30/03/2021
Tarzanide n° 490
CORSET JUVÉNIL
HACHETTE (oui : l’Éditeur increvable) dans la réédition actuelle des aventurlures françaises de nos PIEDS NICKELÉS vient de me devancer sans le vouloir bien sûr. Effectivement dans son album n° 105 réimprimant l’ancien titre « Les Pieds Nickelés font de la politique » daté de 1911, nous trouvons une page des publicités d’autrefois dont une publiée dans l’hebdomadaire FILLETTE du 17 mai 1917.
Le sujet en est un certain « Corset Juvénil » que les vraies demoiselles de l’époque se devaient d’ajuster au-dessus de leurs hanches, sous le jupon et leur robe, afin de les aider à bien se tenir en public. Lorsque mon père enfant jouait avec deux petites voisines, l’une Jeanne, l’autre Simone, et qu’elles portaient le Corset Juvénil … « C’était rigolo ! » qu’il nous racontait beaucoup plus tard pendant que tournait une partie de cartes avec mes oncles, après le repas du dimanche, et que ma mère, elle, faisait tourner les assiettes pour les essuyer à la fin de la vaisselle.
Doc Jivaro connaît assez bien la collection FILLETTE. Aussi vous présente t’il deux autres réclames en images publiées en l’an 1925.
Celle de gauche appartient au n° 890 de FILLETTE. On conviendra que l’attitude du médecin n’a rien de celle d’un disciple d’Hippocrate : les poings dans les poches il ressemble surtout à un précepteur sévère s’apprêtant à corriger une fillette pour quelque bêtise pourtant venièle. Notez que la gamine est toute nue. On croirait la préparation d’une gravure galante popularisée à l’époque de Louis XV lorsque les lavements étaient à la mode de chez nous et que la Pompadour était surnommée la "pompe-à-foutre" par l’aristocratie d'avant la guillotine. L’autre image, celle de droite, est présente, ici, pour nous rappeler qu’une certaine Melle Suzie fut active parmi les bandes dessinées américaines avec un Corset Juvénil, dans la série fameuse RED RYDER réussie par FRED HARMAN. Chez nous, exista bien quelques albums imagés montrant des gamines affublées du désormais célèbre Corset Juvénil. Par exemple : un yo-yo et ye-yette daté de 1932 et dessiné par Maurice Lemainque.
Ye-yette, ses deux bas bien tirés vers le haut sous sa jupe, se tient perchée sur l’échelle. Est-ce déséquilibré par la surprise d’une révélation inattendue que le garçon Yo-yo perd pied tombant à la renverse dans un tonneau empli dont on ne sait quoi ?
Doc Jivaro
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20/03/2021
Tarzanides n° 489
NUIT R’AMERICAINE
Réalisé sinon réussi par Truffaut (François) ce film français bourré de simulacres, de mensonges entre personnages tire son titre d’un procédé cinématographique visant à tromper le spectateur : lui faire croire qu’il assiste à une scène nocturne alors qu’elle se déroule en pleine journée. Pour obtenir cette illusion optique trompeuse, les techniciens d’Hollywood utilisaient différents filtres placés devant l’œil de la caméra pour uniformiser en les assombrissant les décors et les acteurs. Nous avons tous connu cette supercherie, notamment dans les westerns : Kirk Douglas, Alan Ladd, Mitchum, etc, etc, … Tous sous un soleil lunaire.
Cependant, le pays de Clémenceau et Landru utilisa dans des histoires en images colorées un procédé simple suggérant une ambiance nocturne, longtemps avant les simulations r’américaines. Vérifions ça dans un épisode des PIEDS-NICKELES daté du 23 avril 1914 (eh ouais : 1914).
Le bleu transparent domine et l’on sait que le bleu dans l’inconscient collectif de notre pays a comme une signification de peur (bleue) et d’aveuglement (n’y voir que du bleu). Une telle constante trouve peut-être son origine dans les antiques affrontements entre guerriers gaulois et légionnaires latins : les hommes et les femmes de la Gaule souvent entièrement nus pour batailler, se teignaient parfois de bleu le corps.
Dans les BD de notre jeunesse il se pratiquait aussi, pour suggérer la nuit la division oblique d’une image en deux parties : jaune, bleue. Par exemple, Buffalo Bill dessiné par René Giffey, du 13 janvier 1951 et dans Le Grand Magazine TARZAN.
Doc Jivaro peut bien évoquer ces publications anciennes mais la question aujourd’hui est la suivante chez les producteurs de BD américaines de Marvel : quel acteur va-t-on choisir pour incarner le super héros CAPTAIN AMERICA ? Ce personnage virtuel fut créé dès le début de l’entrée en guerre des Etats-Unis, affrontant simultanément et le IIIe Reich et l’Empire Japonais. Pourvu de lui conserver son bouclier rond invulnérable, les petits blancs décadents d’à présent sont capables de le présenter sous l’aspect d’un Mohammed Ali enroulé dans un tapis à prières, nouveau rouleau compresseur pour écraser tous les infidèles.
Eh bien ! Ça suffira. N’aggravons pas trop notre cas clinique.
