28/04/2024
Tarzanide n° 589
PIF LE C ...
- Peuh ! Ça c’est pour les gamins ! C’est pour toi, tiens !
Mon père venait d’éloigner de lui une toute petite BD présente dans le bas de l’une des pages du quotidien communiste stalinien « L’HUMANITÉ ». C’était Pif le Chien. Présenté sous l’aspect d’un « comic strip ». Henri Fillipini donne l’année 1952 comme naissance de ce clebs dont les gags souvent médiocres n’auraient jamais dus être destinés à un lectorat d’adultes même prolétaires. J’approchais alors de mes dix ans et j’allais constaté que, bientôt, dans l’illustré VAILLANT le succès de ce PIF le C … allait faire disparaître PLACID et MUZO dont l’auteur était le même : ARNAL.
Date du 7-10-1959
Le Plan Marshall des américains, plan capable d’éviter à l’Europe de l’Ouest d’être soumise à une dictature communiste débordante de l’URSS, favorisa l’apparition de bandes dessinées exportées des États-Unis jusque dans des journaux d’informations politiques. Ainsi, dans Montluçon, LE CENTRE RÉPUBLICAIN socialiste publia-t-il les aventures imaginaires d’un détective yankee : RIP KIRBY dont les images venaient du crayon d’Alex Raymond.
A midi, lorsque hurlait la sirène des Usines Saint Jacques, mon père s’échappait d’un des bureaux pour s’en revenir, en famille, pendant deux heures. A ce moment là il manquait rarement d’aller saluer ses vieux parents rue Championnet. C’était aussi pour lui l’occasion de lire dans le bas d'une des pages du CENTRE REPUBLICAIN la suite des aventurlures de ce RIP KIRBY débarqué d’Outre-Atlantique.
Date inconnue
La rue Championnet parallèle à la voie ferrée direction Limoges est coupée en deux par le ruisseau des Étourneaux en pente depuis l’Etang de Sault. Longtemps, longtemps mais vainement les habitants demandèrent à la mairie l’installation d’une passerelle … En fin de compte si j’ose dire deux murets furent bâtis chacun sur une rive. De telle sorte qu’en résultat je ne peux plus aller piéger les têtards dans le creux de ma main.
Mais vous allez me dire qu’il n’y a plus de grenouilles entre les roseaux du ruisseau des Étourneaux de mon enfance.
Comme quoi j'ai cessé toute ma jeunesse et me voici endossant mes 28 ans dans le désordre.
Doc Jivaro
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17/04/2024
Tarzanide n° 588
POUDRE DE PERLIN-TINTIN
Et celui-ci, vous le connaissez celui-ci ? Une bouille de bébé baigneur désexué dont les gamines de l’ancien temps faisaient leur jouet favori. Leur souffre douleurs, quoi !
Oui :encore TINTIN.
La première aventurlure (la plus politique en tout cas) fut celle éditée en l’an 1926, en Belgique et dans un journal pour enfants catholiques : Le Petit Vingtième.
En France le magazine hebdomadaire CŒURS VAILLANTS, lui aussi propagé par les cloches des clochers de Rome, assurera la réédition à partir de son numéro 47 de l’année 1930, de ce même Tintin au Pays des Soviets.
Bar Zing ne conserve aucun numéro du « Petit Vingtième ». Aussi se rapporte t’il ici à la réédition que France Loisirs – Casterman fit paraître pendant l’année 1981.
Le dessin reste handicapé par beaucoup de maladresses que la netteté de la ligne ne cache qu’aux lecteurs inexpérimentés dans les arts graphiques. Hergé débutait … Mais notons surtout que TINTIN est infirme : Il n’a pour ainsi dire pas de bouche. En cela il imitait quelque peu une bonniche bretonne devenue fameuse depuis que l’illustrateur français Pinchon l’inventa en 1905.
Tintin Bécassine
Echangez les vêtements de Bécassine pour Tintin, et les vêtements de Tintin pour Bécassine, hop ! le tour est joué. En ces temps anciens les habits des filles et ceux des garçons se différenciaient les uns des autres. Ainsi mon père connut-il une époque où pour le punir d’avoir trop bousculé un autre gamin dans le bac à sable, l’instituteur le menaçait de l’envoyer en jupe chez les filles.
