22/02/2014
Les Tarzanides du grenier n° 54
AMOK
Aucun doute : stature humaine imposante, posture apte à tous les affrontements, ce personnage BD d'après-guerre à de quoi captiver l'imagination des enfants. Comment ne pas jouer à s'identifier naïvement à AMOK lorsqu’on n'a que six ans et que les Goldorak et autres Hulk ne sont pas encore apparus dans le paysage urbain ?
La collection « Aventures et mystères » depuis 1947 et jusqu'en 1952 inclut un total de 150 numéros parmi lesquels des titres tels Jim La Jungle, Agent Secret X9, ou encore Bronc Peeler, celui ci préfigurant le fermier ranchman Red Ryder. Le nom AMOK ne s'y inscrit qu'au numéro 13 … C'est pourquoi nous pouvons regarder sa couverture comme étant celle du numéro 1 des aventures de ce « Géant masqué », lequel sera comme beaucoup d'autres immolé en 1950 à la loi du 16 juillet 1949.
AMOK ! AMOK ! - A mort ! A mort ! - cri de guerre lancé par le héros dans toute l'île de Java pendant l'occupation mercantile hollandaise. C'est qu'il n'a pas de chance en amour, le grand gaillard : sa jolie fiancée Nikita n'en finit jamais de lui être enlevée par des brigands. Et comme il refuse l'aide amoureuse d'une non moins jolie Edmée, cette dernière, jalouse comme une Junon, se fait la complice sournoise de tous les ennemis du beau javanais. Car AMOK, qui n'arrive pas de Krypton, est javanais. Pourquoi pas ? J'en connais bien qui sont Montluçonnais.
Avouons que les épisodes de AMOK sont très inférieurs à ceux du Fantôme du Bengale, même si sa silhouette fait du mimétisme avec celle du Justicier des Indes inventé par Lee Falk et Ray Moore. Semblable tête massive, semblable masque supprimant des yeux la pupille et rendant ainsi le visage angoissant par l'absence de tout regard – mais, paradoxalement, un fantôme, un spectre ne doit il pas être aveugle pour VOIR dans l'obscurité ?
Le fantôme et AMOK - Rien qu'à la gueule on s'y tromperait
Une trouvaille de dessinateur orne la poitrine de AMOK, le différenciant quand même d'avec « L'Esprit qui Marche » : Un faciès énorme, narines dilatées, grimaçant, peint ou brodé et formant comme un bouclier de répulsion, face aux multiples agresseurs. Mais hélas ! Le dessinateur Tony Chan ne fera tenir aucun vrai rôle à cette physionomie monstrueuse que, pour ma part, j'aurais rendu phosphorescente dans la nuit, et en dansant la javanaise.
La seconde moitié des années 1960 permettra en France le retour d'anciens héros de BD américaines interdites de séjour depuis le début des années 1950. Brik Bradefer, Tarzan, Le Fantôme, Mandrake, Superman, etc, etc. reviennent avec AMOK. Ainsi en 1966 et 1967, 25 numéros AMOK seront imprimés recommençant les textes et dessins édités pendant les années 1946 jusqu'en 1950. Une modification pourtant : la fiancée ne se nomme plus Nikita mais Mouna.
Vous venez d'écrire Mouna ? Oui, oui. Souvenir, souvenir. Nous connûmes un Mouna. Le Mouna frères alias Aguigui alias Mounana-Soeurs ou plus sérieusement André Dupont. Et je ne blague pas.
Une nuit, en mai 68, boulevard Saint Germain, plusieurs cars de police stationnaient avec à l'intérieur des uniformes et des casques visibles au travers de solides grillages. Un personnage barbu allait et venait scandant : « Libérez les CRS ! Libérez les CRS ! ». C'était le Mouna-frères. Histoire de rire, une vingtaine de quidams l'imitèrent parmi lesquels je me trouvais.
Mais ne voilà t'il pas qu'un groupe de gauchistes dopés façon trotskiste crut que nous pactisions avec la police de Monsieur Grimaud. Il fallut improviser une opération « Coup de poing » suivi d'un repli stratégique devant des énergumènes devenus nombreux. Ils remontaient de l’École des Beaux Arts par la rue de l'Ancienne Comédie - ? - transportant sous le bras des paquets d'affichettes sérigraphiées, disait-on, dans l'atelier Brianchon.
