29/07/2017
Les Tarzanides du grenier n° 262
Promenant mon regard sur le défilé de noms d’artistes affichés dans Wikipédia, j’ai stoppé sur celui de TREZ.
TREZ fut longtemps apprécié pour son talent d’humoriste politique en première page du quotidien FRANCE SOIR. A présent, la peinture d’art, la trituration de la matière picturale l’engage vers des voix inattendues de la part d’un esprit qui se manifesta longtemps par des dessins profilés d’un seul trait de feutre noir.
TREZ jouit d’une belle réputation.
Ce que l’on sait moins, par contre, c’est que l’une de ses deux filles … (Je ne me trompe pas dans le nombre ?) c’est que l’une de ses deux filles : ISABELLE TREDEZ, artiste graveur intense, s’est aussi exprimée dans le domaine de la bande dessinée. Elle publia notamment dans ÉLECTRODE, en 1983 puis dans RECTO VERSO (1984). Sa première parution a pour titre L’ÎLE CHAUDE. Une série dont l’action se développe à la Jamaïque entre la drogue et la musique reggae. Pour accroître l’ambiance menaçante, Isabelle recourait souvent aux effets de matière sur calque transparent et adhésif, les fameux LETRASET dont l’utilisation se raréfia par la suite à cause de « pattern » fournis avec l’informatique personnalisée.
Ci après la première et la deuxième planches de l’Île Chaude.
Salut à toi Isabelle.
Doc Jivaro
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08/07/2017
Les Tarzanides du grenier n° 259
Dépendant de l’ancienne Louisiane Française, l’État Oklahoma fut longtemps un territoire de refuge pour une multitude de tribus indiennes. Ce qui justifia que nombre d’entre elles fissent alliance avec la Confédération du Sud lorsqu’une « Guerre de Sécession » devint inévitable à cause de l’offensive militaire des industriels du Nord contre la civilisation des familles sudistes.
La bande dessinée KID OKLAHOMA s’inspira de cette folie civile américaine mais sans donner le mauvais rôle aux propriétaires de champs de coton du Sud. (L’esclavage était alors regardé comme une tradition humaine, et bien des noirs et des indiens exploitaient, eux-aussi, la « force de travail » d’esclaves importés de l’Afrique par tout un commerce organisé par les musulmans).
Publié dès mars 1953, KID OKLAHOMA ne cessa d’exister qu’avec son numéro 34 de l’année 1954, sans doute victime d’un manque de jeunes lecteurs. Chacun des exemplaires bi-mensuels comportait 32 pages alternées deux par deux : deux en couleurs, deux en noir et blanc. La double page centrale, toujours hardiment colorée, pouvait être décorée d’un seul grand dessin, ce qui donnait de l’originalité à cette publication. Les images n’étant pas signées, nous n’apprîmes que plus tard les devoir au talent de Paparella (1916-2001?).
Le garçon de l’Oklahoma est un jeune indien éclaireur jeune de l’armée du Sud. Il est gradé caporal. Son supérieur militaire est le lieutenant Raphaël de Soto, lequel meurt en guerrier, laissant sa sœur Belle Starr sous une double protection, celle du kid et celle du génie mythique du Mississippi : MIKE FINK. La silhouette adolescente de KID est une réussite : il chevauche un cheval énorme qui semble être bâti pour un lent et pénible labourage ET non pas pour galoper à gagner je ne sais quel derby anglais. Mieux encore dans l’acrobatie : Kid Oklahoma chevauche debout, jambes droites, l’animal et non pas assis pépère sur son croupion.
Doc Jivaro n’a pas relu les épisodes mouvementés de cette BD parfois taxée de « fasciste ». Doc Jivaro ne peut donc pas, ici, affirmer que cette BD évoque le fameux général nordiste SHERMAN, celui dont les pillages et les massacres sont quelquefois interprétés comme la préfiguration des terribles « einszatzgruppen » nazis en Ukraine.
Depuis son numéro 29 de mai 1954, KID OKLAHOMA racontait sur une dizaine de pages BD le tout début des aventures d’un des héros fictifs du Texas : PECOS BILL.
Dans sa traduction française KID OKLAHOMA, d’origine BD italienne, était commercialisé par les Éditions Périodiques Illustrées, 12 rue du 4 Septembre.
