21/02/2015
Les Tarzanides du grenier n° 100
ALANTE
Personne ne guettait le surgissement d'un Tarzanide dans les prairies aussi immenses que giboyeuses de l'Amérique du Nord … Personne. Car habituellement, ce genre de gaillard ne se révèle que dans les jungles africaines ou tropicales et non pas dans les espaces qui virent un indien félon assassiner dans le dos Sitting Bull, dernier grand chaman de la tribu des hunpapas.
Le jeune ALANTE, donc, demeure une exception dans la liste des rameaux de Tarzan. Mais comme les peaux rouges des plaines le surnomment « fils de la forêt », allons y ! gardons le dans le contingent des Targa et autres Akim-Zembla.
Son histoire débute dans le numéro 259 – 8 septembre 1951 – du magazine Tarzan ; mais s'achève dans l'INTREPIDE numéro 135 de l'année 1952.
C'est arrangé sous l'aspect d'un roman photo que ALANTE apparut devant mes yeux d'écolier. Est-ce à cause de la grisaille générale de son imagerie filmée-imprimée qu'il n'excita pas mon imagination de gamin ? Des romans-photos j'en connaissais déjà maints exemples, mes parents ne m'interdisant pas l'accès à leurs journaux « pour adultes ». C'était NOUS DEUX, c'était RADAR. Pour Maman, il y avait le prince charmant ressemblant à Jean Marais. Pour Papa, il y avait le yéti emportant des femelles humaines dans les neiges de l’Himalaya. Le recours au style roman-photo pour un récit présent dans une revue de BD me semblait disparate, inapproprié. Inattendu autant qu'incongru. Si ALANTE avait été dessiné au lieu d'être photographié sans doute m'aurait il mieux marqué, mioche que j'étais.
D'une lignée totale de quarante pages dont seules les six dernières forment un bouquet colorié, ALANTE, devenu grand chef sioux, apprend en même temps que nous sont origine ethnique véritable : il est blanc, enfant d'une femme blanche et non pas loupiot d'une squaw à peau cuivrée. Ouf ! La théorie du comte de Gobineau est sauvée.
Page ci-dessus, des photos de figures alternent avec des cadres emplis d'un texte. Ce procédé répondait aux exigences de gens littéraires acharnés à inférioriser l'imagerie devant la partie « intellectuelle » manifestée par l'écriture. Un « bon croquis » valait moins qu'un « long discours » selon l'opinion de beaucoup des salariés représentants du Corps Enseignant pendant les décennies 40 et 50.
Assez beau garçon, sans gonflette excessive pour ses muscles, ALANTE dispose d'une particularité d'équipement : une corde s'enroule autour de son bras droit. Il l'utilise comme lasso, tantôt pour éliminer un n'mi ; tantôt pour enlever une jolie fille jusqu'au plus haut des arbres. Justement, tiens ! Il vient de respirer l'effluve « de jasmin » de Mademoiselle Myra qu'il surnomme « yeux du ciel » et dont il devient amoureux. Gageons alors que ce ne sont ni le biceps ni le grand adducteur de la cuisse qui sont enflés chez lui.
Bien le bonjour, vieux retraités d’à présent qui étiez enfants pendant mon enfance.
Doc JIVARO
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14/02/2015
Les Tarzanides du grenier n° 99
Il arrive tout a fait par hasard, sans la moindre malice, qu'un héros de BD ayant ni parenté avec Tarzan, ni même l'ambition d'en imiter les exploits, se retrouve dans une situation équivalente à celle de tel ou tel tarzanide officiellement identifié.
Ci après, une planche isolée du bi-mensuel PIPO, numéro 91 du 20 avril 1956.
Il s'agit du « Chevalier de la vengeance », de son nom véritable Bussy d'Amboise, celui-ci d'abord surnommé « L’aigle de Clermont » dans un premier épisode republié sous la forme de deux volumes chez HORUS, année 1980.
Bussy d'Amboise exista réellement, non pas comme mignon d'Henri III mais comme dévoué spadassin du Duc D’Alençon. C'était l'époque où les nobles de France portaient des coussinets parfumés sous le vêtement, croyant faire oublier qu'ils nettoyaient peu les recoins de leur anatomie. Idéalisé par un roman de Dumas, puis par la BD, Bussy ne se comportait sûrement pas en gentilhomme d'opérette : il vous embrochait la bedaine, à plus forte raison si vous refusiez le duel.
