20/10/2018
Tarzanides du grenier n° 320
Samedi précédent, Doc Jivaro a cité l’ancienne revue CINÉMA 71 sans en présenter l’illustration de couverture. Un manque dont il se corrige dès après la fin de ce court paragraphe.
L’énergique athlète blond à califourchon sur l’encolure d’un « monstre antédiluvien » et s’apprêtant à casser le crâne de la bête, se nomme FLASH GORDON. Rapidement, dès les années qui suivirent sa naissance en 1934, il gagna ses galons de champion prestigieux d’une BD publiée des deux côtés de l’Atlantique.
Chez nous, il se francisa en GUY L’ÉCLAIR. La collaboration franco-allemande décidée en Octobre 1940 à Montoire stoppera momentanément la carrière de ce personnage présent dans l’hebdomadaire ROBINSON. Ce n’est qu’avec la victoire et l’implantation de troupes américaines dans quelques-unes de nos villes en 1945 que GUY L’ÉCLAIR regagna son droit de présence dans un journal français : DONALD (dimanche 23 mars 1947).
1ère planche dans DONALD N° 1
Cette fois ce n’est pas son créateur Alex Raymond qui en dessine les planches mais un de ses assistants : AUSTIN BRIGGS. C’est d’ailleurs sous cet aspect secondaire que les écoliers de mon âge apprécièrent ce héros BD et cela jusqu’au numéro 169 du dimanche 18 juin 1950. Car après cette date, GUY L’ÉCLAIR disparaît pour la deuxième fois, victime non plus d’un fascisme anti-américain mais d’un anti-américanisme fomenté par une alliance entre les églises et les cellules communistes staliniennes.
Les aventures de FLASH GORDON se moquent des lois physiques de l’espace temps telles qu’elles nous font exister; et les voyages interplanétaires que l'aventurier réussit appartiennent aux extravagances des rêves éveillés. Aussi ne vois je pas de « science-fiction » là-dedans ; je n’y vois qu’une fiction romanesque dénuée de toute référence scientifique. Un érotisme de pacotille jalonne les exploits de ce jeune homme dont toutes les jolies filles « tombent » amoureuses sans qu’il ait à jouer au joli cœur en leur présence.
L’abondance des bandes dessinées et la diversité de leurs opinions obligèrent nombre de commentateurs à faire valoir des arguments pour et des arguments contre. Ainsi, dans CINÉMA 71 des extraits d'Umberto Eco dénoncent une présence d’extrême droite dans les bandes dessinées. Mais dans NOTRE EUROPE N° 50 de janvier 83, Louis Jeancharles s’alarme d’une décadence de l’Occident en partie due à l'influence de bandes dessinées de gauche.
Et vogue, vogue l’ancestral Dragon des Mers.
Doc Jivaro
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13/10/2018
Les Tarzanides du grenier n° 319
– Tu nous as signalé que le Pillou-Pillou de POPEYE se nomma TSOIN-TSOIN dans la première traduction française alors que Popeye lui-même s’y appelait Mathurin.
Deux montluçonnais de ma génération venaient de m’adresser cette remarque, quand nous en étions à feuilleter de vieux livres dans la boutique du dernier bouquiniste de la Ville dont Marx Dormoy fut le maire.
Me semble qu’il y eut trois albums de ce titre édités par TALLANDIER. Mais il suffit d’en lire un seul pour vérifier tout de suite que Popeye s’y trouve changé en matelot de Marseille. Et que pour ce qui est de son œil borgne celui-ci interprété comme un œil « poché au beurre noir ». Enfin des exclamations telles que dubled, jobard, pechère, quinquin ou encore galapiat et galéjade confirment l'ambiance de l'ancienne cité phocéenne sans avoir à pousser la mystification jusqu’à conter l'histoire de la sardine qui bouche le port de Marseille.
Et maintenant, regardons la couverture scannée ci-dessous où Popeye Mathurin voisine avec ... avec Betty Boop, la piquante starlette en mini jupe des années trente. À ce propos, souvenons-nous que le gaillard mangeur d'épinards n'est jamais insensible à la présence des jolies filles. Sans oublier que le gonflement anormal de ses avant-bras suggère une disponibilité sexuelle permanente.
La proximité des deux personnages devenus marionnettes de films d'animation, est encore une des preuves quant aux nombreuses correspondances entre le cinéma et la bande dessinée. (Ici, la jarretière de Betty et l'ancre marine de Popeye sont détaillées par les studios Fleischer).
