08/05/2016
Dimanche, jour du Seigneur n° 9
- C’est vrai que tes oreilles ont grandi plus vite que ta tête.
Quoi, comment ? Et c’était ma mère qui confirmait une inquiétude, un malaise qui m’occupait depuis que je m’étais attardé devant la glace de l’armoire, rien que pour vérifier ce que je croyais être la symétrie naturelle d’un visage. Ma paire d’oreilles m’avait soudain paru trop grande, et chaque oreille décollée façon Jumbo.
Maman chercha à me rassurer : ça s’arrangerait avec le temps.
Peut être. Seulement, ça s’aggravait surtout au moment d'aller dehors. Fallait remédier à cette difformité d’autant difforme que je n’avais pas joyeusement imaginé jouer le clown au centre d’un attroupement de moqueries.
J’eus le bon réflexe : le béret. Je n’aimais pas le béret … Mais il y avait toujours une raison pour qu’un béret chapeaute mon crâne. Un jour : il va pleuvoir, mets ton béret. Un autre : il fait du vent, tu serais dépeigné. Encore un autre : le soleil tape, tu risquerais en pédalant sur ta bicyclette sur la route de Guéret, une insolation sans ton béret.
Pour une fois, elle allait vraiment être utile, la coiffure basque inséparable de la silhouette du maquisard embusqué. Le béret, je l’enfonçais jusqu’au ras des sourcils, bien à fond. J’enfermais mes esgourdes, les cachant pour les rendre inexistantes. Une esgourde ? j’ai dû trouver cet argot pendant mon adolescence chez Auguste le Breton. Allons, la journée s’annonçait moins mauvaise que ce que je craignais.
Mais comment avais-je pu oublier Marie-France ? … Marie-France était une gamine dont le jour de naissance et le mien sont à égalité depuis plus de soixante dix ans. Nous nous rendions intéressants devant la ménagerie des enfants du quartier en affirmant être frère et sœur de lait : « La même nourrice, on a eue ! »
Toutes les vraies nourrices portent de gros nichons ou, alors, ce ne sont que de fausses nourrices tricheuses et qui allaitent avec un Robert le marmot. Le Robert c’est le biberon.
Le lendemain, j’étais content de revoir Marie-France.
Elle m’accueillit d’un coup de pied.
- Avec ton béret enfoncé sur tes oreilles qu’est ce que t’es moche !
Moche ! Moi ? … Et elle, avec sa paire de lunettes sur son nez trouée de deux narines, elle n’était pas moche, cette binoclarde ?
Elle m’avait contrarié, la petite vache.
Mais en même temps, je ne disposais pas d'assez d’héroïsme pour lui déplaire. Je décidais donc de jeter mon bonnet non pas par dessus les moulins ; mais au moins dans ma poche de culotte. Dans ma poche gauche car, pour ce qui était de la droite je l’utilisais pour garder ma réserve de billes.
Donc, le béret disparu, ma liberté renaissait. Je guettais le moment où Marie-France sortirait de sa maison familiale au bout de la rue, se rendant comme moi « au Caté du jeudi matin » ; mais pas dans le bâtiment des garçons, elle.
Ravalant la dernière goutte du venin que j’avais entretenu à petit feu, je courus avec une fierté renouvelée vers la binoclarde.
- T’as vu, je n’ai plus de béret.
- On ne t’a jamais dit que tes oreilles débordaient de tes épaules ?
Ryal
16:02 Publié dans Education, Histoire, Montluçon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catéchisme, montluçon, paroisse saint paul, auguste le breton, souvenirs d'enfance
07/05/2016
Les Tarzanides du grenier n° 211
Sans doute l’avez-vous oublié – ou alors, jamais connu. En tout cas le voici : KAZAR en son premier numéro.
Recherchant un titre percutant, le choix se fixa sur le nom d’un formidable objet lumineux que des astronomes à tête savante venaient de découvrir loin, loin dans les espaces intersidéraux et auquel ils avaient attribué le nom de QUASAR.
« A fort décalage sur les rouges et émettant des ondes radio, chaque QUASAR produit une énergie supérieure à un millier de galaxies ordinaires » ...J’ai lu quelque chose sur ce sujet mais, par prudence pour mon hygiène de vie, sans m’attarder sur un tonnage d’équations non-transportable par ma cervelle de mulet.
