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16/02/2018

SNCF : 50 milliards de déficit annuel ?

 

Les mauvaises langues clabaudent

 

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Mémoire Ferrifère

 

Chaque année depuis celle de mes dents de lait jusqu’à celle de mes premières éjaculations, nous voyagions par le train jusqu’à Parsac en Creuse. Il y avait Maman, il y avait Papa et il y avait moi sans la bonne. C’était le 15 août pour la fête mariale.

 

Le départ s’effectuait à Montluçon.

 

— Bonjour monsieur ! Je voudrais trois tickets : deux pour des grandes personnes et un pour un enfant.

 

Maman payait avec l’argent de Papa, puisque Papa était travailleur salarié quand Maman travaillait aussi mais sans être payée puisqu’elle travaillait comme Jeanne d’Arc : au foyer.

 

Sur le quai il y avait un monde fou, celui des congés payés et, à ce moment-là, pas question d’être propriétaire d’une voiture à essence.

 

Dans le train pratiquement toutes les banquettes en bois étaient occupées par des familles SNCF pour qui le transport était gratuit. Au contraire nous qui déboursions notre fric en espérant avoir une place assise nous nous trouvions à demeurer debout.

 

– Ton Père va encore se ramener au dernier moment.

 

Chaque fois que Papa sortait de la maison c’était comme s’il devait mettre toute une garnison autour d’elle. Il vérifiait trois ou quatre fois la fermeture du gaz, celle des robinets d’eau et testait la résistance de chaque serrure fermée à double tour de clef.

 

 

Par tout un jeu des épaules autour d’une trentaine de bustes, papa s’était rapproché de nous dans le couloir du wagon surchargé : Henriette je suis ici ! attends-moi ! ne bouge pas ! Comme

si maman, prisonnière de ses deux bras croisés contre lesquels pesait une voisine, avait pu décoller sa cheville gauche de sa cheville droite. … Et papa s’impatientant, ajouta : Qu’est-ce qu’ils fichent les gars du rail ? On est tassés comme au temps de l’occupation allemande. Il faut accrocher un wagon supplémentaire.

 

Nous étions bel et bien immobilisés. Mon visage du côté de ma joue était malgré moi appuyé contre le bas du veston d’un type. Pour un peu j’aurais entendu coasser la grenouille que nous avons tous dans nos boyaux.

 

La locomotive à charbon et à vapeur tardait à démarrer. Une voix de femme, soudain, domina notre inconfort de bestiaux : « On ne peut pas partir il parait qu’il y a un bonhomme qui s’est allongé en travers des voies ».

 

Le bonhomme c’était Papa.

 

Ryal