05/04/2014
Les Tarzanides du grenier n° 60
Comme signalé dans notre commentaire précédent (N° 59) POUR VENGER SA RACE s'inspire au maximum des constructions graphiques réalisées dix ans plus tôt par Hogarth. Celui-ci dessinait alors TARZAN accourant au secours d'immigrés européens s'installant en Afrique du Sud.
Trois épisodes américains furent accomplis. Le premier depuis le 14 novembre 1937 jusqu'au 29 mai 1938. Le deuxième commençant en juillet 1939 et s'achevant en avril 1940. Enfin, un troisième, tardif, allant de octobre 1943 à janvier 1944. Les colons hollandais Boërs en sont les protagonistes essentiels.
Seuls, les deux épisodes du début furent édités en albums cartonnés dans la fameuse collection française HACHETTE. L'un sous le titre TARZAN TRAHI année 1939. « Attention à ne pas ajouter un t à trahi ! » Et l'autre en 1949, appelé TARZAN ET LE TRAÎTRE. Ces exemplaires dont la valeur marchande s'est affaissée depuis une quinzaine d'années, ont toujours eu pour défaut de n'être composés que de planches BD démembrées ; HACHETTE ayant parfois supprimé deux images sur trois dans les originaux reçus des États Unis.
Ce sont les deux premiers épisodes qui influencèrent l'Auguste LIQUOIS. Sûrement en connut-il les traductions intégrales publiées dans le grand hebdomadaire JUNIOR (1937-1942). Et c'est ce qui doit expliquer que le chef indien Jaguar ressemble bien à un de nos tarzanide. Un tarzanide en somme aventuré dans le Far West, et auquel, pour faire couleur locale, on a couronné la tête d'un panache de plumes d'aigle.
Page N° 5.
La brochure Pour Venger Sa Race compte vingt pages dont seize en noir sur blanc constituent la BD proprement dite.
Au moment de sa parution, des enfants enthousiasmes du style de Hogarth purent d'abord confondre cette planche avec une des œuvres du célèbre illustrateur de Tarzan.
Plus bas et à gauche, une reproduction de l'avant dernière vignette de la cinquième page, vignette visant à nous apitoyer sur l'épuisement de Jaguar-Tarzan.
En réalité, l'attitude du personnage a été calquée non pas sur le travail de Hogarth mais sur celui de Foster. Dans PRINCE VAILLANT version française datée du 2 avril 1939 pour le numéro 69 du journal HOP-LA ! Quant à l'autre copie à droite, elle est isolée du mensuel MARCO POLO Éditions CHOTT, année 1949. Son auteur ? J'ai hésité entre Bertolo et Almay, une paire d'italiens assez prolixes. Gérard Thomassian, spécialiste des « petits formats », désigne Bertolo pour dessinateur du MARCO POLO douzième et dernier numéro. Or le dessin présenté ici ne nous vient-il pas du numéro douze ?
Tenez, et même si vous n'en sentez pas la curiosité, voici la couverture du numéro 1 de la réédition année 1953 des aventures de Marco Polo. Il y eut deux volumes brochés regroupant mais de façon incomplète les douze fascicules commercialisés en 1948 et 1949.
Docteur Jivaro
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08/03/2014
Les Tarzanides du grenier n° 56
Samedi semaine dernière, Docteur Jivaro avait prévu de commenter les origines étonnantes du Fantôme du Bengale … Mais voilà qu'aujourd'hui non seulement le soleil rend paresseux mais qu'en plus cette journée du 8 mars est celle réservée au triomphe politique des femmes libérées.
Le Fantôme, approuvé par Bar-Zing,ne pouvait pas manquer une aussi bonne occasion de caresser les belles dames selon leur souhait le plus intime.
