Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/10/2020

Tarzanides n° 458

 

Allez expliquer pourquoi dans beaucoup d’anciens récits en images n’importe quel gaillard coiffé d’un chapeau et portant un revolver visible sur la hanche est appelé « cowboy » ? Qu’il paraisse comme aventurier à semelles crevées, ou comme policier réglementairement mandaté s’il chevauche à travers une prairie, ça y est ! c’est un cow-boy. Même en absence d’un troupeau de vaches. A croire que c’est le cheval qui fait le gardien des ruminants. Pas le vaquero déroulant son lasso.

 

 

BD-Spirou,-07-11-1957.jpg

 

 

Deux pages de papier journal ayant pour titre JERRY SPRINT. En novembre 1957, en France pays des veaux si l’on en croit Charles de Gaulle, le beau canasson va délivrer le héros emprisonné par des vauriens. Tous les chevaux de nos BD d’enfance étaient présentés comme des animaux courageux et fidèles, intelligents puisque obéissants. Mais avant tout ils portaient des noms évocateurs de la vitesse et du vent : Tornade, Cyclone, Ouragan … Longtemps la monture de Zorro eut pour identité « Fend l’air » tandis que William Bill Cody du Poney Express galopait sur « Tempest ». Me semble bien que dans certaines versions, chez nous, Thunder (Tonnerre) fut chevauché par Red Ryder.

 

Et maintenant observons l’illustration du magazine CŒURS VAILLANTS de l’année 1958.

 

 

BD-Coeur-Vaillant,-20-07-19.jpg

 

 

Ceux d’entre-nous dont l’enfance connut la physionomie du Jerry Sprint dessiné par JIJÉ, son créateur dans Spirou, purent d’abord être abusés jusqu’à croire que le même JIJÉ avait dessiné ce cow-boy nouveau nommé Art Howell. Même silhouette, même geste de la main et même graphisme des rochers. Toutefois, ce travail est dû à Jean Giraud, lequel fut le jeune assistant de Jijé dont il imita certains procédés de BD. A tel point que lorsqu’il créa à son tour un lieutenant Blueberry il en marqua les premières planches d’une influence venue du JERRY SPRINT de JIJÉ.

 

Au début des années 1990, il m’arrivait de fréquenter la librairie parisienne FANTASMAK située à proximité de la Gare du Nord, et de bavarder bandes dessinées avec le responsable des lieux. Un après-midi, comme je rappelais les nombreux travaux signés de JIJÉ, le responsable de la boutique s’exclama presque hostile :

 

- Je n’aime pas JIJÉ !

 

Doc Jivaro

 

17/10/2020

Tarzanides n° 456

 

Forcément, nos curés et nos abbés nous déconseillaient de regarder et de lire des récits imagés imprimés dans des journaux venus de la laïcité. Mauvaises lectures ! Dessins vilains ! Ils en dénonçaient surtout la violence. Et ils avaient bien raison. Tenez, par exemple :

 

 

BD Le Cercle d'Or, 1946.jpg

 

 

Hein ! Quel manque de tact : offrir en guise de spectacle une telle cruauté aux petits enfants ! Sauf que …

 

Sauf que ce fragment d'une bande dessinée a été prélevé sur la page 5 de l'illustré CŒURS VAILLANTS, n° 16 du 17 novembre 1946. Et que cet illustré était officiellement recommandé aux familles catholiques pour le divertissement de leur progéniture baptisée.

 

Pendant les années 1950 il arriva que les titres de journaux BD absolument réprouvés par les autorités Catholiques fussent placardés à l'entrée des églises. L'Abbé Pihan se faisait le grand inquisiteur répartissant nos illustrés entre les bons et les mauvais. C'était aussi lui le gérant de ce « Cœurs Vaillants » dont certaines images suggéraient le sadisme humain. Mais n'oublions pas qu'à ce moment là, pendant la messe du dimanche, les enfants que nous étions apercevaient au milieu du chœur, en face de nos yeux innocents, la figure d'un jeune-homme quasiment nu sculpté torturé sur une croix.

 

Mais ou donc les adultes vont-ils chercher leurs exemples du bien savoir-vivre ?

