Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/12/2015

Les Tarzanides du grenier n° 192

 

Pour ce samedi, j'avais quelque peu préparé un texte relatif aux 5 suppléments FAR-WEST du magazine Coq Hardi de l'année 1949. Cela sans m'attendre à rencontrer chez le dernier bouquiniste montluçonnais un connaisseur des BD datées de ma période d'adolescence que je passais rue des Conches.

 

Du coup, le connaisseur et moi bavardâmes tant et plus. De Blek Le Roc et du Petit Duc, celui-ci dessiné par De Vita. Un dessinateur dont les personnages se déplacent à longues enjambées sans recourir aux bottes de Sept lieux.

 

Alors, les cinq suppléments FAR-WEST de 1949 seront pour la semaine prochaine, après le Père Noël, noctambule ramoneur des vieilles cheminées familiales.

 

 

Far-West-Marijac-1949.jpg

 

 

 

 

 

 

 

  

Une entrevue avant inventaire.

 

 

 

 

Doc Jivaro (MFCL)

 

 

30/05/2015

Les Tarzanides du grenier n° 111

 

- Ce n'est pas vrai, dis moi : je ne vais plus pouvoir fumer une cigarette dans mon bac à sable favori ?

 

Alarme chez nos enfants. Marisol Touraine vient d'interdire la consommation de tabac dans les aires de jeux enfantins. Même ceux ouverts en plein vent ? même ceux-là, oui. Notez que cette répression ne me gène absolument pas : j'ai renoncé depuis plus de trente ans à « en griller une ». Ou plus précisément à en griller UNE quarantaine en UNE seule journée.

 

C'est le moment, ici, de rappeler que la présence des cigarettes dans les bandes dessinées n'était pas du tout interdite pendant mes jeunes lectures, lorsque j'allais dans une culotte courte suspendue à deux bretelles. Ah ! la mode mal commode !

 

Et voici, accroc au tabagisme, Bill Tornade affiché en couverture d'un des titres d'ARTIMA, éditeur sérieux – numéro 43, année 1956 – ou encore la tête de P'tit – Gars, sorte de gavroche grandi parmi les pygmées (Éditeur Mouchot, 1952).

 

   

coq hardi,marijac,mouchot,bd,bande dessinée ancienne,tabagisme,marisol touraine,audax,jacques canada,dick fletcher,popeye,lucky luke,bill tornade

 

 

Tout l'inverse d'à présent où POPEYE a perdu son brûle-gueule qui lui allait si bien au visage, et le faux cow-boy LUCKY LUKE qui mâchouille un brin de misère depuis que le mégot lui est tombé du bec.

 

Donc, mon enfance ne connut pas dans ses BD la censure contre la fumée nocive de l'herbe à Nicot. Les volutes bleues circulaient librement depuis que l'européen avait ramené le remède-poison de chez les Caraïbes, là-bas, où les hommes marchaient tout nus, ne portant en guise de vêtements que les cicatrices de leurs tatouages.

 

Pas de censure contre le tabac, non plus que contre l'alcool. Dans nos illustrés du passé, il vous suffit de regarder Les trois mousquetaires du maquis scénarisés et dessinés par l'illustre MARIJAC, pour vous éberluer aux saouleries collectives entre maquisards quand ce n'est pas, aussi, des beuveries jusqu'au coma entre vrais français et vrais allemands.

 

 

Coq-Hardi-01-08-1948.jpg

 Coq Hardi du Premier août 1948

 

 

Néanmoins, plusieurs fois dans nos BD d'écoliers du jeudi, on eut tendance à nous faire croire que la cigarette tenue par un personnage était comme un indice, une prévention désignant un menteur, un méchant, un traître … Mais ce ne fut pas le cas, heureusement ! pour Pierre Perrin dans l'une des meilleures BD de COQ HARDI, année 1950.

 

Coq-Hardi-23-11-1950.jpg

 Coq Hardi 243, n° 243 du 23 novembre 1950

 

 

Pierre Perrin dans JACQUES CANADA par Dick FLETCHER.

 

  Docteur Jivaro

 

 

06/09/2014

Les tarzanides du grenier n° 79

 

Quand MARIJAC maraudait chez FOSTER et HOGARTH.

