01/11/2018
Toussaint. LA Toussaint, Feste de tous les saints.
Ne nous y trompons pas pourtant : ce jour n’a pas été établi pour fêter tous les saints connus mais pour ne pas oublier de fêter aussi tous les saints inconnus.
Quant à Halloween … Cette gesticulation macabre que les commerçants rendent amusante par la mascarade et la peinturlure, permet aux gamins de feindre une menace : donne-moi des bonbons sinon je te jette un mauvais sort ! Est-ce une de préparer l'avenir : « ton fric ou je te tue ! ».
Pas plus tard qu’hier soir, comme nous sortions notre poubelle, mon épouse et moi avons été abordés par trois gamines bien polies. Elles ne nous ont pas demandé des friandises, elles nous ont demandé de l'argent.
Je parie qu’elles viennent des HLM de la cité Pierre Leroux.
– Ah ! ça y est ! on dit du mal d’une cité populaire
Non Monsieur. Mais dans nos rues bâties de maisons pavillonnaires, il n’y plus d’enfants. Il n’y a plus que des vieux qui s’attardent.
Votre nuit des morts vivants me redonne à penser aux fresques ainsi qu'aux tympans de nos églises anciennes où s'exposent un Jugement Dernier. Vous avez connu ça : on ne ressuscite que pour être jugé par de dieu d’Israël, à ce qu’affirment les chrétiens. Alors regardez un des jugements derniers. Le plus fameux d'entre eux, c'est celui réussi par Michael Ange. Regardez mieux : Il n’y a aucun enfant. Bizarre, non ? Existe t'il un texte ayant traité sinon expliqué cette absence d'enfants dans presque toutes les scènes figuratives du « Jugement Dernier » ?
Aujourd’hui comme le veut la tradition, allez vous voir vos morts ? Ne serait-ce que pour déposer sur leurs tombes un de ces bouquets de fleurs dont l'espèce automnale échappe souvent à notre orthographe.
– Tu ne viendras jamais nous voir quand nous serons morts j’en suis certaine.
Elle avait raison ma grand'mère paternelle. Elle qui, jusqu’à ses dernières journées, allait chaque dimanche matin fleurir le caveau de ses deux frères.
Je vais vous dire : pour moi les morts se gardent bien au tiède dans notre tête, notre mémoire.
Ça t’évite de prendre la peine de te déplacer jusqu’au cimetière.
– C'est vrai. Mais ce qui est vrai tout autant c’est que, selon mon imagination mon père, ma mère et deux de mes grands parents morts ne s’ennuient jamais sous terre : ils jouent aux cartes à jouer dans d’interminables parties.
Leurs anciennes parties de Manille ou de Belote restent pour moi les moments les plus pacifiques, les plus heureux de notre existence familiale disparue.
NOSFÉRATU
Fantôme de la nuit
« Film muet. Année 1922.
Friedrich Wilhelm Murnau avec Max Schreck, Gustav von Wangenheim »
Dracula est muni de longues incisives, non pas de canines C’est un rat ; ce n’est ni un tigre, ni une hyène. Il suce le sang d’une viande humaine qu’il ne dévore pas. Né dans la noblesse des montagnes de Transylvanie, entre nos chrétiens autochtones et les Turcs Ottomans sans cessent envahisseurs de l'Europe, Vlad l'empaleur ne jouissait que des hurlements d'agonie de ses victimes.
Ryal
12:14 Publié dans Actualité, Arts, Cinéma, Consommation, Education, Littérature, Moeurs, Montluçon, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : fête de la toussaint, nosfératu fantôme de la nuit, friedrich wilhelm murnau avec max schreck, gustav von wangenheim, jugement dernier michael ange, halloween, souvenirs d'enfance
18/12/2016
Dimanche, jour du Seigneur n° 34
1955
MON LUSSON
Ni les mille vélos s'enfuyant des usines,
(René Varennes)
17:36 Publié dans Histoire, Moeurs, Montluçon, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : montluçon, rené varennes, moeurs montluçonnaises, souvenirs d'enfance
25/09/2016
Dimanche, jour du Seigneur n° 24
Le 16 mai 1943 était un dimanche … Preuve à l’appui, le bandeau du numéro 20 du « Cœurs Vaillants » des curés et de leurs ouailles par temps d’occupation militaire allemande.
