18/09/2022
Tarzanide n° 534
GARRY KID
Dans le cours de mes septième et huitième années il me fallut « garder le lit » comme disait le voisinage de la rue Championnet. La varicelle, la rougeole, sans que je me rappelle laquelle précéda l’autre, me frappèrent et, de la varicelle, je garde encore quelques traces sur ma poitrine d’Apollon retraité.
Ma mère, partie faire, de bon matin, des courses alimentaires dans le quartier, entre deux boulangeries, l’une Détharet, l’autre Ducléry, m’apporta un journal illustré pour m’aider à patienter allongé entre deux draps. C’était GARRY KID : huit pages, pas une de plus.
Seule, la couverture d’un rectangle de 32 X 25 cm s’affichait coloriée. C’était le n° 7 de l’année 1949 d’une collection mensuelle dont j’ignore encore le nombre. Un cavalier brandissait un gros revolver pendant qu’une jolie fille, les jambes nues, était emballée par le doulos à la mode cow-boy. Maman et papa ne m’interdisaient pas de regarder quelques coups de poing, ni quelque jupon troussé lorsque tout ça restait cantonné dans le monde de l’imagerie. Par contre si j’avais attaqué une mémé pour lui tirer son sac à main, je crois bien que plus personne ne m’aurait adressé la parole tout autour du ruisseau des Etourneaux qui coupe encore sans passerelle la rue de mon enfance.
Les dessins dans GARRY KID étaient signés de Bob Leguay. Celui-ci fit une carrière permanente pour le personnage TIM L’AUDACE des Éditions Artima … mais j’avoue que sa manière graphique ne captivait pas mon regard d’écolier.
Garry Kid venait des Éditions Voix française situées dans la ville de Nice. Quoique placés sous le contrôle de l’Italie fasciste, Nice prépara nombre de dessinateurs français de bandes dessinées dont quelques uns connurent le succès dans la décennie qui suivit l’effondrement, pas vraiment wagnérien, du du IIIe Reich.
Des collectionneurs m'apprennent que Garry Kid fut modifié en Larry Kid, mais sans gagner un plus grand lectorat. Il faut savoir que dans les années 50, chez nous, nombre de champions chapeautés en tenue western remportaient un succès auquel ne pouvait pas prétendre la créature de Bob Leguay … Par exemple ZORRO dont la prompte célébrité amena Jean Chapelle et son équipe, en mars 1947, à remplacer le titre hebdomadaire JEUDI MAGAZINE par le surnom du vengeur masqué : RENARD. Oh, pardon ! Mieux vaut écrire ZORRO.
Doc Jivaro
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04/09/2022
Tarzanide n° 533
Les Anges de l’Enfer vont se rhabiller
Dans l’actuel « Gross Paris » les pétaradants motards vont devoir payer un « Droit de stationnement » eux tous qui s’octroient le plaisir d’occuper n’importe où la ville pour ennuyer les piétons autant que les riverains. Sont furieux, ces imitateurs tardifs des fameux Hells Angels r’américains de l’après-guerre du Vietnam.
Pendant mon adolescence, années 50, en France, la moto n’était plus du tout à la mode contrairement à la jeunesse de mon père pendant laquelle les cylindrées de la propagande militaire allemande exerçaient une forte influence jusque dans le prolétariat « Front Populaire ».
- Mais tu avais quand même la réussite du « Solex » avec son petit moteur à essence fixé sur le garde boue de la roue avant !
- C’est vrai, tiens ! Notre voisine célibataire d’une quarantaine d’années s’en était payé un et c’est mon père, pendant tout un après-midi, qui l’avait étrenné le pet’pet’.
N’empêche que l’éditeur Pierre Mouchot dans Lyon avait fait preuve de culot en 1955, éditant un héros BD chevauchant une super moto ; d’abord dans le mensuel Rancho puis en 1956, et simultanément, dans un nouveau magazine de format « pocket » dont le titre FANTASIA n’avait rien de commun avec les peintures de Delacroix exposant des cavaliers musulmans.
Ce « Fantasia » dérivait plutôt de FANTAX, un grand cagoulard célèbre dans la bande dessinée française de Mouchot, alias CHOTT.
Ma génération eut à connaître, voire à subir, la diminution du format des journaux BD. Beaucoup de ceux-ci divisèrent par deux, dans le sens de la hauteur, leurs dimensions : 12 pages devenant 24. Joli coup messieurs ! Toutefois nous n’y perdions pas sur le nombre d’images quoique celles-ci soient devenues plus petites. Il fallut l’apparition des formats de poche pour que le nombre de dessins se réduise chichement à deux sur chacune des feuilles. FANTASIA fut l’un de ceux-ci avec ses 128 petites pages annoncées fièrement sur sa couverture.
Ce nouvel héros motorisé était baptisé BLACK-BOY. Il connut bien du succès et fut parfois réédité dans d’autres titres toujours créés par l’éditeur lyonnais Chott. Ainsi exemple dans le n° 5 du bimensuel KID Colorado où nous vîmes le fils de Fantax pulvériser tous les obstacles devant sa puissante cylindrée. De quoi encourager de mauvaises idées chez les voyous motards actuels.
