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09/10/2021

Tarzanide n° 520

 

Rue du Tapis Vert

 

 

Leur BOSS, les marseillais viennent de l’enterrer. Qui donc ? Tapie. Tapie Bernard, voyons ! Le populaire football proclame sa fierté que l’homme ait choisi leur ville en guise de cimetière. Comprenons bien : c’est sûrement la ville la plus mafieuse située en bordure de France.

 

Je n’ai pas souvenir que le mot « mafia » était à lire dans les BD de mon enfance. Pourtant, les mauvais garçons, les bandits, les gangsters et tous les autres outlaw abondaient dans les pages des magazines destinés à la jeunesse. Et, parmi les auteurs d’histoires dessinées où figuraient des hors la loi, le plus retentissant pourrait bien avoir été Pierre Mouchot, qui signait CHOTT et devint, de son vivant, la bête noire du religieux Abbé Pihan, censeur monomaniaque.

 

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Regardez bien l’attitude du personnage en civil : les mains dans les poches de sa veste ne semble-t-il pas venir d’un film de série noire américain ? L’image est extraite des aventurlures de Black Boy, fils de Fantax.

 

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Toujours dans la production de CHOTT, une jolie jeune femme semble occuper à rattacher une de ses quatre jarretelles … Une manière habile de suggérer le monde de la nuit , celui des prostituées et de leur clientèle. C’est la présence des hommes et de leurs commentaires autour de l’étroite cabine téléphonique qui suffit à évoquer une ambiance érotique pourtant interdite dans les images pour les enfants.

 

Lors de la cérémonie funèbre en la cathédrale Sainte Marie-Majeure l’officiant ne manqua pas d’évoquer la partie sombre de Tapie, ce que fit aussi et longtemps avant le commentateur Thierry Roland se souvenant d’une réunion à bord du voilier Le Phocéa en présence de Bernard : on se serait cru dans une assemblée mafieuse. (Votre serviteur manque à ses devoirs : il ne souvient plus où et quand il lut l'article).

 

Thierry Roland, outre le football, était grand amateur de BD ; ce qui l’amena à rédiger une préface dans le tome 6 de quelques-uns des épisodes de la vie de Lord Greystoke republiés en mai 1994 par l’Éditeur Soleil.

 

Doc Jivaro

 

09/05/2021

Tarzanide n° 497

Relisant quelques passages de la revue trimestrielle de BD PHÉNIX de mars 1976 j’ai stoppé sur l’affirmation suivante « Le premier en date de 1946 un mensuel appelé LE CASSEUR ». C’est Jean Fourié qui écrivit cela à propos de l’Éditeur CHOTT. Eh, non ! Le premier titre BD de cet éditeur fameux, en 1946, ne fut pas LE CASSEUR mais FANTAX alias Lord Neighbour alias Le Gentleman fantôme. Quant au cow-boy LE CASSEUR il ne devait paraître qu’en 1947.

 

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Malgré la simplicité des scénarios ou, plutôt, grâce à cette même simplicité animée de bagarres à grands coups de poing FANTAX s’attira l’enthousiasme des écoliers de l’époque ce qui d’un autre côté lui attira l’hostilité de beaucoup d’instituteurs. Aussi ce personnage tomba-t’il comme l’une des premières victimes de la censure votée le 16 juillet 1949. Son dernier numéro, n° 39, est édité en 1949.

 

 

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Une dizaine d’années passa, moi avec elle.

 

J’allais pour ne pas manquer le départ de la locomotive à charbon en direction de Bourges. Je longeais alors Le Miscailloux, un café-bistro qui faisait aussi office de commerce de Presse. A ce moment là, le titre des journaux était tourné vers l’extérieur afin d’être visible à travers la vitrine. Un mot accrocha mon regard de côté ; ce mot c’était FANTAX. Etait-ce donc l’éditeur Chott que je croyais disparu depuis une décennie qui se rappelait à ma mémoire ?