Dans Paris, bien sûr.
Et quand Paris n’était pas pourri.
Doc Jivaro
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01/07/2017
Les Tarzanides du grenier n° 258
Les héros BD inventés par le capitalisme des Etats-Unis influencèrent les dessinateurs plus ou moins encartés communistes travaillant pour l’hebdomadaire VAILLANT, en France de l’après 1945.
Parmi eux, Bastard, René Bastard (1900-1975) s’inspira principalement de PRINCE VAILLANT mais en limitant généralement les exploits de son YVES LE LOUP aux seuls halliers et rocailles humidifiés par les brumes marines de Bretagne.
La planche de bandes dessinées suivante pourrait avoir été prélevée dans l’un des exploits de TARZAN où le héros de E.R. Burroughs voyage périlleusement jusqu’au centre de la terre. … Pellucidar, vois-tu, jouvencelle, toi sortie des forêts de Brocéliande ?
Observons que cette séquence BD est absolument démunie de bulles ou de fumetti … Les dialogues demeurent inclus dans le récit conformément à la littérature d’un roman traditionnel. Mais en raison de ce choix, nous pourrions croire que cette histoire provient d’un journal édité en France pendant les quatre années où domina un « régime fasciste » incarné par le maréchal Pétain promenant ses chaussures et sa canne dans le grand parc de Vichy.
N’en est rien pourtant.
VAILLANT, logé au 5 boulevard Montmartre, dépendait entièrement des collaborateurs de l’Union Soviétique. Cependant, sa décision de refuser les bulles dans l’imagerie de la bande dessinée resta longtemps conforme à la censure édictée par les « collabos du nazisme ». En réalité, les bataillons communistes de l’après-guerre 1940-45 répartissaient la BD en deux catégories bien distinctes l’une de l’autre : l’une sérieuse, l’autre humoristique. La sérieuse excluait l’emploi de bulles jugées trop américaines. Par contre celle amusante donc pas sérieuse pouvait recourir à l’emploi de bulles. Ainsi chez les communistes, utiliser des bulles désignaient une histoire à ne pas prendre au sérieux. Exemples : les deux n’animaux Placid et Muzo ou encore, mais avec plus de drôleries, la Pension Radicelle.
La planche BD Yves Le Loup est imprimée sur la page 14 du n° 481 du 1er août 1954. A l’intérieur de ce même journal la propagande communiste se manifeste (page 15) en dépit de la loi française interdisant toute agitation politique dans les journaux destinés à l’enfance.
Scannez ici
Quoi de plus beau pour un adolescent de 1954 que de rester pionnier puceau de l’URSS ?
Doc Jivaro
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17/06/2017
Les Tarzanides du grenier n° 256
Fut un temps (loin passé) pendant lequel LA MONTAGNE, journal quotidien du Puy de Dôme n’avait pas encore avalé « Centre Matin », donc pas encore digéré la presse quotidienne de Montluçon jusqu’à en excréter le résiduel.
Centre Matin avait succédé, en moins politique, à Centre Républicain … C’était le résultat d’une braderie arrangée par une S.F.I.O. décadente tout au long des années 60 ; et dont la décadence applaudissait une « fin de guerre en Algérie » qu'au même moment un journal satirique saluait par une manchette retentissante : « Cinq Colombes à la Une ».
Je parcourais de temps en temps le quotidien Centre Républicain pour y suivre une BD : RIP KIRBY. C’était l’époque où nombre de journaux français d’information pour adultes, rééditaient au jour le jour des séries de bandes dessinées américaines achetées à bas coût. Ainsi, autre exemple : l’AURORE, qui présentait en bas de page THE PHANTOM (du Bengale).
Sans aucun soin, je découpais à coups de ciseaux l’entourage de telles bandes que j’enfermais dans des boîtes métalliques dont le couvercle porte en relief le nom de la biscuiterie VILVOORDE-Belgique DELACRE.
Voici deux exemples BD au hasard.