Doc Jivaro
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09/03/2021
Tarzanides n° 487
Loft-Story
Loana ? Loana ? d'où donc ai-je retenu ce prénom féminin pas du tout familier à ma scolarité ? Mes petites copines répondaient présentes à Nicole, Bernadette ou encore Mireille. Mais peut-être que qu'avec vous une Loana jouait à cache-cache, le jeu qui évolue jusqu'à jouer au docteur ? D'autant qu'aujourd'hui ce prénom évoque tout un collectif de jeunes gens jouant des pieds et des mains dans une piscine javellisée espionnée par des caméras : Alors comme ça on raconte que votre Loana a oublié son dentier dans des toilettes où elle avalait des pilules bourrées d'un tranquillisant ?
L'autre Loana, ma mienne de Loana, c'est celle présente sous forme d'une BD dans un journal hebdomadaire de grand format ne comptant que quatre pages : « Les aventures de Paris-jeunes » dont le numéro 1 fut commercialisé le 30 mai 1945. les récits en images n'étaient pas captivants, leurs dessins encore moins. Heureusement, par la suite, l'éditeur revint aux séries américaines qui avaient déjà fait son succès à la fin des années 1930. Ainsi le Fantôme du Bengale, Raoul et Gaston, Lone Ranger, etc.
Toutefois, Loana ne fit son apparition qu'avec le numéro 126 du 8 novembre 1948. Le graphisme était signé de Carlo Marc, lequel exhibait une jolie fille non dénuée d'érotisme, à peine vêtue d'une mini-jupe ornée de fleurs sauvages. Elle affrontait dans la jungle de Bornéo les envahisseurs militaires japonais dirigés par Tojo surnommé Lame de rasoir. Scénario alors assez fréquent dans nos bandes dessinées au sortir de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Par exemple : Buck Danny dans Spirou, ou encore Sergent Garry des Éditions Artima.
Auprès des gamins le charme de Loana opéra. Sans doute même les responsables du journal « Les aventures de Paris-jeunes » imaginèrent-ils en modifier le titre pour le remplacer par le prénom de l'héroïne en tenue légère. C'est ce que permet de supposer le numéro 4 de 1949 où le visage rayonnant de Loana apparaît centré en dessous de l'en-tête d'une nouvelle série.
Comme toute ses rivales (" Les filles de la jungle " également présentes dans le cinéma des années 40 et 50) Loana devait disparaître mise à mort par la Loi de 1949. Son créateur Carlo Marc essaya bien de la prolonger en la rendant pudique, pantalon long et corsage boutonné jusqu'au cou. Cependant rien ne la sauva d'une censure qui durant plus de dix ans obligea à rendre invisibles toutes les jolies filles dans les illustrés destinés aux garçons.
Image Loana condamnée au bleu de travail : prolétarienne de service sous le contrôle de Maurice Thorez et du Chanoine Kir.
Doc Jivaro
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20/02/2021
Tarzanides n° 484
Babinet à raison : nous inviter à reparler de cette triplée d’aigrefins groupés sous l’appellation quasi proverbiale de PIEDS NICKELÉS, ne peut que nous redonner de la pêche. D'autant qu'en ce moment l'éditeur Hachette rediffuse les aventurlures des trois lascars contemporains du Charlot de Chaplin et de Lord Greystoke de Burroughs, rediffusion qui va de 1908 à 2006.
Forton en fut le créateur mais pour des générations de lecteurs, si vous questionnez : " quel en est le dessinateur ?" beaucoup nommeront PELLOS. Quant aux scénaristes, l'art longtemps ingrat de la BD, nous incite à négliger leur existence.
La bande dessinée fut longtemps composée de récits « à suivre ». C'était même ce qui la particularisait (ce n'est plus du tout son mode d'existence aujourd'hui). La publication des journaux était donc périodique, le plus souvent hebdomadaire ou mensuelle, et beaucoup de maisons d'éditions pas forcément sérieuses n'avaient qu'une existence éphémère. Les histoires racontées n'étaient pas toujours imprimées en prévision de leur fin, ce qui permettait des modifications improvisées : le dessinateur pouvait alors fournir à l'éditeur une planche BD du journal sans vraiment prendre en compte ce que serait le contenu de sa prochaine livraison. Il m’arriva de connaître un bédéiste qui voyageait dans un camping-car et adressait par les P.T.T, semaine après semaine, sa planche réalisée. Mais alors, attention aux retards causés par des grèves SNCF ! Ma génération Classe 1942 a connu une époque où, parfois, on pouvait lire au bas d'une page l'annonce suivante : Chers petits amis nous nous excusons de l'absence cette semaine de votre héros favori, absence due à un mouvement social dans les Services Publics. « Mouvement social » ? Tu parles ! C'était un des sabotages communistes pendant 1947 que les historiens surnomment « l'année terrible ». Mais survenait aussi l'accident individuel. Ainsi, dans la Nouvelle Formule du n° 47 de ZORRO troisième trimestre de l'année 1953, l'encart suivant :
Le collectionneur doit remarquer que PELLOS travailla quasiment de façon ininterrompu pour le magazine ZORRO mais sans jamais faire éditer dans ce même ZORRO du 22 rue Bergère, les Pieds Nickelés, qu'il dessinait également mais pour la S.P.E qui en détenait seule les droits de publication par la famille des Offenstadt.
