07/03/2021
Tarzanides n° 486
Cachez ce sein ...
En avril 1967 et sous la direction de Claude Moniterni, fut édité le catalogue relatif à la grande exposition BANDE DESSINÉE ET FIGURATION NARRATIVE qui ouvrait dans le Musée des Arts Décoratifs, rue de Rivoli, Paris-Ier.
Les auteurs ne manquèrent pas de dénoncer sur deux pages (138 et 139) les ravages que la censure votée en Juillet 1949 infligeaient à nombre d'images BD éditées en France. A titre d'exemple voici la Princesse N'ani, créée par Brun Hogarth mais mutilée par les partenaires occasionnels catholiques et communistes retardant le plus possible l'émancipation sexuelle de notre enfance.
Le catalogue étant imprimé en noir et blanc, ses responsables ne nous donnèrent pas à voir une autre image, celle-ci en couleur et témoignant de la férocité des censeurs. La voici ci-dessous extraite du numéro 528 de Spirou, année 1948.
On ne devrait pas avoir à rappeler que les vertus de pudeur, de décence, etc. proviennent de barbares tortures, mutilations, etc. et que nos lointains ancêtres apprirent à cacher leurs organes sexuels afin de les présenter le moins possible comme objets de convoitise devant leurs agresseurs. En fait et pour en revenir à cette simple image, ce n'est peut-être pas la poitrine de la jolie N'Ani que les tortionnaires auraient dû supprimer mais l'avant bras au premier plan du dessin : ne croirait on pas qu'il fait symboliquement allusion à un pénis énorme, celui de TARZAN ?
Burnes Hogarth n'était pas Michel Ange ! contrairement à ce qu'affirment ceux et celles qui abusent de compliments en sa faveur : non seulement il est étourdi en mélangeant les jambes de la femme et les pattes du lion (une patte arrière du fauve apparaît comme jambe de la pin-up) mais encore et surtout sa pratique fantaisiste de la myologie ne peut en rien convaincre celui qui a lu et relu le Traité d'Anatomie Artistique de Paul Richer (1890).
Doc Jivaro avait préparé un sujet tout autre que celui-ci qu'il vient d'improviser. Il faudra bien qu'un jour prochain il argumente pour se justifier de parfois choisir la manière naïve mais finalement robuste de Rex Maxon plutôt que le style kitsch Art Floral maniéré signé de l'esbroufeur Burnes Hogarth.
Doc Jivaro
17:50 Publié dans Arts, Blog, Grenier de la BD, Journaux, Livre, Moeurs, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : burnes hogarth, rex maxon, claude moniterni, exposition bande dessinée et figuration narrative 1967, spirou 1949, censure loi de 1949, bandes dessinées de collection, tarzanides du grenier, doc jivaro, bar zing de montluçon, paul richer
16/01/2021
Tarzanide n° 476
Maman les p'tits bateaux
Peu de temps avant le premier confinement je me trouvai à bavarder avec une dame âgée, dans la ,dernière librairie de brocante du vieux quartier Saint Pierre de Montluçon. Ne me souvenant pas comment débuta notre échange de propos, au moins retiens-je l'identité de l'illustratrice dont nous bavardâmes.
- Béatrice Mallet, vous la connaissez donc ? C'est devenu rare dans la ville de Marx Dormoy.
Mon interlocutrice me parut rajeunir, je ne mens pas ; elle parlait avec un tel entrain de l'illustratrice dont la célébrité provient de l'ancienne publicité des sous-vêtements de marque PETIT BATEAU, que je n'osai pas avouer que les gamines trop grassouillettes signées de Béatrice déplurent à mon enfance. Et qu'aujourd'hui encore, mon squelette supportant ma peau quand mes muscles transportent mal mon corps, les fillettes-commères et les petites-filles mémères me répugnent par nature.
Savez-vous que dans les bandes dessinées la présence de petites demoiselles a toujours posé un problème aux scénaristes ainsi qu'aux dessinateurs, cela à cause de la petite culotte tissée de coton blanc dont il fallait cacher en public l'existence ? Nos Sophie, Zoé et Little Annie devaient se comporter pudiquement, obligatoirement. Il y eut pourtant quelques exceptions dont une certaine Suzie exhibant les dentelles brodées de son "corset juvénile" en s'installant à califourchon sur le dada de Red Ryder. Mais l'histoire commentée des fillettes dans la bande dessinée reste encore à écrire chez nous et votre serviteur se dispense d'engager ses opinions sur un tel sujet qui l'amènerait à parler d'une certaine mignonne Shirley Temple, jadis coqueluche de beaucoup de messieurs américains - Oh ! Oh !
