10/08/2013
Les tarzanides du grenier (n° 38)
Depuis le 2e trimestre 2010 Danièle et Tanguy Mouchot ont entrepris de rééditer la collection complète des premiers exploits de FANTAX, qui enthousiasmèrent beaucoup d'enfants pendant les années 1946-47-48 et 49, avec un total de 39 numéros mensuels explosifs.
La troisième reliure comprend la copie des exemplaires 17 à 24, et est datée du 4e trimestre 2012. Imprimée qu'elle est à 1000 exemplaires. C'est dire que, malheureusement vous ne pouvez vous la fournir qu'auprès de quelques-unes des boutiques spécialisées dans le genre BD anciennes.
Par ci par là, FANTAX, tout comme TARZAN « prend le chemin des lianes » pour se faufiler plus rapidement à travers la jungle hostile, celle d'Afrique ou celle de Malaisie – en dansant la Javanaise ? Cela ne suffit pourtant pas à le classer parmi les vrais Tarzanides. Même s'il tue un pachyderme en lui enfonçant un pieu dans l’œil pour atteindre le cerveau. Alors comment justifier sa présence dans notre petite rubrique répertoriant plusieurs des Tarzanides ? Sans doute en rappelant que presque tous les mouvements de FANTAX sont calqués sur ceux imaginés par FOSTERS et HOGARTH pour le personnage TARZAN.
Fantax fut d'abord vendu à l'époque au prix modeste de 12 Fr. Un collectionneur marchand de vieilles BD, rue Sémard, me confiait : « CHOTT cherchait avant tout une jeune clientèle populaire ne se rattachant ni à un parti politique, ni au catéchisme catho. Je n'avais pas beaucoup de sous étant gosse. Mes parents ne m'auraient pas donné 30 frs pour me payer COQ HARDI 4 fois chaque mois. Un seul FANTAX à 12 Frs mensuels devait suffir à mon bonheur. »
Reconnaissons aussi que les scénarios simples, voire nigauds fournis par un prétendu « reportage de G. K. MELWYN-NASH » avaient de quoi séduire certains gamins pour qui toute difficulté de groupe trouvait sa solution dans une raclée à grands coups de poing.
CHOTT inventant FANTAX ne craignit pas de signaler que nombre de musulmans notamment par l'intermédiaire du Grand Mufti de Jérusalem, firent alliance politique avec le nazisme. Hitler ayant su exploiter des revendications arabes et berbères contre le colonialisme des puissances européennes de l'Ouest. Après le très controversé traité de Yalta, les communistes mais aussi dans une moindre mesure les américains n'eurent qu'à abonder dans cet anticolonialisme hitlérien.
A chaque fois qu'il dessine une croix gammée pour désigner l'ennemi allemand l'Atelier CHOTT la fait tourner dans le mauvais sens de gauche à droite. Il peint ainsi une croix contraire de celle du Jaïnisme et du national socialisme.
L’atelier CHOTT est surtout connu pour avoir mille fois copié les mouvements de TARZAN. Mais il imita, aussi et de façon tout à fait inattendue, quelques-uns des personnages inventés par MILTON CANNIF pour son célèbre TERRY combattant le Japon dans l'Océan Pacifique.
A gauche : image recrutée dans l'hebdo DONALD, n° 9 du 18 mai 1947. La belle Lotus d'Or devient-elle un des atouts du Mikado ? Elle ferait volontiers rotir le beau TERRY mais elle ne peut longtemps cacher qu'elle en est amoureuse.
A droite : Lotus d'Or est ici appelée Rose du Levant. On la devine capable de faire étriper Lord Horace NEIGHBOUR caché sous la cagoule de FANTAX.
La cagoule deviendra, dix ans plus tard, l'un des déguisements préférés des catcheurs voltigeurs du ring.
Vous souvenez-vous d'un certain « Ange Blanc » ?
Dans toute sa splendeur, le Gomateshvara au long prépuce
18:45 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Media, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fantax, chott, bd anciennes, bandes dessinées, éditions del duca, illustrés pour enfants
20/07/2013
Le Petit Censeur Illustré n° 4
Image américaine de BD et qui date du 30-09-1936. Publiée une première fois dans le magazine français JUNIOR, celui-ci s'assurant un beau succès populaire en publiant en couleur sur grand format la bravoure de TARZAN.
Ci-après, la même scène mais quelque peu truquée par le dessinateur FRISANO en 1953 et pour le journal JIM TOMAHAWK. Il s'agit du numéro 22 de 12 pages, édité par RAY-FLO.
