27/02/2016
Les Tarzanides du grenier n° 202
Assurément, Alain La Foudre demeure le prototype champion des « gros bras » dans les bandes dessinées européennes et cela depuis plus de soixante dix ans. Son origine est italienne, celle de l'âge de MUSSOLINI. Le Duce en soutint la création par le dessinateur latin Carlo COSSIO (1907-1964), lequel baptisa Dick Fulmine sa créature d'encre sur papier.
Côté français, c'est l'hebdomadaire JUMBO du 12 novembre 1938 qui, par une annonce en page 7 de son numéro 46, fit la promotion de ce Dick Fulmine renommé Alain La Foudre. Une semaine après, ce même JUMBO publiait la toute première planche en couleur du géant transalpin en lutte humaine sur toutes les terres planétaires.
Autant dire que cet Alain La Foudre se trouva vite politiquement la cible périssable des démocrates en même temps que celle des communistes. Aussi ce héros BD se vit-il censuré dès le début de l'année 1950 dans le pays des maladroits de l'homme. Il fut loin d'être le seul jeté aux oubliettes. La quasi totalité des autres personnages formés selon son gabarit (Red Barry, Épervier bleu,Jim L’Éclair, etc,) endurèrent à leur tour un escamotage identique.
Toutefois, dix années plus tard, quelques uns de ces « Gros bras » affectés d'une peau blanche réussirent leur retour en scène. Le cas de Jim TAUREAU, en 1958 est typique d'une de ces résurrections dans les kiosques à journaux. Mais Alain La Foudre, LUI, reste encore interdit de séjour en France. Une réédition de ses aventures exemptes de tout caviardage paraît donc difficile à pronostiquer.
Parmi les premières de la collection Victoire.
Madame Perel en était la gérante.
Dépôt légal n° 122
Mais, bon sang ! quelle idée, aussi, de se prénommer Alain quand le désir d'Harlem et de Saïd favorise la distorsion d'un monde occidental éclairé par ... l'ombre du minaret.
Doc Jivaro (MFCL)
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06/02/2016
Les Tarzanides du grenier n° 199
Quoique notre râtelier fasse des Tarzanides son garde-manger principal, ce n'est pas rare d'y trouver quelques bons gros os dont la moelle est rebaptisée Numéro UN. Comment un Jivaro auto proclamé pourrait-il se dispenser d'exposer à l'entrée de sa hutte des dizaines de têtes coupées ? Oui : en BD comme dans tous les domaines où domine la hiérarchie, un collectionneur se doit d'être propriétaire de l'aîné de toute une famille. Alors, si vous vous désolez d'avoir raté le premier exemplaire de l'illustré RADAR de l'année 1947, je ne pense pas que d'en voir, ici, la couverture réduite par photocopie vous suffise comme lot de consolation.
Les exploits de RADAR N° 1, année 1947
La Seconde Guerre Mondiale ayant prouvé le rôle majeur du système Radio Detection And Randing dans les missions militaires on utilisa le terme RADAR pour le commerce du journalisme et de la littérature. En somme le nom de l'engin sans l'engin. Le mot RADAR suffisait à valoriser le titre d'un journal prétendant rapporter tout ce qu'il détectait autour de lui. La BD, à son tour, s'empara de ce phénomène bien fait pour captiver l'imagination populaire. Les ondes radio ne semblaient-elles pas magiques, inhérentes au monde des esprits ? Leur invisibilité réelle ne s’apparentait-elle pas à cette « force spirituelle » dont parle les enjôleurs publics, ceux des tables tournantes et ceux des miraculés de Lourdes ?
Rien qu'en France, il y eut au moins trois « RADAR » imprimés pendant les années d'après-guerre.
Un RADAR daté de 1946, en provenance des Éditions Ouvrières, d'inspiration catholique. Un autre RADAR plus tardif - 1949 - et faisant sensation avec sa couverture garnie d'un grand dessin au lavis évocateur d'un des faits divers de la semaine. Toutefois, le seul RADAR auprès duquel Docteur JIVARO veut attirer votre curiosité, est le RADAR daté de 1947 produit par Les Éditions Du Siècle.
Un illustré BD de 12 pages (24 x 32 puis 21 x 27 cm) mensualisé. Son intérieur est imprimé tantôt en noir tantôt en bleu. La bande dessinée, elle, occupe 9 pages toutes signées de Bob VINELL. Par contre l'illustration de la page 1 ne porte aucune signature, bien que nous puissions l'attribuer à ROBBA.
