Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/03/2010

L'usine, c'est sans moi

Un des visiteurs de BAR-ZING nous reproche de ne jamais parler de Montluçon quoique notre blog précise être “de Montluçon”.

 

Cette critique n’est pas fondée puisqu’il nous est arrivé de tenir des commentaires sur cette ville dont Marx Dormoy - mort assassiné en 1941 – reste aujourd’hui encore le maire le plus connu. Cependant, oui, ces mois derniers, BAR-ZING est demeuré sans écriture sur le va-et-vient de la gente montluçonnaise.

 

Le va-et-vient ? Tiens, à propos, un vieux café bar identifié par cette expression souvent employée de façon grivoise, à fermer sa porte d’entrée-sortie, définitivement. Il était installé Quai Louis Blanc, à vingt ou trente pas du Cher, rivière dans laquelle des habitants se baignaient assez librement en slip et soutien-gorge pendant l’été 1948, à proximité de la passerelle des Nicauds.

 

Mon grand-père fréquenta beaucoup le quai Louis Blanc … C’était avant la guerre 1914-18. “Elle nous pendait au nez celle là ! mais on se racontait qu’elle arriverait beaucoup plus tard, après notre mort. Ca serait pour la génération suivante. Tu parles !”

 

Scolarité à peine terminée, mon grand-père dut bosser, marner parmi les hommes, lui âgé de onze ou douze ans. Les hommes, les vrais : ceux qui buvaient, qui gueulaient, qui boxaient entre Blanzat et le pont de la Verrerie. “Ils portaient tous un couteau dans la poche arrière de leur falzar. Ils s’en servaient surtout pour fendre des sacs de charbon dans lesquels ils volaient de quoi se chauffer un peu mieux.”

 

Alors, entrainé, obligé de se grandir avec les grands, le garçon Jean-Baptiste prit rapidement l’habitude des bistrots et des gargotes des deux côtés du canal de Berry. “C’était sombre, souvent malodorant faut le dire ; on n’y faisait pas attention. Quelques-unes de ces tanières – Il n’y a pas d’autre mot – employaient une serveuse … Elle servait un peu à tout. Elle servait aussi au patron, son père.

 

- Tais-toi ! N’en parle pas ! s’exclamait ma grand-mère, tout en versant une dernière louche de potage. Puis, s’adressant à moi dans mon adolescence, elle me prévenait : “Ne le crois pas. Il invente pour faire le malin”.

 

Il inventait rien le grand-père.

 

Il passa la fin de sa vie dans les ateliers de fonderie des usines Saint Jacques. Bon ouvrier, le Jean-Baptiste ! Mis à la retraite à 65 ans, il ne refusa pas la médaille du travail. Il disparut une ou deux année après, ne coûtant rien à la société. C’est dangereux le travail. C’est pour s’en dispenser que nos ancêtres les plus violents inventèrent l’esclavage puis le servage avant de se laisser piéger par la démocratique égalité des droits et des devoirs, qui prétend obliger chacun à se résigner à ne plus être le caïd d’un autre.

 

- N’entre jamais à l’usine ! m’avait dit mon grand-père en tournant un bout de pain dans son assiette.

 

Cinquante ans après son décès, je le remercie de cet excellent conseil.

Quant à ma mère, elle eut un projet pour me concilier le monde industriel, un cran plus haut : deviens ingénieur mon fils !

Je ne suis pas non plus devenu pianiste dans un bordel.

 

RYAL

 

20/02/2010

Sagem Défense Nationale

 

ON CROIRAIT PAS ...

MONTLUCON, DOMERAT,

CIBLES STRATEGIQUES

 

Sagem-Défense-Montluçon.jpg

04/04/2009

Le Dindon

Se tracer rien qu'un peu un circuit tordu. Malmener en zig-zag un fil de fer.

Nous décollons du marché forain saint Paul pour chercher dans les environs de la ville Gozet du Père Coulon, un restaurant du dimanche n'ayant toujours pas reçu notre visite. Direction La Chapelaude et de La Chapelaude jusqu'à Chambérat, pays du fromage d'autruche. Puis demi tour improvisé jusqu'à l'auberge Les Magnolias où nous sommes refusés because nous avons négligé de réserver. On se toque sur Huriel. Ensuite par Domérat et Couraud, avec arrivée sur le panorama du nouvel hangar pour la bouffe Mc Do, à portée de fusil de la route de Guéret.

 

« Tu te souviens dans les bus parisiens ? - Ah oui, quand quelqu'un montait portant un sac à papier marqué du M fantaisiste. On se disait : tiens ça sent Mc Do. Ça ne sent pas les frites, ça ne sent pas le bœuf haché, ça ne … Mais ça sent Mc Do. Odeur indéfinissable que des narines inexpérimentées n'attribueraient pas à de la nourriture. »

 

Nous passons sous la voie ferrée des Fours à Chaux pour tourner sur le pont du Châtelet. Savez vous que ce pont inauguré en 1939 ne figurait pas encore en 1957 sur le plan de Montluçon présenté par le calendrier des P.T.T. ? Rien a péter que vous dites. Vous avez raison. Je meuble. Où en sommes nous ? Ah oui : trouver un restaurant !