 

Doc Jivaro

 

24/12/2018

Tarzanides du grenier n° 329 bis

 

Au VIe siècle après Jules César et en réaction contre l’érotisme populaire manifesté par les Saturnales du paganisme, les évangiles imposent le monothéisme en Europe par leurs prêches et leurs guerres. Les manifestations publiques de l’animalité humaine sont interdites pendant que des draperies de pudibonderie transforment la chaude maternité d’Aphrodite-Éros en une présence platonique désexuée, celle de Marie-Jésus.

 

Pourtant, Rome devenue chrétienne ou plutôt Judéo-chrétienne ne renonça pas à employer dans sa statuaire comme dans son art pictural la figure humaine conformément aux traditions païennes : l'imagerie était évidemment une méthode commode pour enseigner la religion nouvelle aux peuples laborieux, certes ! mais auxquels la compréhension de signes littéraires restait prohibée.

 

Les vitraux de nos églises avec leurs personnages colorés et transparents sont la preuve historique de l'importance éducative d'une imagerie faite de figures humaines.

 

Voici qui nous aide à comprendre que lorsque le XIXe siècle en Occident développa tout un commerce de

journaux illustrés destinés à la jeunesse, l’église Catholique n'en fut pas désemparée : elle avait depuis des siècles emmagasinée ses propres munitions visuelles. Et la création de la bande dessinée par la laïcité amena les religieux à créer à leur tour leur propres entreprise de captation de l'innocence. (Séduction of the innocent", Frédric Wertham, 1954)

 

BD-Coeur-Vaillant,-n°-48,-1.jpg

 

 

Fondé en 1929, COEURS VAILLANTS fut publié sans discontinue jusqu'en 1963 où il modifia son titre en J2 puis en Formule1 avant de disparaître pendant l'année 1981.

 

BD-Coeur-Vaillant-25-12-195.jpg

 

 

Bien entendu chaque année, CŒURS VAILLANTS ne manquait pas de rappeler aux enfants baptisés la naissance du Petit Jésus ; naissance sans doute abusivement datée entre le 24 et 25 décembre, c’est-à-dire en remplacement des anciennes Saturnales du polythéisme saluant la renaissance du soleil.

 

Bonnes fêtes à tous et toutes, que vous dire d'autre ?

 

Doc Jivaro

 

29/09/2016

Pauvre Belgique : Pauvre Baudelaire

 

GRAND PALAIS 2016
EXPO HERGÉ
Concours de l'injure la plus affreuse
du vocabulaire du Cap'tain Haddock

Grand-Palais-Hergé.jpg

 

25/09/2016

Dimanche, jour du Seigneur n° 24

 

Le 16 mai 1943 était un dimanche … Preuve à l’appui, le bandeau du numéro 20 du « Cœurs Vaillants » des curés et de leurs ouailles par temps d’occupation militaire allemande.

  

Coeurs-Vaillant-16-05-1943.jpg

 

Le fils du boulanger (Non ! Non ! Ce n’est pas le titre d’un film méconnu avec Raimu dans le rôle du patron enfariné) … Le fils du boulanger et moi étions plutôt bons amis lorsqu’il se haussait a ses huit printemps et moi à ma dizaine.

 

Ses parents l’envoyaient au catéchisme ainsi qu’à la messe dominicale mais, eux, ne se rendaient à l’église qu’en semaine, parfois le lundi. « On a le commerce à tenir, le dimanche matin surtout ! » Contre toute attente, mon petit voisin ne lisait pas Cœurs Vaillants – ou alors il s’en cachait rudement bien.

 

 - Tu lis Tintin ?

- Pas du tout. Je lis Spirou. Mes parents m’en achètent tous les albums. Tu veux que je te les prête ? Tu me les rendras quand tu voudras.

 

Je les lui rendais régulièrement, non sans regretter, j’avoue, qu’il ne me les donnât pas.

 

Ses parents, ayant bien plus de fric que les miens, lui offraient des quantités assez émerveillantes de petits soldats en plomb. Dans la cour à l’arrière du fournil il jouait au général devant d’innombrables troupes disciplinées dont les « morts à la guerre » ressuscités à nouveau vivants « bons pour l’armée ».

 

 - Il veut être policier plus tard.

 C’était sa mère qui confiait ça à ma mère.

 

 Je l’aimais bien, le fils du boulanger et j’ai plaisir à me souvenir qu’il m’aimait bien aussi.