Au dos du numéro 25 de AMOK, une annonce pour l'une des plus sympathiques créations de la Bd italienne : KIT le Petit Shériff. Ses exploits très inventifs débutèrent dans le numéro 1 de l'hebdomadaire L’INTRÉPIDE - année 1946 - pour ne se terminer qu'avec le numéro 421 de l'année 1958.
Tout ça me direz vous n'a pas grand chose à voir avec nos amis les Tarzanides. Tant pis pour aujourd'hui.
Docteur Jivaro
18:01 Publié dans Aux bonnes heures des dames, BD, Blog, Fanzine, Media, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amok, bd, lee falk, sagedition, del duca, the phantom du bengale, le petit shériff, ecole nationale supérieure des beaux arts de paris, atelier brianchon, mai 68
15/02/2014
Les Tarzanides du grenier n° 53
De 1946 jusqu'à 1956, Del Duca édita deux séries mensuelles TARZAN ; la première complète avec ses 102 numéros et la seconde limitée à 25 mensualités. Étrangement, les numéros 100, 101 et 102 de la première série sont affectés comme numéros 1, 2 et 3 de la seconde … C'est dans celle-ci que nous pouvons remarquer une petite bizarrerie, laquelle n'empêche pas les collectionneurs de dormir sur leur oreiller de nostalgie.
Dans le cours du numéro 14 – page 7 exactement – de la seconde série le dessinateur Bob Lubbers cède sa place à John Célardo. Une décision arbitaire, prise par les responsables italiens et qui n'est pas conforme à la chronologie des BD originales américaines.
Bob Lubbers avait fini par attribuer au Seigneur de la Jungle une physionomie aimable et souriante de tonton gâteau, celle d'un paisible boy scout invité chez le dernier curé du village. Tout ça fort contraire aux réactions d'un orphelin susceptible et n'assurant sa survie qu'à grands coups de couteau. John Célardo, lui, essaya de redonner à Tarzan les attitudes d'une méfiance prompte à la plus brutale des ripostes.
A présent, regardons les deux images ci-dessous. Elles appartiennent à la même aventure l'une succédant à l'autre ; mais leur dessin ne vient pas de la même main. Celle de gauche correspond bien au style de John Célardo tandis qu'à droite le tracé résulte d'un talent moindre et anonyme.
A plusieurs reprises cet inconnu installe comme en catimini son graphisme alors que parfois rien n'en motive la présence.
Ci-après les deux bandes en couleur sont réellement créées par John Célardo, étant extraites du numéro 23 des Éditions Mondiales publiées en 1966. Par contre, dans celles en noir et blanc du numéro 19 des « Publications périodiques modernes » année 1966, on surprend une image que nous taxerions d'intruse si l'on ne voyait pas qu'elle fait oublier tout un groupe de singes agressant des guerriers noirs. Mais, une fois encore, quel nom donner à l'auteur de cette image ? Étant adolescent je la supposai venue de Brantonne, artiste à tout faire chez beaucoup d'éditeurs des lendemains de la guerre mondiale.
A défaut de présenter la couverture de Tarzan n° 25 – que je retarde d'acheter à chaque fois que j'aperçois qu'elle me manque –, je scanne celle du n° 24. Elle est évidemment due à l'atelier Milloco, qui réalisa quasiment toutes les couvertures des brochures et des reliures pour Del Duca, depuis 1946 jusqu'à … jusqu'à ce que mort s'en suive.
Docteur Jivaro
19:01 Publié dans Arts, BD, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Media, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, tarzan, tarzanides, editions del duca, Éditions mondiales, publications périodiques modernes, atelier milloco, john célardo, bob lubbers, bandes dessinées anciennes
01/02/2014
Les Tarzanides du grenier n° 51
Le dessinateur avide d'un « art abstrait » très à la mode durant les années 50 – et dans les pays du capitalisme – réalisa cette œuvre sublime entre toutes … L'improvisation des segments linéaires apporte la preuve de la libération mentale de l'artiste ; et cela à l'encontre d'une trompeuse « réalité figurative » qui, souvent, réduit le cerveau humain à n'être que le jouet de ses illusions d'optique journalières.
