01/07/2017
Les Tarzanides du grenier n° 258
Les héros BD inventés par le capitalisme des Etats-Unis influencèrent les dessinateurs plus ou moins encartés communistes travaillant pour l’hebdomadaire VAILLANT, en France de l’après 1945.
Parmi eux, Bastard, René Bastard (1900-1975) s’inspira principalement de PRINCE VAILLANT mais en limitant généralement les exploits de son YVES LE LOUP aux seuls halliers et rocailles humidifiés par les brumes marines de Bretagne.
La planche de bandes dessinées suivante pourrait avoir été prélevée dans l’un des exploits de TARZAN où le héros de E.R. Burroughs voyage périlleusement jusqu’au centre de la terre. … Pellucidar, vois-tu, jouvencelle, toi sortie des forêts de Brocéliande ?
Observons que cette séquence BD est absolument démunie de bulles ou de fumetti … Les dialogues demeurent inclus dans le récit conformément à la littérature d’un roman traditionnel. Mais en raison de ce choix, nous pourrions croire que cette histoire provient d’un journal édité en France pendant les quatre années où domina un « régime fasciste » incarné par le maréchal Pétain promenant ses chaussures et sa canne dans le grand parc de Vichy.
N’en est rien pourtant.
VAILLANT, logé au 5 boulevard Montmartre, dépendait entièrement des collaborateurs de l’Union Soviétique. Cependant, sa décision de refuser les bulles dans l’imagerie de la bande dessinée resta longtemps conforme à la censure édictée par les « collabos du nazisme ». En réalité, les bataillons communistes de l’après-guerre 1940-45 répartissaient la BD en deux catégories bien distinctes l’une de l’autre : l’une sérieuse, l’autre humoristique. La sérieuse excluait l’emploi de bulles jugées trop américaines. Par contre celle amusante donc pas sérieuse pouvait recourir à l’emploi de bulles. Ainsi chez les communistes, utiliser des bulles désignaient une histoire à ne pas prendre au sérieux. Exemples : les deux n’animaux Placid et Muzo ou encore, mais avec plus de drôleries, la Pension Radicelle.
La planche BD Yves Le Loup est imprimée sur la page 14 du n° 481 du 1er août 1954. A l’intérieur de ce même journal la propagande communiste se manifeste (page 15) en dépit de la loi française interdisant toute agitation politique dans les journaux destinés à l’enfance.
Scannez ici
Quoi de plus beau pour un adolescent de 1954 que de rester pionnier puceau de l’URSS ?
Doc Jivaro
16:33 Publié dans BD, BD anciennes, Education, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Media, Moeurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bandes dessinées de collection, vaillant, lescureux, yves le loup, rené bastard, pension radicelle, pelluçidar, tarzan, e.r. burroughs
05/12/2015
Les Tarzanides du grenier n° 190
Édité mensuellement en France à partir d'une volaille pondue par Walter Lantz, PIKO l'oiseau bénéficia en guise de publicité de l'excellente réputation de la S.A.G.E. logée au 12 de la rue du 4 septembre dans Paris.
La S.A.G.E. publiait plusieurs BD célèbres : Superman, Fantôme du Bengale, King Police montée …
L'imprimeur en était Georges Lang dont les rotatives tournaient à plein rendement pour fournir à notre jeunesse sa dose hebdomadaire de bandes dessinées issues de toutes les origines.
En tant que coupeur de tête (avec un s. pour le pluriel), Doc Jivaro ne pouvait pas rater le numéro 1 de ce PIKO de l'année de grâce 1956.
36 pages. 2 pages en noir sur blanc alternent avec 2 pages multicolores.
Lorsque fut publié PIKO, j'avais renoncé depuis 2 ou 3 ans à lire des « petits mickeys ». J'étais passé de la « Pension Radicelle » à une douteuse « Famille Pied de Bouc » de la collection Série Noire. Autre gens, autres mœurs. Tout au plus m'attardais-je sur quelques uns des derniers titres de l'Atelier Chott.
Séquence BD de trois images chapardées dans l'ultime FANTAX (n° 9 en 1959). Quiconque se souvient des premiers films interprétés par Eddie Constantine, reconnaît dans cette BD pour enfants une façon de parler influencée par ce qui était alors la grande mode des Lemmy Caution. C'était Bernard Borderie qui filmait « La Môme Vert de Gris » en attendant non pas Godot mais « Ces dames préfèrent le Mambo », tandis que le cinéma Le REX, haut perché dans Montluçon, annonçait « La P… respectueuse » de Sartre en l'absence de toute prostituée rue des Rémouleurs.
Eddie Constantine ? Un homme vraiment pas dangereux.
Si vous souhaitez lire une filmographie sympathique du Eddie-Lemmy de ces dames, procurez-vous le numéro 79 de MONSTER BIS présenté par Alain JARRY.
Doc Jivaro (MFCL)
16:53 Publié dans BD, BD anciennes, Blog, Cinéma, Fanzine, Film, Grenier de la BD, Journaux, Media, Moeurs, Montluçon, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : piko, walter lantz, eddie constantine, alain jarry, monster-bis, bernard borderie, pension radicelle, pierre mouchot