 

Peut-être pas une hostilité véritable envers TARZAN ; mais en tout cas beaucoup de méfiance. Telle fut l'attitude de Marijac – fondateur de l'excellent journal COQ HARDI – devant les scénarios et les dessins par lesquels le héros de Burroughs faisait son entrée fracassante parmi les bandes dessinées étrangères soudainement éditées en France.

 

En réalité, la quasi totalité des BD que nos pères lurent avant les années 40 était américaine. Et, même si cela vous choque, vous devez avoir conscience du fait suivant : c'est pendant l'occupation allemande de notre pays que se développa vraiment une bande dessinée revendiquée par des auteurs français.

 

Marijac, nous venons de le dire, n'approuvait pas sans réserves TARZAN et, donc, ne se faisait pas scrupule à ses débuts de chaparder quelques-unes des attitudes inventées par Foster et Hogarth pour le Roi de la Jungle.

 

gorinne,le petit luron,marijac,foster,hogarth,coq hardi,jules barigoule,tarzan,pierrot,bd,bandes dessinées anciennes

 

 

 

 

Un emprunt dans PIERROT, n° 45 du 6 novembre 1938

 

C'est d'abord en Belgique que MARIJAC publia plusieurs de ses BD. Ainsi, en 1936, chez l'éditeur GORDINNE localisé à Liège. Le texte se déroule classiquement sous les images sans toutefois refuser la présence d'une disposition nouvelle, celle de paroles incluses dans des bulles.

 

gorinne,le petit luron,marijac,foster,hogarth,coq hardi,jules barigoule,tarzan,pierrot,bd,bandes dessinées anciennes

 

Cet extrait modeste nous vient d'une reliure sous carton rigide et assemblant six petites histoires humoristiques inventées par MARIJAC : Sidonie, Marinette, Barigoule, etc, etc. Une publication dénuée de date de parution – 1938 ? - Tous les écrits, tous les dessins apparaissent imprimés en bleu.

 

gorinne,le petit luron,marijac,foster,hogarth,coq hardi,jules barigoule,tarzan,pierrot,bd,bandes dessinées anciennes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme il se doit chez tout Jivaro, voici un titre de tête.

 

En une seule couleur bleue, oui. Car nos voisins les belges aimèrent souvent publier des bandes dessinées dont les lignes sont tour à tour coloriées en vert, en rose, en violet … Exemple : Le Petit Luron (hebdomadaire 1953). Une manière qui en vaut une autre lorsqu'il s'agit d'économiser les encres de couleur tout en croyant rendre chaque page un tantinet plus attrayante. Encore une histoire belge !

 

Docteur Jivaro

 

 

12/04/2014

Les Tarzanides du grenier n° 61

Tarzan, 1947-Bandeau.jpg

Tarzan,1947-p-4.jpg

 

Certes, ce n'est ni la première ni la dernière fois que T. affronte à mains nues un grand carnassier. Une de ces panthères d'Afrique dont la dépouille pouvait servir de bonnet à tel ou tel roitelet du temps où le chef FOULAH s'écriait : « Quel nez long, trop long ! les blancs européens ont ! ».

 

 Mais cette fois, à la fin du combat mortel, la peau du fauve servira à tout autre chose que de couvre-chef pour le couple Lord GREYSTOKE et Jane PORTER. A quoi donc ? L'image, sortie du numéro 36 de l'année 1947 du TARZAN mensuel des Éditions Mondiales, précède une réponse dont Docteur Jivaro vous entretiendra prochainement.

 

 TARZAN, fréquemment moqué, ridiculisé, etc. doit malgré tout une partie de sa célébrité à ses plus hargneux détracteurs. De la même manière et paradoxalement, le caricaturiste MOI-SAN du boulevardier Canard Enchaîné participa t'il pendant les années 60, à l'omniprésence de Charles de Gaulle dans l'espace public.

 

 Le bédéiste Marijac, en bon français d'Auvergne, combattit les surhommes et autres supermen de provenance américaine. Il refusa tout autant les « gros bras » venus des BD italiennes, les Jim Taureau, Kansas Kid, Dick Fulmine et ainsi d'autres à la queue leu leu. Cependant, sa « bête noire » obsessionnelle semble avoir été Tarzan. Non seulement il en tourna en dérision le personnage dans une assez longue BD (voir notre Tarzanide n° 41 du 26-10-2013) ; mais encore il en moqua le nom ici ou là, à l'occasion de telle ou telle autre série en images dont il se faisait le scénariste. Ainsi, dans le numéro 228 de COQ HARDI, année 50.