Produit américain, année 1941
Docteur Jivaro
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01/03/2014
Les tarzanides n° 55
Samedi précédent, parmi nos tarzanides, l'apparition inattendue du géant masqué AMOK fut l’occasion de rappeler l'existence époustouflante du « Fantôme du Bengale ». Celui-ci, d'origine yankee, profitera en France de plusieurs éditeurs rivaux entre eux mais publiant avec un succès égal ses aventures sur des supports diversement périodiques. Tantôt mensuels, tantôt hebdomadaires ; en noir et blanc chez Éditions Mondiales ou encore en couleurs chez la Sagédition ; et presque partout marchandé par Opéra Mundi sous la direction de Paul Winkler, lui- même régissant « Le Journal de Mickey » de concert avec Walt Disney. Le Fantôme sera aussi publié sous l'aspect d'un seul strip de quatre images en bas de page dans le journal quotidien L'AURORE.
L'AURORE, 1957 ?
Dans cet exemple, le mollesse assez paresseuse du dessin handicape la force du personnage ainsi que la qualité d'un scénario agençant habilement l'intrigue et l'humour.
Le Fantôme du Bengale dispose de plusieurs appellations qui varient en rapport des lieux et des individus fréquentés. Monsieur Kit Walker chez les contribuables civilisés devient « l'Esprit qui Marche » pour les Bandards – sic – ses amis les sauvages pygmées. Il est aussi « L’ Immortel » lorsqu’aucun des gangsters ne réussit à le voir alors qu'il les observe tous.
D'abord dessiné par Ray Moore auquel succéda Wilson Mc Coy, the Phantom inscrivit premièrement sa présence en France dans l'hebdo AVENTURES qui parut sous deux séries : L'une datée d'avant guerre (38 numéros) – et l'autre après (44 numéros).
Semaine prochaine, Docteur Jivaro (s'il n'est pas mort trucidé par la vie denrée périssable), bavardera à propos de la silhouette du Phantom en insistant sur la différence des graphismes entre Ray Moore et Wilson Mc Coy.
Jivaro
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15/02/2014
Les Tarzanides du grenier n° 53
De 1946 jusqu'à 1956, Del Duca édita deux séries mensuelles TARZAN ; la première complète avec ses 102 numéros et la seconde limitée à 25 mensualités. Étrangement, les numéros 100, 101 et 102 de la première série sont affectés comme numéros 1, 2 et 3 de la seconde … C'est dans celle-ci que nous pouvons remarquer une petite bizarrerie, laquelle n'empêche pas les collectionneurs de dormir sur leur oreiller de nostalgie.
Dans le cours du numéro 14 – page 7 exactement – de la seconde série le dessinateur Bob Lubbers cède sa place à John Célardo. Une décision arbitaire, prise par les responsables italiens et qui n'est pas conforme à la chronologie des BD originales américaines.
Bob Lubbers avait fini par attribuer au Seigneur de la Jungle une physionomie aimable et souriante de tonton gâteau, celle d'un paisible boy scout invité chez le dernier curé du village. Tout ça fort contraire aux réactions d'un orphelin susceptible et n'assurant sa survie qu'à grands coups de couteau. John Célardo, lui, essaya de redonner à Tarzan les attitudes d'une méfiance prompte à la plus brutale des ripostes.
A présent, regardons les deux images ci-dessous. Elles appartiennent à la même aventure l'une succédant à l'autre ; mais leur dessin ne vient pas de la même main. Celle de gauche correspond bien au style de John Célardo tandis qu'à droite le tracé résulte d'un talent moindre et anonyme.
A plusieurs reprises cet inconnu installe comme en catimini son graphisme alors que parfois rien n'en motive la présence.
Ci-après les deux bandes en couleur sont réellement créées par John Célardo, étant extraites du numéro 23 des Éditions Mondiales publiées en 1966. Par contre, dans celles en noir et blanc du numéro 19 des « Publications périodiques modernes » année 1966, on surprend une image que nous taxerions d'intruse si l'on ne voyait pas qu'elle fait oublier tout un groupe de singes agressant des guerriers noirs. Mais, une fois encore, quel nom donner à l'auteur de cette image ? Étant adolescent je la supposai venue de Brantonne, artiste à tout faire chez beaucoup d'éditeurs des lendemains de la guerre mondiale.
