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05/03/2017

Les Tarzanides du grenier n° 244

 

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 Daté du 22 septembre 1940 et numéroté 297, ce journal dessiné est à lui seul un des phénomène de la BD américaine publiée en France.

 

 

Son titre est double : « Journal de Mickey et Hop-Là ! ». Il résulte indirectement de la défaite guerrière de notre pays devant l’armée allemande et ne compte que huit pages dont quatre pauvrement imprimées en bleu et rouge-rose. Preuve que les restrictions accablant la France archi-battue, obligèrent certains journaux jusqu’alors séparés les uns des autres à fusionner entre-eux pour baisser leur coût de fabrication et ne subsister que de façon précaire.

 

Toutes les histoires dessinées sont influencées américaines même lorsqu’elles sont fabriquées par des studios européens. Le droit de copie détenu par l’agence Opéra Mundi créée par Paul Vinkler en alliance commerciale avec Walt Disney, permet à ce même Paul Vinkler, réfugié aux États Unis, de continuer à gérer ses affaires par l’intermédiaire de travailleurs restés en France à leurs risques et périls. D’où le résultat étonnant : l’américanisé « Journal de Mickey et Hop-Là » bénéficiera de l’autorisation d’être édité en France pendant toute la durée des hostilités sanglantes entre américains et allemands.  Son dernier numéro, le 477 est daté du 2 juillet 1944.

 

Mais attention les yeux ! s’il vous arrive de lire le bas de la page huit du numéro 309 du 15 décembre 1940, vous penserez peut-être que ce Mickey semble avoir joué vicieusement sur le sens du verbe « collaborer ». Le jeune lecteur, à l’époque, était-il incité à aider gentiment SON journal ou alors à aider politiquement le Maréchal Pétain dans Vichy ?

 

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 Doc Jivaro et Mfcl

 

 

24/08/2013

Le Petit Censeur Illustré n° 6

Notre paresse, qui devrait être proverbiale, nous dispense de répertorier chronologiquement l'ensemble des « Justiciers masqués » présents dans la BD française pendant les cinq années qui suivirent l'entrée de la Division Leclerc dans Paris.


La troupe américaine ayant précédé tous ses alliés, son implantation armée en France allait faciliter le retour des journaux « Comics » et autres « Petits Mickey » interdits depuis 1941 par l'occupant allemand. Ainsi un DONALD, dès 1947, était-il publié par Paul Vinkler - Opéra Mundi - pour tenter de rétablir la suprématie du commerce de l'imagerie yankee dans le pays de de Gaulle et Thorez. Les dessinateurs de bandes dessinées françaises, qui s'étaient amplement exprimés avec l'approbation de l'administration germanique depuis 1941, décidèrent de s'opposer à ce qu'ils dénonçaient comme une invasion étrangère venue d'Outre-Atlantique.


Pierre Mouchot fut l'un de ces patrons français qui combattirent la production américaine, mais sans donner un aspect politique à son combat. Il signait Chott. On lui doit d'abord la Bédé FANTAX, le plus retentissant de ses enfants. Ensuite, il fonda de nombreux personnages à succès, les perdit tous à la fin. Attaqué, malmené, persécuté (disons le sans exagération) il le fut par ses rivaux politisés. Il était bien français, pas américain ; et ce furent cependant des français qui le détruisirent. Peut-être cherchèrent-ils à faire oublier qu'ils demeuraient tous impuissants à briser l'efficacité commerciale américaine en France. Incapables de couper les ailes de l'aigle planétaire, ces messieurs cassaient les pattes du merle provincial.


Chott, en compagnie d'un Melwyn Nash créa en 1947, un BIG BILL le Casseur. Sur douze pages au prix de 12 fr.

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Un héros très musclé. Il tue. Il tue parce qu'il est impitoyable, pareil à Moïse qui faisait mettre à mort ceux des juifs qui refusaient d'adorer le dieu nouveau qu'il leur apportait.


Les meurtres que BIG BILL commet ne seraient que de sadiques assassinats si nous refusions de voir en lui un justicier solitaire se substituant à une police et des juges manquant à leurs devoirs. En somme, rien d'anarchique. Sherlock Holmes, avant BIG BILL agissait pareillement, supplantant Scotland Yard dans maintes affaires criminelles. L'influence de Lone Ranger « Cow boy masqué » publié en France dans le HOP-LA ! de 1939, est plus que plausible. Car de même que Lone Ranger est aidé par l'indien Tonto, BIG BILL le casseur est soutenu par le JAGUAR, un de ces emplumés peaux rouges qui scalpent aussi rapidement que gaiement chaque ennemi cloué au sol. Quant a BIG BILL, il casse les dents, disloque les mâchoires, écrase les vertèbres. Et lorsqu'on en sort vivant c'est pour en rester infirme.


Le CASSEUR BIG BILL fut publié sur 94 numéros en dépit des procès attentés contre son éditeur Mouchot. Ce dernier dut cependant accepter quelques sacrifices pour allonger la durée d'existence de  son champion. Par exemple renoncer à le dissimuler sous un masque. Et s'il résista beaucoup aux noirs bataillons des curés en soutane et des instituteurs en hussards de la République, il en fut finalement déchiré, jeté aux poubelles. BIG BILL le Casseur meurt, pourrait-on dire, au numéro cinq de RANCHO, année 1955.


Epuisé, ruiné, le créateur Mouchot-Chott est obligé de vendre ses EDITIONS RHODANIENNES à EDIT EUROP, un liquidateur qui se bornera à écouler les invendus ainsi qu'à fabriquer quelques titres d'une parution éphémère.

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Mais plus tard, surprise ! en 1961, EDIT EUROP place sur le marché de la presse, un COLORADO n° 1 – Il n'y aura d'ailleurs que quatre numéros ! - On y retrouve, inattendu, le BIG BILL de Mouchot-Chott. Seulement, en réalité, il ne s'agit que de la réimpression du premier épisode, celui antérieurement édité en 1947. Cette réimpression n'existe qu'après avoir passée par le couperet de la guillotine. Voyez donc : BIG BILL a définitivement perdu son masque. Il présente son visage tout nu – quelle impudeur ! et la lettre majuscule C sur son plastron, résumant le fracassant CASSEUR, est remplacée par un B (BIG BILL) parfaitement inoffensif.

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On ne devrait pas avoir à vous le redire : pendant la décennie 50 à 60, toutes les BD exhibant de fantaisistes  héros masqués seront interdites en France. ZORRO n'y échappa pas non plus lui qui, par le crayon de Oulié, réussissait bien aux dépens des ATOMAS et SATANAX, autres créatures BD françaises plus ou moins confectionnées selon la formule des BATMAN et des PHANTOM du Bengale.

 

Doctor Jivaro

(Insatisfait de son texte)