 

Je déposais 60 frs en monnaie sur le comptoir, devant le patron du bistro qui voyant mon achat ne manqua pas de s’essayer à l’ironie : « C’est pour vous ou pour votre petit-frère ? ».

 

- Pour moi !

 

Et comme je sortais j’entendis le bonhomme qui voulait mériter le dernier mot de notre bref échange : « Moi je lisais ça quand j’étais gamin ! ».

 

Avec son FANTAX d’une deuxième série commençant en 1959, l’Éditeur Chott profitait du succès d’un catcheur nouvellement triomphant sur les rings en France : L’Ange Blanc. Un succès renforcé par la démocratisation des TV dans les débits de boisson où l’on s’attroupait le vendredi soir après le turbin. Ce nouveau catcheur était masqué, se donnant pour mission de corriger tous les méchants combattants d’un sport truqué dont tous les spectateurs adultes connaissaient par avance le résultat. Ainsi FANTAX, soudain ressucité, était-il surnommé « L’Ange Noir » pour faire équilibre par contraste avec L’Ange Blanc.

 

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Cette seconde série FANTAX ne parut que pendant l’espace de neuf numéros que votre serviteur possède la conservant dans un coffre de Fort Knox sous la garde personnel de l’agent 007.

 

Doc Jivaro

 

04/11/2020

Tarzanides n° 459

 

C’est mon mien !

 

 

Pour le dessin de ce jour, Bar Zing attendait quelque précision fiable quant au résultat prochain du match Biden-Trump. Rien n’apparaissant en ce moment, c’est Doc Jivaro qui prend le relais pour meubler l’espace.

 

Sur nos journaux populaires de BD que nous achetions d’un prix de misère tant beaucoup d’entre eux étaient maigres de quatre à huit pages, quelques gamins écrivaient leur identité comme pour réussir à se les approprier deux fois. C’était, en particulier, une précaution lorsqu’ils les prêtaient à tel ou tel autre garnement en culotte courte du quartier.

 

Nos parents ne se préoccupaient pour ainsi dire jamais de nos échanges lorsque ceux ci concernaient des « Petits Mickeys ». Par contre, lorsqu’il s’agissait de nos jouets … papa et maman surveillaient le grain, j’aime autant vous le dire.

 

 

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Généralement, le gamin écrivait au crayon, parfois à l’encre violette son … blaze. Quelques-uns nous semblaient privilégiés : ceux qui utilisaient le tampon de l’entreprise artisanale familiale. Par exemple : sur la couvrante d’un FANTAX, année 1948, peu lisible il est vrai. On y détecte à peine Olivier quelque part dans Montaigut en Combrailles.

 

- Tu veux des INTRÉPIDE ! j’en ai plein, je t’en prêtes. Tu viens chez moi après l’étude.

 

 

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Après l’étude c’est à dire après 6 heures du soir je suivis l’écolier dont le nom ressemblait fortement au mot fortune. Il logeait dans une maison toute proche des cités HLM récemment construites à cette époque passée : les Cités Pierre Leroux. Sa mère nous reçut, me paraissant  d'une corpulence de cinquante soupières cachant la table de la cuisine.

 

- Bonjour Madame.

- Bonjour.

 

Son fils me désigna d’un coup de tête de côté : « Je vais lui prêter mes INTRÉPIDE ».

 

Il apporta un paquet d’illustrés. Je me réjouissais déjà. « Pas la peine de les compter, m'an ! c’est un copain de classe ! il me les rendra ». Vlan ! Il encaissa une gifle carabinée. « C’est moi qui commande ! » dit la mère en commençant de répertorier : un, deux, trois, etc.

 

C’est à ce moment là que je m’aperçus que la maman du garçon ne disposait que d’un seul bras.

 

- Ma mère a perdu son bras pendant la guerre en Espagne, devait m’expliquer Fortunat un des jours qui suivit.

