03/10/2021
Tarzanide n° 519
Bécassine chez les Pieds Nickelés
Ça y est ! Ça y est quoi ? La réédition – collection des PIEDS NICKELÉS, vieux de la vieille de chez Hachette, est parvenue à son terme. Avec le numéro d’abord paru en 1929 et ayant pour sous-titre : « LES P.N. se débrouillent ».
Un qui va content c’est le facteur, pardon : le préposé au courrier. Chaque milieu de chaque mois et depuis quelque deux ans il sonnait notre carillon, nous avertissant du dépôt d’un carton alourdi par quatre recueils des aventurlures du trio farfelu inventé en 1908 par Forton.
Figurines fournies par HACHETTE
Pour beaucoup de familles françaises, Croquignol, Ribouldingue et Filochard furent longtemps les seuls personnages de bandes dessinées connus, tout comme le fut leur concurrente, une bretonne « la bornée » mieux connue comme Bécassine et dessinée par Pinchon en 1905. (Vous avez remarqué j’espère que cette bretonne dévouée à Madame de Grand’air n’a pas de bouche. Pas de bouche quoiqu’elle bavarde beaucoup. Mais pour ce qui est d’une fellation, n’y a pas moyen les gars !
C’est mon épouse qui m’a offert la récidive de la collection Hachette. « Je vais te faire une surprise » m’avait-elle annoncé.
Une nième surprise plutôt : déjà, avant notre mariage survenu en 1973 dans le 13e arrondissement parisien, elle avait apporté dans ses valises trois ou quatre années d’un journal de BD que je ne lus jamais pendant mon enfance : BERNADETTE (édité par La Bonne Presse Catholique).
Je me doutais bien que cette ancienne petite fille avait reçu par ses lectures une éducation pernicieuse puisque devenue jeune fille elle s’intéressa à moi l’artiste déjà mécréant.
Doc Jivaro
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23/09/2021
Tarzanide n° 518
FANFAN LA TULIPE
Patiemment, je me préparais à ce que notre lucarne familiale – La TV - ramène en soirée l’un des films réussis par Christian Jaque, à savoir Fanfan La Tulipe daté de 1952 … Mais rien. Ou alors j’ai raté. Et c’est en farfouillant avant le, brrr ! retour hivernal dans le grenier que le hasard m’a remis en présence d’un vieil hebdomadaire : L’INTRÉPIDE. Mais attention pas L’INTRÉPIDE fondé en 1910 par la famille Offenstadt. L’INTRÉPIDE plus proche de nous, celui renouvelé par l’italien Del Duca en 1949. Un hebdomadaire dont l’originalité était alors d’interpréter en bandes dessinées des succès du cinéma. Pour exemples : L’Aigle des Mers (Errol Flynn), Tumak (Victor Mature) ou encore Rocambole.
Et c’est en 1952 dans son numéro 129 de sa cinquième année qu’apparaît un Fanfan la Tulipe incarné par Gérard Philippe pour le film réussi par Christian Jaque. Une version BD est alors fournie par Le Rallic d’après un résumé signé de Jean Prado.
Ayant perdue tout point commun avec l’œuvre filmée par Christian Jaque, l’interprétation fournie par Prado et Le Rallic ne s’arrêta qu’en 1956 dans le numéro 337.
Chaque midi de chaque jeudi, mon père ouvrait les pages de L’INTRÉPIDE que j’avais carrément posé sur son assiette circulaire. Il y lisait Fanfan la Tulipe. « Ça me rappelle le film avec Gina Lollobrigida » qu’il disait. Mais vous savez L’INTRÉPIDE étant destiné à un lectorat d’enfants, la séquence où Gina Lollo colle une baffe à Louis XV était absente. Quant à papa il ne risquait pas d’en recevoir une de la part de nos voisines : il ne courrait pas les jupons. Ce qui n’empêchait pas que dans son petit atelier de menuiserie on pouvait apprécier la photo de trois ou quatre jolies dames court vêtues et épinglées contre l’un des murs.
Lorsque je débutai ma première année à l’École des Beaux Arts de Bourges, le paternel désigna une illustration collée sur du contre-plaqué : « Maintenant, tu dois être capable de représenter en plus grand et en peinture la grande fille de cette marque d’oranges ».
- Papa, puisque tu aimes tant faire de la menuiserie, pourquoi tu n’es pas devenu menuisier ?
- C’est à cause de ta grand-mère : elle m’affirmait que le travail du bois n’avait plus d’avenir. Elle voulait absolument que je travaille dans un bureau pour aider à fabriquer de grosses machines industrielles. Tu sais de son temps on ne demandait pas aux enfants quel métier ils souhaitaient faire.
Doc Jivaro
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15/09/2021
Tarzanide n° 517
JOHNNY
Johnny … Johnny Hallyday incarne la France, ça se proclame partout. Vous y croyez vous ? Hallyday et Johnny ne sont pas des mots traditionnels à la France, donc pas représentatif de l’historique français. D’autant moins que le chanteur était spécialisé dans le mode rock and roll des r’américains et qu’il résultait de l’influence massive des États Unis dans notre pays pendant la décennie des années 1950.
