21/12/2013
Les Tarzanides du grenier n° 45
L'ensemble de cette image est influencé par les travaux de Hogarth, lequel succéda à Foster dont il amplifia le style pour couronner d'une réputation mondiale TARZAN.
Dans ce dessin qu'ici nous trouvons isolé de la BD à laquelle il appartient, les motifs en sont tous influencés par Hogarth. La grosse branche tordue, noueuse et saccadée dans son parcours ; le personnage acrobate lancé en plongée (doté d'un bras gauche surdimensionné) et formant comme la pupille d'un œil géant délimité tout autour par l'abondance des feuillages … etc, etc. Mais surtout, une erreur fréquente dans les illustrations populaires : la liane est suspendue à la cime des arbres alors qu'en réalité toute liane possède sa racine dans le sol. Elle monte, ne descend pas.
YAK n'est pour ainsi dire jamais mentionné parmi les Tarzanides. Cependant, beaucoup des péripéties auxquels il survit offrent des ressemblances avec celles du héros de Burrough. Même si Yak ne se présente pas quasi dénudé, n'ayant pour seul vesture qu'un pagne de pudeur auquel s'accroche un couteau-poignard, symbole d'une indépendance que l'adolescence gagne au détriment du père. Dans le domaine d'une royauté débutante, on hérite peu, on usurpe beaucoup.
Couverture numéro 1 de Yak, 1949.
Aujourd'hui, chez nos enfants gavés de surhommes et d’animaux fantastiques (au fond ce sont les mêmes), l'existence révolue des dinosaures est devenue comme contemporaine. Il n'en fut pas de même pour nous qui naquîmes pendant l'affrontement armé entre américains et japonais (d'où résulta la seconde guerre mondiale). Les « Lézards terribles » étaient alors rares, de peu d'importance dans les scénarios de la bédé. Ce qui explique que cette couverture de grand format numéro 1 de YAK – 1949 – impressionna fortement les petits écoliers de la quatrième république. Scandalisant en même temps – eh, oui ! - nos vieux instituteurs dont l'enfance ne fut souvent amusée que par « Zoé Plouf, femme à poigne » ou encore « Le bain de pieds de Monsieur MILIBAR » - Faites bien dodo les petits n'enfants !
Docteur Jivaro
Semaine prochaine, nous rappellerons les mutations dévalorisantes qui frappèrent YAK, celui-ci mutilé par l'infecte censure 1949.
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02/11/2013
Les Tarzanides du grenier n° 41
Catalogue "Bande dessinée et figuration narrative", année 1967. Musée des Arts décoratifs, Paris.
À coup sûr, l'une des images parmi les plus célèbres de toute l'Histoire de la Bande Dessinée. Peut-être même la plus obsédante. Celle qui focalise l'attention individuelle, tout un égocentrisme d'enfance qui perdure mais dissimulé jusque sous l'âge adulte.
Burne Hogarth – encore lui ! - la traça, la data du 19 mars 1950. Des journaux pour grandes personnes la publièrent. Cependant, en France, le magazine hebdomadaire TARZAN (de 1946 jusqu'en 1953) refusa de la faire admirer à sa jeune clientèle. Aussi manque t'elle dans le numéro 208 où elle aurait dû paraître.
L'interdit frappant ce dessin s'expliqua d'abord par le refus d'exhiber des scènes de violence dans les livres pour enfants. Mais aujourd'hui et depuis une vingtaine d'années, la critique à l'encontre de ce même dessin se manifeste par souci de lutter contre le racisme. Un racisme paraissant n'être dénoncé qu'à sens unique : l'européen d'origine est raciste, l'africain et l'asiatique ne le sont pas. Et si vous avez la peau plutôt claire, mettez-vous bien ça dans la tête, vous vous épargnerez ainsi des malentendus au jour le jour pendant votre survie citadine.
Tarzan a t'il attaqué en premier ? C'est plutôt lui qui vient d'être assailli par une tribu d'êtres humains à l'épiderme sombre. Il réagit vigoureusement. Au lieu d'avoir la trouille et de s'enfuir en faisant caca dans son slip moucheté en faux cuir de panthère. Son réflexe brutal est donc fasciste, nous le démasquons tout de suite. D'autant que … Tenez, regardez la forme de sa chevelure. C'est une flamme ! la flamme symbolique du Ku Klux Klan. La flamme des cérémonies fastueuses et nocturnes dans l'ancien Nuremberg. On voit par là que Tarzan a vraiment une tête qui fait penser à celle des statues sculptées par Arnold Breker et qui gardaient l'entrée de la chancellerie du IIIe Reich. C'est l'évidence, voyons. Et patati et patata.
