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18/04/2021

Tarzanide n° 494

MEGALO MAN

 

Cette fois nous y sommes : personne n’en réchappera ! Personne ? En tout cas c’est la certitude affirmée par le Professeur Ébor. Volontairement enfermé dans son laboratoire, il vient d’achever la construction d’un super robot géant auquel il prête vie en recourant à la foudre pendant un orage. Bien sûr, Ébor est un savant fou : n’ambitionne t’il pas non seulement de réduire l’espèce humaine en esclavage mais de l’anéantir ?

 

Cette BD porte pour titre : LE MONSTRE DE TANGA. Elle fut commencée dès 1948 dans l’hebdomadaire ZORRO n° 94 pour finir dans le 119. Les cinq à six première planches éditées en grand format « tout-en-couleur » sont les plus impressionnantes pour de petits enfants qui, à l’époque, sans TV ni radio n’avaient rarement que le cinéma avec Blanche Neige et les huit nains moins un, pour se divertir pendant l'après-guerre l’alimentation était encore soumise à des tickets de rationnement.

 

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Doc Jivaro reste ignorant de l’identité du scénariste et de celle du dessinateur mais peut quand même signaler que cette BD est d’origine italienne. Plusieurs des images du début avec leurs troupes militaires, leurs bombardiers ainsi que leurs villes parcourues par des populations épouvantées, sont probablement inspirées par des photos venues des péripéties du second conflit mondial. Par exemple l’intérieur d’une carlingue de bombardier de la Royal Air Force, carlingue occupée par deux pilotes et qui semble avoir été imitée d’une photo que j’ai trouvée imprimée dans le fascicule n° 9, année 1976, fascicule intitulé LE COLONEL RÉMY RACONTE.

 

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Rassurons-nous braves gens : le savant fou Ébor perdra la partie qu’il croyait gagner en planifiant la fin du monde : Il sera réduit à l’impuissance par un autre savant jeune et beau celui-ci, prénommé Richard et aimé par la jolie Corinne qu’il aime – Ouf !

 

Doc Jivaro

 

11/04/2021

Tarzanide n° 493

 

Bob en l’absence de Bobette, et Fripounet attablé en face de Babinet semble s’étonner de ce que Doc Jivaro n’ait pas encore parlé des pourtant nombreux « savants fous » pourtant nombreux dans le monde des bandes dessinées.

 

Me semble que l’expression « savant fou » s’est développée populairement à partir d’une époque où la religion et la science divergèrent l’une de l’autre jusqu’à s’affronter politiquement. Les superstitions et la foi étant traditionnellement implantées dans le monde , les observations logiques s’en différenciaient jusqu’à paraître absurdes pour le commun des mortels : comment oser dire que la terre est ronde volumineuse alors qu’on la sent si bien plate sous nos pieds ? … Ils sont fous ces prétendus savants !

 

Sous un aspect moindre, le savant, le penseur n’étaient pas conscient de la vie de tous les jours. Ils vivaient trop dans des rêves. Au total ils étaient dans la lune. Et, tiens ! Justement l’un d’eux allait être connu sous l’appellation PROFESSEUR NIMBUS.

 

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Attention : les nimbes ne sont pas des nuages. Une de mes grand-mères, comme ma petite enfance s’étonnait d’avoir entendu dire qu’un nouveau né venait de mourir dans le voisinage de la rue Championnet, entreprit de m’expliquer que ce petit ange ne partait pas pour le paradis mais « dans les nimbes ». Ce n’est que plus tard que j’appris qu’une nimbe est le mot jumelé à celui d’auréole, ce cercle autour de la tête d’un saint.

 

NIMBUS créé en 1934 par Delachanel, André Delachanel, connut une belle popularité auprès de nos amis les gens adultes, ce qui était absolument rare à l’époque pour une bande dessinée. Popularité expliquée par le fait que ce personnage BD était publié dans des journaux quotidiens d’information. Chaque gag était distribué sur quatre images muettes, donc compréhensibles indépendamment de toute littérature.

 

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Doc Jivaro, ici, n’épuise évidemment en rien le thème du savant « fou » tel qu’il existe dans les bandes dessinées. Il ne fait qu’en débuter modestement l’exploration. Aussi ne manquera-t-il pas d’y revenir d’autant que l’appellation « Savant fou » désigne souvent tel ou tel cerveau puissant rendu solitaire par l'ingratitude publique, puis mobilisé pour des vengeances faisant courir à l’espèce humaine quelque danger planétaire.

 

Doc Jivaro

 

06/04/2021

Tarzanide n° 492

 

Pas vraiment fripon le Fripounet

 

 

De l’album numéro 13, FRIPOUNET ET MARISETTE, année 1953, il ne me reste que le premier plat de sa couverture cartonnée.

 

J’étais alors en vacances du mois d’août dans le bourg creusois de Chenérailles : deux semaines guère plus. J’aimais bien apprendre à marteler le fer chaud suivant les conseils de mon oncle forgeron d’art, ce qui n’empêchait pas que me manquait tout mon bataclan de dessinateur-peinturlureur ainsi que mes paquets de journaux illustrés laissés à la garde de mes père et mère.