Sur le web comme dans l'officiel BDM, l'information relative à Jim Tomahawk circule rarement, toujours incomplète. Aussi n'en sais-je pas plus sur lui que tous ceux des autres collectionneurs BD qui n'en savent que peu. (Il exista aussi un autre Jim Tomahwak paru plus tard, en 1969 ; mais ne nous interessant pas vraiment). Celui de 1952-1953, seul, attire notre attention.
Signalons que le dessin de la couverture numéro 20 (1952) LE TRESOR INCAS fut utilisé une deuxième fois pour illustrer une autre couverture, celle de l'album numéro 1 (1953) du même Jim Tomahawk. Cet album relie les numéros 13 à 24.
La censure excessive organisée par les catholiques et les communistes interdisait aux enfants que nous étions d'apprécier les BD d'origine américaine. Mais cette même censure permettait à beaucoup de dessinateurs anonymes de piller la riche production du « sale capitaliste yankee », compensant ainsi leur manque d'imagination graphique.
Les exemples du pillage sont fréquents, surtout pendant la décennie des années 1950. Tenez, en voici encore un.
Extrait de « Aigle d'or » année 1956.
35 numéros produits par la SFP.
L'image n'est que la copie vulgaire d'une action tracée par Hogarth (29-07-1945) pour l'aventure TARZAN contre ARIZU KAHN.
Docteur JIVARO a grand besoin de vacances.
15:52 Publié dans Arts, Fanzine, Journaux, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bandes dessinées anciennes, hogarth, tarzan, junior, frisano, jim tomahawak
06/07/2013
Le Petit Censeur Illustré n° 2
Au matin du 11 mars 1950, les fidèles clients-lecteurs de TARZAN voient leur champion favori se débattre dans une situation désespérée. De vilains pas beaux pygmées l'emprisonnent entre leurs petits bras musclés. Vient-il d'être capturé par de voraces cannibales ? En tout cas, ces nains dont la tête paraît malade d'hydropisie, on les nomme ONONOĖS.
Mais sont-ce, ici, les véritables ononoés que le dessinateur Burnes Hogarth inventa, donnant libre cours à une de ses manies consistant à dé-sexualiser nombre de ses personnages ? Ces créatures exceptionnelles dont le laps d’existence fut très restreint dans la BD allaient détenir un record dont elles dédaignaient pourtant les lauriers. Elles furent les victimes principales de la censure imposée en France à toutes les images destinées aux enfants.
Vignette terminale de la huitième page de l'hebdo TARZAN n° 181. Elle vaut vraiment le coup d'un commentaire à venir détaillé ; elle ainsi que toutes les autres, celles la précédant, celles lui succédant.
Docteur Jivaro
15:21 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tarzan, burne hogarth, censure, bd, bandes dessinées anciennes, illustrés pour enfants
30/06/2013
Le petit censeur n° 1
Après une période assez brève (globalement : 1972-1983) de liberté de création dans la BD – et pas uniquement dans celle destinée aux adultes – la censure est redevenue toute puissante dans tous les domaines relatifs à l'affichage public des journaux illustrés.
Il suffit de regarder la devanture fadasse d'une librairie d'aujourd'hui tout en se souvenant de telle ou telle autre de la fin des années 70, pour comprendre tout ce dont les « belles âmes » politiques, de droite ou de gauche, nous ont démuni depuis bientôt trois décennies.
Cependant, on peut toujours s'en consoler, sachant que dans le pays de Thorez et de René Coty se furent surtout les années 50 qui eurent à subir les plus grands abus de censure dans le rédactionnel et le graphisme populaires.
Ci-dessus la couverture de FOX, n° 33 de mai 1957.
Publié en France, donc censuré, ce produit italien était adapté par les éditions LUG alors très productives à Lyon.
Le revolver tenu dans la main droite à été supprimé. On a déplié l'index comme pour ne garder qu'une trace inoffensive du canon de l'arme disparue. Mais l'escamoteur, sans doute chichement payé, a laissé vide la gaine pendue au ceinturon. Il s'est dispensé de dessiner le six coups qui, normalement, devrait y être replacé. Je ne connais pas l'image d'origine. Je suppose, pourtant, que l'autre personnage menacé laisse tomber son colt et que celui-ci, aussi, a été effacé.
Le protagoniste en chemise jaune se nomme sûrement TEX WILLER, ranger fameux réédité par Lug mais pas dans FOX. Dans RODEO. (Et après que WILLER TEX ait possédé son propre journal pendant 35 numéros entre 1952-1955).
Constatons sur ce numéro 93 de RODEO (1958) le même genre de censure que celle appliquée au numéro 33 de FOX. Et cette fois, la main droite a été modifiée maladroitement. L'encre en a même bavé, la coquine.