En France, l’influence réciproque entre bédé et ciné fut sérieusement étudiée dans le numéro 159 de la revue CINÉMA 71 de septembre et octobre 1971.
Sur ce, Doc Jivaro vous dit au revoir, mes amis.
Doc Jivaro
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06/10/2018
Tarzanides du grenier n° 318
LE DICTA'T'HEURE
S’il s’agit d’un acteur-clown du cinéma dont les contorsions farceuses passèrent facilement et très tôt du cinéma « muet » à la bande dessinée (muette) c’est bien le faux clochard inventé par Charlie Chaplin : CHARLOT (pour ne pas le nommer).
Dès 1937, le Grand Hebdomadaire français l'AS, dirigé par la famille OFFENSTADT édite une BD intitulée « Les Aventure acrobatiques de Charlot ». Un rôle tenu par le célèbre SDF dont le fond de culotte semble toujours supporter un poids de matière trop lourd pour ses coutures...
Journal l’AS, n° 68, page 3.- Format 39 cm x 27 cm.
Le dessinateur est alors THOMEN : Raoul THOMEN.
Quatre années d’occupation allemande stoppèrent le succès populaire de Charlie Chaplin dans le pays de Pétain et de de Gaulle.
L’immédiat après-guerre vit la SPE reprendre la publication du titre Charlot mais sous la forme d’une brochure périodique de 52 pages. Les histoires sont imprimées deux pages en couleur qui alternent avec deux pages noir sur blanc. C’est encore Thomen qui en illustre le texte tout en s’interdisant l'emploi de « bulles parlantes » pourtant définitivement adoptées par la quasi-totalité des publications en bandes dessinées.
Une brochure de 52 pages, image brochure n° 3, année 1948.
Sur cette couverture nous remarquons un être humain africain présenté sous un aspect comique. Heureusement, de nos jours, en démocrassie, seul l'homme blanc a pour devoir de repentance de s’auto-caricaturer en public.
À la semaine prochaine.
Doc Jivaro
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29/09/2018
Tarzanides du grenier n° 317
Du diable ! si je devine de quelle famille nous arrive cette vieille reliure décousu main que ma n’épouse vient de descendre d’une des soupentes d’un de nos châteaux en Espagne.
Les noms BLANCHET MAGON n’éveillent aucun souvenir en moi. Que voulez-vous ? comme le gruyère, nous portons tous nos lacunes.
Une recherche hâtive dans Wikipédia nous indique que ce dessinateur de comiques entretenait un esprit quelque peu proche de celui du dessinateur Rodolph TOPFFER. Un TOPFFER que des critiques spécialisés classent premier auteur européen d’une bande dessinée en raison d’une suite d’images qu’il traça pour « Les amours de Monsieur Vieux Bois » (année 1827).
BLANCHET MAGON s'exprima dans la revue « La Chronique Amusante » alors éditée 79 Boulevard Saint Michel, Paris. Une revue qui débuta en 1886 et se prolongea jusqu’en 1920.
Alors, BLANCHET MAGON doit-il être rangé lui aussi, parmi les précurseurs méconnus de la BD ?
Doc Jivaro
18:42 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Dessin humoristique, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rodolph topffer, blanchet magon, la chronique amusante, chefs d'oeuvres de la bande dessinée, anthologie planète, bd collections anciennes, tarzanides du grenier, bar zing de montluçon
22/09/2018
Tarzanides du grenier n° 316
Nous n'en terminerons peut-être jamais avec tous les BOB se démenant tant qu’ils peuvent dans les romans, les films et les Bédés …Mais ici seuls ceux actifs dans les brochures illustrées nous retiennent longuement. Après Bob l’Aviateur (1938) arrivèrent d’autres moins adultes, moins aventureux parmi lesquels BOB et BOBETTE qui donnèrent un titre à un hebdomadaire du jeudi dès l’année 1946.
Doc Jivaro fouillant dans ses paperasses vient de retrouver un BOB coiffé d'un chapeau de scout et daté de l’année 1940. Voyez les gags : ils ne sont que banals.
2 bandes sorties de PIERROT, 26 mai et 2 juin 1940
Banals du point de vue de l'humour, ouais ! cependant l’animal doté d’une longue queue prouve qu’il est capable de performances physiques. Et dites moi : ne nous rappelle t'il pas une créature récente dont l'effigie modelée en latex sert parfois de gri-gri protecteur à l’automobiliste ? Le célèbre MARSUPILAMI, bien sûr ! … Ainsi, Bob le singe doit-il être regardé comme l’un des précurseurs du phénoménal marsupial que Spirou et Fantasio ramenèrent (involontairement) d’une jungle mystérieuse imaginée par FRANQUIN.