 

 

BD-Fripounet-et-Marisette, 1953.jpg

 

 

 

- Emmène le lui en acheter un chez la Louise qui tient la librairie dans la grand ’rue, avait fini par dire mon oncle Marcel, pour que je cesse de faire la comédie en disant que mes bandes dessinées me manquaient.

 

Tous les messieurs de la famille Rougeon se prénommaient Marcel. Même celui qui demeurait le seul maréchal-ferrant de la région et qui, désormais, avait plutôt tendance à passer plus de son temps dans le bistro d’en face qu’à l’arrière d’un des derniers chevaux laboureurs à ferrer.

 

- Vous pouvez lui laisser lire ça en toute sécurité. C’est les curés qui vendent FRIPOUNET ET MARISETTE.

 

La libraire et ma grand-mère maternelle bavardèrent sans plus s’occuper de moi qui jetais un œil de côté sur l’étalage des livres. J’en repérais un dont l’illustration marqua ma mémoire. Je crois me souvenir d’une jolie femme galbée de partout dans une robe fendue jusqu’aux hanches. Ce n’était pas la Marisette de Fripounet. Me semble bien l’avoir retrouvée sur le web, ici, voyez donc.

 

 

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Je sortis avec l’album de BD sous le bras, me promettant de m’en débarrasser dès que possible puisqu’il n’exposait pas mes personnages habituels.

 

FRIPOUNET ET MARISETTE était un produit de l’Abbé Pihan dont je vous ai déjà parlé. Cet homme enrobé d'une soutane travaillait à faire interdire beaucoup des titres BD préférés par notre jeunesse : Tarzan, Fantax, Flash Gordon, Mandrake, etc. etc. Même Donald. Oui : DONALD ! En fait ce religieux ne tolérait aucun des journaux pour enfants à part ceux recommandés par l’Office Catholique.

 

Doc Jivaro

 

20/03/2021

Tarzanides n° 489

NUIT R’AMERICAINE

 

 

Réalisé sinon réussi par Truffaut (François) ce film français bourré de simulacres, de mensonges entre personnages tire son titre d’un procédé cinématographique visant à tromper le spectateur : lui faire croire qu’il assiste à une scène nocturne alors qu’elle se déroule en pleine journée. Pour obtenir cette illusion optique trompeuse, les techniciens d’Hollywood utilisaient différents filtres placés devant l’œil de la caméra pour uniformiser en les assombrissant les décors et les acteurs. Nous avons tous connu cette supercherie, notamment dans les westerns : Kirk Douglas, Alan Ladd, Mitchum, etc, etc, … Tous sous un soleil lunaire.

 

Cependant, le pays de Clémenceau et Landru utilisa dans des histoires en images colorées un procédé simple suggérant une ambiance nocturne, longtemps avant les simulations r’américaines. Vérifions ça dans un épisode des PIEDS-NICKELES daté du 23 avril 1914 (eh ouais : 1914).

 

 

BD-Pieds-Nickelés,-l'épatant 1914.jpg

 

 

Le bleu transparent domine et l’on sait que le bleu dans l’inconscient collectif de notre pays a comme une signification de peur (bleue) et d’aveuglement (n’y voir que du bleu). Une telle constante trouve peut-être son origine dans les antiques affrontements entre guerriers gaulois et légionnaires latins : les hommes et les femmes de la Gaule souvent entièrement nus pour batailler, se teignaient parfois de bleu le corps.

 

Dans les BD de notre jeunesse il se pratiquait aussi, pour suggérer la nuit la division oblique d’une image en deux parties : jaune, bleue. Par exemple, Buffalo Bill dessiné par René Giffey, du 13 janvier 1951 et dans Le Grand Magazine TARZAN.

 

 

BD-Buffalo-Bill,-Tarzan,-1951.jpg

 

 

Doc Jivaro peut bien évoquer ces publications anciennes mais la question aujourd’hui est la suivante chez les producteurs de BD américaines de Marvel : quel acteur va-t-on choisir pour incarner le super héros CAPTAIN AMERICA ? Ce personnage virtuel fut créé dès le début de l’entrée en guerre des Etats-Unis, affrontant simultanément et le IIIe Reich et l’Empire Japonais. Pourvu de lui conserver son bouclier rond invulnérable, les petits blancs décadents d’à présent sont capables de le présenter sous l’aspect d’un Mohammed Ali enroulé dans un tapis à prières, nouveau rouleau compresseur pour écraser tous les infidèles.

 

Eh bien ! Ça suffira. N’aggravons pas trop notre cas clinique.

 

Bouclier Captain America.jpg

 

Doc Jivaro

 

 

14/03/2021

Tarzanides n° 488

 

LES DIEUX DU STADE

 

 

J'en étais à farfouiller dans mes méninges : quel sujet aborder dans notre Tarzanide d'aujourd'hui ? Et c'est le programme TV de "Toute l'Histoire" en soirée qui m'a fait cadeau d'une réponse : Les Jeux de Berlin.

