19/01/2013
Les Tarzanides du grenier (n° 17)
MIRACLE JONES
Année 76 de 1900, l'éditeur Serg participe à la grande mode des rééditions de bandes dessinées anciennes, qu'il rajeunit illusoirement sur de beaux papiers couchés, glacés.
De ce Miracle Jones francisé, la préface est tout aussi détaillée qu'ennuyeuse. Semblant avoir été rédigée par un élève accumulant les noms, les dates et les références en croyant ainsi ne pas rater l'examen. Ce préfacier s'est-il figuré qu'il faut réciter toute La Bible pour justifier les pitreries de « Charlot boxeur » ? Miracle Jones fut inventé par le bédéïste Hogarth momentanément en panne de Tarzan. Aussi ne résulte-t’il pas des conflits armés entre Mac Arthur et le général Soto, celui-ci surnommé « lame de rasoir » par les derniers samouraïs réduits à l'état suicidaire du kamikaze.
Démissionnaire de Tarzan fin novembre1945, Hogarth fabrique deux personnages de BD dont il espère le succès. L'un DRAGO, l'autre MIRACLE JONES. DRAGO se veut crédible mais MIRACLE JONES se fait déculotter à chaque tour de page.
DRAGO est un jeune argentin d'opérette qui affronte sans y être préparé le réseau nazi Odessa, lequel n'est pas nommé dans le scénario. (Mais a-t'il réellement existé ce réseau?)
Quant à MIRACLE JONES … au physique il n'est qu'un gringalet binoclard. Adulte, il ressemble à un gamin vieilli. La paire de lunettes qui lui tire les oreilles n'est pas l'indice d'une intelligence vive mais la trace d'une infériorité physiologique. Infériorité musculaire, visiblement. Hogarth, encore obsédé par l'anatomie avantageuse de SON Tarzan, essaya t'-il de s'en délivrer en modelant celle d'un pauvre petit monsieur qui s'imagine athlétique lorsqu'il n'est que chétif ? Car MIRACLE JONES est un mythomane s'attribuant des exploits par lesquels il espère bien s'attirer admiration de lui même. IL SE rêve en marchant. Les choses les plus banales lui apparaissent sous des aspects fantastiques. Il se veut justicier, se voulant sauveur. Il se promène en Don Quichotte : un simple sac en peau de croco d'île s'agrandit aux proportions d'un saurien vaurien cherchant à happer une dame apeurée. MIRACLE JONES s'imagine secourant la pauvre femme. Mais il tombe de haut. Il rate, il échoue. C'est son fantasme qui lui éclate entre les mains comme bulle de savon. C'est le gag final, celui du bas de page. Hogarth était un type qui se prenait tellement au sérieux qu'il craignait de déchoir en inventant de l'humour. A son avis, tout propos tenu en plaisantant ne détient aucune valeur intellectuelle. Aussi campait-t'il dans des blagues réduites à celle de la peau de banane. Oui, Hergé se contentait de pareil : le faux pas, le dérapage, le geste maladroit et le bégaiement pour seules causes de la plaisanterie.
A se rêver aussi courageux qu’invincible MRACLE JONES était obligé de se classer dans la série prestigieuse des Tarzanides. D'autant que lui et Lord Greystoke ont le même papa dessinateur. Mais pour Miracle Jones toute prétention à l'héroïsme le décompose dans le ridicule.
Dédaigné par les femmes, MIRACLE JONES s'invente une compagne voluptueuse. Une vamp, une pin-up. Une créature conforme à tous les fantasmes habituels à l'homme : une courtisane avec laquelle il entretient des relations sado-masochistes mais qu'il réduit presque toujours à des jeux enfantins.
L'album Serg MIRACLE JONES contient au final 6 pages BD réalisées en 1935 par Hogarth et habituellement désignées comme « pièces de 8 ». Une aventure de corsaires permettant d'évaluer, après coup, les progrès graphiques du maître lorsqu'il succède à Foster et réalise sa première planche BD de Tarzan (celle-ci publiée en couleurs dans l'hebdo JUNIOR, n° 71 du 5 août 1937).
Sur le web, on peut se payer MIRACLE JONES pour une cinquantaine d'euros. J'ignore la quantité exacte de planches MIRACLE JONES dessinées par Hogarth. Cependant je pense que son talent n'est en rien renforcé par l'ajout du petit Monsieur à lunettes castratrices.