 

 Seulement voilà : cet enfant de mon enfance avait une sœur un peu plus âgée que lui. Une sœur sûrement la plus coquette fillette du quartier. Le voisinage nous voyait souvent nous promener à trois.

 

 Patatras ! A l’approche des dix sept heures de je ne sais plus quel jour, peu après être sorti de l’école Voltaire qui, à ce moment là, n’accueillait pas les filles, je fus cerné par un petit groupe de petits bagarreurs habitués des berges du Canal de Berry.

 

 - Tu vas avec lui POUR sa sœur !

 

Vous savez qu’il y a toujours des jaloux qui souhaitent vous faire couper la tête sous le prétexte que vous avez les pieds mieux chaussés que les leurs.

 

Sour-du-Seigneur-25-09-2016.jpg

Les enfants ne sont t'enfants 

qu'en présence des adultes

 Ryal

09/01/2016

Les Tarzanides du grenier n° 195

  

Collanges, petit village du pays d'Arvergne, Natacha pas d'importance à l'arrivée imprévue d'un Monsieur Georges Rémi, belge d'origine.

 

 Nous étions alors en mai 1940 … L'armée allemande venait de pénétrer en Belgique, assurée qu'elle était, l'armée allemande, de recevoir bon accueil de la part de beaucoup des partisans d'un mouvement fasciste dirigé par Léon Degrelle. Ce personnage restait loin d'être méconnu pour Monsieur Rémi Georges puisque ce même Georges Rémi l'avait quelque peu aidé pour la propagande de REX, groupe pro-hitlérien.

 

Installé – réfugié – pendant plusieurs semaines dans Collanges, Monsieur Rémi Georges s'attirait, dit-on, la curiosité amusée des villageois en dessinant au crayon des petites têtes jumelles entres-elles et toutes ressemblantes à celle de l'enfantin TINTIN.

 

Sur des serviettes en papier qu'il les croquait, les têtes, dans l'auberge du coin, entre le litre de vin régional et le fromage circulaire coupé en triangles allongés. Sur des serviettes en papier ? En 1940 ? Supposons donc que le torche-cul des chiottes, au fond du jardin, était un ruban de soie roulé et coupé mécaniquement en tronçons cylindriques.

 

Hélas ! aucun des croquetons à profil de poudre de perlintintin ne semble avoir été conservé pieusement dans le village de Collanges.

 

Quant à Monsieur Rémi Georges, après un très bref réflexe de panique, il s'en retourna vivre en Belgique, et bien vivre, publiant dans le journal « Le Soir ».

 

De ces années 40, Doc Jivaro garde tout un lot de CŒURS VAILLANTS qu'il paya je ne sais plus à quelle date mais dont je me souviens le lieu : Montluçon, rue Grande. Une librairie de revente de livres, à gauche en montant vers l’Église Notre Dame. La boutiquière ne s'attendait plus à vendre ce paquet de Cœurs Vaillants endommagés.

 

- Ça vient, je crois, d'une des maisons qui furent bombardées quand les Anglais voulaient détruire l'usine Dunlop. Ils ne sont pas beaux tous plus ou moins déchirés (elle parlait des journaux).

 

 
bd ancienne,bd de collection,coeurs vaillants,tintin,montluçon 1943,georges rémi

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

N° 1

du dimanche 3 janvier 1943.

 

 

 

 

Le Maréchal Pétain fit un passage, en 1943, le 16 septembre, après les chutes de bombes anglaises dans les environs de Montluçon.

Tenez, voici « Montluçon dans la tourmente » imprimé à Lyon, 16 rue des Remparts-Ainay. A l'intérieur du fascicule, des photos où le vieux français, chaussures cirées et crane moulé dans un chapeau BCBG, rend visite à des gens sans abri qui n'ont pas du tout l'air de familles musulmanes entrées clandestinement en France.

 

 

bd ancienne,bd de collection,coeurs vaillants,tintin,montluçon 1943,georges rémi

 

 

 

Que voulez vous ? En ces temps écoulés, Dieu était français.

Et Philippe Pétain ne prévoyait pas que plus de cinquante années après le « Débarquement en Normandie », les services de déminage français retrouveraient des bombes britanniques non explosées dans le sol où dorment pour ainsi dire morts : Péguy, Casque d'Or et mon père.

 

Doc Jivaro (MFCL)