Rémi Georges, plus célèbre sous le pseudo de Hergé, fit interdiction à quiconque de reprendre, donc de continuer son personnage TINTIN. A tel point qu’un certain Tchang Tchong-Jen qui aida tant et tant Hergé a réussir la BD « Le Lotus Bleu », fut comme condamné à rester ignoré par des multitudes d’enfants lecteurs du journal TINTIN.
L’égoïsme n’est pourtant pas, que je sache, une valeur chrétienne.
Doc Jivaro
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28/03/2024
Tarzanide n° 586
AURÉOLE
- Auréole ! Auréole ? Quoi c’est ça ?
Venais-je de prononcer un mot grossier ? Plusieurs des écoliers / écolières s’étaient regardés les uns les autres s’interrogeant, cependant que d’autres levaient le doigt en l’air montrant le plafond posé sur quatre murs.
C’était en 1982, une école située non loin du métro Marcadet-Poissonniers. Oui, dans le nord de Paris. Mais comment en étais-je arrivé à prononcer le mot « auréole » ? Je ne sais plus.
Reste qu’une gamine toute contente d’avoir la langue mieux pendue que celle de sa vosine, s’exclama : « C’est au-dessus de la tête des saints. C’est un rond. »
Ovale, ronde, plus ou moins tordue en fausse perspective : l’auréole ... Le poète Prévert écrivit, caricaturant, que c’était comme une assiette à l’arrière du visage. Vérifiez ça dans les variantes de la religion chrétienne, les unes orientales, les autres occidentales
Cependant malgré l’omniprésence religieuse des temps antiques, la laïcité parvint peu à peu à se substituer aux représentations officielles de la théocratie. C’est ainsi que l’auréole religieuse se modifia en une forme circulaire célébrant l’importance de tel ou tel personnage de la laïcité. La politique terre-à-terre prit le relais du sacré mystique.
Heil ! Lénine Heil ! Staline
La circonférence d’une pièce de monnaie en URSS athée
remplaça officiellement l’iconographie orthodoxe
Cependant dans le domaine des illustrations de romans tout comme dans le monde de la bande dessinée il arriva que l’on exposât, (!) pareillement le héros fictif dans un cercle le valorisant par rapport aux autres personnages du récit. Et je suis à peu près certain qu’en France l’Éditeur Artima (de Tourcoing) pendant la décennie des années 50, fut celui qui employa le plus le cercle mettant en valeur la figure de l’acteur principal.
4e de couverture, année 1955 du mensuel ARDAN – TIM L’AUDACE
Tim l'Audace • Bill Tornade • Mais Zorro n'est pas d' ARTIMA
Les gens pratiquant la religion, y verront une décadence, voire une abolition de l’auréole.
Mon enfance, mon adolescence passèrent. J’eus droit à ma carte d’identité mais la photo de ma binette, elle, n’eut même pas droit à un cercle valorisant. Découpée en quatre angles mais de travers qu’elle était.
Lorsque, quéquette dénudée, je passai le conseil de révision devant les militaires chacun tête nue. L’un d’eux demanda : « C’est vous, ça ? ». Je ne pesais alors que 50 kg pour 1,70 m. C’est sans doute pourquoi ils me certifièrent : « Bon pour le Service dans les Chasseurs Alpins », moi qui souffrais déjà de vertige debout sur une chaise en changeant une ampoule électrique.
On n’invente pas des trucs pareils !
Doc Jivaro
18:24 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : auréole, vendredi saint, ardan, tim l’audace, lénine, staline, bandes dessinées de collections
17/03/2024
Tarzanide n° 585
SMET LE JOHNNY
Si vous eûtes l’âge de l’acheter et que vous le manquâtes, tant pis pour vous.
C’était en 1970 … Avril 1970. Le numéro 1 du titre JOHNNY était publié sans s’être annoncé.
- Pour passer inaperçu ?
- Ne plaisantez pas là-dessus. Mais moi je ne le ratais pas dans le kiosque à journaux de la Gare du Nord parisienne entre Le Figaro et L’huma-dimanche.
