s’interdisant l'emploi de « bulles parlantes » pourtant définitivement adoptées par la quasi-totalité des publications en bandes dessinées.
Une brochure de 52 pages, image brochure n° 3, année 1948.
Sur cette couverture nous remarquons un être humain africain présenté sous un aspect comique. Heureusement, de nos jours, en démocrassie, seul l'homme blanc a pour devoir de repentance de s’auto-caricaturer en public.
À la semaine prochaine.
Doc Jivaro
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14/07/2018
Tarzanides du grenier n° 307
Impossible à Doc Jivaro de faire un pronostic-tac crédible quant à l’équipe de football qui, demain emportera le trophée du Mondial. En revanche, en 1937, les juvéniles lecteurs du numéro 976 de l’illustré CRI-CRI se voyaient avertis qu’ils tenaient entre leurs mains le terminus de vingt années d'une parution imprimée sur papier.
Annonce faite à Marie et Joseph, n° 976 de Cri-Cri
Pendant la seconde moitié des années 1930 le format de nouveaux journaux destinés au divertissement des enfants, s’afficha dans des dimensions qui surpassaient celles des affichages traditionnels. Mickey, Hardi !, Hurrah ! et Junior (celui-ci record en centimètres carrés : 55 X 39 cm) détournèrent à leur profit la jeune clientèle lassée des formats habituels plus modestes. CRI-CRI tenta de remédier à l’infidélité de son lectorat en changeant de titre tout en augmentant la taille de ses pages : 38 X 26 remplaçant 19 X 26.
Une vingtaine d’années plus tard, un mouvement inverse se produisait : les pages perdirent de leur surface jusqu’à se réduire pour être rangées-cachées dans les poches d’un pantalon ou d’un blouson sans être pliées ni froissées.
Cri-Cri Numéro 976 du 10 juin 1937 Numéro 1 de Boum du 17 juin 1937
Avant d'être voué à l’oubli, CRI-CRI eut longtemps le mérite d’établir une correspondance sinon une complémentarité entre la bande dessinée et le cinéma, un phénomène dont nous vous parlions précédemment. Laurel et Hardi en même temps que Charlot figuraient comme « histoires en images » dans le programme de cet hebdomadaire disparu.
Donc, demain je ne serai pas présent à gesticuler et boire sur la place de l'Hôtel de Ville de Montluçon. Même si la France triomphe de la Croatie.
Doc Jivaro
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19/05/2018
Tarzanides N° 299
Bob vient d’avoir une de ses bonnes idées : puiser dans son sac à malices un souvenir juvénile, celui de BIBI FRICOTIN, gamin aventurier dans les BD.
Chez moi, Fricotin et fricoter gardent un sens coquin hérité de quelques-unes de mes fréquentations enfantines. Ils fricotent. Tous deux fricotent. Voyez la scène : « le Michel fricote avec la Josette ».
– On sait que tu viens me voir parce que j'ai deux sœurs ! tu perds ton temps : elles ne veulent plus te causer.
Ils et elles s'attroupaient en une dizaine d’enfants, tous dormant dans deux ou trois roulottes arrêtées en contrebas de la route.
Bibi Fricotin, gamin bien décoiffé par une chevelure ébouriffée, est débrouillard en diable. Toujours goguenard et farceur, il naquit avant la Seconde Guerre Mondiale, en 1937, sous le crayon de CALLAUD. Mon père pouvait le rencontrer dans l’hebdomadaire L’AS, un journal de grand format : 39 X 27.
Sélection du numéro 66. L'AS, année 1938
Trois bandes d’images superposées mais sans aucune limitation rectangulaire ou carrée enfermant le dessin. On appelait ce genre « histoire en images », l’expression « Bande dessinée » ne s’étant généralisée que longtemps après à l’approche des années 60. Bibi Fricotin apparaît donc comme un produit transitoire entre l’histoire imagée et la BD proprement dite. Notez la double présence du lettrage : un texte sous le dessin et une bulle parlante dans le dessin.
L’AS était publié chaque dimanche et se recommandait assez fièrement comme « illustré pour la jeunesse et la famille ». Sa pagination et sa rentabilité étaient gérées par la famille des OFFENSTADT laquelle créa la Société Parisienne d’Édition. La fameuse S.P.E.
Bibi Fricotin était toujours actif au début des années 1970. Son dernier dessinateur, assez faible, se nommait Pierre Lacroix. À notre Bibi, l’éditeur adjoignit un gamin de son âge, noir de peau : Razibus.