L’un RIP KIRBY, l’autre LE FANTÔME. Deux BD ayant franchi l’Atlantique. Celle de Rip Kirby est classée 3616 et les connaisseurs reconnaîtront la patte de John Printice remplaçant Alex Raymond créateur du personnage. Quant à celle du Fantôme numérotée 2507 elle figurait dans l’Aurore, quotidien disparu en 1985. Toutes deux BD américaines autorisées à être republiées en France par l’intermédiaire du Copyright OPÉRA MUNDI fondé, dit-on, en 1928 par l’insatiable Paul Winkler.
Un seul journal français : L’HUMANITÉ, semble n’avoir jamais recouru à des rééditions américaines BD pour illustrer ses bas de pages. Il éditait Pif Le Chien, signé de Arnal. Vous vous rappelez ce chien domestique impitoyable envers un pauvre chat errant (Hercule) dans lequel les vieux retraités de gauche tonton et tata dénoncent tous les maux dont la terre est accablée. Eh oui ! Ce pelé, ce galeux, c’était lui le pauvre « Herr Kul »
Comme il est trop facile de se procurer les images de Pif Le Chien, Doc Jivaro choisit de montrer un objet plus rare : un tract de format italien ayant servi de publicité à VAILLANT, journal communiste de BD mort d'une indigestion de gadgets.
Certes les staliniens de l’époque ne demandaient pas à Paul Winkler de leur fournir au rabais des BD américaines … Certes ! mais souvenons nous que chez Thorez on jugeait très bien de s’inspirer sans le dire de séries capitalistes. Ainsi Lynx Blanc imitant Jim La Jungle, et Yves Le Loup plus ou moins inspiré de l’excellent PRINCE VAILLANT créé par Foster.
Doc Jivaro et Mfcl
17:49 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Media, Moeurs, Politique, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bandes dessinées de collection, pif le chien, prince vaillant, lynx blanc, jim la jungle, foster, the phantom, la montagne, presse quotidienne de montluçon, l’humanitÉ, paul winkler, opéra mundi
10/06/2017
Les Tarzanides du grenier n° 255
Monsieur Élixir de Jouvence, entendons-nous : Monsieur le Président de la République s’est rendu sur place pour un hommage aux victimes d’Oradour-Sur-Glane.
Minute de silence
Bien.
Oradour-sur-Glane ? Voici trois mots qui m’entrèrent dans les oreilles dès que j’eus l’âge de comprendre notre langage, et qui n’en sortirent jamais. Mes parents, ma famille et tout le voisinage en parlaient fréquemment d’Oradour-sur-Glane. L’une de mes grandes cousines ne manquait jamais de s’y rendre comme pour un pèlerinage annuel.
- Oui ! commentait mon père, c’est entendu, elle a fait de la Résistance chez les gaullistes mais je trouve quand même assez malsain, assez … morbide d’aller se promener sans ces ruines comme s’il s’agissait d’un décor de spectacle.
Ma mère, que l’émotion envahissait sur le sujet, avait l’air de remettre en place du linge pourtant bien rangé, ou faisait semblant de chercher en profondeur un objet dans un tiroir à peine entrouvert.
L’après-midi d’un peut être dimanche qu’il lisait un petit mickey dont le titre était COQ HARDI, Papa s’exclama : tiens ! Ça, ça fait penser à Oradour-sur-Glane !
C’était en page 5 de COQ HARDI là où était imprimé COLONEL X. (jeudi 7 octobre 1948).
Le scénariste Marijac visant un public jeune, avait évidemment évité de parler d’enfants et de femmes brûlés vifs par des soldats allemands et alsaciens de DAS REICH. Mais ce court épisode donnait effectivement à penser au massacre dans le village d’ Oradour. Toujours est-il que dans mon imagination d’enfant le fait réel dont les adultes parlaient autour de moi ET les dessins signés de Poïvet se trouvèrent unis dans ma tête comme s’il s’agissait d’un même événement.
La critique que mon père avait tenue sur notre cousine se rendant ponctuellement à Oradour ne l’empêchait pas, mon père, chaque 15 août de se rendre non pas à l’église mais à la Carrière des Grises toute proche de Montluçon. Là où une quarantaine de jeunes gens furent massacrés par la Gestapo pendant la semaine de Libération de notre pays.
« J’en connaissais très bien quatre d’entre-eux, qui avaient le même âge que moi et qui, s’ils vivaient encore, auraient toujours leur âge pareil au mien ».
Il y avait des moments où mon père manifestait une logique qui nous assommait sur place.