Orthographié autrement mais en gardant une résonance de lecture française, KAZAR fut une BD éditée à peu près vingt années après que l’Éditeur Artima ait cédé (1962-63) ses parts de marché à un Arédit dépendant des Presses de la Cité.
Dépôt légal daté de 1982, KAZAR se laissa entraîner par des aventurlures alors en vogue : L’Héroic Fantazy, Le Gore saignant et les histoires préhistoriques revisitées par l’affabulation écolo, entre RAHAN né de Lecureux et Cheret, ou encore avec CONAN le Babar … Pardon : CONAN le barbare. Les enfants disent aussi : le Barbant. Les enfants sont méchants.
KAZAR ne disposa que d’un fil de vie tôt coupé net : six numéros, en tout et pour tout, pas un de plus. Un trou de gnome dans une carrière immense ouverte par des brutes géantes toutes dotées de biceps dopés à la gonflette de chez Bibendum.
KAZAR ? une revue BD fragile, vulnérable. Ses pages ne sont pas pliées en deux pour être agrafées en cahiers : elles ne sont que coupées à leur charnière et maigrement collées à moindre coût de fabrication. Vous les tournez quatre fois, elles se détachent les unes des autres pendant qu’entre vos mains disparaît le journal.
Comme quoi, un KAZAR n’est pas ce que croient les astrophysiciens balayant de leur balai mathématique toute une « Poussières d’étoiles ».
Ryal
16:28 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Grenier de la BD, Journaux, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kazar, quazar, presse de la cité, cheret, conan le barbare, rahan, hubert reeves, héroic fantazy, aredit
06/05/2016
C'est la dernière séance de SINE
- Nous parlions de LUI. Penser à LUI c’est aussi penser à SINÉ. Dites-nous : est ce que SINÉ est un cochon pareil à ses dessins cochons ?
- Non … SINÉ est un type charmant. Seulement, SINÉ après avoir bu il est comme tout le monde : excessif. Mais je ne voudrais pas que vous conserviez quelques vacheries que je dirais contre des collègues.
- Rappelons un recueil de ses dessins paru chez Pauvert en 1965. Ce n’était pas simplement un antimilitarisme d’adolescent attardé : ça puait le racisme anti-race blanche, ou peu s’en fallait.
- SINÉ, très violent, reste très injuste. Il est très anti-clérical, très antibourgeois. Moi, ça ne me dérange pas. Ça ne me dérange pas, enfin … ça ne me dérange pas au niveau de l’expression d’un dessin.
- Vous appartenez au groupe des HUMORISTES ASSOCIÉS. Comment ça se déroule les réunions ?
- D’une façon très démocratique c’est à dire d’une façon effroyable. On s’engueule. Alors, pour aboutir, on a élu des sortes de mandataires. Tout ça se passe au « Jardin de la Paresse », tous les mardis. Mais moi, j’y vais rarement. Il y a un Prix DAUMIER. Mais vous savez, humoriste, à mon avis, ce n’est pas un métier. Tous font autre chose. De la peinture ...
Extrait d’un interview publié dans le numéro 4 de RECTO-VERSO – 1983 – et rendu anonyme ici.
Ryal
17:20 Publié dans Actualité, Arts, BD, BD anciennes, Grenier de la BD, Media, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bar zing, recto verso, siné, trez, bd, siné massacre, lui
05/05/2016
"Siné" qua non
14:50 Publié dans Actualité, BD, BD anciennes, Dessin humoristique, Grenier de la BD, Journaux, Santé | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : siné, siné massacre, trez, recto verso, hara kiri, l'enragé, jardin de la paresse
04/05/2016
800 euros cash pour le prof
Présidentielles 2017 :
Les frères de la rose
affinent leur stratégie
10:39 Publié dans Actualité, François Hollande, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : 800 euros, cannabis, présidentielles 2017, regroupement familial, migration islamique, corps enseignants
03/05/2016
Hier soir, c'est sorti sur RTL :
Le camarade patron fils du peuple
GATTAZ :
10:43 Publié dans Actualité, Dessin humoristique, Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : loi el khomri, gattaz, nuit debout, parti de gauche, casseurs, besancenot, martinez, mélanchon