Le « bédésup », n° 38-39, année 86, et dont l’Édition Originale fut limitée à 2000 exemplaires, est principalement consacrée à Pierre Mouchot et contient un entretien avec Rémy Bordelet, principal dessinateur de Black-Boy.
Doc Jivaro
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21/08/2022
Tarzanide n° 532
MARVEL
Ma génération d’enfance, celle née française pendant le Second Conflit Mondial, ignora l’existence des « MARVEL » partout présents aux États Unis depuis les années 1830. Il n’y eut guère qu’un Captain Marvel Junior connu par quelques culottes courtes scolaires de La Voltaire, et cela grâce à l’hebdomadaire MON JOURNAL dont l’adresse était au 114 des Champs Élysées – Rien que ça !
Paraissait aussi, en 1948, un journal mensuel de 12 pages et d’un format 21 X 28,5 cm racontant les exploits fictifs de ce même Captain Marvel mais quelque peu modifié. Le petit marchand de journaux infirme soutenu par une béquille criait alors « Shazam » pour se transformer en un adolescent invincible.
Voici qu’aujourd’hui les célèbres comics américains entreprennent de rééditer mais dans un format de parution modifié, leurs toutes premières œuvres. J’ai donc acheté, sous enveloppe plastifiée, cette dite réédition. Présentement tout tend à se faire sous préservatif depuis l’international du Sida.
Chez nous, je rappelle que les super héros r’américains BD apparurent avec le débarquement victorieux sur nos côtes de Normandie, ce qui fit tellement enrager les communistes de Thorez que ceux ci en alliance momentanée avec les catholiques votèrent une Loi du 19 juillet 1949 qui censura pendant plus de dix ans tous les supermen d’origine yankee. Toutefois, certains auteurs de BD françaises avaient préalablement tentés de rivaliser avec les produits américains. Ainsi les gamins tels que j'étais purent connaître des personnages nommés SATANAX ou encore ATOMAS avant qu’à leur tour ils disparaissent assassinés par la censure. Au fait : existe-t-il un ouvrage intello consacré à ces champions BD surhommes français bien oubliés de nos jours ?
Doc Jivaro
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04/08/2022
Tarzanide n° 517
LA GUERRE DU FEU
- Ah ! C’est vachement bien, c’est super ! Vous devez aller le voir M’sieur !
Les ados de mon atelier BD étaient tous unanimes : le film « La Guerre du Feu », année 1982 : « Il vaut le coup, M’sieur ! ».
Laurent B. travaillait à l'unisson des autres. Je venais de lui demander de soutenir par des images un gag relatif au débat politique d'alors, à avoir s'il fallait maintenir ou abolir la guillotine instaurée en France par des Républicains soucieux de tuer le plus possible de français … Une double page centrale fut publiée dans ÉLECTRODE, fanzine trimestriel dont le titre revient à EFFER et qui édita Stanislas Barthélémy pour une de ses premières BD. Avis aux historiens de la bande dessinée française.
Hier soir, sur Prime Vidéo (Amazon) ma femme et moi avons revu cette Guerre du Feu, film inspiré par le roman signé J. H Rosny en 1909. Pour ma part, lorsque j’étais enfant, c’est l’hebdomadaire illustré ZORRO qui allait me fournir une version bande dessinée de cette épopée préhistorique. ZORRO me venait de la Rue Bergère mais sans aucune des plumes fofolles dans l'arrière train des adultes. La série était dessinée par PELLOS, artiste souvent hâtif mais toujours impressionnant pour nous tous les gamins.
La Guerre du Feu selon Pellos débuta dans le n° 222 de l’hebdo ZORRO pendant le troisième trimestre de l’année 1950 et ne fut terminée qu’avec le n° 267 du même titre. Plusieurs des planches étaient mises en couleur de façon inhabituelle pour des illustrations destinées à la jeunesse de l'époque. Voyez l’exemple ci-dessous.
Signalons que lorsque cessa la parution de cette série elle fut remplacée dès la semaine suivante par un DON QUICHOTTE très ironique réussi par Jac (Jacovitti). Et notez bien que j’écris ironique et non pas érotique.
- M’sieur ! vous verrez dans le film il y a des scènes où les meufs sont niquées !
C’était ça : Brigitte Lahaie, notre nouvelle Marianne nationale, allait triompher. Les petits cinémas parisiens d'alors s'efforçaient de conserver leur public populaire en se convertissant pratiquement tous à la pornographie autorisée par les lendemains de Mai 68.
Doc Jivaro
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17/06/2022
Tarzanides n° 530
La balle au pied
Supposons que vous mettez à cuire un pigeon, que vous reste-t’il à la faim à manger ? … les petits pois. C’est l’impression décevante que j’ai ressentie pendant que mon couteau fouillait entre les os de l’oiseau. Vous n’allez pas me croire : c’était la première fois peut-être que je consommais cette volaille si bien adaptée à nos villes. Ça m’a ramené en mémoire une anecdote survenue à proximité du Musée des Arts et Métiers dans Paris. Un jeune mec lançant un coup de pied contre un des pigeons attardés devant son passage. Visiblement, il avait tenté de frapper la volaille pour la casser.