Un avant goût de ce TEX WILLER apparut prématurèment sous le nom de TEXAS BOY, dès 1947 – Et fut publié sur 32 pages, chacune des pages n'étant modestement composée que d'une seule bande horizontale.
Ci-dessous, le numéro 10 de TEXAS BOY. La dernière page présente une publicité pour PANTHERE BLONDE, une des copines de notre enfance.
Sur cette couverture n° 9, une action défensive meurtrière impossible à publier pour une jeune clientèle des années 50 et 60. Et même à présent, en 2013 vous n'en verrez pas l'équivalent dans un journal pour juniors.
Difficilement trouvable, la collection complète de TEXAS BOY tient-elle en 39 ou 41 numéros ? Question non résolue. Quoiqu'il en soit, si votre pire ennemi vous la donne avant de périr étranglé par vos soins, acceptez en le cadeau. Et pour une bonne raison : chacun des exemplaires peut atteindre jusqu'au prix de 90 euros malgré le chétif de sa présentation.
Docteur Jivaro
08:45 Publié dans Arts, BD, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Media, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fox, rodéo, tex willer, texas boy, panthère blonde, éditions lug, bd, bd ancienne, bd de collection, journaux pour enfants, censure
22/06/2013
Les tarzanides du grenier (n° 37)
Commençant KALI, se prolongeant ZORA puis redevenant KALI, ce pockets fut publié tantôt genre garçon, tantôt genre fille par « Jeunesse et Vacances » jusqu'à atteindre 51 numéros ZORA et 133 KALI. Une quantité faible comparativement à leur longue période d'existence (de 1966 à 1981). L'explication tient au fait que ce produit n'était souvent mis en vente que trimestriellement. Exemple : KALI du numéro 122 est daté d'octobre 1978 ; son numéro 123 de janvier 1979.
Beaucoup d'exemplaires comptent 132 pages. Généralement KALI-ZORA en occupe les 42 premières pages. Les feuilles suivantes supportent des séries changeantes : Ringo, Buffalo Bill et autres. On y retrouve même les péripéties de HARDI JOHN ! jeune yankee engagé dans le conflit américano-nippon et dont les débuts héroïques se firent dans L'INTREPIDE, hebdomadaire fameux qui reparut en 1948 après une absence de quelque dix années.
Les dessins de ZORA-KALI, aussi fréquemment que pauvrement imités de ceux de Hogarth, sont condamnés à demeurer toujours en-dessous de leur modèle d'Outre-Atlantique. Néanmoins c'est cette décalque, quoique miséreuse, qui fait que nous en rangeons les personnages parmi les tarzanides.
Les pages 32, 33 et 34 du numéro 122 (oct. 78) ont ceci d'assez agaçant que leurs images reprennent de façon indigente quelques-unes des phases du combat qui opposa TARZAN contre un grand lutteur gréco-romain (voir l'original made in USA des 21 et 28 oct. 1945).
Nouveau Siegfried, Tarzan plonge l'épée mythique – NOTUNG ? - dans l'éternel brasier régénérateur. On est alors dans les lendemains de la défaite inouïe du 3e Reich, et ce n'est pas Paris qui a brûlé, c'est Berlin.
Berlin à partir de laquelle Hitler et Speer anbitionnèrent de créer Germania, capitale annoncée gigantesque dans une Europe fortifiée « De Brest à Vladivostok ».
Bien que signés Hogarth les deux dessins ne sont pas entièrement de sa main. Il s'est suffi d'un crayonné préparatoire, l'encrage final étant abandonné au débutant Rubimor.
Docteur Jivaro
18:58 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tarzan, tarzanide, zora, kali, hogarth, rubimor, l'intrépide, hitler
01/06/2013
Les tarzanides du grenier (n° 35)
Aucun Tarzanide ce jour !
J'allais vous parler de DURGA RANI.
J'allais vous en parler lorsqu'un des collectionneurs de BD avec lesquels j'échange des titres, arriva, proposant un fort gros lot de « formats de poche » parus pendant les années 70.
Je ne pouvais pas refuser. Résultat : nous avons écoulé cet après-midi à discuter des mérites d'Hugo Pratt comparativement à ceux de Druillet. Nous avons bien ri, aussi en revoyant certaines vignettes réussies par Manara. Et finalement nous nous sommes promenés dans le passé des comics américains. En particulier de tous ceux qui prirent des chats pour sujet principal.
C'est dire que le temps m'a manqué pour rédiger un 35e tarzanide.
Lorsque le collectionneur de vieux papiers est sincère la valeur commerciale lui importe assez peu.
Image recto-verso de la page de garde de l'album FELIX LE CHAT,
édité en France, année 1931.
Docteur Jivaro
17:17 Publié dans Arts, BD, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bédés anciennes, félix le chat, manara, hugo pratt