Docteur Jivaro
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14/01/2013
Honni soit qui mali pense
Entre Konna et Tombouctou
l'armée française identifie
l'envahisseur en fuite
14:14 Publié dans Actualité, Dessin humoristique, Journaux, Media, Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : intervention militaire française, conflit au mali, opération serval, islamistes, guerre civile
12/01/2013
Les Tarzanides du grenier (n° 16)
En juillet 1974, dans le numéro 66 de CHARLIE-Mensuel, une chronique signée Théophraste EPISTOLIER s'en donnait à cœur-jouïr aux dépens du nouveau TARZAN illustré par HOGARTH (Burnes). Un produit américain converti en patois français par les Éditions Williams France-Paris, et assemblé en deux épisodes de 122 pages bariolées.
(Une dizaine d'années plus tard, Hogarth se déclara fort mécontent de la crudité des teintes).
Théophraste notait : « les singes et Tarzan ont un grand vide entre les jambes ».
C'est vrai. C'est vrai et c'est normal. Normal, c'est à dire pas naturel. Tel père sans sexe, tel fils désexué. Encore une « opération du Saint Esprit » réussie ! Et il faut reconnaître que, oui, Hogarth se comporta toujours en puritain castrateur du fils qu'il adopta des grands anthropoïdes.
Vue de l'arrière-train, vue d'en dessous, ce Tarzan juvénil à de quoi angoisser tout garçon qui somnole dans la tête d'une femme. Une couguar en serait fort deçue. De quoi faire rire aussi, car lorsque Hogarth dessine le fessier et, particulièrement, l'entrefesson de son n'héros il se pose des questions auxquelles il ne fournit qu'une réponse nulle. Une absence. Le RIEN.
Voyez qu'il n'y a rien à voir : pas même un petit trou de cul !
La nuit des noces s'annonce comme une frustration pour le mariage gay.
La censure impose des infirmités. Elle fait vertu de toute monstruosité qu'elle invente. Vertu de toute émasculation. Et lorsque le zizi lui manque à couper, elle « améliore » les filles en leurs arrachant le clitoris. Ou en leur cousant les nymphes, le pucelage n'étant que la fragile aile du papillon.
Dans les églises
on fournit des ailes aux anges
pour les consoler de n'avoir pas de sexualité.
Chez Tarzan,
la paire de testicules manque
mais les pattes s'en trouvent quintuplées.
Le doigt tendu d'une main et l'autre main grande ouverte, deux oppositions complémentaires, l'une phallique, l'autre femelle, souvent répétitives jusqu'à l’obsession dans la gestuelle artificielle et hystérique de Hogarth. Une manière de lancer des signaux désespérés avertissant que toute festivité érotique est désormais prohibée de l'espace publique.
Docteur Jivaro
18:13 Publié dans Arts, BD, Grenier de la BD, Journaux, Media, Moeurs, Sexualité, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tarzan, bd de collection, bd, bd anciennes, hogarth, sexualité, illustrés pour enfants
07/01/2013
Bachar Al-Assad ...
... bouleverse les données géopolitiques
dans le Proche Orient
15:50 Publié dans Actualité, Cinéma, Dessin humoristique, Journaux, People, Politique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bachar al-assad, gérard depardieu, syrie, damas, complot syrien, proche orient, guerre civile syrienne
05/01/2013
Les Tarzanides du grenier (n° 15)
« Il nous faut un Tarzan ! Tarzan a un succès fou chez les gamins ! Il nous faut à nous aussi notre Tarzan qui nous apportera de nouveaux lecteurs ».
Le patron a parlé, et le patron c'est le directeur gérant – Jean CHAPELLE.
Fabriquer un faux TARZAN, un Tarzanide – un de plus ! c'est d'accord. Mais comment le nommer ?
-
Pourquoi pas TAO ? ça commence par un T et certaines contrefaçons du Seigneur de la Jungle commencent par cette lettre : TIM, TARGA … Alors, allons-y pour TAO !
C'est ainsi que surgit l'homme fauve, copyright ARCADIE, et imagé bédé par Lucien NORTIER, un presque débutant.
D'emblée, TAO capture une jolie blonde.
C'est dire que ses mœurs
sont déplorables :
hétérosexuel qu'il est.
Ou alors, c'est qu'il craint les foudres
de Yahvé et de Allah,
et qu'il cache son penchant
homosexuel en simulant
un appétit primitif
pour les rondeurs féminines
– Pouah !
L'aventure de TAO débute dans le numéro 74 de ZORRO Jeudi Magazine, en octobre 1947 et s'achève au numéro 98 d'avril 1948. Elle compte en tout 25 planches imprimées noir sur blanc. Le texte de Robert CHARROUX n'empêcha pas Francis Lacassin de désigner comme « très faible » le scénario.
