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16/07/2016

Tarzanides du Grenier n° 220

 

TERRES JUMELLES est un scénario BéDé rangé dans le genre Science Fiction ou encore anticipation, ces deux expressions ayant un sens approximativement identique dans le parler commun des années 1950.

 

Ma première rencontre avec TERRES JUMELLES date de loin dans mon passé : septembre 1953. Une planche américaine traduite en français et présentée comme si elle débutait réellement le scénario original, me fut visible en page 22 de TARZAN numéro 25.

 

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Ce matin là, la dame des Poste et Télégraphe me tendit un Roi de la Jungle diminué de moitié : « Dis donc, il est petit ton journal aujourd’hui ! » … Malheur ! … TARZAN venait d’être frappé de nanisme de la tête jusqu’aux pieds. Les 24 pages promises depuis deux semaines, ne résultaient que des 12 grandes pages traditionnelles, celles-ci tout simplement pliées en deux. Seule compensation : la quantité plus importante des images. Mais chacune d’elle perdait en centimètres carrés.

 

A peine m’étais-je relevé de cette déception qu’une tragédie frappait ma pré-adolescence : TARZAN disparaissait à son numéro 31, remplacé par un HURRAH ! daté du 24 octobre 1953. « Pas de quoi s’étonner, s’exclama mon père qui se souvenait (vaguement) d’avoir vu le tour de magie inverse : un ancien HURRAH remplacé par un nouveau TARZAN. « Juste retour des choses mon garçon ! » Effectivement, le 24 janvier 1941, l’ancien HURRAH ! avait été remplacé par un TARZAN tout nouveau né.

 

Mais revenons à TWIN EARTHS, c’est à dire à TERRES JUMELLES.

 

Je n’aurais pas mentionné, ici, TERRES JUMELLES si un collectionneur de bandes dessinées de jadis, d’un âge vieilli autant que le mien, ne m’en avait pas rappelé l’existence. Toutefois, mon interlocuteur commit une confusion, racontant avoir lu cette série d’anticipation dans FANTAX « Là où on voyait un athlète vêtu d’un gilet noir et d’une culotte de cheval, et qui … » Je tressaillis, rectifiant aussitôt le tir : « cet équipement c’est celui de Black Boy. Et Black Boy ne parut pas dans FANTAX mais dans FANTASIA, attention ! C’est donc dans FANTASIA que commença la seconde parution française de TERRES JUMELLES, sauf que … Sauf que le titre était modifié en un "MARC Héros des Temps Futurs".

 

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FANTASIA n° 1, pocket de 128 pages du deuxième trimestre 1957, et ayant été produit par la S.E.R. (Société des Éditions Rhodaniennes) dirigée par le désormais inoubliable Pierre MOUCHOT). La copie scan présentée plus haut ne cache pas combien le journal est endommagé par l’outrage des ans et des gens. On compte quarante huit (48) numéros pour la collection complète, le terminus pendant l’année 1961. “Marc Héros des Temps Futurs” débute à la page 86 de FANTASIA mais aucun folio n’est imprimé en pagination. C’est dans la voiture balai du peu reluisant Copyright Edi-Europ que s’achèvent – trainards - les titres énergiques d’abord crées par la S.E.R. Pleurons, frères !

 

Rue Belzunce, non loin d’une Gare du Nord aménagée démocratiquement en carrefour des délinquances, un libraire spécialisé dans les Petits Formats n’épargne ni Terres Jumelles, ni Marc Héros des Temps Futurs, ni même notre défunt Pierre Mouchot : tous mauvais ! qu’il les sabre. Chez les réalisateurs Lebekc et Mc Williams, il dénonce un anti-communisme obsessionnel ; et chez Mouchot il réprouve un « nationalisme aigu ». Toutefois d’aussi sévères critiques n’interdissent pas forcément à un juge de se montrer satisfait d'une des parties de l'ouvrage qu'il sanctionne. C’est pourquoi le même censeur qualifie d' « habile synthèse » l’agencement des mots "fantasque" et "fantaisie" ayant servi, dit-il, à inventer le titre FANTASIA.