A ce moment là la mode des journaux de bandes dessinées était aux petits formats. Vous savez : les « pockets ». Alors par contraste vous le repériez au premier coup d’œil ce JOHNNY avec ses belles dimensions approximativemment 40 X 28 cm qui vous alertaient les rétines.
J’achetai.
Les séries BD présentées étaient presque toutes des anciennes, des traditionnelles disons. En première page, le Johnny Hazard signé de Frank Robbins.
- Johnny Hazard ! S’était exclamé l’ancien Préfet de Paris en apercevant l’illustration que j’avais affichée contre le mur de mon atelier. On aurait dit que cet officiel était content de revoir, sans s’y attendre, un ami disparu.
Il y avait aussi Brick Bradford, Raoul et Gaston, Alley Oop, sans oublier le Fantôme du Bengale, etc., etc. ... Et, tiens ! Tiens ! La Petite Annie. Une gamine sans cesse enlevée par de méchants vilains bandits qui ne cherchent même pas à savoir si elle porte un slip de coton blanc de marque « Petit Bateau » sous sa petite jupe.
Ce journal de BD compte 24 pages. TOSAN et SCHWARZ en furent les deux promoteurs qui s’assurèrent le soutient d’un certain JOHNNY HALLIDAY, lequel venait de tenir le rôle de HUD Le Spécialiste dans un film-western spaghetti. (Ce qui explique le titre choisi pour ce journal BD hebdomadaire). Malheureusement, le succès ne vint pas et il n’y eut que 7 numéros édités.
L’ancien sergent Smet mieux connu sous le nom de Halliday décédé en 2017 n’appartient pas à mes chanteurs populaires favoris. Je lui préfère Brel, Brassens et Aznavour. Même si je dois bien avoir parmi mon fatras quatre ou cinq petits 45 tours d’époque dont l’un nous fait entendre Johnny en duo avec Rita Cadillac, une blonde platinée à la mode américaine d’autrefois.
Bye ! Bye !
Doc Jivaro
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04/03/2024
Tarzanide n° 583
GIFF WIFF !
Mon père, décédé dans la clinique parisienne Saint François, mon père qui fut aussi ancien jeune soldat réfugié en Suisse quand Gudérian encerclait Dunkerque ; mon père dis-je, se serait exclamé à propos de l’apéritif CINZANO :
- Ah, oui : le zèbre !
Dessin Savignac – Une parmi tant d’autres
L’image fantaisiste de cet équidé herbivore servait alors de publicité à la marque du breuvage alcoolisé. L’emploi d’animaux fut fréquent dans l’univers publicitaire du monde capitaliste. Souvenez-vous de ces gueules de lions rugissantes successivement pour la MGM, d’Hollywood.
Et les bandes dessinées elles-mêmes employèrent parfois un animal de façon fantaisiste en guise de logo. Souvenons-nous : L’hebdomadaire communiste stalinien VAILLANT, vers la fin de son existence, utilisa la tronche rondouillarde et bien bêbête d’un PIF LE CHIEN comme signal permettant de repérer le journal parmi tant d’autres exposés à l’étalage des libraires.
Et justement, tiens ! Il y eut parution au début des années 1960 d’un bulletin (on ne disait pas « fanzine »), d’un bulletin baptisé Giff Wiff !. Et qui n’exista d’abord que de façon aléatoire. Pas vraiment imprimé mais ronéotypé quoique créé par des personnalités du monde artistique : Resnais le cinéaste, Lacassin le spécialiste du romancier américain E.R. Burroughs. Une bestiole bizarre leur servait en guise de logo. La voici complètement oubliée t’aujourd’hui.
De ce GIFF WIFF ! Il y eut 23 numéros parus. BAR ZING n'en détient qu’un seul auquel il manque la couverture. C’est le n° 9 (mars 1964) où l'illustratrice d’avant avant hier : FIORA, occupe la place première.
