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29/03/2022

Tarzanide n° 524

 

Souvenirs, souvenirs

 

Ce n’est pas une brochure épaisse de 144 pages et datée d’avril 1944 que je cherchais sous la double pente du grenier. Pourtant c’est d’elle que les pinces de mes mains se saisirent. Voyons en la couverture très endommagée.

 

Je-vous-hais-!,-15-04-1944,.jpg

 

Sur ce résidu on reconnaît l’homme politique des années 40 et début 50. Oui c’est lui, le rescapé du camp nazi de Buchenwald où il survécut dans le voisinage, dans une maison allemande, non pas parmi six millions de ses frères et sœurs en ethnie condamnée.

 

Ici, Je ne veux pas commenter ce magazine spécial entièrement antisémite. Seule sa page 38 retiendra notre attention. Elle dénonce comme néfaste pour la jeunesse française nombres de journaux publiant des suites d’images (pas encore désignées comme « bandes dessinées »). Il s’agit d’éditeurs juifs actifs avant la seconde guerre mondiale dans le pays de Pétain et de Thorez, pas encore pays de De Gaulle. Et voyez cette page 38 :

 

Je-vous-Hais,-15-04-1944, pg 38.jpg

 

 

Les collectionneurs reconnaîtront immédiatement des titres de BD devenues mondialement célèbres dans les bibliothèques spécialisées. Quelques uns provenant de la famille Offentald, un autre, franc maçon attaché à la société Walt Disney pour ce qui fut de propager les personnages Mickey et Donald en France. Sous l’aspect d’illustrations et non pas de films d’animation : Paul Winkler qui créa Opera Mundi.

 

D’où tiens-je (coquetterie dans le verbe) cette brochure antisémite ? Pas de ma famille en tous les cas. En fait je l’achetai à Paris en 1985 ou 86 Porte de Vanves, peut-être, un dimanche en matinée et non pas auprès d’un marchand déclaré mais d’un vieux couple ayant installé son baluchon sur un des ponts enjambant le périphérique.

 

Comme on le voit, chez nous, les attaques en tout genre contre les histoires en images destinées à l’enfance, ne datent pas simplement des années 1950.

 

Bar Zing

 

20/10/2020

Tarzanides n° 457

 

Ce message devait être codé à l'agent triple Babinet

 

 

ILLICO ? c.a.d. « La Famille Illico », un des vrais succès populaires qui naquit en 1913. Sans blague ? Sans blague ! Et qui naquit z'aux z'Etats z'Unis. Son géniteur se nommait Mac Manus. La traversée s'effectua jusqu'en France par le copyright Opera Mundi, en 1936 et pour l’hebdomadaire ROBINSON.

 

 

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On affirme que Mac Manus a été le premier auteur de bandes dessinées à s'enrichir grâce à la BD quand tant et tant d'autres gagnaient péniblement leur hamburger journalier. La débâcle boursière de 1929 lui vida les poches mais il se refit un portefeuille lors des années qui suivirent. Ce qui n'étonna pas ses contemporains puisque son Monsieur Illico a fait fortune on ne sait pas trop comment et qu'il réussit à conserver tous ses dollars malgré sa jolie fille NORAH dépensière pour une garde-robes qui aurait fait des trous dans le gros tas d'or de l'Oncle Picsou.

 

Doc Jivaro

 

N.B. : Ce message n'a plus raison d'être codé puisque Babinet vient de nous adresser de ses nouvelles.

 

21/05/2020

Tarzanides n° 426

« Tes histoires en images sont comme celles des mâchouilleurs de "chéchem-gomme" des journaux américains : il y a rien à lire ! ».

 

Mon grand-père côté paternel qui n'était surtout pas un papy, venait d'ouvrir la double page centrale de l'hebdo DONALD, année 1947, mois d’août. C'était LUC BRADEFER qui garnissait la partie droite d'une feuille plus grande que mon bras de gamin.

 

- Lis le moi !

- Si je le lis à ta place tu ne sauras jamais lire.