 

Pour Doc Jivaro, rescapé de l’École des Beaux-Arts de Paris, le mot Fantasia ne doit rien à une astuce langagière donnant naissance à un illustré BéDé. Il est avant tout redevable à un exploit équestre, assemblage spectaculaire de la chasse et de la guerre dans la tradition du Maroc. Notre Delacroix en exposa de vives interprétations picturales.

 

Doc Jivaro

 

 

06/07/2016

100 ans de Canard du Bld à ragots

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LES VIEUX ONT DROIT A VOTRE OUBLI

 

02/07/2016

Les Tarzanides du grenier n° 219

 

Oh ! l' oiseau, là haut qu’est ce qu’il est gros !

 

 Ma grand’mère campagnarde envoya ses yeux se percher au sommet d’un des grands arbres qui bordaient le sentier.

 

- C’est un épervier ! dit-elle.

 

 Me semblait n’avoir jamais vu un n’oiseau si bien découpé sur le jour du ciel, à part le coq du clocher du village.

 

 - Il attend quoi ?

 

 - Il faut bien qu’il mange lui-aussi. Il guette des mulots. Allez, tiens ! au lieu de regarder en l’air, pousse donc à ton tour la brouette.

 

Nous laissâmes derrière nous, le rapace dont j’appris plus tard qu’il attaque des plumages plus petits que le sien.

 

Ma grand-mère et moi allions laver toute une énormité de linge dans l’un des étangs qui environnent le bourg de Chenérailles. Mon oncle, artisan ferronnier, salissait beaucoup. Enfin, le linge c’était ma grand’mère qui le lavait, l’ayant fait bouillir dans deux lessiveuses. Moi, mon rôle répondait plutôt à celui d’un vigile : « si tu vois une tête de couleuvre dans l’eau, tu jettes une pierre pour la faire s’éloigner. » ?

 

Les couleuvres, elles nagent parmi les carpes et les brochets ?

 

Écolier en vacances, je connaissais au moins un oiseau géant qui parcourait les océans. Un épervier, lui-aussi ; mais avec un chapeau à large bord et orné d’un fier panache. Le capitaine Épervier. L’envergure de ses ailes était comme les dimensions de la voilure d’un galion royal.

 

 D’origine italienne (Captan SPARVIERO pour le scénario et les images), l’ÉPERVIER fut publié en français dans LE « grand magazine d’aventures » redouté par la Presse Catholique autant que par la Presse Communiste : TARZAN. Cet hebdomadaire commercialisé à quelque trois cent mille exemplaires laissait loin derrière lui ses concurrents principaux : VAILLANT et CŒURS VAILLANTS, l’un de gauche, l’autre de droite.

 

 L’ÉPERVIER débute dans le numéro 133 de TARZAN du 10 avril 1949, pour ne s’achever qu’au 278 de l’année 1952. Plus tard (1954?), deux brochures, chacune épaisse de cinquante quatre pages, furent confectionnées assemblant les pages auparavant dispersées semaine après semaine par la formule « à suivre ».

 

 

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Seulement, voilà : le premier et le deuxième épisodes ne restituent pas la totalité des aventures de l’Épervier telles qu’elles parurent dans TARZAN. Le deuxième épisode est arrêté à la planche 96, alors qu’en réalité l’histoire se prolonge jusqu’à la planche 189 du numéro hebdomadaire 278 de TARZAN. Aussi aurait-il fallu imprimer deux brochures en plus pour fournir une réédition complète.

 

Les dessins non signés viennent de l’italien Vittorio Cossio pendant que les illustrations en couleurs des deux couvertures ont été créées par René BRANTONNE, un français multipode tour à tour affichiste, lettreur, correcteur, portraitiste, bédéiste … Quoi d’autre encore ?

 

 Apprenons que le format de ces deux épisodes de l’Épervier est d'un format plus grand que celui des trois almanachs TARZAN que les Éditions Mondiales firent paraître successivement en juin 1949, juin 1950 et le troisième en juillet 1951.

