23/10/2008
BD prémonitoire
La BD semble parfois s'improviser prophétesse, annonçant un événement futur que peu de gens sérieux croient réalisable. Regardez ci-dessous comment un membre du ku klux klan alarme les électeurs américains de ce qu'une... (mais lisez donc le texte dans la bulle de l'image).
Ne croirait-on pas cette image fabriquée récemment pour servir d'avertissement aux USA pendant l'actuel affrontement politique entre McCain et Obama ? On la daterait de 2008, d'aujourd'hui. Or, elle fut fabriquée en 1956, en juin. Publiée dans le mensuel spécial Rancho n° 3 alors vendu au prix de 65 frs. (Aujourd'hui 15 à 20 euros pour les collectionneurs selon l'état de conservation des cents pages brochées.)
Le héros central en est Black Boy, abusivement présenté agent F.B.I. Sa physionomie est imitée de celle, bien réelle de l'acteur Lino Ventura, alors débutant prometteur dans "Le gorille vous salue bien". Sur le devant du survêtement de Black Boy, face à nous, l'initiale B redoublée forme comme un logo de bondage - Mon bonjour à Gwendoline !
Le plus amusant et que pendant la fin des mêmes années 50, l'actrice de cinéma Brigitte Bardot sera popularisée sous le même redoublement de la lettre B. "Pour l'amour de BB Gaston a tout vendu" écrivait-t'on, oscillant entre ridicule et apitoiement dans Radar n° 532 pour un article daté de 1959.
Black Boy n'eut pourtant pas le temps de ce rincer l'oeil devant la jeune BB toute nue en présence du quinquagénaire Kurt Jurgens, dans un film religieusement titré par Roger Vadim. C'est que Black Boy, en justicier multifonctionnel, était trop occupé à détruire un des repaires du KKK, et que ça n'était pas du facile facile.
Damned !
Après une bagarre à grands coups de poing et grands coups de pied contre un malais, un turc, un noir, un sumotori et un chinois "boxer" à natte de collégienne BCBG, Black Boy met en échec tous les méchants racistes et jusqu'à leur boss, le gouverneur Beverley qu'il livre dare dare à la police yankee. Au final résonne une parole sentencieuse que tous les geôliers communistes d'URSS pouvaient applaudir à l'unisson de leurs victimes démocrates.
A dire vrai cette aventure réussie par le g'man BB avait déjà été réussie précédemment par son propre père, le grand Fantax. Car BB - garçon noir - est bel et bien le fils des amours de Fantax avec son épouse, la pulpeuse Patricia.
C'est pourquoi le scénario de notre Black Boy de 1956 apparaît comme la copie du scénario de Fantax 1948. Seuls le costume et la mise en page ont subi des modifications d'un journal à l'autre. Aussi voit-on le fils agir à visage découvert quand le père s'avance visage masqué.
Car Fantax est un ... cagoulard !
Et lorsque mon instituteur à l'école Voltaire, le camarade stalinien Servant, dégotta un exemplaire de Fantax dans mon cartable en 1950, il m'envoya me faire taper dessus chez le directeur, un vieux auquel je prédisais mentalement des funérailles pour le lendemain. Mon petit cul vierge de huit ans fut malmené par deux mains épaisses, deux paluches poilues jouant du tambour sur mon podex mal protégé par ma culotte courte.
Je n'ai pas pleuré. L'orgueil ... Même si Fantax pleura d'avoir cru morte sa petite fille Barbara.
Signalons que les mouvements des personnages de Fantax et de Black Boy sont presque toujours calqués sur ceux d'abord inventés par Foster (1892-1982) et Hogarth (1911-1996), le premier pour Prince Vaillant, le second pour Tarzan.
Trois images font un exemple ci-après.
Sinon de la contrefaçon ; des emprunts incessants.
Parfois l'attitude est simplement un reflet miroir.
Lyar
15:47 Publié dans Actualité, BD | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bd, fantax, black boy, obama, bar-zing de montluçon