Quoique d'apparence hasardée au premier abord, cette création abstraite tracée en deux dimensions résume les volumes d'une enseigne publicitaire mobile en faveur d'un célèbre personnage de fiction.
Personnage qui parcourut toute la longueur du Bd de Courtais, dans Montluçon City infernale, ville occasionnellement avant-dernière étape du Tour de France 1956.
Devinez un peu de quel phénomène de roman il s'agit.
Docteur Jivaro
16:48 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Film, Grenier de la BD, Journaux, Media, Photo, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tarzan, tarzanides, bd, bandes dessinées anciennes, tour de france, illustrés pour enfants
25/01/2014
Les Tarzanides du grenier n° 50
Taroû
« Sous TARZAN des familles ». C'est ainsi que le BDM 2001-2002 dénigre quelque peu Taroû, tout en dénombrant 96 numéros publiés en format 17,5 X 22 pendant sa deuxième série publiée. Une troisième série, commercialisée entre 1962 et 1977, et comprenant 168 parutions mensuelles d'un format – poche 13 X 18, achèvera l'existence d'un jeune héros abusivement qualifié « Maître des tigres ».
- Mais pourquoi signaler les deuxième et troisième séries avant d'avoir signalé la première ?
Pourquoi ? Tout simplement parce que dans le BDM ainsi que sur beaucoup de sites BD présents sur le Web, la deuxième série est classée comme étant la première. Alors que la véritable première, selon Docteur Jivaro, fut publiée dans un modeste format italien de huit pages. Voyez donc ci-dessous le seul vrai numéro 1, probablement imprimé en l'an de grâce 1949 - cependant, sa seule référence de publication est signalée par le nombre 2 254, seul repère mentionné par l’Éditeur Artima-Tourcoing.
Dents blanches, haleine fraîche Taroû sourit de ses deux mâchoires appétissantes. C'est un jeune sauvage d'origine française, grandi en Malaisie. Allaité par une tigresse, il vouera une « haine implacable aux hommes blancs » à partir du moment ou sa mère – Socky - femelle fauve, sera tuée par deux chasseurs armés d'un fusil.
Quoique n'ayant pas fréquenté Adam et Ève, tous deux inventeurs d'une pudeur publique inconnue des statues grecques de l'époque de Socrate, TAROU cache ses « parties honteuses » sous une dépouille dont on ignore l'origine : ours, hyène, phacochère ? ? ? Au commencement, il marche pieds nus, voyageant beaucoup, franchissant jungle et déserts, se bagarrant contre trafiquants chrétiens et prêtres bouddhistes. Toujours solitaire, n'était la présence de ses deux tigres fidèles Kharis et Chouka. Une fois, il se retrouve prisonnier de pithécanthropes. C'est dire qu'il dispose d'une aptitude humaine unique : partir à reculons en promenade dans la préhistoire. Mais toujours sa silhouette se conforme à celle d'un Tarzanide authentique : un pagne, un poignard.
De cette première série, on ignore le nombre exact de numéros (13 ou 17 ?). Malgré cet handicap elle reste la préférée du Docteur Jivaro. Les deux suivantes, trop faciles à se procurer, ne l'intéressent que moindrement.
TAROU fut dessiné par BOB DAN. Bob Dan : appellation prêtant à confusion puisque l'homme n'appartenait pas à la liste des personnages de western. Son bulletin de naissance, bel et bien français, était Robert DANSLER (1900-1972). Il participa à l'association « Cocotte en papier ». Cocotte ? rien de croustillant là-dedans. Ses fondateurs Auguste Liquois et Alain de Saint Ogan en avaient fait un signe de ralliement artistique BD pour aider à freiner l'arrivée massive de comics américains dans une France d'après guerre qui se reconstruisait d'Ouest en Est – et non pas l'inverse !
Sur le mot TAROU, un accent circonflexe se remarque. Il est instable : tantôt sur la lettre û, tantôt sur la lettre Ô. D'autres fois il s'absente. Peut être le créateur de Taroû imagina-t'il d'abord écrire TAROUX puis s'étant ravisé il supprima le X dont il rappela le souvenir en plaçant un accent circonflexe sur la lettre û.