Votre Johnny était né belge, Smet de son identité. Alors que sa « statue » devant le bâtiment de Bercy, prenne la forme d’une bécane-moto Harley Davidson pareille à une enseigne publicitaire ne fait que confirmer la collaboration r’américaine de votre « chanteur abandonné ».
Reste que la physionomie du Sergent Smet de l’armée française en 1964 appartient aussi au domaine de la bande dessinée. Effectivement, en avril 1970, l’imprimerie Molière installée dans Lyon sortait un titre de BD inattendu : JOHNNY. Ce n’était pas un hasard puisque le chanteur Hallyday venait d’apparaître dans un film – western signé de Corbucci : Hud Le Spécialiste.
L’hebdomadaire JOHNNY était publié sur 24 pages de grand format – 28,5 X 40,5 - dont 16 imprimées « toutencouleur ». Sur la 24e page le film HUD était traduit sous forme d’une bande dessinée réalisée par Gillain. C'est à regret que j'indique que seuls sept numéros furent publiés.
Johnny Hallyday (et j’ai plaisir à l’écrire) s’exprima toujours en langue française pour ses plus grands succès populaires. Les rappeurs d’aujourd’hui, eux aussi ; mais c’est pour aider à insulter notre histoire nationale.
Doc Jivaro
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09/09/2021
Tarzanide n° 516
BELMONDO DANS LA BD
- Mais ce n’est pas Blueberry ! C’est Belmondo.
- Eh ouais : c’est la binette, la tronche à Bébel.
Pendant le cours de l’année 1963, le scénariste Charlier accompagné du dessinateur Giraud inventaient pour le journal PILOTE un western en uniforme cantonné dans Fort Navajo : c’était Blueberry. Tous deux n’avaient pas encore pensé lui donner la physionomie de l’acteur de cinéma Belmondo.
Le jeune dessinateur Giraud débuta comme « aide de camp » de Joseph Gillain dit JIJÉ celui-ci déjà bien connu dans les pages de l’illustré franco-belge SPIROU. Il était le créateur, entre autres sujets, d’un cow-boy : Jerry Sprint, dès 1954. En regardant l’illustration ci-après qui figurait sur la couverture du magazine catholique CŒURS VAILLANTS du dimanche 20 juillet 1958, ceux-celles qui comme moi connurent Jerry Sprint pendant leur pré-adolescence, remarquent tout de suite le style graphique employé par le débutant Giraud : c’est une imitation de celui de JIJÉ. La forme des rochers sur la pente de la colline, les silhouettes etc.
Tout au long de sa carrière Giraud s'enveloppa de pseudonymes. L’un d'eux : Mɶbius, accaparé d’un mathématicien, lui servit de passe-droit lorsqu’il s’aventura dans de la science fiction parfois dérisoire.
Pour ma part, je préfère Giraud travaillant loyalement pour Giraud. D’autant qu’existe dans Montluçon une rue des Girauds. Comment ça : vous ne savez pas encore qu’un giraud est un artisan boucher selon l’appellation ancienne ? Une appellation qui devait être populaire lorsque dans Clermont, ville française, le Pape Urbain II appelait nos ancêtres à partir en croisade contre les musulmans envahisseurs. Un sujet encore d’actualité, vous savez.
Doc Jivaro
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05/09/2021
Tarzanide n° 514
DU BIKINI AU BURKINI
Elle avait peur de montrer aux voisins son ITSY BITSY petit bikini qu’elle portait pour la première fois.
Si votre âge égale le mien vous gardez sûrement entre vos deux oreilles l’air de cette chanson rengaine venue de Dalida en l’an 1960.
Bikini ? Le gouvernement espagnol « sous » Franco avait interdit aux femmes ce maillot de bain réprouvé comme trop impudique … cependant bikini c’était d’abord un atoll de cet océan que le navigateur Magellan baptisa « Pacifique » pour l’avoir trouvé beaucoup plus calme que le vieil Atlantique. Sur cet atoll l’armée américaine de 1946 faisait exploser une bombe atomique améliorée et équivalente à un vrai coup de semonce en direction d’un Staline glorieux et immortel prolétaire de l’URSS. Forcément cette nouvelle expérimentation après la destruction de Hiroshima et Nagasaki ne manqua pas d’exciter l’imagination des créateurs de bandes dessinées, à commencer par un certain Burnes Hogarth qui inventa le scénario et le graphisme de DRAGO, jeune gaucho en Argentine.
Résumons l’épisode : un ingénieur allemand spécialiste en physique des atomes, a bord de son u boat, réussit à échapper aux recherches effectuées par la « Machine de Turing » et se réfugie en Argentine, pays de l’immigration nazie après la débâcle du IIIe Reich. C’est le Baron ZODIAC dont l’objectif revanchard est de détruire l’atoll Bikini.