ROBBA était artiste assidu aux Éditions du Siècles – S.D.S.- et notre enfance n'échappa pas aux images colorées qu'il créait pour le magazine TARGA en accordant au personnage une musculature digne d'un vrai Tarzanide. ROBBA réalisa, également, toute une iconographie pour le journal du détective TOM'X. Une sorte de contrefaçon par sonorité de lecture existe entre ce détective TOM'X et le célèbre cow-boy TOM MIX. Ce n'était pas un hasard, n'est ce pas ?
Dernière page du numéro 1 de RADAR.
TOM, X exploite sans vergogne la popularité de TOM MIX
Si l'on s'en tient à la silhouette de la pin-up allongée en bas de la première page du premier RADAR, il est permis de supposer que les E.D.S. voulaient s'attirer une clientèle d'adultes mais sans pousser jusqu'au risque d'être interdites de lecture aux enfants.
Les Éditions Du Siècle finirent par mourir en 1951, cédant leur fauteuil à IMPERIA, éditeur qui périt à son tour en 1986.
Quant à la BD RADAR, elle est défunte depuis belle lurette : en 1948, immédiatement après son 12e numéro.
Doc Jivaro (MFCL)
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30/01/2016
Les Tarzanides du grenier n° 198
Samedi précédent, l'existence parfois mise en doute de DARZAN, notre Tarzanide figurant dans le numéro 2 de RECTO VERSO, a été rappelée par le Docteur Jivaro.
DARZAN « The Jéhova fait singe » fut publié par photocopieuse sur les pages 16, 17, 18, 19 avec suite sur les pages 22 et 23 du fanzine RECTO VERSO qui comptait 42 pages. Chacune des trois grandes planches BD d'origine – 50 X 65 cm – était divisée en deux au milieu de sa verticale, ce qui correspond à une disposition imprimée pareille à celle adoptée par le magazine SPIROU des années 1946-47 et 48, lorsque celui-ci éditait sur sa double page centrale LE Tarzan de Hogarth.
Signalons que le graphisme et le texte de notre DARZAN profitaient d'une liberté d'expression porno encore possible en 1983 ; mais de moins en moins tolérée aujourd'hui. C'est pourquoi la sélection d'images ci-dessous est présentée en raison de sa modération acceptable pour chaque public.
Cependant, tiens ! peut-être notre DARZAN n'appartient-t'il pas à la catégorie des Tarzanides et que sa place est plutôt celle d'une parodie.
Doc Jivaro (MFCL)
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23/01/2016
Les Tarzanides du grenier n° 197
Petite mise au point.
Le Tarzanide le moins connu … précisons même : le plus ignoré du pays des anciens francs, reste celui exposé dans le numéro 2 de RECTO VERSO, publication trimestrielle de l'année 83.
Nommé DARZAN, ce personnage commença par trois planches BD encrées sur grand format, mais n'eut pas de suite. A preuve : plus de trente années sont passées sans qu'une conclusion ait été donnée au scénario dont il ne subsiste qu'une vingtaine de pages crayonnées.
RECTO VERSO était réalisé par une équipe de jeunes talents débutants parmi lesquels STANISLAS auquel la tâche échue de réussir le graphisme de la couverture.
L’Association de la Jeune Bande Dessinée – AJBD – alors responsable de numéros RECTO VERSO devenus rarissimes, était présente sur un des stands de la Convention Internationale de la Bande Dessinée, année 1983.
Doc Jivaro (MFCL)
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16/01/2016
Les Tarzanides du grenier n° 196
Pour le monde restreint mais passionné des collectionneurs d'anciens journaux français dans lesquels sont imprimés les aventures de Tarzan, il en est un devenu rare à dénicher sans que sa rareté augmente son prix d'acquisition.
Il s'agit, en quelque sorte, d'un numéro 1 qualifié de « Numéro hors série 9 bis » et dans lequel nous suivons, dessiné par Joë Kuber, un résumé trop succinct du premier épisode de la créature « homme singe » engendrée par l'américain E. R. Burroughs.
Cet exemplaire BD de - 32 pages - présenté sur un format de grandes dimensions rectangulaires, devenu inhabituel en 1973, était plié en deux sur sa hauteur, et cela pour être rangé commodément à l'étalage des marchands de journaux.
Comment ignorer que l'Histoire des Bandes Dessinées est aussi l'histoire de l'apetissement de leurs formats de publication ? La fin des années 50 prépara le triomphe du « pocket », le petit bouquin qui tient tout entier dans la poche étroite du blouson en simili cuir des adolescents de l'époque. Mon père, en 1936, lorsqu'il lisait JUNIOR, ouvrait entre ses bras un illustré de 55 X 39 cm de taille. Moi, en 1955, j'ouvrais un KIWI à peine plus large que mes deux mains.
TARZAN EXTRA de 1973 correspond à une période transitoire pendant laquelle les amateurs, entre eux, disputaient à savoir qui des deux dessinateurs, de Kubert ou de Manning, hériterait de la couronne de Burnes Hogarth démissionnaire.