A défaut de présenter la couverture de Tarzan n° 25 – que je retarde d'acheter à chaque fois que j'aperçois qu'elle me manque –, je scanne celle du n° 24. Elle est évidemment due à l'atelier Milloco, qui réalisa quasiment toutes les couvertures des brochures et des reliures pour Del Duca, depuis 1946 jusqu'à … jusqu'à ce que mort s'en suive.
Docteur Jivaro
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01/02/2014
Les Tarzanides du grenier n° 51
Le dessinateur avide d'un « art abstrait » très à la mode durant les années 50 – et dans les pays du capitalisme – réalisa cette œuvre sublime entre toutes … L'improvisation des segments linéaires apporte la preuve de la libération mentale de l'artiste ; et cela à l'encontre d'une trompeuse « réalité figurative » qui, souvent, réduit le cerveau humain à n'être que le jouet de ses illusions d'optique journalières.
Quoique d'apparence hasardée au premier abord, cette création abstraite tracée en deux dimensions résume les volumes d'une enseigne publicitaire mobile en faveur d'un célèbre personnage de fiction.
Personnage qui parcourut toute la longueur du Bd de Courtais, dans Montluçon City infernale, ville occasionnellement avant-dernière étape du Tour de France 1956.
Devinez un peu de quel phénomène de roman il s'agit.
Docteur Jivaro
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07/12/2013
Les Tarzanides du grenier n° 43
C'est la bonne grosse surprise du jour.
Haut les mains ! Semble s'exclamer le gamin placé à droite devant nos yeux. Mais l'autre – un adulte – ne peut se les lever les mains. Il paraît manchot sous l'effet d'un dessin médiocre, et non pas se garder les bras cachés derrière son buste.
Perturbée d'une maladresse cette petite image suggère involontairement une scène différente de celle qu'elle prétend présenter. Le revolver (une forme indécise en guise de revolver) ...le revolver et son emplacement évoquent quelque geste obscène.
L'auteur de cette bévue graphique qu'il n'a pas signée, n'a t'il pas été trahi par un penchant pédophile qu'il croyait bien nous cacher ? On peut supposer que devant ce résultat pour le moins ambigu, un Groddeck (1866-1934) se serait adonné à toute une interprétation inspirée des premiers résultats de Freud.
Toujours est-il qu'en 1956 la Bédé AIGLE D'OR (35 numéros) mis en vente pour une clientèle enfantine, échappa, ici, à une censure pourtant vigilante jusqu'à la maniaquerie. C'était le temps où même le petit cul béni TINTIN se voyait rappelé à l'ordre catholique pour peut qu'il en négligeât l'obéissance. Et j'espère pour vous que vous avez remarqué que la braguette des pantalons de ce puceau à poil ras, se réduit à un maigre trait vertical pareil à celui indiquant quelque discrète foufounette. TINTIN émasculé est une réalité.
Notez encore dans cette image extraite de AIGLE D'OR numéro 2 l'emploi de plusieurs effets de matière : des points, des hachures, etc, etc. C'était un truc servant souvent à "enrichir" un dessin afin de masquer chez lui une banale présence linéaire. Ah ! Les transparents tramés imprimés par LETRASET !
Dans ce même numéro 2 AIGLE D’OR, on retrouve des mouvements de personnages imités de ceux que Foster et Hogarth créèrent pour l'omniprésent Tarzan.
Tarzanides qu'il n'est pas utile de collectionner
Ci-dessous, le visage peu avenant de l'infirmière n'indique pas qu'elle vient de satisfaire à regret à la pipe réclamée par Mortimer convalescent. Elle répond simplement au règlement interne de l'ancien journal Tintin : filles et femmes ne devaient jamais être montrées séduisantes, et l'on sait l'inexistence de la gente féminine dans les navrantures du personnage que nous ne devons pas envier à messieurs les belges.
A moins de n'employer le fils d'Hergé que comme objet d'une spéculation financière. Ce qu'il est devenu effectivement.
Docteur Jivaro
18:32 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Media, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bandes dessinées anciennes, hergé, tintin, mortimer, aigle d'or, groddeck