Le fils du boulanger (Non ! Non ! Ce n’est pas le titre d’un film méconnu avec Raimu dans le rôle du patron enfariné) … Le fils du boulanger et moi étions plutôt bons amis lorsqu’il se haussait a ses huit printemps et moi à ma dizaine.
Ses parents l’envoyaient au catéchisme ainsi qu’à la messe dominicale mais, eux, ne se rendaient à l’église qu’en semaine, parfois le lundi. « On a le commerce à tenir, le dimanche matin surtout ! » Contre toute attente, mon petit voisin ne lisait pas Cœurs Vaillants – ou alors il s’en cachait rudement bien.
- Tu lis Tintin ?
- Pas du tout. Je lis Spirou. Mes parents m’en achètent tous les albums. Tu veux que je te les prête ? Tu me les rendras quand tu voudras.
Je les lui rendais régulièrement, non sans regretter, j’avoue, qu’il ne me les donnât pas.
Ses parents, ayant bien plus de fric que les miens, lui offraient des quantités assez émerveillantes de petits soldats en plomb. Dans la cour à l’arrière du fournil il jouait au général devant d’innombrables troupes disciplinées dont les « morts à la guerre » ressuscités à nouveau vivants « bons pour l’armée ».
- Il veut être policier plus tard.
C’était sa mère qui confiait ça à ma mère.
Je l’aimais bien, le fils du boulanger et j’ai plaisir à me souvenir qu’il m’aimait bien aussi.
Seulement voilà : cet enfant de mon enfance avait une sœur un peu plus âgée que lui. Une sœur sûrement la plus coquette fillette du quartier. Le voisinage nous voyait souvent nous promener à trois.
Patatras ! A l’approche des dix sept heures de je ne sais plus quel jour, peu après être sorti de l’école Voltaire qui, à ce moment là, n’accueillait pas les filles, je fus cerné par un petit groupe de petits bagarreurs habitués des berges du Canal de Berry.
- Tu vas avec lui POUR sa sœur !
Vous savez qu’il y a toujours des jaloux qui souhaitent vous faire couper la tête sous le prétexte que vous avez les pieds mieux chaussés que les leurs.
Les enfants ne sont t'enfants
qu'en présence des adultes
Ryal
18:34 Publié dans Blog, Dessin humoristique, Grenier de la BD, Montluçon, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : coeurs vaillants, souvenirs d'enfance, dimanche jour du seigneur, bd, bandes dessinées anciennes
07/08/2016
Dimanche, jour du Seigneur n° 21
Dans une rue traversée par le ruisseau des Étourneaux (et alors que l’herbe sauvage garnissait les deux côtés de cette rue qui semblait s’être tracée tout seule avec sa terre bosselée par l’affleurement de pierres rondes), dans ce parcours populaire, donc, un des gamins avait longtemps gardé une manie de bébé.
Ce n’était pas moi, c’était le voisin.
14:56 Publié dans Dessin humoristique, Education, Moeurs, Religion | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dimanche jour du seigneur, souvenirs d'enfance, montluçon, rue des étourneaux
08/05/2016
Dimanche, jour du Seigneur n° 9
- C’est vrai que tes oreilles ont grandi plus vite que ta tête.
Quoi, comment ? Et c’était ma mère qui confirmait une inquiétude, un malaise qui m’occupait depuis que je m’étais attardé devant la glace de l’armoire, rien que pour vérifier ce que je croyais être la symétrie naturelle d’un visage. Ma paire d’oreilles m’avait soudain paru trop grande, et chaque oreille décollée façon Jumbo.
Maman chercha à me rassurer : ça s’arrangerait avec le temps.
Peut être. Seulement, ça s’aggravait surtout au moment d'aller dehors. Fallait remédier à cette difformité d’autant difforme que je n’avais pas joyeusement imaginé jouer le clown au centre d’un attroupement de moqueries.
J’eus le bon réflexe : le béret. Je n’aimais pas le béret … Mais il y avait toujours une raison pour qu’un béret chapeaute mon crâne. Un jour : il va pleuvoir, mets ton béret. Un autre : il fait du vent, tu serais dépeigné. Encore un autre : le soleil tape, tu risquerais en pédalant sur ta bicyclette sur la route de Guéret, une insolation sans ton béret.
Pour une fois, elle allait vraiment être utile, la coiffure basque inséparable de la silhouette du maquisard embusqué. Le béret, je l’enfonçais jusqu’au ras des sourcils, bien à fond. J’enfermais mes esgourdes, les cachant pour les rendre inexistantes. Une esgourde ? j’ai dû trouver cet argot pendant mon adolescence chez Auguste le Breton. Allons, la journée s’annonçait moins mauvaise que ce que je craignais.