  

Doc Jivaro

 

 

25/06/2016

Les Tarzanides du grenier n° 218

 

En 1937, ROB VEL inventa pour la bande dessinée un jeune garçon aventureux qui …

 

- SPIROU ! c’est SPIROU, M’sieur !

 

Je n’avais pas eu le temps de préciser ma question que déjà un de mes jeunes adhérents tout heureux de devancer ses collègues d’atelier, se précipitait pour répondre.

 

- Eh ! Non, pas Spirou, dis-je.

 

- Si, M’sieur, si !

 

Tout adolescent protège ses entêtements : J’eus les miens.

 

- En 1937, ROB VEL ne créa pas Spirou, il créa … (avec ta permission je continuerai ma phrase) … Il créa TOTO. Bien sûr, il créa aussi Spirou mais après, en 1938. Coupons la poire en deux et acceptons ensemble de voir dans TOTO comme le frère aîné de SPIROU.

 

Donc, en mars 1937, et pour prévenir les enfants de la naissance d’un nouvel illustré capable de divertir leurs jeudis, Rob Vel encouragea la distribution publique d’un spécimen gratuit du JOURNAL DE TOTO.

 

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ROB VEL, en réalité : Robert Velter, ne venait pas de Belgique, contrairement à ce que crûrent longtemps des multitudes d’enfants. Né en France, il y décéda le 27 avril 1991.

 

Vendu « seulement » au prix de cinquante centimes, le Journal de TOTO n’édita d’abord que des BD européennes (Boder, Perret …) aussi insipides qu’une poignée de rondelles d’Eucharistie ; puis très vite et heureusement, il sélectionna des séries américaines de qualité : Joé sans peur, Dick Tracy, ou encore Jim Roule-ta-bosse sous lequel se dissimulait LE Red Barry de Will Gould toujours aux aguets dans les ruelles d’un dangereux quartier chinois.

Il y eut aussi une sympathique série humoristique : Poupette et son Fiancé, publiée en couleurs sur la dernière page dont les grandes dimensions de 28 X 39 cm n’existent plus aujourd’hui pour un journal destiné à la jeunesse.

 

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Notons que la différence entre TOTO le mousse et SPIROU le groom pourrait être que le premier voyage pour rencontrer des peuples étrangers alors que le second reste sur place pour accueillir toute une population cosmopolite. Mais cette différence n’est qu’illusoire puisque l’uniforme rouge du groom SPIROU était porté par des mousses à bord d’un transatlantique des années 1920.

 

Au final, TOTO n’eut pas à se compromettre avec l’Autorité Allemande victorieuse contre les gouvernementaux d’une Troisième République dirigée par la Franc Maçonnerie : Toto arrêta sa publication à son 170e numéro en France le 13 juin 1940.

 

Un 18 juin suivit, précédant quatre années de cuisson des rutabagas.

 

  

Doc Jivaro

 

 

18/06/2016

Tarzanides du grenier – N° 217

 

Annoncée sur la page finale du numéro 137 de PETIT RIQUET, la première publication de FRENCH BILL Cavalier du Far West s’effectua en octobre 1953.

 

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Le dessin signé de Toussaint n’a pas d’autre existence qu’une banalité partagée avec celle de Niezab. Niezab et Toussaint se relayèrent quelques fois dans le travail, notamment pour illustrer les débuts de PETIT RIQUET. Toussaint, personnellement, eut à servir un des Tarzanides créés au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale : MOHA.

 

les commentateurs de BD de collection ont pour habitude d’indiquer que les couvertures dessinées/coloriées par NIEZAB composent le meilleur de son œuvre, c’est à dire le moins mauvais. (Lire Le Collectionneur de BD. Numéros 57 et 58 année 1988).

 

Quant à FRENCH BILL … ne dit on pas que le BDM négligea quelque fois d’en signaler l’existence ? Modeste, cette brochure s’arrêta à son 25e numéro, année 1955. Son aîné PETIT RIQUET bénéficia d’un étirement de vie bien plus long, jusqu’en 1958 et pour 258 numéros. Louis BRUNIER était comme en hiver l’éditeur de ces deux titres.