Doc Jivaro
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20/12/2020
Tarzanide n° 469
Les politiciens ont oublié de vous le rappeler que le septennat de Giscard d’Estaing fut aussi une période dite « Libération des mœurs » dans l’espace public : cinémas, librairies, théâtres, clubs échangistes, etc, etc. Prenons l’exemple d’un kiosque à journaux de 1978 et comparons le à celui d’aujourd’hui : le kiosque à journaux 1978 serait sûrement interdit de séjour maintenant.
Voyez la couverture des PIEDS NICKELÉS en 1975. Le trio de pseudo-anarchistes depuis 1908 n’avait jamais affiché un titre pareil.
Rappelez-vous Tintin en culotte de golf : jamais une fille autour de lui ! La seule femme qui apparaisse tardivement c’est la grosse Castafiore, peut-être une allusion à La Callas et de quoi vous décourager le zizi dès l’âge de treize ans. Par contre, elle s’exhibe de la gueule. Un étudiant à l’écoute d’un cours de psychanalyse de l’ancienne université de Vincennes m’avait même amusé, disant : « c’est un vagin qui vocalise ».
Dans les dessins de l’infatigable Pellos, l’un des PIEDS NICKELÉS – Croquignol – porte une haute coiffe sur laquelle s’exhibe une paire de ciseaux. Allusion évidente à la perte de ses bijoux naturels. Comme quoi nos amis africains noirs esclaves chez les musulmans ne pouvaient pas conserver entre leurs jambes les objets que les esclaves noirs dans les champs de coton américains conservaient malgré le racisme des familles blanches chrétiennes.
- C’était pour qu’ils se reproduisent, familles esclaves génération après génération.
- Mais c’était surtout chez le Sultan une façon radicale de s’éviter tous les ennuis politiques à venir à cause d'une révolte générale raciale analogue à celle qui suivit LA NAISSANCE D’UNE NATION.
Dans la collection complète d’origine ce numéro des PIEDS NICKELÉS DANS LE HAREM porte de numéro 86.
Doc Jivaro
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21/07/2020
Tarzanides n° 440
"Lorsqu'avec ses enfants vêtus de peaux de bête" ...
On se souvient plus ou moins bien du poème rédigé par Hugo le Victor et rappelant l'un des mythes fondateurs des sociétés humaines. Ici, Caïn tuant Abel, deux frères jumeaux l'un s’attardant auprès des moutons pendant que l'autre s'émancipe pour une ère nouvelle celle des forgerons. Le bâton du berger va céder la place à l'arme du guerrier.
Le poème de 1859, changé en peinture d'art par Fernand Cormon en 1880, donna naissance à nombre de thèmes dits "préhistoriques" dans la littérature mais aussi dans quelques uns des premiers films muets. Ceux qui ne connaissent TARZAN que par la silhouette qui lui est attribuée dans la bande dessinée, ignorent que l'homme singe pour le cinéma à ses débuts ressemblait quelque peu à un grand gaillard plus souvent abrité dans une caverne que sautant de branches en branches dans une forêt. Tenez, regardez le dans son premier aspect cinématographique.
On est alors en 1918 et c'est Elmo Lincoln qui tient le rôle. Aucun pagne en peau de léopard mais une toison évoquant un ours plutôt qu'un félin. Ce n'est qu'avec l'acteur suivant nommé Frank Merril que la fourrure devient tâchée, mouchetée à la ressemblance d'un carnassier. Toutefois, en France, en 1937 et dans un petit fascicule de 16 pages, le Roi de la Jungle perd son identité. Il s'appelle TANTOR. C'est ça : le nom de l'éléphant devient le nom de l'homme.
TARZAN n'est en rien l'individu sauvage et solitaire que nous présente sans cesse la bande dessinée. Il est en réalité un gentleman de haute famille : Lord Greystoke, propriétaire d'une importante plantation en Afrique colonisée et, à ce titre comme au moment de sa naissance il est un sujet de la Reine Victoria et combattra vaillamment pour que prospère le Commonwealth of Nations.
