28/09/2013
Les tarzanides "Héros masqués"
Signalée par quelques-uns de nos commentaires passés, l'abondance de BD françaises pendant l'occupation hitlérienne de notre pays est maintenant enregistrée comme réalité historique. Réalité longtemps négligée voire niée par les historiens et autres « journalistes agréés », tous plus ou moins influencés les uns par le patriotisme bourgeois gaulliste, les autres par une doctrine communiste finalement utile aux seuls intérêts hégémoniques de l'URSS.
Dès 1940 et jusque dans les années 47/48, beaucoup d'éditeurs français spécialisés dans les journaux illustrés « pour la jeunesse » abandonnèrent la moitié nord de l'hexagone et s'installèrent en zone sud, celle-ci reconnue « libre » par le nécessaire armistice entre Pétain et Hitler. Comment ça, vous en êtes scandalisé présentement, soixante dix ans après ? Auriez-vous préféré que nos villes, y compris Paris, fussent dévastées par l'aviation allemande toute puissante à l'époque ?
PUBLI VOQ, avant de se changer en Éditions Monté Carlo - 1947 - édita bien des bandes dessinées depuis la ville de Nice, même si Nice se retrouva ravagée par les bombardements américains en 1944. GARRY KID et KING LE VENGEUR vinrent de sa production mais seulement à partir de 1948. Tous deux scénarisés et dessinés par le jeune Bob LEGUAY, lequel de Bob LEGUAY gagna surtout sa bonne réputation de bédéïste en prolongeant pendant 10 ans - jusqu'en 1961 - le TIM l'AUDACE inventé par les frères GIORDAN en 1947.
C'est principalement de KING LE VENGEUR dont nous vous parlerons, semaine prochaine. S'agit d'un personnage masqué dans un genre inspiré de ZORRO ; mais dont la durée d'existence demeura assez furtive.
Un des produits BD année française 1942. Pour les enfants, la violence est bien admise par la morale du gouvernement dans Vichy, mais à condition de parler d'évènements historiques relatant la France en lutte contre tous les ennemis de son unité nationale.
Docteur Jivaro
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14/09/2013
En marge des Tarzanides, un superhomme masqué, fabriqué français
Un simple brûleur de gaz peut provoquer des effets extraordinaires et corriger la timidité chez certains messieurs malingres. La preuve par ces quatre vignettes extraites d'une bande dessinée année 1948.
SATANAX, Satan.
Satan, premier des anges rebelles contre la tyrannie que le dieu d'Israël inflige aux hommes, les contraignant à ne servir que Lui dans Sa guerre hégémonique contre ses frères et sœurs, tous dieux et toutes déesses qu'Il fait périr, siècle après siècle, dans un impitoyable holocauste fratricide.
Satan, par qui vient toute jouissance et toute science.
Mais SATANAX, personnage doté d'une courte vie dans les BD françaises, reste fort loin de telles ambitions universelles. Satanax qui n'est à son commencement qu'un gringalet provincial, binoclard et clerc de notaire, moqué au jour le jour par sa femme, la jolie Sylvia. Mais pourquoi l'a t'elle épousé ? La paire de lunettes supportée par le petit nez de ce petit homme, n'était-elle pas pendant le XIXe siècle et dans l'imagerie humoristique comme l'indice, comme le symbole d'une impuissance sexuelle ?
Et comment ce minus va t'il se transformer en l'athlétique et invincible Satanax, je vous le demande un peu.
Mais voici que j'abrège, j'y suis obligé. Mon épouse insiste vraiment pour que je l'accompagne pour notre approvisionnement quinzomadaire. "C'est chiant dit-elle. J'ai hâte de profiter du DRIVE". Mon épouse est une française évoluée. Elle parle couramment franglais, comme frappée d'une moderne schizophrénie dont ne se corrige aucun des journaliste actifs dans l'héxagone. Moi, je reste vieux jeu. Je ne sais toujours pas comment écrire « chaud bise » lorsque je rédige un compliment à l'attention d'Amanda Lear ou de Victoria. C'est peut être ce qui explique qu'elles ne me répondent jamais.
Lecteur, si tu es patient comme les statues de plâtre dans l’Église Saint Paul, tu attendras samedi prochain pour connaître la rarissime couverture du numéro 1 de Satanax ainsi que l'atmosphère de ses victoires remportées de haut vol.