Non, non cette autre image n'est pas en provenance du monstrueux abominable TINTIN au CONGO. Je viens de l'extraire de la première page du SPIROU n° 485 de l'année 1947.
Étant gosse je trouvais normal qu'une personne débutant un langage inhabituel pour elle, le parlât de travers. Premiers pas, première chute. Bien sûr, j'en riais un peu ; mais qui donc ne rit pas de la glissade involontaire d'autrui sur une pelure de banane pourvu qu'il n'y ait pas blessure ? Notre nature fait que le rire nous vient souvent moins d'être en bonne santé que d'être témoin d'un petit malheur qui ne nous frappe pas.
Si vous en croyez les « chiennes de garde » il paraît que rire d'un dentier porte atteinte à la dignité des vieillards. Moi, c'est l'absence de soutien-gorge chez la chienne de ma voisine, qui me fait rire de certaines femmes.
Docteur Jivaro
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12/10/2013
Les tarzanides du grenier (n° 40)
Faux jumeaux, vraies lectures.
Deux couvertures, l'une 1972, l'autre 2010. La première éditée par CHUTE LIBRE, la seconde par SEUIL. Philip José Farmer et Guy de Lucheney, espacés de presque quarante années.
Une seule image utilisée pour les deux titres : Tarzan vous salue bien ET Moi, Tarzan. Deux ouvrages montrant comment Tarzan – supposé être un homme réel – perçoit son existence racontée par les romanciers et par Hollywood. Cependant, l'image, sortie d'une BD signée d'Hogarth en 1941 a subi un agrandissement, et la trame d'imprimerie permettant d'éclaircir la couleur orange du fond n'en devient que plus visible sur le muscle élargi du héros phallique.
Nous ne sommes plus des enfants, ne nous laissons plus berner. Regardez bien, regardez mieux : ce n'est pas son index que brandit Tarzan, c'est son doigt majeur. Celui du « doigt d'honneur ». Vérifiez en comptant les doigts à partir de l'auriculaire plié.
Comment expliquer ? Hogarth étourdi pendant qu'il dessine ? Hogarth malicieux, volontairement grivois pour tester si le correcteur - maison - pointera le geste interdit dans un journal américain de 1941. Ou alors Hogarth victime des obsessions de son « inconscient freudien » ? Je n'en sais rien, je m'en fiche même. Mais je me suis souvent agacé de l'hypocrisie fréquente dans le graphisme de celui que ses admirateurs surnomment - sans ironiser - le Michel-Ange de la bande dessinée.
Si Michel-Ange avait utilisé l'anatomie humaine comme l'utilisât Hogarth, jamais Jules II et les meilleurs de ses contemporains ne lui auraient confié la décoration du plafond de la Sixtine.
Docteur Jivaro
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28/09/2013
Les tarzanides "Héros masqués"
Signalée par quelques-uns de nos commentaires passés, l'abondance de BD françaises pendant l'occupation hitlérienne de notre pays est maintenant enregistrée comme réalité historique. Réalité longtemps négligée voire niée par les historiens et autres « journalistes agréés », tous plus ou moins influencés les uns par le patriotisme bourgeois gaulliste, les autres par une doctrine communiste finalement utile aux seuls intérêts hégémoniques de l'URSS.
Dès 1940 et jusque dans les années 47/48, beaucoup d'éditeurs français spécialisés dans les journaux illustrés « pour la jeunesse » abandonnèrent la moitié nord de l'hexagone et s'installèrent en zone sud, celle-ci reconnue « libre » par le nécessaire armistice entre Pétain et Hitler. Comment ça, vous en êtes scandalisé présentement, soixante dix ans après ? Auriez-vous préféré que nos villes, y compris Paris, fussent dévastées par l'aviation allemande toute puissante à l'époque ?
PUBLI VOQ, avant de se changer en Éditions Monté Carlo - 1947 - édita bien des bandes dessinées depuis la ville de Nice, même si Nice se retrouva ravagée par les bombardements américains en 1944. GARRY KID et KING LE VENGEUR vinrent de sa production mais seulement à partir de 1948. Tous deux scénarisés et dessinés par le jeune Bob LEGUAY, lequel de Bob LEGUAY gagna surtout sa bonne réputation de bédéïste en prolongeant pendant 10 ans - jusqu'en 1961 - le TIM l'AUDACE inventé par les frères GIORDAN en 1947.
C'est principalement de KING LE VENGEUR dont nous vous parlerons, semaine prochaine. S'agit d'un personnage masqué dans un genre inspiré de ZORRO ; mais dont la durée d'existence demeura assez furtive.
