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15/06/2019

Les Tarzanides du grenier n° 356

Remember

 

Doc Jivaro ne prévoyait pas ... Doc Jivaro ne prévoyait pas que les commémorations récentes du «Débarquement Américano-Anglais» dès l'aube du 6 juin 1944, l'amèneraient indirectement à improviser un petit commentaire sur le cas de CALVO talentueux bédéiste français.

 

Ma mère était entrée dans le Monoprix ouvert sur le Boulevard Courtais de Montluçon, et je l'avais précédé peut être mis en appétit par l'envie de regarder des soldats de plomb sur un étalage. A droite, en entrant, un grand bac contenait tout un tas de petits livres pour enfants. Parmi les illustrations, l'une d'elle m'attrapa le regard : Elle montrait un grand loup bipède et comique. En réalité elle le montrait deux fois levant la patte car il y avait deux brochures. C'était LA BÊTE EST MORTE.

 

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« Ne m'empêche pas de faire mes courses » avais dû dire ma mère en constatant que mes yeux restaient collés sur les dessins. Maman paya, c'était gratuit pour moi. «Tu les regarderas à la maison. Regarde plutôt devant toi en marchant ».

 

A ce moment là j'en étais à l'apprentissage de la lecture. Alors, forcément, de temps en temps, c'était mon père qui parcourait le récit qui lui paraissait assez ennuyeux à lire - et il n'avait pas tort !

 

CALVO bénéficiait déjà d'une belle réputation comme dessinateur d'animaux marrants. Maman l'entrevoyait dans Moustache et Trottinette lorsqu'elle feuilletait un de ces journaux desquels les bonshommes disaient avec quelque dédain : c'est pour les femmes !

 

- Ah ! Ça, ce doit être la tuerie dans Oradour-sur-Glane ! s'était exclamé mon père en cessant de lire pour détailler plus attentivement l'image. je me souviens bien qu'il fit une remarque : il n'y a pas eu de pendu !

 

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Oradour-sur-Glane, du côté de Limoges, j'en entendais parler souvent autour de moi. Une de nos tantes, résistante, s'était déjà donné pour devoir de s'y rendre en pèlerinage chaque année. Mon père refusait de l'accompagner en expliquant vaguement qu'il n'aimait pas aller voir ces choses là comme si elles étaient du spectacle. Mais ce commentaire ne l'empêchait pas, chaque 15 août, de participer à une cérémonie qui se tenait et se tient encore dans la Carrière des Grises toute proche de Montluçon et en souvenir d'un groupe de fusillés par l'armée allemande.

 

Les deux originaux de LA BÊTE EST MORTE furent assemblés en un seul volume pour être réédités deux fois. Une première fois par FUTUROPOLIS en 1977, puis par Gallimard en 1995.

 

Sollicité par la Société Walt Disney, CALVO ne tomba pas dans le piège et refusa de perdre son originalité et son public français.

 

Doc Jivaro

 

10/06/2017

Les Tarzanides du grenier n° 255

 

Monsieur Élixir de Jouvence, entendons-nous : Monsieur le Président de la République s’est rendu sur place pour un hommage aux victimes d’Oradour-Sur-Glane.

 

Minute de silence

 

Bien.

 

Oradour-sur-Glane ? Voici trois mots qui m’entrèrent dans les oreilles dès que j’eus l’âge de comprendre notre langage, et qui n’en sortirent jamais. Mes parents, ma famille et tout le voisinage en parlaient fréquemment d’Oradour-sur-Glane. L’une de mes grandes cousines ne manquait jamais de s’y rendre comme pour un pèlerinage annuel.

 

- Oui ! commentait mon père, c’est entendu, elle a fait de la Résistance chez les gaullistes mais je trouve quand même assez malsain, assez … morbide d’aller se promener sans ces ruines comme s’il s’agissait d’un décor de spectacle.

 

Ma mère, que l’émotion envahissait sur le sujet, avait l’air de remettre en place du linge pourtant bien rangé, ou faisait semblant de chercher en profondeur un objet dans un tiroir à peine entrouvert.

 

L’après-midi d’un peut être dimanche qu’il lisait un petit mickey dont le titre était COQ HARDI, Papa s’exclama : tiens ! Ça, ça fait penser à Oradour-sur-Glane !

 

C’était en page 5 de COQ HARDI là où était imprimé COLONEL X. (jeudi 7 octobre 1948).

 

 

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Le scénariste Marijac visant un public jeune, avait évidemment évité de parler d’enfants et de femmes brûlés vifs par des soldats allemands et alsaciens de DAS REICH. Mais ce court épisode donnait effectivement à penser au massacre dans le village d’ Oradour. Toujours est-il que dans mon imagination d’enfant le fait réel dont les adultes parlaient autour de moi ET les dessins signés de Poïvet se trouvèrent unis dans ma tête comme s’il s’agissait d’un même événement.

 

La critique que mon père avait tenue sur notre cousine se rendant ponctuellement à Oradour ne l’empêchait pas, mon père, chaque 15 août de se rendre non pas à l’église mais à la Carrière des Grises toute proche de Montluçon. Là où une quarantaine de jeunes gens furent massacrés par la Gestapo pendant la semaine de Libération de notre pays.

 

« J’en connaissais très bien quatre d’entre-eux, qui avaient le même âge que moi et qui, s’ils vivaient encore, auraient toujours leur âge pareil au mien ».

 

Il y avait des moments où mon père manifestait une logique qui nous assommait sur place.

 

 

Doc Jivaro et Mfcl