 

 Coq-Hardi,1945-Patos.jpg

 

 

 

Un singe pour rire, Tarzanide rigolo.

 

 

 Vignette sortie de PATOS, une Bédé imprimée économiquement en bichromie rouge et bleue. Des difficultés financières ayant obligé Marijac à recourir à une épargne de fabrication pendant six numéros successifs.

  

Docteur Jivaro

29/03/2014

Les Tarzanides du grenier n° 59

Peu de collectionneurs de Bd anciennes connaissent ce titre n° 1 publié dans la collection Aventures et Voyages par les Éditions Marcel Daubin (Paris Alésia) et dont le dépôt légal date du 2e trimestre 1946.

 

 BD-Pour-venger-sa-race.jpg

 

Rien que le titre, POUR VENGER SA RACE à de quoi faire enrager ceux – celles d'entre vous qui estiment que le monde à suffisamment de races de chiens et de races de poules pour se dispenser d'y ajouter les races humaines du théâtre de Gobineau.

 

Les images de ce petit chef d’œuvre de provocation sont signées Auguste Liquois. C'est dire !

 

Liquois Auguste travailla d'abord pour la collaboration avec le IIIe Reich avant de travailler pour les communistes collaborant avec Staline dans leur journal de bandes dessinées VAILLANT. Caméléon l'Auguste !

 

Semaine prochaine vous constaterez qu'un grand héros Tarzanide se manifeste tout autant auprès des Boers en lutte contre les zoulous et les anglais, que contre de cosmopolites « chercheurs d'or » dans l'Ouest encore sauvage des États Unis.

BD-Pour-venger-page-13.jpg

 

Existe-t-il des léopards et leurs sœurs panthères dans les prairies immenses du « Nouveau Monde » ? Non. Bel et bien non. Seulement grâce à la magie de la BD combinée avec le talent du plagieur Liquois, le chef amérindien Jaguar cache ses « parties honteuses » et son podex sous le … sous le pagne de l'africain TARZAN !

 

Docteur Jivaro

18/01/2014

Les Tarzanides du grenier n° 49

 DRAGO AFFRONTE LE BARON ZODIAC

 

En 1971, les Éditions SERG rééditèrent en langage français DRAGO, personnage d'une Bédé américaine que Burne HOGARTH créa en 1945 après avoir abandonné TARZAN sous le crayon alors peu exercé de Rubimor.

 

 Plus de vingt années avant j'avais appris à connaître ce DRAGO dans le journal COQ HARDI, son fondateur-directeur Marijac ayant eu la bonne idée d'adapter pour les enfants les deux épisodes pendant lesquelles un jeune gaucho d'Argentine lutte contre des adversaires pugnaces. Le premier épisode, surtout, et malgré les fantaisies du scénario, s'avère propice à telle ou telle réflexion politique. Un nazi revanchard, réfugié secrètement dans le pays d’Éva Péron, construit une bombe atomique qu'il ambitionne de lancer sur l'île de BIKINI, là où l'armée yankee teste un armement nouveau capable de détruite massivement des populations civiles.  

 

bandes dessinées,dargo,tarzan,tarzanides,marijac,éditions serge,coq hardi,censure,illustrés pour enfants

 

 Le fameux BARON ZODIAC s’exalte jusqu'au délire : son Opération Apocalypse va faire de lui le maître de la planète Terre, celle-ci déjà fort ravagée par les affrontements Berlin-Moscou et Washington-Tokyo. D'où les questions : ce physicien national-socialiste est-il entré en Argentine en suivant la filière « Odessa » ? Et Odessa a t'il été une réalité d'émigration hitlérienne de l'après capitulation allemande ?

 

Ce premier épisode que nous pouvons titrer DRAGO contre ZODIAC débute au numéro 57 et s'achève au numéro 93 de COQ HARDI. Quant au second épisode – depuis le numéro 94 jusqu'au numéro 104 - dans lequel le Baron ZODIAC n’existe plus, les spécialistes en BD s'accordent pour ne pas l'attribuer entièrement à HOGARTH.