Blessé, demi-nu, pareil à un tarzanide classique, Bussy « reprend ses esprits » dans une caverne. À son coté, une jeune, une superbe panthère noire. Sur la dernière image, l'homme aperçoit à contre jour la silhouette sombre d'une fille chasseresse. Quelque Tarzella ? Quelque Sheena ? Mais non ! Elle tient en main un gibier trop pauvre. Un lapin ! Ce n'est donc pas une de nos héroïnes de la jungle. Pourtant, le lieu, la présence d'un fauve, les protagonistes, tout cela semble venu d'un épisode prélevé dans les aventures d'un Tarzan.
- Dieu ! Une femme !
S'exclame Bussy d'Amboise en redressant son corps musculeux.
Alors là, ça ne va plus ! Car jamais Tarzan n'en appelle à un dieu. Ni à Jupiter, ni à Mazda, ni à Wotan, ni à Wakantanga. Ni surtout à votre dieu d’à présent, celui qui commet depuis plus de 2 000 ans tout un génocide contre les dieux et les déesses, ses frères et ses soeurs, votre YAHVÉ égocentrique qui n'est pas le SEUL dieu mais le DERNIER.
Reste qu'il a la vie dure celui là !
Doc JIVARO
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07/02/2015
Les Tarzanides du grenier n° 98
Depuis toute une décennie qu'il est de retour dans la Cité de Marx Dormoy et de Daniel Dugléry, Docteur Jivaro manque rarement d'aller chiner en début février dans le Centre Albert Poncet de Domérat.
Une brocante de vieux journaux, philatélie et boîtes anciennes de méccano ancêtre du Légo.
La pêche n'eut rien de miraculeuse. Docteur Jivaro a dû se suffire d'acheter sans folle dépense deux reliures en assez bonne état, les numéros 3 et 4 de JEUDI MAGAZINE suivi de ZORRO, année 1947. Il les possédait déjà, mais bah ! Il rencontrera bien l'occasion de les échanger auprès d'un géronte dont la collection demeure incomplète comme est incomplet le gruyère vendu plein de trous – le voilà, l'humour cantine !
JEUDI MAGAZINE, n° 43 du 27 mars 1947.
Exemple d'une juste violence de guerre impossible à éditer pour un public d'enfants d'aujourd'hui. Et vos démocrates qui vous donnent à croire que la censure n'existe quasiment plus en l'actuelle année 2015 !! Alors qu'elle revient tout azimut, y compris sur le web.
Doc JIVARO
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31/01/2015
Tarzanides du grenier n° 97
Aucun commentateur ne se risque à classer Robinson CRUSOÉ dans la liste des tarzanides. Docteur Jivaro ne s'y risque pas non plus. Du moins pour l'instant.
La couverture servant d'en-tête, ici, fut dessinée par THOMEN.
D'origine belge, THOMEN créa beaucoup d'imageries populaires pendant l'époque dite « avant guerre » ; et c'est à lui que nous devons les premiers aspects de CHARLOT mis en BD pour un public habitué à rire devant les clowneries du cinéaste Charlie Chaplin.
Charlot dans l'AS numéro 72 d'août 1938.
On sait que Tarzan, fondateur de tous les tarzanides dérivés de son nom et de sa qualité de « Roi de la Jungle », naquit après que ses parents fussent contraints d'abandonner un navire détourné de son cours par une mutinerie. D'où la condition première nécessaire à l'apparition imaginaire de tout futur champion appelé à devenir grand maître des forêts et des savanes. Pour mériter un si valeureux titre, tout candidat doit avoir survécu à quelque accident, épidémie ou tout autre cataclysme. Commencer par l'avion qui s'écrase, terminer par la forteresse engloutie par le volcan. Cette épreuve extrême vaut souvent pour tous les héros inventés : Clark Kent n'est pas un tarzanide mais pour qu'il devienne un surhomme dans New-York, il faut préalablement que la fictive planète Krypton s’anéantisse.
Le cas d'un « démon des jungles » imprimé en 1950 dans le numéro 233 de ZORRO, obéit à la loi du genre : une équipe de chercheurs d'or meurt sauf un. En errance dans les frondaisons de l'Amazonie, celui-ci ne survit que mentalement endommagé. Cette histoire simplette racontée sur quatre pages dessinées par un Markus (!) n'eut pas de suite. Elle n'est qu'un des parents pauvres de la grande communauté des tarzanides.