Doctor Jivaro
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07/09/2013
Les tarzanides du grenier (n° 39)
Trois semaines ! Nous a fallu pas moins de trois semaines d'une enquête aussi discrète que pointilleuse pour trouver la dernière demeure, le dernier refuge de l'un des plus célèbres justiciers masqués qui amusèrent d'autant mieux notre enfance que nos instituteurs et notre curé nous en déconseillaient les aventures.
En voyant cette modeste porte marquée de cinq lettres qui ne viennent pas de Cambronne, nous crûmes d'abord à une plaisanterie de gamin. Mais non, non mais : ce fut bien Bernado, serviteur muet de Diego de la Véga, qui marqua ainsi l'emplacement derrière lequel agonisa, oublié de tous, le héros au fouet mordant.
Une indiscrétion du voisinage, nous apprit que sur le tard de ses jours ZORRO utilisa l'encaustique Diamantine fabriquée à Montluçon, pour cirer ses bottes rapiécées dont le cuir gémissait au contact du parquet en bois exotique.
Dans les décennies 50 et 60 ce fut principalement le ZORRO dessiné par Ouliè qui occupa le premier plan. Il y eut pourtant d'autres dessinateurs attelés à ce personnage.
Voici ci-dessus un ZORRO beaucoup moins connu. Un ZORRO jeune, blondinet tout rieur et dessiné par Gire pour la Collection Hurrah ! d'après le film Républic Pictures distribué par les Films de Koster – Ouf ! C'était en 1949 et je venais de gagner mes sept ans.
Docteur Jivaro
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24/08/2013
Le Petit Censeur Illustré n° 6
Notre paresse, qui devrait être proverbiale, nous dispense de répertorier chronologiquement l'ensemble des « Justiciers masqués » présents dans la BD française pendant les cinq années qui suivirent l'entrée de la Division Leclerc dans Paris.
La troupe américaine ayant précédé tous ses alliés, son implantation armée en France allait faciliter le retour des journaux « Comics » et autres « Petits Mickey » interdits depuis 1941 par l'occupant allemand. Ainsi un DONALD, dès 1947, était-il publié par Paul Vinkler - Opéra Mundi - pour tenter de rétablir la suprématie du commerce de l'imagerie yankee dans le pays de de Gaulle et Thorez. Les dessinateurs de bandes dessinées françaises, qui s'étaient amplement exprimés avec l'approbation de l'administration germanique depuis 1941, décidèrent de s'opposer à ce qu'ils dénonçaient comme une invasion étrangère venue d'Outre-Atlantique.
Pierre Mouchot fut l'un de ces patrons français qui combattirent la production américaine, mais sans donner un aspect politique à son combat. Il signait Chott. On lui doit d'abord la Bédé FANTAX, le plus retentissant de ses enfants. Ensuite, il fonda de nombreux personnages à succès, les perdit tous à la fin. Attaqué, malmené, persécuté (disons le sans exagération) il le fut par ses rivaux politisés. Il était bien français, pas américain ; et ce furent cependant des français qui le détruisirent. Peut-être cherchèrent-ils à faire oublier qu'ils demeuraient tous impuissants à briser l'efficacité commerciale américaine en France. Incapables de couper les ailes de l'aigle planétaire, ces messieurs cassaient les pattes du merle provincial.
Chott, en compagnie d'un Melwyn Nash créa en 1947, un BIG BILL le Casseur. Sur douze pages au prix de 12 fr.
Un héros très musclé. Il tue. Il tue parce qu'il est impitoyable, pareil à Moïse qui faisait mettre à mort ceux des juifs qui refusaient d'adorer le dieu nouveau qu'il leur apportait.
Les meurtres que BIG BILL commet ne seraient que de sadiques assassinats si nous refusions de voir en lui un justicier solitaire se substituant à une police et des juges manquant à leurs devoirs. En somme, rien d'anarchique. Sherlock Holmes, avant BIG BILL agissait pareillement, supplantant Scotland Yard dans maintes affaires criminelles. L'influence de Lone Ranger « Cow boy masqué » publié en France dans le HOP-LA ! de 1939, est plus que plausible. Car de même que Lone Ranger est aidé par l'indien Tonto, BIG BILL le casseur est soutenu par le JAGUAR, un de ces emplumés peaux rouges qui scalpent aussi rapidement que gaiement chaque ennemi cloué au sol. Quant a BIG BILL, il casse les dents, disloque les mâchoires, écrase les vertèbres. Et lorsqu'on en sort vivant c'est pour en rester infirme.