Lucien NORTIER ignorait comment animer un personnage demi-nu et généreusement musclé. Il aurait pu compenser cette défaillance en imitant + ou – le TARZAN de Hogarth ou celui de Foster, ainsi que firent de nombreux dessinateurs ayant à traiter un tarzanide. Il refusa, choisissant de se débrouiller par ses seuls moyens. Nous pouvons l'approuver d'avoir ainsi ni recouru à la facilité, ni cédé à la paresse.
Par contre nous regrettons que Nortier et Charroux, sans doute avec l'acquiescement de Chapelle, aient infantilisé le langage de leur TAO, comme si ce grand adulte demeurait mentalement attardé. Un handicap analogue avait frappé TARZAN dans les films réalisés (mal) par la MGM sous le contrôle d'un Sol Lesser, individu soumis au matriarcat et qui trouva peut être une satisfaction vicieuse à mutiler le héros viril créé par E. R. Burroughs.
Collection italienne
« Jungle Film » où Tarzan
est appelé Antar.
Tarzan-Antar n'y
parle pas « petit nègre »
mais petit blanc sous développé
côté intellect.
Titre de la brochure :
Jungle appelle Berlin. (N° 12, décembre 1964).
Il s'agit de TARZAN TRIUMPHS,
film américain distribué par R.K.O (année 1943).
Chez TAO,
le langage est atrophié
pareillement à celui qui,
finalement accabla
Jhonny Weissmuller
devenu bedonnant.
TAO l'homme fauve, rapidement disparu, n'a laissé pour ainsi dire aucun regret chez les jeunes lecteurs. Dans la lecture de Zorro, ils préféraient ROBIN, bel enfant blond accompagné d'une superbe tigresse maternelle.
Docteur Jivaro
18:39 Publié dans BD, Grenier de la BD, Journaux, Media, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bd anciennes, hogarth, tarzan, tarzanides, nortier, jean chapelle, cuvelier, charroux, illustrations, dessin, journaux pour enfants
22/12/2012
Les Tarzanides du grenier (n° 11)
La veille des fêtes, on ne va pas se fatiguer.
Contentons-nous de signaler l'existence banale de deux vieux tarzanides disparus et dont beaucoup de collectionneurs du genre oublient d'évoquer le souvenir estompé.
C'est qu'il faut reculer notre regard jusque dans l'hebdo grand format JUMBO publié pendant les années 30, pour rencontrer CHARKA et GERARD.
CHARKA, sans modestie, se prétend « Roi des grands singes » voulant sans doute nous faire ignorer qu'une telle couronne est décernée définitivement depuis 1912 à plus puissant que lui. L'aventure de ce CHARKA ne se suit pas dans une BD mais dans la longue écriture d'un roman. Une vignette accompagne le récit. Les attitudes du personnage principal sont imitées de celles que Foster donna à Tarzan dans l'épisode « TARZAN et la Cité de l'Or ». Il en est même une dans JUMBO n° 47 usurpée d'un dessin de Hogarth.
L'autre Tarzanide de misère – GERARD – lui, n'apparaît que dans le numéro 9 de JUMBO, 26 février 1938. S'agit d'un adolescent affublé d'une culotte de golf (et non pas de golfe, ma fille). Des kidnappeurs le kidnappent. Incroyable, non ? Mais réussissant à leur échapper, il saute du ciel en parachute dans les mille dangers de la brousse. La suite n'est qu'une succession monotone d'images pendant lesquelles GERARD perd sa jolie culotte. Malgré ça, rassurons le curé de Saint Paul : un caleçon en peau de léopard permet aussitôt de cacher les attributs masculins du petit Tarzanide de catéchisme.
Ce n'est qu'avec le numéro 47 (1938) que JUMBO réussit à devenir captivant pour ses jeunes lecteurs. Grâce à ALAIN LA FOUDRE, un gros bras venu de l'Italie du Duce et qui va vaincre « Le Dragon de Shanghai » avant de devenir « La terreur de Harlem ». Puis, dans le numéro 51, c'est la signature du fameux Alex Raymond qui entre en action par l'intermédiaire de l'Agent Secret x 9, ici simplement appelé Dan.
Comme tous les journaux BD recevant TROP de titres américains, JUMBO dut s'assagir après la victoire allemande dans toute l'Europe de l'Ouest. Il survêcut coûte que coûte jusqu'en … 1944.
Comme un présage
Fragment du 4e plat de la couverture rigide de l'album n° 1 de JUMBO année 1938.
Docteur Jivaro
19:11 Publié dans Arts, BD, Grenier de la BD, Journaux, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, tarzanides, tarzan, bd ancienne, jumbo