Un Commonwealth of Nations auquel le théoricien Karl Marx lui-même rendit hommage en choisissant la terre d'Angleterre comme lieu de sa sépulture.
Doc Jivaro
17:57 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Blog, Cinéma, Fanzine, Film, Grenier de la BD, Journaux, Livre, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fernand cormon, elmo lincoln, frank merril, lord greystoke, bandes dessinées anciennes, bd, doc jivaro, bar zing de montluçon, tarzanides du grenier
04/07/2020
Tarzanides n° 436
Puisqu'il n'est pas encore interdit dans le pays de Bugeaud et de Leclerc d'afficher des images BD montrant des arabes guerriers, donc musulmans, attaquant des villages africains peuplés de familles noires, profitons en encore un peu. Voici un exemple de razzia édité pour la première fois en France dans l’hebdomadaire SPIROU numéro 517 du 11 mars 1948. Doc Jivaro en a tout simplement escamoté le texte.
Pour ceux-celles qui souhaitent mieux s'informer sur le commerce des esclaves noirs en Afrique subsaharienne nous conseillons, entre autre, un gros bouquin bien documenté publié chez Fayard en 2007. Il a pour auteur Malek Chebel. Oui : Doc Jivaro et Bar Zing ont de mauvaises lectures.
Aux dernières nouvelles la façade superbe artistiquement modelée en bas relief de l'ancien Musée des Colonies est toujours bien visible Porte Doré à l'orée du Bois de Vincennes. Aussi je renouvelle mon conseil : courez vite l'apprécier avant que les nouvelles populations des "territoires perdus de la République" ne la fassent tomber en gravats et poussière pour lui substituer une mosquée salafiste garante de l'actuelle démocrassie.
Doc Jivaro
18:05 Publié dans Actualité, BD, BD anciennes, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Histoire, Livre, Moeurs, Politique, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : razzia, esclavage en terre d'islam, malek chebel, burnes hogarth, spirou, bandes dessinées de collection, tarzan
16/04/2020
Tarzanides du grenier n° 419
Semaine après semaine, de ses numéros 1 à 140 le magazine TARZAN publia une interprétation BD du roman populaire LES MISÉRABLES imaginé par Hugo le Victor.
Puis dessiné par René Giffey pour éveiller ma scolarité.
Une réédition en trois volumes de cinquante deux pages chacun, fut réalisée par l'Imprimerie de Sceaux à la demande de l'omniprésent Cino Del Duca.
D'un assez grand format fréquent à l'époque (370 X 280 cm) les trois couvertures illustrées par Troment ne font que copier quelques unes des silhouettes réussies par Giffey dans son style à la fois réaliste et souple.
On sait l'histoire d'un Jean Valjean abusivement condamné aux galères et ne s'évadant que pour devenir le notable Monsieur Madeleine père adoptif d'une Cosette Une gamine aussi niaise que coquette malgré une enfance passée sous la table d'un estaminet entre les jambes de routiers et de rouliers alcoolisés et obscènes. Notons qu'Emilio Zola,presque vingt ans plus tard, en traçant le portrait de Nana fille de l'ouvrière Gervaise, ne sombrera pas dans l’hypocrisie grandiloquente hugolienne : Sa Nana comédienne ratée ambitionne à l'exemple d'autres filles prendre sa revanche en devenant grande courtisane.
Cette séquence BD mettant aux prises Fantine agressée par un groupe de jeunes noctambules aurait été inspirée, aux dires des biographes de Totor, par un fait divers réellement vécu par le poete des Feuilles d'Automne. Hugo, alors Pair de France se serait porté témoin en faveur d'une prostituée injuriée par des bourgeois en goguette (comme on dit). Mais bien entendu, dans la transcription BD pour les gamins, Fantine édentée n’apparaît que comme mendiante.
La dernière planche BD LES MISÉRABLES fut publiée dans le numéro 140 de TARZAN avons-nous écrit. Ce n’est d'ailleurs qu’une demi-planche. Ce numéro porte la date du 29 mai 1949, ce qui nous aide à attribuer une publication ultérieure aux trois volumes non datés.
Joyeux confinement à vous tous.
Doc Jivaro
18:14 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Blog, Cinéma, Grenier de la BD, Littérature, Livre, Moeurs, Société, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : les misérables, victor hugo, rené giffey, troment, editions del duca, cosette, bandes dessinées de collection, bar zing de montluçon, tarzanides du grenier, doc jivaro