 

 Donc, deux épisodes DRAGO publiés officiellement dans les journaux états-uniens. Ce qui ne nous empêche pas nous autres qui lûmes COQ HARDI lorsque nous étions écoliers, de compter plutôt trois épisodes DRAGO. C'est à dire un épisode supplémentaire qui demeura longtemps inconnu de HOGARTH (jusqu'en 1967 indique la réédition SERGE de 1971).

 

 Ce troisième épisode parasitaire fut de très très courte durée : quatre planches imprimées numéros 105, 106, 107 et 108. Cent huit, le final, paru jeudi 15 avril 1948. Oui, un jeudi. C'était notre journée de repos. Vrai repos : nos parents nous laissaient jouer librement en dehors de toute surveillance. Pourvu que nous ne décidions pas de noyer dans le ruisseau des Étourneaux une des poules de la mère G …

  

Comment expliquer ces quatre pages DRAGO ajoutées par Marijac ? Probablement parce que dans la littérature pour enfants tout méchant doit recevoir une punition. Or, le Baron ZODIAC s'était enfui de son « nid d'aigle », échappant à la dite justice des hommes. Voilà pourquoi Marijac ne voulant pas être accusé de laxisme par papa-maman, inventa une suite dans laquelle le vilain Baron ZODIAC endurait un châtiment mérité.

  

bandes dessinées,dargo,tarzan,tarzanides,marijac,éditions serge,coq hardi,censure,illustrés pour enfants

 

Ci dessus, dernière page du DRAGO inventé par Marijac. Les personnages ont été extraits manuellement du premier épisode pour être collés dans les quatre pages ajoutées. Le décor « forêt vierge » est hâtivement esquissé par Marijac. Le lettrage aussi. Les connaisseurs ne manqueront pas de remarquer que la main gauche du bon gros Tabasco est dessinée comme sont dessinées les mains de JIM BOUM, héros tantôt cow-boy, tantôt explorateur et créé d'abord par Marijac pour le pieux hebdomadaire Cœurs Vaillants.

 

 Impossibles à éviter pendant les années 40 et 50, les méfaits de la censure sont nombreux dans la version française « pour enfants » fournie par Marijac.

 

 Les jolies filles Darby, Tosca et Flamingo sont rhabillées par le pinceau parfois catholique de Marijac – Mais un communiste agissait pareillement ! Le prénom féminin Darby a été rebaptisé Christiana, ce qui rend la demoiselle plus proche du petit Jésus. Darby-Christiana porte autour du cou un pendentif dont la forme peut paraître suspecte : ne dirait-on pas un petit zizi fossilisé ? Marijac le supprime, le remplaçant par une croix tracée à la va vite, en deux coups de patte. Et ainsi de suite.

 

 Mais la plus sacrifiée à la pudeur c'est la belle aventurière nazie . C'est Tosca. Non seulement Marijac l'enveloppe toute entière d'une robe soutane encombrante mais, pire encore ! il la défigure. Comprenez qu'il lui balafre le visage de traits de plume pour la vieillir ! Car, selon le code de la famille Duraton, un monsieur d'âge mûr ne saurait fréquenter dans sa maison une courtisane de luxe sans y perdre la dignité de sa belle âme paternelle. Et reconnaissons que Hogarth dessinant la sexy Tosca aurait pu la classer parmi les pensionnaires du célèbre Salon KITTY. On ne va pas énumérer les multiples interdits présents dans le DRAGO pour enfants. C'en serait fastidieux. Signalons quand même que trois pages entières présentes dans l'ouvrage américain n'ont pas été reproduites par Marijac. Il s'agit du moment érotique pendant lequel l'impudique Tosca s'essaie à exciter sexuellement le jeune DRAGO – encore puceau ? - en espérant pouvoir lui chaparder une statuette dont la signification phallique n'échappera pas à l'esprit vicieux que vous cachez sous un masque de fonctionnaire timoré.

 

bandes dessinées,dargo,tarzan,tarzanides,marijac,éditions serge,coq hardi,censure,illustrés pour enfants

bandes dessinées,dargo,tarzan,tarzanides,marijac,éditions serge,coq hardi,censure,illustrés pour enfants

Deux images dont l'une trahit la présence émoustillante de sa voisine. Devinez laquelle.

 

Docteur Jivaro