Zorro n° 233, année 1950
Presque totalement nu, son sexe d'animalité caché sous la dépouille d'un fauve, le solitaire rescapé finira par retrouver la raison en même temps que la civilisation des fusils et des pesticides. Réduit à presque rien, ce récit puéril néglige de préciser si, en fin de compte, ce « démon des jungles » fera raser sa barbe et couper ses cheveux par le merlan jadis opérationnel rue Raquin, et dont la boutique fermée depuis belle lurette reste encore visible à l'instant où j'aligne mes phrases.
Doc JIVARO
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24/01/2015
Les Tarzanides du grenier n° 96
Chaste image que cette image pieuse !
Nous sommes en 1958 … La propagande communiste omniprésente menace de déchéance le pays des Celtes et des Germains, pendant que l’Église Catholique continue de faire croire aux familles que la sexualité n'existe pas chez les enfants nés « sains de corps et d'esprit ».
LE CHŒUR n'était qu'une revue mensuelle tout à fait modeste, incitant les petits garçons à devenir de dévoués serviteurs du Vatican. Et je me souviens qu'après ma « communion solennelle » (d'autant plus sagement accomplie que je restais indifférent à sa cérémonie), les abbés Chevalier et Sauvageot entreprirent de faire de moi un de leurs enfants de Chœur. Heureusement pour mézigue, deux copines m'en dissuadèrent en rigolant de me brocarder : tu vas ressembler à une fille avec une robe !
A proprement parler LE CHŒUR ne traitait pas de la bande dessinée. Cependant quelques-unes des illustrations présentes sur ses pages étaient signées de noms professionnels en BD : Rigaud, Pierre Brochard, Gloesler, etc. Nous parlerons d'eux prochainement.
J'en fais promesse par la couronne d'épines du Christ, l'un des faux les mieux accomplis de toute l'histoire des faussaires religieux, et dont Louis IX fut le dindon le plus royal.
Doc JIVARO
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17/01/2015
Les Tarzanides du grenier n° 95
Sauf ma mère, ma sœur, ma femme et ma fille.
Ne pariez jamais que les filles prostituées sont absentes des BD adressées à vos enfants. Ne pariez jamais vous perdriez. Ou alors, pariez l'inverse : elle s'y rencontrent à plusieurs reprises mais sans être explicitement identifiées.
FANTAX – grand cagoulard dont la justice aussi individuelle qu'expéditive scandalisait mes instituteurs – FANTAX vient d'aborder un « port de transit ennemi », échappant aux vilains pas beaux nazies, lesquels font alliance guerrière avec le très riche Rachid Ali, bon musulman en Irak.
Egaré de nuit dans les bas fonds, le justicier masqué « croise une jeune fille » …
Jeune fille ? Tu parles ! Comme si une vraie demoiselle se promenait, sac à la main et en nocturne, dans un quartier de matelots alcoolisés ! Remarquez bien entre les deux personnages, le lampadaire planté allumé. Exactement le genre d'attribut urbain que les vieux romans policiers placent à côté de toute péripatéticienne populaire.
L'atelier Chott pendant le dernier trimestre de l'an 1947, dut bien s'amuser en confectionnant cette vignette qui fait allusion au « plus vieux métier du monde » dans un journal d'enfants généralement condamnés à ignorer les mœurs véritables des adultes.
Couverture n° 22 d'un épisode occupant les numéros 19, 20, 21 et 22.
Dans ce prétendu « reportage de J.K. MELWIN - NASH » le chef ennemi allemand s'appelle Kramer. Sa corpulence tout comme sa gestuelle est copiée sur FLINT, un des protagonistes inventés quelque dix années avant par H. FOSTER, et pour Tarzan dans la Cité de l'Or.
J.K. MELWIN – NASH n'est qu'un pseudonyme à résonance américaine destiné à s'attirer la sympathie des gosses français. Ceux-ci, en effet, en 1946, étaient déjà fortement impressionnés par une Armée Américaine capable de franchir tout un océan pour venir stopper l'invasion soviétique dans Berlin ruiné.
Doc JIVARO
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