Mais comment avais-je pu oublier Marie-France ? … Marie-France était une gamine dont le jour de naissance et le mien sont à égalité depuis plus de soixante dix ans. Nous nous rendions intéressants devant la ménagerie des enfants du quartier en affirmant être frère et sœur de lait : « La même nourrice, on a eue ! »
Toutes les vraies nourrices portent de gros nichons ou, alors, ce ne sont que de fausses nourrices tricheuses et qui allaitent avec un Robert le marmot. Le Robert c’est le biberon.
Le lendemain, j’étais content de revoir Marie-France.
Elle m’accueillit d’un coup de pied.
- Avec ton béret enfoncé sur tes oreilles qu’est ce que t’es moche !
Moche ! Moi ? … Et elle, avec sa paire de lunettes sur son nez trouée de deux narines, elle n’était pas moche, cette binoclarde ?
Elle m’avait contrarié, la petite vache.
Mais en même temps, je ne disposais pas d'assez d’héroïsme pour lui déplaire. Je décidais donc de jeter mon bonnet non pas par dessus les moulins ; mais au moins dans ma poche de culotte. Dans ma poche gauche car, pour ce qui était de la droite je l’utilisais pour garder ma réserve de billes.
Donc, le béret disparu, ma liberté renaissait. Je guettais le moment où Marie-France sortirait de sa maison familiale au bout de la rue, se rendant comme moi « au Caté du jeudi matin » ; mais pas dans le bâtiment des garçons, elle.
Ravalant la dernière goutte du venin que j’avais entretenu à petit feu, je courus avec une fierté renouvelée vers la binoclarde.
- T’as vu, je n’ai plus de béret.
- On ne t’a jamais dit que tes oreilles débordaient de tes épaules ?
Ryal
16:02 Publié dans Education, Histoire, Montluçon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catéchisme, montluçon, paroisse saint paul, auguste le breton, souvenirs d'enfance
01/05/2016
Dimanche, jour du Seigneur n° 8
Nous le surnommions « Gros Pif », c’était facile.
Et c’était vrai qu’il le portait énorme en plein visage, son tarin. On aurait cru que ce nez ne lui appartenait pas mais que, en punition d’on ne savait quelle faute, Dieu lui en avait infligé le port encombrant.
Cependant, cet abbé savait faire apprécier sa gentillesse. A croire qu’il se servait d’elle auprès de nous pour que nous oubliions sa disgrâce faciale. Il tapait bien le ballon en caoutchouc mal gonflé entre nos pattes parfois mal chaussées.
Un jeudi, nous dûmes aller jusqu’à Lavault Sainte Anne, toute la journée, accomplir je ne sait plus quel devoir religieux. Quelque retraite préparant à la communion solennelle, peut être.
Je craignais que le temps paraisse trop long devant ma patience assez courte. Alors, passant devant l’enseigne Le Miscailloux, j’achetai les seize pages de Coq Hardi. Prix : vingt francs.
Nez gros aperçut les feuilles du vice que j’avais entrouvertes en négligeant toute prudence par l’effet d’une gourmandise visuelle.
- On ne regarde pas ces choses en présence d'un prêtre ! … Je te le confisque. Je te le rendrai ce soir.
Cause toujours ! Plus de soixante années sont passées avec l’eau du ruisseau sous le pont de la rue du Repos, et j’attends encore que la faussement gentille soutane me le rende mon Coq Hardi – Au voleur !
Le lendemain et pour rattraper la perte, j’ai demandé à la mère de mon père de me prêter ou, plus chrétiennement, de me donner vingt francs pour acheter l’illustré mais sans préciser que l’Église venait de m’en faucher un exemplaire.
- Henriette ne te les a donc pas donnés pour payer ton journal de guignols ? Ah ! Ça y est, j’y suis ! Tu t’es acheté du chewing-gum avec.
Je mentis, disant oui sans trop articuler.
- Je t’ai pourtant prévenu que ça déboîtait les dents. Tu veux ressembler à Madame T … qui n’en a plus ?
Ryal
08:15 Publié dans Dessin humoristique, Enseignement, Religion | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : coq hardi, paroisse saint paul, nez gros, communion solennelle, lavault saint anne, soutane, catéchisme, souvenirs d'enfance