Un des produits BD année française 1942. Pour les enfants, la violence est bien admise par la morale du gouvernement dans Vichy, mais à condition de parler d'évènements historiques relatant la France en lutte contre tous les ennemis de son unité nationale.
Docteur Jivaro
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31/08/2013
Le Petit Censeur Illustré n° 7
Depuis le numéro 12 jusqu'au 15 dans la troisième série de hebdomadaire TARZAN - 1953 – le jeune lecteur pouvait suivre le parcours de révoltés Zoulous ravageant des villages peuplés de familles originaires de l'Europe.
On se trouve alors à proximité d'un chef-lieu – Kindu – autrefois désigné Port – Empain en souvenir du chemin de fer installé colonialement par un pays d'hommes blancs jadis expansif : la Belgique.
Agir de nuit en cachant leur visage sous un masque phosphorescent, telle est la tagada tactique des rebelles africains que le fils adoptif de Kala la simiesque devra abolir.
Oh ! Oh ! Un policier colonial se voilant d'une cagoule ! Serait-ce lui le chef secret des révoltés incendiaires, lequel s'assure l'obéissance des émeutiers en s'attribuant le nom historique d'un grand empereur zoulou : Shaka ? … TARZAN devra, à son tour dissimuler sa physionomie sous une capuche, pour vaincre son ennemi politique.
L'une de mes trois collections complètes de la troisième série des TARZAN – de 1 à 31 – comporte une dizaine d'exemplaires frappée du tampon « Secrétariat Commission de Surveillance etc. » Quelques-unes des images sont rayées d'un gros trait rouge d'encre indiquant l'hostilité de tel ou tel censeur envers leur contenu. Un avertissement suivait parfois à l'adresse de l'éditeur : « à l'avenir veillez à ne pas faire paraître de telles violences pour un public d'enfants ».
Il n'était pas rare que cette « Commission Surveillance, etc. » se plaignît de recevoir avec du retard les journaux BD mis en vente avant qu'elle en enregistrât réception. Pourtant, exemple contraire, le numéro 21 du 15 août 1953, bel et bien reçu le 9 août. Mais lorsqu'on veut tuer son chien …
Les censeurs eux-aussi portent souvent un masque. Ainsi dépersonnalisés ils n'en sont que mieux à leurs aises pour causer du tort à telle ou telle « tête de turc ». Leur masque c'est la pudeur ou encore l'abstinence, et c'est ainsi qu'ils prétendent protéger l'innocence alors qu'ils condamnent à une longue ignorance divers groupes sociaux.
Docteur Jivaro
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20/07/2013
Le Petit Censeur Illustré n° 4
Image américaine de BD et qui date du 30-09-1936. Publiée une première fois dans le magazine français JUNIOR, celui-ci s'assurant un beau succès populaire en publiant en couleur sur grand format la bravoure de TARZAN.
Ci-après, la même scène mais quelque peu truquée par le dessinateur FRISANO en 1953 et pour le journal JIM TOMAHAWK. Il s'agit du numéro 22 de 12 pages, édité par RAY-FLO.
Sur le web comme dans l'officiel BDM, l'information relative à Jim Tomahawk circule rarement, toujours incomplète. Aussi n'en sais-je pas plus sur lui que tous ceux des autres collectionneurs BD qui n'en savent que peu. (Il exista aussi un autre Jim Tomahwak paru plus tard, en 1969 ; mais ne nous interessant pas vraiment). Celui de 1952-1953, seul, attire notre attention.
Signalons que le dessin de la couverture numéro 20 (1952) LE TRESOR INCAS fut utilisé une deuxième fois pour illustrer une autre couverture, celle de l'album numéro 1 (1953) du même Jim Tomahawk. Cet album relie les numéros 13 à 24.
La censure excessive organisée par les catholiques et les communistes interdisait aux enfants que nous étions d'apprécier les BD d'origine américaine. Mais cette même censure permettait à beaucoup de dessinateurs anonymes de piller la riche production du « sale capitaliste yankee », compensant ainsi leur manque d'imagination graphique.
Les exemples du pillage sont fréquents, surtout pendant la décennie des années 1950. Tenez, en voici encore un.
Extrait de « Aigle d'or » année 1956.
35 numéros produits par la SFP.
L'image n'est que la copie vulgaire d'une action tracée par Hogarth (29-07-1945) pour l'aventure TARZAN contre ARIZU KAHN.
Docteur JIVARO a grand besoin de vacances.
15:52 Publié dans Arts, Fanzine, Journaux, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bd, bandes dessinées anciennes, hogarth, tarzan, junior, frisano, jim tomahawak