 

Rescapé de la guerre 14-18, Jean-Baptiste n'essayait jamais de remplacer chéchem-gomme par chewing-gum. Il se souvenait, alors qu'il avançait en rang vers l'Alsace, avoir entrevu des imprimés américains dotés d'images humoristiques ... Absolument sans aucun texte les images. Lui et ses copains s'étaient dit : les États-Unis sont peuplés de différents peuples surtout venus d'Europe : anglais, Irlandais, français, allemands, italiens, etc. Alors pour éviter d'avoir à traduire dans chacune des langues ils rendent de petites histoires compréhensibles uniquement par le dessin des images. « Nous nous étions dit quelque chose comme ça et ça nous suffisait comme explication. On en avait plein le cul de marcher et de courir avec des bandes molletières qui nous coupaient les jambes ».

 

 

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La planche BD ci-dessus est l'une de celles qui, à cause de son peu d'écriture, a pu être utilisée comme exemple nécessitant le vote de la loi du 16 juillet 1949, loi par laquelle le législateur français entendait mettre un coup d'arrêt à trop d'influence américaine dans les journaux destinés à notre jeunesse. Ce législateur envisageait même d'obliger chaque journal pour enfants d'imprimer 60 % d'écriture sur la pagination afin de réduire la surface allouée aux illustrations.

 

 

BD-Donald,-6 avril 1947.jpg

 

 

L'abbé Pihan disqualifiait le journal DONALD édité par Paul Winkler : « Un des plus nocifs journaux pour enfants ». C'est du moins ce que rapporte Jean-Jacques Gabut dans L'AGE D'OR DE LA B.D. édition Herscher, année 2004.

 

Excessif Jugement, non ?

 

Doc Jivaro

 

14/12/2019

Tarzanides du grenier n° 390

 

En France, le premier hebdomadaire à mériter pleinement la qualité de journal de bandes dessinées, était d’inspiration américaine. Il s’appelait LE JOURNAL DE MICKEY en Octobre 1934. Et cela ne nous rajeunit pas !

 

Chaque année pour les fêtes de Noël ce comic présentait à ses jeunes lecteurs une première page ornée d’une grande illustration mise en couleur par imprimerie quadrichromie. Mais, damned ! notre défaite militaire devant l’armée allemande ; puis l’occupation de notre Pays par les troupes de l’Axe, Italie comprise, obligèrent notre Presse à censurer le nombre de pages de beaucoup de nos publications. C’est ainsi que Mickey se réduisit à huit pages renonçant à sa pagination de douze pendant que la totalité de son impression couleur s’appauvrissait aux rouge et bleu seuls.

 

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Le Journal de Mickey, 22 décembre 1940

 

Aurai-je des transports RATP et SNCF pour mon petit Noël ? C’est sans doute ce que vous vous demandez.

 

Les syndicats parmi lesquels les nostalgiques de l’époque de Joseph Staline nous serrent à la gorge, n’est-il pas ?

 

Doc Jivaro

 

05/05/2018

Les Tarzanides du grenier N° 297

 

Longtemps, Doc Jivaro s'imagina que l’album numéro 6 DONALD des années 1949-1950 et groupant les numéros hebdomadaires 131 à 156, lui avait été offert pendant une des maladies de l’enfance. Histoire de l’aider à patienter « au fond du lit ».

À garder la chambre, donc ? c’est ça selon l'expression familière.

 

BD-Donald-N°31-à-156.jpg

 

Lorsque beaucoup plus tard j’en bavardais avec ma mère elle ne se rappelait pas m’avoir acheté ce volume d’illustrations.

Quand tu as eu la rougeole ? la varicelle ? tu as eu aussi une otite.

– Et les oreillons ?

– Qu’est-ce que tu vas inventer ! ce n’est pas toi qui as subi ce mal. C’est le voisin, c’est René, souviens-toi.

 

Entre voisines, des oreillons, les dames en parlaient avec beaucoup d’animation. C’était une catastrophe mais pour les garçons seulement. « Ils ne pourront pas avoir d’enfants ! » Grand mystère pour mes oreilles quand elles entendaient sans tout comprendre.