 

Doc Jivaro ne dispose que de 11 numéros de FRENCH BILL – et c’est déjà onze de trop ! Il en a survolé l’imagerie sans s’attarder à en lire le texte. Simplement, il a noté le nom du scénariste : Albert Bonneau. Le même que celui de PETIT RIQUET. Conclusion : les nombreuses bandes à Bonneau ne rivalisent pas avec la seule bande à Bonnot de la rue Ordener.

 

A propos de l’éditeur BRUNIER, pourquoi ne pas vous reporter à notre chronique n° 92 du samedi 13-12-2014 ? Mieux vaut un thé tard que jamais de grenouille.

 

 

Bien fatigué, Doc Jivaro, aujourd’hui.

 

 

11/06/2016

Les Tarzanides du grenier n° 216

 

On sait le poème signé de Hugo le Victor (Totor pour les dames). Poème écrit selon l’aspect d’un demi losange levé sur sa plus longue diagonale. L’approche, le passage, l’éloignement. Tout un programme espace-temps : « Effet Doppler » pourrait on dire … Un poème doté d’une ambiance légendaire : LES DJINNS, et publié en 1829 dans Les Orientales.

 

(Veinards que vous êtes de survivre en Europe ! Car la lecture érotique des Mille et une nuits est interdite dans les pays soumis à la censure musulmane.)

 

En 1958, l’idée se fit de donner pour titre le mot DJINN à un nouveau journal de bandes dessinées, son premier exemplaire étant mis en vente le 6 novembre.

 

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Le format est celui « in the pocket », format qui renouvela le marché des bandes dessinées dites « à suivre » et qui accompagna leur disparition au tout début des années 2000 chez nous.

 

DJINN ne connaîtra que huit numéros de publication malgré l’excellente référence de son éditeur : Les Éditions Mondiales. Nous y trouvâmes : Capitaine Rob (et) Yann Mousse du Goéland. Mais ce ne sont que deux rééditions.

 

Yann débuta sous le prénom de NAT dans le numéro 238 du Magazine TARZAN (14 avril 1951). Par la suite son prénom fut modifié en YANN dans le numéro 1 (1953) par lequel Del Duca recommençait la publication de TARZAN, publication interrompue pendant toute une année par un sabotage organisé par les communistes et les catholiques.

 

La seconde BD présentée dans DJINN est celle d’un Capitaine ROB, également publiée en Belgique par l’Éditeur Samedi-Jeunesse.

 

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 La découverte du Radium produisit toute une littérature pseudo-scientifique ...

(Images du numéro 38, Coq Hardi de 1951)

 

 

Ce Capitaine Rob n’était pas inconnu de notre enfance sauf … sauf que nous le connaissions sous une appellation différente : Capitaine JACQUES dans les pages du COQ HARDI de Marijac.

 

NAT – YANN est un adolescent engagé malgré lui comme mousse à bord d’un voilier parcourant tous les océans du globe. L’occasion lui est mille fois donnée de porter secours à de nombreuses jeunes filles, lesquelles lui témoignent en retour bien de la tendresse. Les demoiselles ne sont pas toujours ingrates.

 

La collection complète de DJINN ne groupant que huit numéros, n’en concluez pas pour vous quelque facilité à l’acquérir. Peu imprimé afin de s’éviter des frais en cas de vente manquée, et dénué de dessinateurs comme de personnages BD célèbres, DJINN est l'exemple d'un objet rare à trouver sans être pourtant cher à payer.

 

 

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Numéro 9 du 5 novembre 1952

 

 

Quel persifleur littéraire amant de Jean Marais écrivit que le mousse sert assez fréquemment de demoiselle aux matelots adultes ? Ci-dessus Nat- Yann se trouve une fois encore en belle compagnie. Mais ne raconte t'on pas que tout bon marin vogue à voile et à vapeur ?

 

Doc Jivaro