Il n’est pas inutile de signaler que l’excellent, l'abondant PELLOS qui tant et tant œuvra pour les OFFENSTADT, et qui prolongea les immortels PIEDS NICKELES jusqu’au terme de sa propre vie, ne relaya jamais les dessinateurs successifs qui travaillaient sur Bibi Fricotin.
En fin de repas mon n’épouse me reproche encore de faire fondre du sucre dans MON café noir. « Ça le dénature ! » qu’elle analyse.
Bah ! il y a bien longtemps que nous autres humains ne sommes que des animaux dénaturés.
Mon n'épouse, elle, il lui arrive de boire son café en restant debout .
Je l'ai pourtant avertie : « Tu trembleras quand tu seras morte si tu ne t’assieds pas pour boire ton petit noir ».
C’est ma grand-mère paternelle qui me racontait ce truc.
Doc Jivaro
18:04 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : bibi fricotin, société parisienne d'édition, s.p.e., pellos, offenstadt, l'as, pieds nickelés, tarzanides du grenier, doc jivaro
06/08/2016
Les Tarzanides du grenier n° 223
Tout à fait par hasard, mon regard s’est arrêté sur une brochure d’aspect roman photo dont j’avais oublié jusqu’à l’existence parmi de vielles piles de journaux délaissés.
Voici l’objet tel qu’il m’apparut, c.a.d. oublié dans un emballage en plastique transparent trop large pour lui.
Mais le plus inattendu c’est l’étiquette collée sur l’enveloppe plastifiée. On y lit un avertissement en deux langages. Mon instituteur et mon curé en auraient bien été satisfaits puisqu’il s’agit d’un conseil incitant les parents à tenir leur enfant éloigné de toute fréquentation mauvaise. Et, TARZAN, à coup sûr, fut longtemps une compagnie honnie par mes éducateurs, autant qu’elle l’avait déjà été par les maîtres de mon père lorsqu’il portait tablier d’écolier.
Qui donc rangea TARZAN dans cette pochette, et oublia l’y avoir rangé ? Forcément l’auto proclamé Docteur Jivaro. Fut-ce de sa part un clin d’oeil humoristique ? Mais d’abord, d’où provenait l’emballage ? … J’interrogeai ma femme, qui calma mon angoisse métaphysique. « Si tu avais eu la curiosité de regarder au dos, tu aurais vu la deuxième étiquette sur laquelle est marqué : Jupe Taupe. C’est moi qui ai acheté une fringue. Où ça ? En tout cas pas à Montluçon. Il ne faut pas laisser ce sac à portée des enfants qui risqueraient de s’étouffer en s’amusant à fourrer leur tête dedans. Voilà, Monsieur ! ».
En réalité, cette brochure de 52 pages n’est pas une brochure : ni agrafe, ni même épingle à nourrice. Ses feuilles pliées se tiennent entre elles cousues par un fil blanc. Les photographies imprimées en Belgique sont sélectionnées d’un film fourni par la MGM durant l’année 1936. Quel titre ? « Tarzan escapes » … C’est le troisième film joué par le couple WEISSMULLER / MAUREEN O SULLIVAN. C’est aussi, malheureusement, celui qui prépare le déclin du genre, sous le couperet d’une censure obsédée de pudibonderie et baptisée Code Hays.
En couverture de cette revue cinématographique, le visage d’un beau garçon. Visage calme abritée sous une chevelure figée. On voit que le peigne est passé après la douche matinale qui vous pleut dessus jusqu’à ce que la raie du cul serve de gouttière. Allez ! Je parie qu'à l'époque l’Editeur voulut principalement s’attirer un public féminin. Celui de midinettes sentimentales rêvassant devant la physionomie d'un acteur plutôt que de se compliquer la cervelle avec les méandres d’un scénario.
Toutefois, sur la treizième page, un peu de lecture apporte une précision quant à la qualité du personnage principal.
- C’est Tarzan ! … Le grand singe blanc … Il est JU-JU ! …
Dans le parler d’européens coloniaux s’entretenant des croyances religieuses de traditionnels peuples noirs animistes, ‘Yu-Yu’ signifie ‘sacré’.
Que TARZAN ait accumulé des victoires jusqu’à mériter d’être couronné « sacré » vous n’en fûtes jamais informé par vos bandes dessinées d’enfance, avouez-le.
Rendons-nous à l’évidence : une sorte d’OVNI peut rester suspendu entre les cuisses d’un acrobate.