Doc Jivaro
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16/02/2021
Tarzanides n° 483
DAVID COPPERFIELD
Abonné AMAZON (Prime Vidéo) vous regardez sinon appréciez une énième variante filmée du roman rédigé par Charles Dickens en 1850 : DAVID COPPERFIELD.
Pour ma part je me comptais dans ma huitième année lorsque j'approchais pour la première fois ce personnage plus ou moins autobiographique ; mais c'était dans une interprétation simplifiée sous forme de bandes dessinées. Celles-ci éditées chaque mardi dans le magazine TARZAN.
Le récit débutait dans le n° 101 d'août 1948 pour s'achever dans le 126 de février 1949. Les planches d'origine étaient dessinées dans un petit format dit "de poche" que j'attribuai d'abord à un graphiste anglais mais qui venait d'outre-Atlantique, made in USA, d'après ce que précise Michel Denni en nommant Henry Carl Kiefer.
Toutefois ce n'est que plus tard, en 1951 que je connus ce DAVID COPPERFIELD dans sa version en images. J'entrais alors dans la classe scolaire dirigée par le camarade instituteur SERVAN : camarade, oui, puisqu'il militait communiste-stalinien, à ce que nous disait mon père. SERVAN nous avait d'ailleurs tous accueillis par les paroles suivantes : "Avec moi, vous apprendrez à mettre de la couleur sur le dessin d'une flamme de bougie mais vous devrez être sérieux comme au régiment". Et il avait dit ça en retroussant ses manches de chemise comme s'il allait jouer à la pétanque après avoir débuté sa vie en jouant aux billes comme nous autres à notre tour.
Le dessin, ça ne me faisait pas peur. Le premier jour de ma rentrée dans la classe de Madame Lesage, c'est à dire dans la classe des petits quittant l'école maternelle, je m'étais fait remarquer sans l'avoir cherché.
- Ce matin vous voyez qu'il pleut. Alors dessinez une personne sous la pluie.
Le dessin était la première prise de contact : dessiner une lettre de l'alphabet, dessiner un chiffre de l'arithmétique. Avec l'aide de bouts de branches coupés à la même taille : les buchettes. Je ne sais plus comment j'avais tracé un petit bonhomme courbé sous les gouttes d'eau. L'institutrice s'empara de ma feuille de papier pour la montrer à un groupe de bonhommes en blouse grise faisant l'aller-retour dans la cour de récréation : Regardez le chef-d’œuvre qu'on m'a fait !
Ce n'est que des années plus tard que je dus prendre conscience que malgré mes efforts je ne réussissais toujours pas à devenir un deuxième Michael Ange.
- Tu sais, je ne suis pas contente, m'avait dit ma mère : TON dessin dont TA Madame Lesage m'a parlé, elle l'a gardé.
Quelques-unes des situations vécues par DAVID COPPERFIELD amusaient beaucoup mon enfance et j'étais loin de prévoir qu'elles allaient prochainement être interdites dans mes journaux de jeunesse par une vilaine Loi datée 1949.
Doc Jivaro
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06/02/2021
Tarzanides n° 482
Histoire d'eau
Alors, comme ça, Babinet, adresse en pleine nuit, à 0 H 23 un message animé à Doc Jivaro, comme quoi la Librairie-Musée BD d'Angoulême vient d'être envahie par des flots indisciplinés ?
Une manière de rappeler que les histoires d'inondations sont récurrentes dans les journaux où s'agitent les petits et grands Mickey. Un exemple parmi tant d'autres que je retrouve dans un hebdo d'octobre 1977, hebdo par lequel l'équipe à Charlie, Cavanna en tête, essayait de recommencer à leur profit un grand format de parution ( 290 X 430 cm). Tout un attroupement de dessinateurs et scénaristes parmi lesquels Tardi, Petillon, Dimitri, Hugot, etc, sans oublier deux vieux de la vieille : Jacovitti et Chester Gould.
Et voici de Chester Gould un fragment isolé de l'un des plus célèbres personnages BD américain : DICK TRACY. Une inondation mettant aux prises une jolie fille aveugle et ses deux jeunes frères agitent toute une suite de pages sur lesquelles on ne peut regretter qu'une accumulation d'images apetissées dans cette version française.
Doc Jivaro ne détient que 43 numéros de cette collection, ce qui en constitue presque la totalité puisque ce titre ne répondit pas à la prétention de ses fondateurs, si je me souviens bien.
Ne croyez surtout pas que je fais de la rétention quant à parler si peu de Dick Tracy : je me prépare à de plus longs commentaires sur ses qualités graphiques autant que documentaires.
Doc Jivaro
18:28 Publié dans Actualité, Arts, BD, BD anciennes, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Musées, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dick tracy, jacovitti, tardi, petillon, dimitri, hugot, musée bd d'angoulême, inondations angoulême, bandes dessinées de collection, tarzanide du grenier, doc jivaro, bar zing de montluçon