Chez nous, l’hebdomadaire Coq Hardi de 1947 entreprit une traduction quelque peu censurée sous la direction de Marijac. C’est un jeune garçon un peu plus âgé que moi et dont le père prisonnier en Allemagne avait connu Marijac, qui me fit connaître les premiers numéros du journal qui disait-il : « Chante tous les 10 jours pour la jeunesse de France ».
Montage d’images effectué à partir du recueil DRAGO
édité en mai 1971 pour les éditions SERG
Dans son scénario, Burnes Hogarth s’abstint de faire référence au président argentin de l’époque : Péron, ainsi qu'a son épouse l'élégante Évita Péron, tous deux bien connus pour avoir facilité l’hébergement d’anciens criminels de guerre hitlériens auprès desquels collaboraient les musulmans du grand mufti dans Jérusalem. On n'est jamais trop prudent, non ?
On sait que l’espèce humaine aime à se rassurer en donnant des sobriquets ou des prénoms féminins aux catastrophes ravageant la planète terre. C’est sans doute pourquoi l’armée américaine appela GILDA la bombe atomique explosant sur l’atoll Bikini. Gilda étant le prénom octroyé à la superbe RITA HAYWORTH pour son film du même nom, film rendu inoubliable par un « strip-tease gantier »
« PUT THE BLAME ON MAME »
Aujourd’hui – et c’est heureux – nos amies les femmes sont deux fois libérées : une fois par Moulinex, une autre fois par le BURKINI de l’Islam que le camarade Mélenchon recommande à ses créoles futures.
Doc Jivaro
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30/08/2021
Tarzanide n° 512
BLUM ! Quand leur cœur fait Blum
Ceux-celles qui fouilleront dans mes paperasses trouveront de l’inattendu. Donc à force d’inattendu ils s’attendront à tout, y compris à n’importe quoi. En attendant bavardons un peu à propos d’une brochure de 150 pages dont le « bon à tirer » ! date de 1944 et qui présente sur sa couverture endommagé le buste de Léon Blum criant « Je vous hais ! ». Est ce vrai que l’homme lança ça en pleine assemblée nationale française ?
Malgré cette couverture rongée aux rats j’entrevis que l’intérieur subsistait en assez bonne état. Alors j’achetai 1 franc cette ancienne publication vendue par un brocanteur ayant son stand à Porte de Vanves, chaque samedi et chaque dimanche le matin. C’était la périphérie de Paris pas encore trop pourrie en ce début de décennie 1980.
La page 39 retient ici mon attention. On y accuse les juifs de malmener la jeunesse française en employant contre elle des publications d’histoires en images c’est à dire des bandes dessinées pour la plupart d’origine américaine mais toutes profitant au « youpin ». Les collectionneurs de petits mickeys reconnaîtront facilement quelques uns des titres parmi les plus fameux de l’époque de l’entre deux guerres mondiales.
Il ne faut pourtant pas croire que notre débâcle politique et militaire en juin 1940 amena immédiatement la disparition des séries illustrées américaines chez nous. Au début, le gouvernement du Maréchal Pétain replié sur Vichy, reçut l’approbation des États-Unis, à tel point que le Président Roosevelt offrit au nouveau chef de la nouvelle France une somptueuse voiture Cadillac. Et le tout premier hebdomadaire de BD a avoir pour titre TARZAN fut édité en janvier 1941 en zone dite libre. Mieux encore : Les premiers jeunes abonnés recevaient comme cadeau une enveloppe contenant des photos du Maréchal Pétain.
Après la capitulation allemande en 1945, le brave camarade Léon Blum s’en revint en France après avoir écoulé un séjour allemand dans une propriété ayant appartenu à Himmler. On raconte qu’il y jouait au billard sans jamais avoir pris conscience des évènements terribles survenus à quelques centaines de mètres de sa moustache, à Buchenwald.
Puis arriva 1948 et le même Léon Blum vint à Montluçon inaugurer la statue en pierre du défunt Marx Dormoy. J’étais présent, perché sur les épaules de mon grand-père paternel à cette cérémonie. J’y fis retentir un mot historique : « Oh ! Quel grand pied ! ». Effectivement ! Vous pouvez encore vérifier l’effet pédestre aujourd’hui : cinq des orteils du gisant émergent du drap de lit. A peine ai-je gardé en mémoire de cette journée des remous de têtes s’entrechoquant silencieusement en dessous de mon regard. Mes parents, plus tard, me rapportèrent quelques souvenirs. « Je ne l’ai pas reconnu le Blum » c’est ce que m’avouait papa pendant que ma mère insistait sur une angoisse : « il y avait trop de monde, j’ai cru que j’allais étouffer ! ».
Doc Jivaro
16:44 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Histoire, Journaux, Montluçon, Politique, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : :léon blum, marx dormoy, inauguration statue 1948 montluçon, tarzan n°1, 1941, doc jivaro, bandes dessinées de collection