  • J'ai envie d'essayer Le Dindon, s'exclame soudain la femme dont je suis le mari.

A cet instant nous suivons un joli véhicule de police qui paraît nous dégager la voie pour accéder à la rue Jules Ferry dont la perspective pointe sur l'ancienne avenue Napoléon III.

 

Il est 13 heures. Montluçon désertifiée jusqu'à Désertines, sa banlieue. Ohé ! Habitants où êtes vous ? Tous se planquent. On croirait que ça y est, que l'armée allemande est de retour pour réoccuper Montluçon Ville ouverte. A ne voir personne dans les rues on pourrait penser que tous se réfugient dans les gargotes et estaminets. Pas du tout. Les salles sont quasi toutes vides.

 

Voiture rangée, nous entrons dans l'établissement Le Dindon, plus par curiosité que par appétit. Bonjour, bonjour. Seuls quatre clients âgés font le siège d'une table en fin de faim. Toutes les autres inoccupées. Grande béance de la salle.

 

On nous propose une table de deux si proche de la sortie que nous croyons qu'elle va s'échapper en douce. Derechef, nous nous installons plus en dedans de la salle. C'est mieux.

Menu ? Menu à 23 euros.

 

- N'oublie pas de prendre ta gélule.

Mon épouse est une mère pour moi.

On nous sert poliment sans plus. Du couple, la dame paraît moins avenante et ça débute moyen … Une poignée de feuilles vertes arrachée à une salade sans cœur, n'a jamais caché la maigreur des rillettes de foie gras. Trop de vinaigre donne l'impression fâcheuse que le poisson s'est attardé trop longtemps hors de ses eaux natales. Les temps sont durs, ça se flaire.

Le canard à l'étouffé vaut le coup de langue. Il se savoure bien. Mais pour y planter vos dents il faut compter trois euros supplémentaire. 23 + 3 = 26, c'est beau l'arithmétique mes enfants. Mon épouse a jugé un peu trop cuites les tranches de veau. « Ça va Messieurs dames ? - Parfait ! » C'est parfois un jeu pour nous de nous dire satisfaits sans pourtant l'être.

« Prendrez-vous du fromage ? » Et tout de suite après : « Prendrez-vous du dessert ? » Saperlipopette ! Croit-on ici, que nous sommes présents uniquement pour secouer la serviette au dessus de l'assiette ! Si je me souviens bien, La Maison Bleue, pour dix euros le repas, présentait à notre discrétion tout un plateau de fromages variés. Mais est-ce encore le cas ?

J'ai cru comprendre que Le Dindon offrait une coupe de champagne aux habitués … Nous ne sommes pas des habitués ; nous ne le deviendrons pas.

 

En sortant, ma femme a proposé de faire le trottoir jusqu'au château : «On y va ? » J'ai suivi.

A Montluçon un château de cartes postales est collé sur le ciel d'une peinture signée Bougret. Je l'ai assez bien connu, Bougret. Je lui garde ma sympathie. Son rival c'était Valignat. Celui ci, communiste stalinien, maltraita le socialiste Marx Dormoy en le taxant « pauvre type » tout en affirmant qu'il fallait qu'on (!) « foute au rencart » la statue de cet ancien ministre de l'intérieur.

 

Marx-Dormoy-vue-dos.jpg

L'agitation de la literie comme pétrifiée évoque-t-elle le flot du Cher, rivière qui déborda dans Montluçon en 1940.

La position étendue de l'effigie de Marx Dormoy n'est pas celle d'un « gisant » mais celle d'un « ressuscité ».

Parmi les toutes premières oeuvres de la Renaissance où, sous l'influence de Michel Ange, les « ressuscités »

remplaçèrent les « gisants » du Moyen Age, il faut citer la statue de Jules II, sculptée sinon réussie par Maso Boscoli.

Lyar

 

 

Précisément, voici que nous approchons de Marx Dormoy, qui se réveille en sursaut une fois de plus. D'un coup de pied dans l'air, il semble expulser de son lit quelque inopportune succube luciférienne. D'aucuns on parfois clabaudé aux dépens de notre Marx fils de Jean. Mais je vous assure qu'on peut fort bien avoir été politicien pendant la troisième république des Francs Maçons et du One two two, sans pour autant participer à une pantalonnade caricaturée  par Senneps.

Après avoir été méchamment relégué sous les étriers des ducs de Bourbon, le Dormoy montluçonnais vient d'être réintégré sur l'avenue qui porte son nom. C'est justice. Mais semblerait que les notables de notre ville n'aient pas encore pigé que son monument fut conçu pour être adossé à un mur et non pas pour être vu en tournant autour.

 

Bon, j'arrête. Je n'ai jamais supporté de me fatiguer au boulot. Écrire est un boulot.