FIORA, d’origine polonaise, remplaça « au pied levé » et dans l’hebdomadaire HOP-LA ! N° 95 d’octobre 1939, le dessinateur français SOURIAU, celui-ci étant appelé sous les drapeaux militaires pour participer à une période finalement surnommée "La drôle de Guerre"
Il m’arriva d'apprendre qu’une librairie de BD anciennes située rue Belzunce dans Paris-Pourri mettait en vente les 23 numéros du Giff Wiff ! Mais à l’exception des numéros 18 et 19. Bien joué, le commerce ! ! Car ces deux numéros, l’un Walt Disney, l’autre Tarzan, sont les plus recherchés par de vieux collectionneurs disposés à payer chacun de ces deux numéros à un prix plus élevé que la moyenne des autres.
Bien volontiers nous laissons à FIORA le soin de conclure ...
Doc Jivaro
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19/02/2024
Tarzanide du grenier n° 582
AUDAX n° 36 présente Wonderman n° 13
Je parie, oui : j’en fais le pari : vous ne connaissez pas WONDERMAN. Et c’est pire pour vous si vous aviez huit ou neuf ans en 1951 (donc survivant aujourd’hui).
Wonderman fut mis en vente par Artima (Art Image) Tourcoing. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale les éditeurs français étaient nombreux rivalisant entre eux avant de s’entendre pour survivre malgré la loi infecte de juillet 1949. Petit à petit tous vinrent se concentrer dans Paris sans prévoir qu’ils allaient disparaître à l’approche de l’An 2000 …
De format « à l’italienne » Wonderman s’inscrivit dans la liste peu connue des surhommes que les éditeurs français imaginèrent pour rivaliser à l’encontre du prototype du genre : l’américain superman. Chaque exemplaire hebdomadaire ne comportait que huit pages : une misère ! Une originalité pourtant : la grande illustration sur la première page comportait en bas à droite deux petites images par lesquelles débutait le scénario.
Wonderman ? Je n’en fus jamais étonné : Wonder c’était une pile électrique. J’en sais quelque chose. Nos toilettes pipi-caca n’étaient pas creusées dans notre petite maison de la rue Championnet mais creusées dans le jardin potager. D’où l’importance sur la pile Wonder lorsqu’il faisait nuit.
Le numéro 1 du Wonderman d’Artima-Tourcoing porte pour titre « Contre le cercle noir ». Le numéro 12 passa parfois pour le dernier numéro de la collection. Mais il existe un treizième numéro intitulé : « Trafic d’Opium ». Les dessins venaient du crayon et de la plume de DUPUICH. L’idée qu’il eut de présenter son Wonderman tenant en mains deux des extrémités de la cape du surhomme, et sans doute sa seule réussite. Cela dit sans vouloir être méchant, les enfants !
Ce Wonderman dont nous bavardons un tout petit peu ici n’a rien à voir – où si peu – avec celui d’aujourd’hui proclamé par MARVEL.
Et notons encore un détail sur le visage du personnage : il porte un masque. Ce masque est un « loup ». Mais rend-il anonyme celui ou celle qui le porte ? ...Quoiqu’il en soit ce genre de masque connut un grand succès chez nous dans nos magazines pendant la seconde moitié de la décennie des années 40. Toutefois, regardez mieux : Dupuich a dessiné les deux yeux (tout au moins les deux pupilles). C’est tout a fait le contraire chez les autres héros BD masqués : les yeux sont supprimés ne laissant paraître que deux ovales blancs. Tenez trois exemples ci-dessous.
Le Roi de la prairie (Dernier des fédérés) - Wonderman - Le Fantôme du Bengale
Ce Wonderman dont nous bavardons un tout petit peu ici n’a rien à voir – où si peu – avec celui d’aujourd’hui proclamé par MARVEL.
Bar Zing ne connut que modérément Wonderman et n’en est pas collectionneur. Il lui préféra toujours dans le genre gros bras populaires « Le Fantôme du Bengale » ou encore « La Panthère Blonde ». Sans oublier « Alain la Foudre » ni « Popeye ». A chacun son enfance.
- Et Dick Tracy ?
- En voila un qui n'existait pas en France pendant mon enfance.
Doc Jivaro et MFCL
16:07 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Media, Moeurs, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : audax, wonderman, artima tourcoing, dupuich, trafic d'opium, bandes dessinées de collection, contre le cercle noir, bar zing de montluçon, doc jivaro