Le CASSEUR BIG BILL fut publié sur 94 numéros en dépit des procès attentés contre son éditeur Mouchot. Ce dernier dut cependant accepter quelques sacrifices pour allonger la durée d'existence de son champion. Par exemple renoncer à le dissimuler sous un masque. Et s'il résista beaucoup aux noirs bataillons des curés en soutane et des instituteurs en hussards de la République, il en fut finalement déchiré, jeté aux poubelles. BIG BILL le Casseur meurt, pourrait-on dire, au numéro cinq de RANCHO, année 1955.
Epuisé, ruiné, le créateur Mouchot-Chott est obligé de vendre ses EDITIONS RHODANIENNES à EDIT EUROP, un liquidateur qui se bornera à écouler les invendus ainsi qu'à fabriquer quelques titres d'une parution éphémère.
Mais plus tard, surprise ! en 1961, EDIT EUROP place sur le marché de la presse, un COLORADO n° 1 – Il n'y aura d'ailleurs que quatre numéros ! - On y retrouve, inattendu, le BIG BILL de Mouchot-Chott. Seulement, en réalité, il ne s'agit que de la réimpression du premier épisode, celui antérieurement édité en 1947. Cette réimpression n'existe qu'après avoir passée par le couperet de la guillotine. Voyez donc : BIG BILL a définitivement perdu son masque. Il présente son visage tout nu – quelle impudeur ! et la lettre majuscule C sur son plastron, résumant le fracassant CASSEUR, est remplacée par un B (BIG BILL) parfaitement inoffensif.
On ne devrait pas avoir à vous le redire : pendant la décennie 50 à 60, toutes les BD exhibant de fantaisistes héros masqués seront interdites en France. ZORRO n'y échappa pas non plus lui qui, par le crayon de Oulié, réussissait bien aux dépens des ATOMAS et SATANAX, autres créatures BD françaises plus ou moins confectionnées selon la formule des BATMAN et des PHANTOM du Bengale.
Doctor Jivaro
(Insatisfait de son texte)
20:06 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Grenier de la BD, Le Petit Censeur Illustré, Media, Moeurs, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : censure, big bill le casseur, colorado, paul vinkler, opéra mundi, fantax, illustrés pour enfants, justiciers masqués, bd ancienne, bandes dessinées, mouchot, chott
10/08/2013
Les tarzanides du grenier (n° 38)
Depuis le 2e trimestre 2010 Danièle et Tanguy Mouchot ont entrepris de rééditer la collection complète des premiers exploits de FANTAX, qui enthousiasmèrent beaucoup d'enfants pendant les années 1946-47-48 et 49, avec un total de 39 numéros mensuels explosifs.
La troisième reliure comprend la copie des exemplaires 17 à 24, et est datée du 4e trimestre 2012. Imprimée qu'elle est à 1000 exemplaires. C'est dire que, malheureusement vous ne pouvez vous la fournir qu'auprès de quelques-unes des boutiques spécialisées dans le genre BD anciennes.
Par ci par là, FANTAX, tout comme TARZAN « prend le chemin des lianes » pour se faufiler plus rapidement à travers la jungle hostile, celle d'Afrique ou celle de Malaisie – en dansant la Javanaise ? Cela ne suffit pourtant pas à le classer parmi les vrais Tarzanides. Même s'il tue un pachyderme en lui enfonçant un pieu dans l’œil pour atteindre le cerveau. Alors comment justifier sa présence dans notre petite rubrique répertoriant plusieurs des Tarzanides ? Sans doute en rappelant que presque tous les mouvements de FANTAX sont calqués sur ceux imaginés par FOSTERS et HOGARTH pour le personnage TARZAN.