 

Les Championnats Olympiques, année 1936, bien sûr. Lorsque la dictature nazie réussissait un spectacle grandiose qui allait servir de modèle pour tous les pays organisateurs qui allaient succéder ; et cela malgré le désastre en mai 1945 d'une Allemagne accusée d'un tout nouveau crime : le crime contre l'Humanité. - ACH !

 

Deux années après 1936 le magazine français CINÉMONDE affichait pour couverture une photo extraite d'un super-film allemand titré LES DIEUX DU STADE, photo renforcée d'un compliment.

 

 

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 * Légende agrandie pour plus de lisibilité

 

 

Film-reportage réalisé par une jolie femme sportive de haut niveau autant qu'artistiquement talentueuse et répondant à l'appellation de Leni Riefenstahl, laquelle parvint à s'éviter tout châtiment politique pendant et après le procès dit "de Nuremberg".

 

- Mais quelle relation entre un film réussi à la gloire du IIIe Reich et la bande dessinée de l'après-guerre, bande dessinée longtemps méprisée par les intellos de droite et de gauche ? Regardons l'ancien magazine mensuel YAK du 6 janvier 1950. Vous en lisez le sous-titre : Les Dieux du Stade.

 

 

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Eh oui ! nous y sommes revenus. Que ce sous-titre corresponde exactement au titre version française du film hitlérien de Leni Riefenstahl doit quelque peu nous étonner puisque la responsable de la publication YAK se nommait Bernadette Ratier et qu'elle était une résistante gaulliste. L'une des images dans l'illustré rappelle même un salut officiel lors des Jeux Olympiques de 1936.

 

 

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Dans cette bande dessinée YAK, les enfants de ma génération ne remarquèrent sans doute pas qu'aucune femme ne participe aux épreuves sportives. En cela, cette absence reste conforme à la première réglementation énoncée par notre Pierre de Coubertin qui, se voulant fidèle à l'origine grecque et païenne des Jeux Olympiques, excluait toute présence féminine dans les performances physiques.

 

Même dans le public chez nos ancêtres athéniens, les femmes n'étaient pas admises. Heureusement Il pouvait y avoir des exceptions comme chez les philosophes péripatéticiens amateurs de courtisanes. Mais ceci est une autre histoire (aurait dit Kipling).

 

Doc Jivaro

 

07/03/2021

Tarzanides n° 486

 Cachez ce sein ...

 

 

En avril 1967 et sous la direction de Claude Moniterni, fut édité le catalogue relatif à la grande exposition BANDE DESSINÉE ET FIGURATION NARRATIVE qui ouvrait dans le Musée des Arts Décoratifs, rue de Rivoli, Paris-Ier.

 

Les auteurs ne manquèrent pas de dénoncer sur deux pages (138 et 139) les ravages que la censure votée en Juillet 1949 infligeaient à nombre d'images BD éditées en France. A titre d'exemple voici la Princesse N'ani, créée par Brun Hogarth mais mutilée par les partenaires occasionnels catholiques et communistes retardant le plus possible l'émancipation sexuelle de notre enfance.

 

BD-Censure,-Burne-Hogarth.jpg

 

Le catalogue étant imprimé en noir et blanc, ses responsables ne nous donnèrent pas à voir une autre image, celle-ci en couleur et témoignant de la férocité des censeurs. La voici ci-dessous extraite du numéro 528 de Spirou, année 1948.

 

BD-Reine-N'Ani,-Spirou-n°-528,-1948.jpg

 

 

On ne devrait pas avoir à rappeler que les vertus de pudeur, de décence, etc. proviennent de barbares tortures, mutilations, etc. et que nos lointains ancêtres apprirent à cacher leurs organes sexuels afin de les présenter le moins possible comme objets de convoitise devant leurs agresseurs. En fait et pour en revenir à cette simple image, ce n'est peut-être pas la poitrine de la jolie N'Ani que les tortionnaires auraient dû supprimer mais l'avant bras au premier plan du dessin : ne croirait on pas qu'il fait symboliquement allusion à un pénis énorme, celui de TARZAN ?

 

Burnes Hogarth n'était pas Michel Ange ! contrairement à ce qu'affirment ceux et celles qui abusent de compliments en sa faveur : non seulement il est étourdi en mélangeant les jambes de la femme et les pattes du lion (une patte arrière du fauve apparaît comme jambe de la pin-up) mais encore et surtout sa pratique fantaisiste de la myologie ne peut en rien convaincre celui qui a lu et relu le Traité d'Anatomie Artistique de Paul Richer (1890).

 

Doc Jivaro avait préparé un sujet tout autre que celui-ci qu'il vient d'improviser. Il faudra bien qu'un jour prochain il argumente pour se justifier de parfois choisir la manière naïve mais finalement robuste de Rex Maxon plutôt que le style kitsch Art Floral maniéré signé de l'esbroufeur Burnes Hogarth.

 

Doc Jivaro