 

Fortunat ! Ça y est ! avec ou sans t à la fin, j’ai prononcé le nom de ce camarade d’école que je n’ai jamais revu depuis plus de cinquante ans.

 

Doc Jivaro

 

06/06/2020

Tarzanides n° 429

A vrai dire et, même, à dire vrai, les scénarios BD ayant pour sujet le racisme étaient rares pendant ma jeunesse. Inexistants, presque. D'où une exception remarquée par les collectionneurs, celle présente dans les aventurlures de FANTAX ; grand cagoulard imaginé par Pierre Mouchot et Marcel Navarro en 1947.

 

La collection FANTAX s'édita sous deux séries l'une de 39 numéros, l'autre - datée 1959 - de 9 numéros.

 

 

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BD-Fantax,-n°14,-1947.jpg

 

 

Ce sont les numéros 13 et 14, tous deux de l'année 1947 qui parurent avec le KU-KLUX-KLAN pour moteur principal. Signalons qu'à ses débuts cette organisation sudiste n'apparut que comme une grosse farce pour noctambules fêtards, farce fabriquée par une demi-douzaine d'officiers démobilisés de l'armée sudiste. Les États du Nord vainqueurs venaient d'abolir l'esclavage mais n'avaient absolument pas prévu d'organiser du travail salarié pour la multitude des familles noires affranchies. Aussi nombre d'anciens esclaves trouvèrent t'ils commode avec l'aide de trafiquants nordistes, de détourner des parts de l'argent venu du Nord et destiné à la reconstruction des villes sudistes ravagées par les "colonnes infernales" déléguées par les politiciens démocrades du Nord. C'est en ripostant à ce pillage financier que le K.K.K. se politisa jusqu'à utiliser la calomnie et l'assassinat, armes nécessaires à quiconque veut s'emparer d'un pouvoir politique.

 

Mais dans l'histoire vécue par FANTAX, nous apprenons, ainsi que nous le montre la couverture du numéro 14, que les messieurs du K.K.K. sont de races différentes, chinoise, noire, ou encore d'ethnies diverses hindoues ou turques, etc. Inattendu, surprenant, non ?

 

 

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Doc Jivaro aura sûrement l'occasion de parler plus en détail des deux numéros FANTAX et, en attendant, il propose ce petit article paru dans SPIROU numéro 604 du 10 novembre 1949 : l'un des très rares commentaires destinés aux enfants, à l'époque et relatifs aux fanatiques du Klan de Jim Crow et du cinéaste Griffith (Naissance d'une Nation).

 

 

Doc Jivaro

 

 

30/11/2019

Tarzanides du grenier n° 388

 

FANTASIA



- Il est pourri ton FANTASIA, j’en ai rien à branler !



J’improvise ainsi le réflexe d’un gamin banlieusard auquel j’aurais proposé d’échanger un de ses Mangas de merde contre mon historique FANTASIA. Historique d’autant que c’est le number one de l’an de grâce 1957.



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Parurent quarante huit numéros mensuels, chacun d’une épaisseur de 128 pages avant d’être amaigri à une centaine ; et jusqu’à ce que leur fondateur Pierre Mouchot cédât l’ensemble de ses titres S.E.R. à Edi-Europ.



L’année où s’édita FANTASIA fut aussi l’année où Doc Jivaro désertait la bande dessinée pour des lectures adultes sans images, parmi lesquels des récits policiers. Exemple : une famille Pied-de-bouc éditée en 1952 dans la collection Série Noire de chez Gallimard.



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Le numéro 1 de FANTASIA nous fournit trois séries BD : elle de Black boy, fils de FANTAX personnage fétiche de Pierre Mouchot. Le ranchman TOM MIX est également présent mais toujours mieux connu aux Etats-Unis qu’en France. Enfin une histoire d’anticipation : « Marc héros des temps futurs », dont peu de français connaissent la totalité des aventurlures, celles-ci n’ayant été imprimées que de façon fragmentaire dans le pays de Descartes.