Doc Jivaro et Mfcl
18:08 Publié dans Actualité, BD, BD anciennes, Grenier de la BD, Histoire, Journaux, Montluçon, Politique, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bandes dessinées de collection, coq hardi, poïvet, marijac, oradour-sur-glane, montluçon, carrière des grises
03/06/2017
Tarzanides du Grenier n° 254
Si la date de naissance du médecine-man SITTING BULL demeure approximative (1833 (?) - 1834 ?) selon l’ère chrétienne, en revanche la publication d’une bande dessinée française élaborée à partir du héros indien est bien précise : 7 octobre 1948. Un jeudi, jour sans école laïque mais pas sans religion.
C’est l’hebdomadaire COQ HARDI qui présenta sur sa huitième page la toute première planche BD consacrée au grand sachem de la tribu des Hunkpapas. Le scénario était écrit par Marijac en collaboration avec l’illustrateur Dut (Dutertre) ; et résultait de faits historiques que le cinéma western nous a appris à généraliser sous l’appellation « Conquête de l’Ouest ». Toutefois, et en dépit d’une documentation sérieuse peut être fournie par Joë Hamman (1883-1974), l’identité indienne du guerrier des prairies n’est pas précisée dans le récit prolongé pendant quelque cinq années (1848 à 1953). TATANKA LYOKATE, ainsi s'appelait ce grand chef que journalistes et romnciers surnommèrent abusivement « Le Napoléon Rouge ».
Marijac suivit la chronologie des faits historiques, depuis 1860 jusqu’à l’échec des grandes et légitimes révoltes indiennes. Exception faite pour l’atroce guerre de sécession, laquelle n'est évoquée que par quelques unes de ses conséquences, notamment l’expropriation de familles sudistes au moment de la reconstruction et de l’allongement des chemins de fer. Dans cette période, l’ingénieur, allait parfois en couple avec le tueur à gages, tous deux favorisant d'odieux trafics dont s'enrichissaient des « carpetbaggers ».
Marijac resta, sa vie durant, nostalgique du succès qu’il avait remporté grâce à des scénarios destinés à notre jeunesse. C’est ce qui explique qu’il entreprit avec Jean Chapelle, autre nostalgique des bandes dessinées pour enfants, la réédition de SITTING BULL, en août 1970. (Intermède personnel : lorsque je rencontrai Jean Chapelle, année 1966, celui-ci voulut à tout prix m’enfoncer dans la tête l’idée selon laquelle la BD devait rester confinée à un public d’âge scolaire. D’ailleurs, m’asséna-t’il : les rares adultes, en particuliers les bidasses s’ennuyant à la caserne, qui lisent encore de la bande dessinée nous les traitons de grands couillons.
La réédition du Sitting Bull de Marijac et Dut, hélas ! fut imprimée sur les petites feuilles d’un format de poche, ce qui obligeait à désorganiser les mises en page réussies sur le grand format de COQ HARDI (25 X 35 cm).
Plus grave, l’altération de quelques-uns des textes. Exemple : lorsque la parole du père de Christine et Michel Lalouette se fait fière de dire « Les indiens ne me font pas peur. J’ai de leur sang dans les veines », la réédition de 1970 supprime la dernière phrase, enlevant toute la salaison raciale du propos. Aussi n’eus-je que déception à parcourir cette réédition misérable qui ne compte que douze numéros.
Marijac, en 1953, s’était interdit de raconter à ses jeunes lecteurs la mort de SON Sitting Bull. Il avait choisi d'en terminer l’histoire par une image où l’évocation d’une paix future rend moins amère la résignation des survivants « peaux rouges ». En réalité, TATANKA LYOKATE fut finalement assassiné par un scout indien renégat aux mœurs de ses aïeux. On était le 15 décembre 1890. TATANKA LYOKATE s’endormait soudain pour le pays des chasses éternelles
Coq Hardi, n° 118 de la NOUVELLE SERIE
daté du jeudi 23 février 1953.
Doc Jivaro et Mfcl
19:07 Publié dans Arts, Aux bonnes heures des dames, BD, BD anciennes, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Media, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bandes dessinées de collection, coq hardi, sitting bull, jean chapelle, marijac, tatanka liokate, dutertre, dut, joë hamman