Outre la présence de TARZAN, il y a aussi celle de son fils KORAK, et plusieurs de leurs images sont imitées de celles inventées par Fosters lorsque celui ci remplaça Rex Maxon. L'exemplaire contient aussi des rubriques du genre « Radiographie d'une moto » ou encore une fiche technique : Trois points pour voler sur l'eau. Enfin, pages 10 et 11, l'amateur peut lire une biographie simplifiée relative à Johnny Weissmuller, incarnation hollywoodienne du TARZAN durant les années 30.
Ce TARZAN EXTRA est imprimé toutencouleur (ce qui était encore rare pour le début des années 70 en France). La double page centrale est ornée « façon poster » d'un assemblage de figures agrandies. Ni une pin-up de Play Boy, ni un footballeur de l’Équipe, l'obsédé pouvait toujours punaiser sur le mur de sa chambre d'étudiant ou coller sur le revers de la porte de son placard de fonctionnaire libéré, un Tarzan tout gonflé de muscles en boulettes de papier journal.
Au cours de l'année 1973, Docteur Jivaro qui n'existait pas encore en tant que pseudo, épousait une jeune femme sans laquelle il serait probablement devenu un mauvais garçon en péril, ou quelque pauvre clodo d'avant l'homologation SDF.
Doc Jivaro (MFCL)
17:09 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd ancienne, tarzan, tarzanides du grenier, burnes hoggarth, e.r. burroughs, johnny weissmuller, kubert
09/01/2016
Les Tarzanides du grenier n° 195
Collanges, petit village du pays d'Arvergne, Natacha pas d'importance à l'arrivée imprévue d'un Monsieur Georges Rémi, belge d'origine.
Nous étions alors en mai 1940 … L'armée allemande venait de pénétrer en Belgique, assurée qu'elle était, l'armée allemande, de recevoir bon accueil de la part de beaucoup des partisans d'un mouvement fasciste dirigé par Léon Degrelle. Ce personnage restait loin d'être méconnu pour Monsieur Rémi Georges puisque ce même Georges Rémi l'avait quelque peu aidé pour la propagande de REX, groupe pro-hitlérien.
Installé – réfugié – pendant plusieurs semaines dans Collanges, Monsieur Rémi Georges s'attirait, dit-on, la curiosité amusée des villageois en dessinant au crayon des petites têtes jumelles entres-elles et toutes ressemblantes à celle de l'enfantin TINTIN.
Sur des serviettes en papier qu'il les croquait, les têtes, dans l'auberge du coin, entre le litre de vin régional et le fromage circulaire coupé en triangles allongés. Sur des serviettes en papier ? En 1940 ? Supposons donc que le torche-cul des chiottes, au fond du jardin, était un ruban de soie roulé et coupé mécaniquement en tronçons cylindriques.
Hélas ! aucun des croquetons à profil de poudre de perlintintin ne semble avoir été conservé pieusement dans le village de Collanges.
Quant à Monsieur Rémi Georges, après un très bref réflexe de panique, il s'en retourna vivre en Belgique, et bien vivre, publiant dans le journal « Le Soir ».
De ces années 40, Doc Jivaro garde tout un lot de CŒURS VAILLANTS qu'il paya je ne sais plus à quelle date mais dont je me souviens le lieu : Montluçon, rue Grande. Une librairie de revente de livres, à gauche en montant vers l’Église Notre Dame. La boutiquière ne s'attendait plus à vendre ce paquet de Cœurs Vaillants endommagés.
- Ça vient, je crois, d'une des maisons qui furent bombardées quand les Anglais voulaient détruire l'usine Dunlop. Ils ne sont pas beaux tous plus ou moins déchirés (elle parlait des journaux).
N° 1
du dimanche 3 janvier 1943.
Le Maréchal Pétain fit un passage, en 1943, le 16 septembre, après les chutes de bombes anglaises dans les environs de Montluçon.
Tenez, voici « Montluçon dans la tourmente » imprimé à Lyon, 16 rue des Remparts-Ainay. A l'intérieur du fascicule, des photos où le vieux français, chaussures cirées et crane moulé dans un chapeau BCBG, rend visite à des gens sans abri qui n'ont pas du tout l'air de familles musulmanes entrées clandestinement en France.
Que voulez vous ? En ces temps écoulés, Dieu était français.
Et Philippe Pétain ne prévoyait pas que plus de cinquante années après le « Débarquement en Normandie », les services de déminage français retrouveraient des bombes britanniques non explosées dans le sol où dorment pour ainsi dire morts : Péguy, Casque d'Or et mon père.
Doc Jivaro (MFCL)
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