Fantax fut d'abord vendu à l'époque au prix modeste de 12 Fr. Un collectionneur marchand de vieilles BD, rue Sémard, me confiait : « CHOTT cherchait avant tout une jeune clientèle populaire ne se rattachant ni à un parti politique, ni au catéchisme catho. Je n'avais pas beaucoup de sous étant gosse. Mes parents ne m'auraient pas donné 30 frs pour me payer COQ HARDI 4 fois chaque mois. Un seul FANTAX à 12 Frs mensuels devait suffir à mon bonheur. »
Reconnaissons aussi que les scénarios simples, voire nigauds fournis par un prétendu « reportage de G. K. MELWYN-NASH » avaient de quoi séduire certains gamins pour qui toute difficulté de groupe trouvait sa solution dans une raclée à grands coups de poing.
CHOTT inventant FANTAX ne craignit pas de signaler que nombre de musulmans notamment par l'intermédiaire du Grand Mufti de Jérusalem, firent alliance politique avec le nazisme. Hitler ayant su exploiter des revendications arabes et berbères contre le colonialisme des puissances européennes de l'Ouest. Après le très controversé traité de Yalta, les communistes mais aussi dans une moindre mesure les américains n'eurent qu'à abonder dans cet anticolonialisme hitlérien.
A chaque fois qu'il dessine une croix gammée pour désigner l'ennemi allemand l'Atelier CHOTT la fait tourner dans le mauvais sens de gauche à droite. Il peint ainsi une croix contraire de celle du Jaïnisme et du national socialisme.
L’atelier CHOTT est surtout connu pour avoir mille fois copié les mouvements de TARZAN. Mais il imita, aussi et de façon tout à fait inattendue, quelques-uns des personnages inventés par MILTON CANNIF pour son célèbre TERRY combattant le Japon dans l'Océan Pacifique.
A gauche : image recrutée dans l'hebdo DONALD, n° 9 du 18 mai 1947. La belle Lotus d'Or devient-elle un des atouts du Mikado ? Elle ferait volontiers rotir le beau TERRY mais elle ne peut longtemps cacher qu'elle en est amoureuse.
A droite : Lotus d'Or est ici appelée Rose du Levant. On la devine capable de faire étriper Lord Horace NEIGHBOUR caché sous la cagoule de FANTAX.
La cagoule deviendra, dix ans plus tard, l'un des déguisements préférés des catcheurs voltigeurs du ring.
Vous souvenez-vous d'un certain « Ange Blanc » ?
Dans toute sa splendeur, le Gomateshvara au long prépuce
18:45 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Media, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fantax, chott, bd anciennes, bandes dessinées, éditions del duca, illustrés pour enfants
13/07/2013
Le Petit Censeur Illustré n° 3
Image modifiée. En fait, très censurée. L'épisode américain TARZAN ET LES ONONOS obligea à beaucoup de falsifications et autres tromperies avant de recevoir l'autorisation d'être publié en France.
Une réédition mieux respectueuse du modèle fut commercialisée par les Éditions AZUR, année 1967. Nous ne pouvions qu'en regretter les couleurs criardes. Cependant nous y appréciâmes, enfin ! les vrais Ononos (ou Onnonoés) créatures dotées d'une tête énorme démunie d'estomac et de jambes. Démunie, aussi, de tout relief sexuel. Ce produit de la tératologie personnelle de Hogarth, est fréquemment surnommé « Tête ronde » dans la traduction française. Et ce n'est évidemment pas pour dénoncer les cent mille cruautés avec lesquelles les sbires de Cromwell, en leur temps, accablèrent les enfants d'Irlande.
Hogarth hésita entre deux physionomies avant de décider sous quel aspect définitif paraîtrait un Onono. Au début, il l'imagina muni de longues canines pointues et le crane partagé par une chevelure taillée à la mode huron. C'est le maquettiste MILOCCO, bon serviteur de toute censure, qui métamorphosa l'onono en un gnome métissé à grosse caboche. (voir ci-dessous : image sortie du numéro 179 de TARZAN, année 1950).
Voilà ce sera tout pour aujourd'hui comme ils disent dans Secret Story.
Docteur Jivaro
16:22 Publié dans Arts, BD, Education, Grenier de la BD, Journaux, Moeurs, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tarzan, censure, hogarth, milocco, editions del duca, bd, bandes dessinées anciennes, illustrés pour enfant