C’est dans ce volume DONALD que je rencontrais pour la première fois PIM PAM POUM. Mon père aussi, c'était nouveau pour lui. Certains soirs, il s’en amusait, sa tête toute proche de la mienne.

 

– Vous avez l’air malin tous les deux ! s’exclamait Maman tout en utilisant les assiettes pour faire descendre de la table DONALD qui n’avait aucun droit à s’y étaler à l’heure du souper.

 

BD-Donald-1949.jpg

 

Une image dessinée par Knerr et publiée le 4 décembre 1949 en huitième page du journal qui en comptait huit. Les adultes connaisseurs reconnaîtront là-dedans presque tout l’attirail d’une séance S.M. Les chaînes, les esclaves ou les martyrs encagés, la présence d’un instrument dont l’utilisation dépend d’un chantage aux sucettes sucées. Les plus vicieux d’entre vous remarqueront l’emplacement corporel où sont érigées les deux poignées de la cisaille. Enfin, les jambes croisées de la « dominante » de service.

Bien entendu le S.M. doit toujours se dérouler entre complices. C’est le faire semblant d’une comédie. C’est le JEU.

 

Il se pourrait bien que samedi prochain PIM PAM POUM soient toujours présents auprès de Doc Jivaro. Comment se lasser d’une BD chef-d’œuvre plus que centenaire ?

 

Doc Jivaro

28/04/2018

Les Tarzanides du grenier n° 296

 

Ce jour, moins de deux heures avant de débuter cette écriture, j’ignorais l’existence de ce recueil PIM PAM POUM édité par HACHETTE.

 

BD-Pim-Pam-Poum-1933,-couv.jpg

 

Edité en 1933, c’est-à-dire pratiquement une année avant le premier numéro hebdomadaire de MICKEY daté du 21 octobre 1934. PIM PAM et POUM débarquaient en France protégés par le copyright Opéra Mundi. Toutefois PIM PAM et POUM durent patienter (archi difficile pour eux !) jusqu’au numéro 25 du 7 avril 1934 pour que leur incorrigible mentalité de farceurs secoue et froisse, peut être même déchire les pages du journal dont Paul WINKLER était le directeur gérant.

 

Les dessins présents dans l’édition HACHETTE, ici, proviennent du talent de KNERR. Nombreux furent les dessinateurs qui se succédèrent au chevet – si j’ose dire – des gamins terribles PAM et POUM. Il y eut Dirks, Winner, Musial, etc, etc. Quant au titre de la série il fut souvent modifié dans les versions françaises. Aussi trouvons-nous un « Capitaine Louf » mais aussi un « Capitaine Cocorico ». Les spécialistes, bien distincts de nous autres amateurs, préfèrent croire nous distancer en parlant des KATZENJAMMERS KIDS.

  

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Les textes distribués en dessous des images constituent une présentation habituelle à l’époque où la BD, chez nous, hésitait encore à utiliser des « bulles parlantes ». Enfin, en ce qui concerne la coloration bleuâtre et rosâtre dont les nuances sont fabriquées à l’aide de trames visibles à l’œil nu, elle restera permanente jusqu'aux années 1950 chez HACHETTE.

 

Nous ne connaissons pas l’auteur de l’illustration du volume affiché devant nous. C'est que HACHETTE, pour ses couvertures destinées à la jeunesse, recourait à des talents anonymes auxquels on ne demandait que d’imiter avec plus ou moins de ressemblance le style de tel ou tel créateur connu dans le monde de la BD.

 

Pour celui qui garde de son enfance le souvenir des personnages de PIM PAM POUM, son étonnement apparaît d'avoir à lire que le vieux monsieur à longue barbe et coiffé d’un chapeau haut de forme et qu’il connaît sous l’appellation « L’astronome » se trouve nommé « Monsieur Belazur » dans le recueil de 1933.

 

Eh bien  ! à la semaine prochaine si les dieux le veulent.

 

Doc Jivaro