- Vous avez vu ça ? demanda un des trois ou quatre adolescents avec lesquels je me rendais au collège.

Nous avions stoppé nos bicyclettes devant la vitrine du tabac-journaux de la rue Miscailloux. Le copain, avant-bras croisés sur le guidon de son vélo qu’une pédale calait sur le bord du trottoir, retenait notre attention entre deux pages du troisième numéro de FANTASIA.



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- Y en a une qui retient sa jupe autour de ses jambes mais l’autre, à gauche, retient rien du tout et toute sa robe se gonfle comme un parachute. Dommage qu’elle porte un jupon noir ! …



En fait le « jupon noir », n’est qu’un gros coup de pinceau d’encre noire destiné à dissimuler ce que nos yeux de petits français ne devaient pas voir mais que pouvait sans doute voir le regard d’un anglais devant l’image originale. Souvenons nous que la censure soviétique couvrait d’une grosse bavure noire les textes, donc les idées qu’elle interdisait au bon peuple. On appelait ça : caviader. Je propose donc l’expression « jupon noir » pour désigner en la dénonçant toute tâche sombre n’ayant d’autre raison d’être que de cacher tout ou partie d’un graphisme BD.



Lorsque j’allais et venais dans Paris-Pourri, Gérard Thomassian le libraire BD de la rue Balzunce m’apprenait qu’un numéro spécial de 132 pages de FANTASIA et daté de 1961 existait, étant très recherché.



Ne le cherchez plus, le voici :



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Je ne me souvenais même plus le posséder, et j’avoue ne l’avoir jamais feuilleté.



Doc Jivaro

 

01/10/2019

Tarzanides du grenier n° 378

Non, non ! ne voyons pas là-dedans un rodéo sauvage d'acrobaties entre motos à travers le Bois de Boulogne ou sur le périphérique parisien un samedi soir après le turbin.

 

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Nous connûmes deux titres RANCHO, tous deux édités par Pierre Mouchot responsable de la SER, 6 place Carnot à Lyon. L'un était mensuel, l'autre bi-trimestriel avant de devenir à son tour mensuel. Ici nous ne bavarderons qu'à propos du deuxième généralement mentionné comme RANCHO-Spécial et qui compta jusqu'à trente trois numéros jusqu'en décembre 1961. Il contient les aventurlures de Black- Boy, fils de FANTAX. Son équipement vestimentaire le fit parfois taxer "fasciste" : culotte de cheval, gros gilet noir, paire de bottes. Cigarette au bec, le gaillard cogne dur. Ce qui fait que nous le plaçons dans la lignée des héritiers d'Alain La Foudre.



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Le visage de cet athlète n'est pas sans ressemblance avec le portrait de Lino Ventura, l'acteur-catcheur dont les épaules rembourrées occupent toute la surface de l'écran dans "Le gorille vous salut bien", 1958. Mais le détail a remarquer c'est la lettre B deux fois visible avec l'astuce de trois boucles la doublant. La voici bien la preuve que c'était l'époque des jupons amidonnés sous la robe Vichy de Mademoiselle Brigitte Bardot.



Dans les cinq premiers numéros, les aventurlures de Black-Boy sont copiées sur celles vécues dix ans auparavant par son père. Pour le fils encore une façon de "tuer le père" en s'appropriant les exploits de papa.



Les BD de ma jeunesse étaient fréquemment plus violentes donc parfois plus adultes que celles d’à présent dont les illustrations de couverture nous démoralisent par leur banalité.



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Tel père, 1948 ...



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... Tel fils, 1956



Doc Jivaro vous en fait le pari : exposez en vitrine les images des couvertures des bandes dessinées anciennes, celles de mon enfance, et vous prendrez le risque de voir la police débouler chez vous, alertée par un de vos voisins protecteur de l'innocente ignorance des enfants.



Doc Jivaro vous salue bien.