Le petit chapeau d'accentuation s'exerce à se changer en petit pois sauteur.
Docteur Jivaro
18:47 Publié dans Arts, BD, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bandes dessinées, bd, tarzan, tarzanides, robert dansler, auguste liquois, bob dan, éditions artima-tourcoing
11/01/2014
Les Tarzanides du grenier n° 48
De quel R.O. de BD ne parlerez vous pas t'aujourd'hui ? C'est dit : je retarde à semaine prochaine mes propos sur un jeune gaucho d'Argentine que nous ne rangeons en compagnie des Tarzanides que par son scénariste et dessinateur : HOGARTH.
Hogarth, l'américain Burne Hogarth, mort en 1996, à Paris, alors qu'il était l'invité d'honneur du salon BD d’Angoulême.
Quant à son personnage, il s'agit de DRAGO (1945) dont la première version française fut tôt publiée en 1947 dans un magazine pour enfants dès le lendemain de la seconde guerre mondiale : COQ HARDI.
Traduction espagnole, Barcelone.
Lorsque le fils rebelle de la riche maison des Delombu, tombe la chemise, la musculature d'un Tarzanide adolescent apparaît, s’exhibant. De quoi faire un envieux chez le gringalet de la famille d'à côté.
Docteur Jivaro
15:06 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Media, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bandes dessinées, bd, drago, hogarth, tarzan, tarzanides, coq hardi, salon bd angoulême
04/01/2014
Les Tarzanides du grenier n° 47
Dans le cours de l'année 1950, en France, le Ministre de la Justice recommanda aux ligues familiales catholiques ainsi qu'aux associations communistes de modérer leurs attaques contre les bandes dessinées lorsque celles ci n'obéissaient ni au Vatican ni au Kremlin. Leur cible principale, la plus détestée, c'était TARZAN. La calotte papiste et le camarade athée marxiste voulaient absolument se faire la peau pas même velue de cet « homme singe ». Souhaitaient-ils s'en faire un abat-jour ? Deux années plus tard, ils finirent par réussir, non pas en abattant le fils de Kala dans un duel loyal mais en le sabrant dans le dos. Ils obtinrent que son éditeur Del Duca ne disposât plus du droit d'acheter à prix modéré les quantités nécessaires de papier pour une fabrication imprimée permettant une vente bénéficiaire.
Le numéro 293 (3 mai 1952) est le dernier de la deuxième série de l'hebdomadaire TARZAN.
Ici, la protestation en page 3 de l’Éditeur Del Duca.
Ce numéro 293, réduit à quatre pages contenait le numéro 131 de L’INTRÉPIDE.
Les séries BD habituellement présentes dans TARZAN s'y prolongeaient, mais pas longtemps pour plusieurs d’entre elles. Arizona Bill, Alante, et l'autre, le Don Winslow y perdirent leur vie dès le numéro 135. Par contre Nat, Rocky Rider et Buffalo Bill y poursuivirent leur carrière. Buffalo Bill, en particulier, mérita notre enthousiasme d'enfance. Commencé dans le numéro 16 de TARZAN en 1946, il prolongea ses aventures tumultueuses jusqu'à finir par s’essouffler dans deux épisodes « La ville interdite » et le « Secret de Clever ». - 1959 ?. (J'ai la flemme de rechercher les dates précises).
année 1946.
En 1953 (28 mars) Cino Del Duca fit une tentative pour republier un TARZAN hebdomadaire de 12 pages et de grand format – 28 X 38 cm – dans lequel Buffalo Bill rebaptisé Duck Hurricane occupe toujours les deux pages centrales, mais dessiné par Cossio et non pas par Giffey. Il n'y eut que 31 numéros dont 7 numéros sous un format diminué – 18 X 27 cm – proche du format du réglementaire « cahier d'écolier ».
Docteur Jivaro
18:50 Publié dans Arts, BD, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Media, Politique, Religion, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bandes dessinées, bd, tarzan, tarzanides, arizona bill, cossio, alain la foudre, don winslow, nat, rocky rider, buffalo bill, l'épatant, rené giffey, éditions del duca