"Gagner plus en travaillant moins" fut la maxime de mon existence souvent accompagnée de rencontres pas autant fructueuses que souhaitées. Je m'en console maintenant en admirant au fond de mes propriétés giboyeuses, un grand et vieux poirier blanchi de toutes ses fleurs. Un bel enneigé de printemps.

 

 

Yral

 

28/03/2009

Patrimoine de Montluçon

MONTLUCON

PATRIMOINE

Montluçon-patrimoine.jpg

 

Montluçonnais, montluçonnaises !

travailleurs, travailleuses !

Aidez-nous à faire valoir

votre patrimoine architectural

17/03/2009

Montluçon à la petite semaine

 

L'autre samedi matin, un conseil d'administration se tenait autour de la marmite familiale .

  • - Et si, ce soir, on se faisait une raie au beurre noire ?

 

Je m'apprêtais à répondre par un bon mot à cette proposition à caractère pornographique, quand quelqu'un sonna du dehors.

 

C'était le facteur.

  • - Madame Machine n'est pas chez elle ?

  • - On ne sait pas. Peut être chez les autres qu'elle est.

 

Sans insister dans l'art de déranger les gens, le préposé au courrier appuya sur la pédale de son deux roues. Aussitôt sa tête glissa en ligne droite sur le haut de notre mur, en contrebas de notre escalier incrusté de diamants.

 

De nos jours, on entend souvent les facteurs se plaindre d'un mal spécifique à leur profession. A force de lever le bras pour déposer les lettres, une douleur taraude leur épaule. Voyez-vous ça, docteur ?

Remarquez que j'ai toujours soutenu la thèse selon laquelle le principal ennemi des salariés, c'est le travail.

 

  • - Ne traîne pas ; faut arriver avant midi. Autrement ça sera fermé.

  • - Tu n'as pas vu mes clés ?

 

Rangeant notre Lamborghini sur le parking d'un des magasins de congélation, dans la Ville Gozet, nous avons filé directement au rayon des viandes et des chairs mortes.

 

J'aime regarder les poissons congelés. Ils sont installés en famille, bien au calme, vraiment reposant pour les yeux. Comme en léthargie, ils semblent attendre les premières pluies pour recommencer à nager.

 

La caissière gardait son phone portable entre la bouche et l'oreille, tout en passant le code barre de nos achats. Elle a dû s'y reprendre 3 ou 4 fois … Elle bavardait, gémissante auprès de quelqu'un d'invisible : « Y fait chaud t'aujourd'hui. Je ne sais pas quoi je vais me mettre ».

 

J'avais bien une idée à lui fournir pour se bien mettre, mais ma compagne m'a écrasé le bout du pied sous son talon, ayant deviné que je me préparais à ouvrir une vanne.

 

Je confesse avoir toujours eu mauvais esprit.

 

N'empêche qu'acheter du poisson en congélation m'a rappelé – paradoxalement – l'époque où on ne le vendait que tout mou, tout poisseux poissard le poisson.

 

J'étais gamin. Je sortais de l'école comme pour m'en évader, entre la demie de onze heures et la trente de treize, pour courir à l'abord des usines Saint Jacques. Un marchand ambulant vendait de la marée tirée de je ne sais quelle pêcherie. Pour envelopper le poisson, il utilisait de grandes feuilles de journaux. Alors forcément, chimiquement, l'ammoniaque ramollissait les textes imprimés et les ré-imprimait quelque peu mais à l'envers sur les flancs et le ventre de la marchandise plus ou moins fraîche.

Tantôt on avait droit à cinq ou six phrases inversées du Centre Républicain, tantôt aux gros titres de L'Humanité que nous rétablissions dans le bon sens en les reflétant dans le petit miroir du poudrier de la grande sœur du copain. C'était rigolo.

 

Une fois, je ne sais plus sur quel morceau de poissonnerie - colin ou cabillaud - ma mère aperçut l'image incomplète d'une jeune femme assez dévêtue. La tranche d'océan avait été emballée dans deux pages roses d'un journal humoristique populairement très connu Le Hérisson. Ma mère a nettoyé l'aliment ; la pin-up a disparu.

 

Pendant le repas, ma mère a dit à mon père sous la joue duquel une bouchée faisait boule :

- Tu sais il y avait une poule sur ton poisson.

Mon père n'a pas levé la tête. Il guettait une plume dans l'assiette.

- Qu'est ce que tu racontes encore ?

 

Montluçon-poisson.jpg

Ylar

15/01/2009

Montluçon by night

Désormais, depuis le 11 janvier, le Bar de la Poste, avenue de la République, ferme son espace chaque dimanche.

« De rester ouvert, ça remboursait à peine les frais » dit la patronne, ajoutant : « Pour compenser nous accueillerons une clientèle noctambule, le samedi. Ceux qui sortent des cinémas ; ceux et celles qui pour une raison ou une autre quittent une boîte de nuit. C'est une expérience nouvelle ; ça doit marcher ».

Bonne chance Olga.

Ryal

 

Mots clés Technorati : ,