24/03/2013
A tire d'Elles n° 59
Je me tenais trop éloigné pour distinguer les paroles. Mais ça se voyait dans les mouvements du corps : le quidam sortait en lançant des menaces.
Une heure après, tout le monde semblant l'avoir oublié, le type revenait, serrant un objet dans sa main. Un couteau ! Il a un couteau ! cria quelqu'un. Les filles disparurent dans les couloirs, chaque porte se fermant derrière elles.
La police rappliqua.
Pierre, qui était un des videurs mais en berne cette nuit là, commenta : j'suis pas assez fou pour m'en mêler. Que cette Carole se démerde toute seule. Elle a trop souvent des grolles avec le client. D'ailleurs, ici, ce n'est pas mon coin.
Nous partîmes nous payer deux bières – pression - éventées, dans le grand café d'angle des rues Saint Denis et Réaumur, qui restait ouvert toute la nuit, sauf une heure pour balayer autour du comptoir.
Pierre expliqua qu'il avait trouvé un vrai boulot chez Mampower. Je me suis présenté en cravate, tu croirais pas.
Nous étions en 1971 ou 72. Je ne prévoyais pas que je ne reverrais plus Pierre pendant les décennies suivantes.
- Dans la vie, mon vieux, faut savoir où l'on va.
J'ai gardé cette parole dans l'oreille.
15:10 Publié dans A tire d'Elles, Arts, Brèves du trottoir, Sexualité, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : strass, prostitution, prostitution populaire, prostitution parisienne, vie parisienne, moeurs parisiennes, sexualité
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