- C’est la banlieue ! me dit un type qui comme moi avait vu le mouvement du jeune individu qu’on ne surnommait pas encore « grand frère ».
Mais revenons tout de suite à l’actualité. J’ai pris l’habitude de regarder CNEWS, « L’Heure des Pros » entre autres. Ce jeudi d’hier, le 16, il y eut tout un commentaire sur Thierry Roland le spécialiste du ballon rond, DCD le 16 juin 2012. Tous les participants oublièrent de rappeler que lui même se présentait comme collectionneur de BD. Notamment dans le n° 6 de la réédition par l’éditeur Soleil, en mai 1994, de plusieurs des aventurlures de TARZAN.
Moi, le foot ball je l’ai quelque peu pratiqué pendant mon adolescence. C’était dans le stade du Diénat montluçonnais. Après le match les copains et moi allions quelques fois consommer de la limonade dans un café bistro en dehors et en face des terrains de sport. Une fois, pas deux, je demandais un Coca-Cola.
Mon père surnommait « Beaujolais américain » cette pharmacie r’américaine que le Parti Communiste Stalinien de l’après-guerre s’efforçait de ridiculiser.
Des années et des années plus tard, dans un restaurant proche de la Gare du Nord de Paris, où je consommais, comme un pauvre diable, un jambon-frites après deux jours de famine, j’entendis un des serveurs crier : Et un Beaujolais américain, un !! Quelqu'un venait de lui commander un Coca-Cola.
Ce qui me rappela un épisode d’une des BD de SPIROU : Son combat contre ZORGLUB où l'on voit une image de la lune porteuse du graphisme de Coca-Cola mais modifié :
Allez, à la semaine prochaine, comme on disait autrefois.
Doc Jivaro
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05/06/2022
Tarzanides n° 529
Mark Trail
- Il est mort !
- Il est loin d’être le premier. Mais de qui parles-tu ?
- De l’orque. Tu sais : le cétacé égaré dans l’eau douce en remontant le flot de la Seine. Nos spécialistes, ne réussissant pas à le renvoyer en pleine mer, avaient décidé de l’euthanasier, donc de l’assassiner.
L’animal s’est chargé d’en finir avec lui-même … L’orque aussi appelée épaulard dotée d’une dentition vorace ne fut pas complètement ignorée par mon enfance : une BD imprimée dans l’hebdomadaire COQ HARDI m’en apprit quelque peu l’existence sinon les mœurs. Cette BD pas encore rééditée dans la France d’aujourd’hui, avait pour titre MARC TRAIL, un personnage américain créé par Dodd.
Planche extraite du n° 70, Nouvelle Série, du magazine COQ HARDI de mars 1952. Marc Trail embauché comme cuistot sur le navire de contrebandiers de peaux de phoque va aider le vieux professeur King à sauver ces animaux du Grand Nord dont l’actrice Brigitte Bardot deviendra plus tard la protectrice. Marc Trail se comporte en écolo longtemps avant qu’un tel comportement devienne l’une des modes de l’après Mai 68. Mais attention : le héros de Dodd n’est pas un pacifiste : il lui arrive de faire disparaître tel ou tel de ses ennemis et il pratique la pêche autant que la chasse au gros gibier. Son plus fidèle compagnon est un chien Saint Bernard ce qui ne l’empêche pas d’avoir une jolie amie : Line (personne n’est parfait). En réalité celle-ci est la sœur de lait de Marc qui est un enfant trouvé grandi protégé par un garde forestier. Le premier épisode imprimé dans COQ HARDI en juillet 1948 attribue le rôle principal non pas à Marc Trail mais à Line, tous deux apparaissent alors comme éleveurs de chevaux, emploi quelque peu sédentaire qui disparaîtra dans les aventurlures qui suivirent. Le Grand Nord r’américain sera dorénavant l’espace de tous les périls parcouru par Marc Trail.
Il y eut plusieurs journaux français éditant Marc Trail pendant les années 50-60 de 1900. Parfois même en modifiant le nom du héros. Ainsi dans le petit mensuel OLD BRIDGEUR de 1962, notre trappeur est rebaptisé Mark Been. On assiste alors à une scène où un castor prisonnier d’un piège se libère en se coupant avec ses dents la patte. Comme quoi les BD de ma scolarité n’étaient pas des bisounourses.
Pour ceux-celles d’entre vous souhaitant voir beaucoup d’exemples y compris des originaux américains de la BD Marc Trail, je recommande de cliquer sur le lien suivant : https://lectraymond.forumactif.com/t1149-ed-dood-et-mark-....
Dans toute l’histoire mondiale de la bande dessinée, oui : mondiale, Dodd de Mark Trail est sûrement le plus exemplaire des dessinateurs d'animaux les uns domestiques, les autres dits sauvages.
Doc Jivaro
15:50 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Blog, Grenier de la BD, Journaux, Media, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marc trail, coq hardi, doddold bridgeur, mark been, bandes dessinées de collection, bar zing de montluçon