Il serait amusant – pourquoi pas instructif ? de répertorier les animaux fantaisistes qui préparèrent à l’insu de leurs créateurs l’arrivée de notre Marsupilami.
Par exemple un certain Tsoin-Tsoin.
Bien oublié aujourd’hui le Tsoin-Tsoin ! Pourtant c’est le deuxième nom attribué à une petite bête pas plus grosse qu’un chat : le Pilou-Pilou. Son apparition en bande dessinée, chez nous, date du numéro 1 du 7 décembre 1937 en première page du journal HOP-LÀ ! …
Ce Tsoin Tsoin - Pilou Pilou réussit des miracles avec sa queue baguette magique. Son appendice caudal paralyse les vilaines sorcières et fournit de l’électricité gratuite. Il a même le pouvoir (c'est un comble !) de rendre IN-VI-SI-BLE le petit animal compagnon des aventurlures de POPEYE.
Vous voyez bien que le Marsupilami ne manque pas d’ancêtres.
Doc Jivaro
19:08 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Fanzine, Grenier de la BD, Media, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bob l’aviateur, marsupial, journal hop-la, popeye, tsoin-tsoin, spirou, fantasio, bob et bobette, bob mallard, pilou pilou, franquin
15/09/2018
Tarzanides du grenier n° 315
On sait … (Comment ça, vous ne savez donc pas encore que l’on sait ?)... que le chancelier du IIIe Reich appréciait plusieurs des films américains, en particulier « Autant en emporte le vent ». Aussi encourageait-il les cinéastes allemands à égaler, voire à surpasser leurs rivaux d’au-delà du royaume des Atlantes.
Par contre … par contre Adolph H. ne manifestait que du mépris envers un personnage fictif créé par un romancier et devenu un des phénomènes du cinéma capitaliste : TARZAN.
Alors, comment expliquer, ne serait ce que partiellement, le refus entêté avec lequel le dictateur excluait de son panthéon personnel un athlète tel que Lord John GREYSTOKE ; athlète dont l’anatomie idéalisée par l’écriture et le dessin s’inspire d'un art Gréco-romain tant admiré par les germaniques Nationaux Socialistes ?
Le premier roman publié porte pour titre TARZAN APES MAN. Ce qui revenait à écrire pour nous : « Tarzan des singes » ou encore « Tarzan chez les singes ». Mais par la suite et partout dans les pays civilisés cette formule verbale se modifia, amalgamant sous l’appellation « Homme-singe » l’acrobate des arbres et des lianes. Donc Tarzan devenait une créature hybride.
Les créatures hybrides dans lesquelles se mêlent l’humain et l’animalité ont toujours été interdites chez les religieux ayant foi dans le monothéisme. Or, Adolph H avait bel et bien reçu une éducation religieuse chrétienne, donc monothéiste, pendant son enfance. On peut donc supposer que chez cet hystérique la persistance religieuse chrétienne lui rendait inacceptable toute sympathie pour un être ambiguë moitié homme moitié singe. Un anti Darwin absolu. Pas de filiation, donc pas d'hérédité biologique entre les bestes et les humains. Votre chien pisse et que vous pissiez aussi n'apporte pas la preuve d'une animalité commune à vous et votre chien. D’autant qu’il ne vient jamais à l'idée de votre chien de se tricoter un bermuda pour cacher sa paire de testicules.
Dans ce dessin signé de Hogarth, l’artiste met en évidence une fière nature humaine visiblement imitée de la statuaire gréco-romaine. Certes, Hogarth n’égala jamais le génie de Michel Ange quoiqu’il y prétendit encouragé en cela par d’enthousiastes admirateurs. Cependant remarquez bien que dans cette image l’homme-singe n’est pas Tarzan mais plutôt la créature voûtée, proche de lui et comme paraîssant se relever d'avoir marché à quatre pattes. Et notez le jaillissement du feuillage qui couronne la gueule-tête : à croire que le héros c'est le simiesque !
Doc Jivaro
18:55 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Fanzine, Film, Journaux, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tarzan, hogarth, autant en emporte le vent, adolph h, lord john greystoke, homme-singe, michel ange