Doc Jivaro
17:31 Publié dans BD, BD anciennes, Fanzine, Film, Grenier de la BD, Media, Moeurs, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société parisienne d'edition, tarzan, métro goldwyn mayer, bd tarzan s'évade, maureen o sullivan, code hays, sol lesser, ju-ju, bande dessinée ancienne
01/11/2014
Les Tarzanides du Grenier n° 86
La Société Parisienne d’Édition fut l'une des maisons les mieux fournies dans le commerce des romans et BD français. Sa naissance dans le passé remonte jusqu'en … 1899. L'année ou les frères OFFENSTADT s'associent pour établir comme un monopole sur la Presse de divertissement adressée à la jeunesse de notre pays. Une réussite qui, en réaction, allumera contre elle toute une campagne politique conduite par la Droite traditionnelle, comprenez : par des familles catholiques. Les OFFENSTADT, vous avez compris, appartenaient à la diaspora juive capitaliste prospectant en Europe de l'Ouest.
Parmi la multitude de titres créés par la S.P.E et dont Docteur Jivaro s'avoue incapable de répertorier l'existence, exista un TÊTAR-ZAN.
Voici le numéro 1 de ce Tarzanide pour rire. Les dessins intérieurs sont signés de MAT sur cette couverture où le nom du scénariste ne figure pas. Aussi faut-il le chercher en page 3. Il s'agit de Lortac. Celui-ci, comme moyen d'humour, utilisait fréquemment les similitudes de prononciation entre des mots composés et des syllabes isolées, le tout facile d'accès à l'enfance populaire. Exemple : BÔ-NEUR-E-PROSPER-I-T-Ô-JEU-NEZE-POÛ. Et si, après ça, vous épousez la moins aimable de vos voisines, c'est que vous disposez d'un ballon d'oxygène increvable.
Cet album n° 1 comporte 48 pages sans compter les quatre pages de sa couverture de même grammage de papier semble-t’il. Deux planches publicitaires sont présentes ; l'une pour le dentifrice GIBBS, l'autre pour PERRIER « l'eau qui fait pschitt ! ». Aucune date de publication n'est précisée. Toutefois, le collectionneur peut trouver un repère approximatif dans L'ÉPATANT, année 1951. En effet, les premières aventures contenues dans l'album n° 1 TÊTAR-ZAN furent préalablement publiées sous une forme hebdomadaire dans L’ÉPATANT.
TÊTAR-ZAN n'est qu'une parodie gentille des exploits fictifs de TARZAN. Bien des écoliers s'identifiaient à ce valeureux personnage dans leurs jeux. Ici encore Lortac feintait avec les mots : TÊTAR-ZAN résume Tu es, t'es Tarzan ! MAT et LORTAC brocardaient ainsi certains enfants qui se prenaient trop au sérieux dans de naïves imitations de leur héros. D'ailleurs, quelques uns réagissaient avec colère, vexés. J'en connus au moins un qui déchira quatre pages dans l'exemplaire ci-dessus au moment de me l'échanger contre je ne sais plus quel journal illustré.
Le monogramme devenu fameux de la
SOCIÉTÉ PARISIENNE D’ÉDITION.
Mat travailla beaucoup, beaucoup. Exhibant une vivacité graphique moins « musculaire » mais tout aussi constante que celle d'un PELLOS.
Un PELLOS qui participa de façon décisive à la création du plus important journal de bandes dessinées d'avant la guerre 1939-40. Je veux nommer JUNIOR dont le format géant – 55 X 39 cm – fascinait les voisins adolescents de mon père.
JUNIOR ? encore un produit réussi par la très fertile famille OFFENSTADT !
Ci-dessus, sur ce quatrième plat de la couverture de la reliure intitulée Histoire en Images, quelques-uns des titres commercialisés par la SPE.
Cette reliure date de 1930. Les exemplaires de simplement quatre pages chacun qu'elle contient, étaient publiés trois fois par semaine : le mardi, le jeudi et le dimanche.
Docteur Jivaro
16:20 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Livre, Media, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tarzan, offenstadt, société parisienne d'édition, mat, lortac, pellos, bd, bandes dessinées anciennes, têtar-zan, docteur jivaro
25/10/2014
Les Tarzanides du Grenier n° 85
Un contre-temps regretté par Docteur JIVARO, oblige ce dernier à repousser jusqu'à samedi prochain sa chronique hebdomadaire.
Celle-ci aura peut-être comme sujet un Tarzanide pour rire : Tê-Tarzan.
Page 20 du numéro 1 dessinée par Mat.
Ou alors KROMAGOUL, ou alors JIM LA JUNGLE. Ou alors n'importe lequel autre pourvu qu'il s'apparente ni à Bécassine, ni à Tintin.
Ni même à Pif le chien.
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