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10/09/2009

Derrick

Horst Tappert mort, Derrick survit

 

Ces jours derniers, je me suis retrouvé – on a de-ci de-là d'impardonnables faiblesses – je me suis retrouvé, dis-je, à revoir quelques-uns des épisodes de la série Derrick.

 

L'occasion pour Sabrina et moi de vérifier que ce genre de produit à pour but d'accréditer dans le bon peuple l'idée tordue selon laquelle tout acte sexuel accompli en dehors du mariage conduit inexorablement à un meurtre.

 

Parions que les réalisateurs, comédiens inclus, tout en étant des laïcs, veulent nous conformer aux directives religieuses dont on sait que l'influence s'exerce en restreignant et culpabilisant la sexualité.

 

Hier mercredi, c'était sur la 3 la version française intitulée « La Tentation » (1975) et que vous avez peut être enregistrée sur K7 lors de sa première diffusion télévisée.

 

Au fur et à mesure du spectacle, nous nous sommes dits que le voisin auquel la jolie blonde avait chauffé la braguette, se comportait en imbécile. Et ça nous a d'autant amusés que les histoires de Derrick sont écrites (et jouées) par des pisse-froid se prenant au sérieux – ou nous croyant assez nigauds pour les prendre au sérieux.

 

Mais lorsqu'au final l'inspecteur se fait soulever de façon involontairement comique sur le capot de la bagnole du suspect qu'il veut piéger, Sabrina a rendu un jugement sans appel : ce n'est pas le pauvre bougre de fuyard qui est un sot ; c'est tout le scénario qui est idiot.

 

Quoiqu'il en soit, l'austère Derrick est loin d'être le seul à se placer en situation de clown, tout en adoptant une attitude qu'il imagine exemplaire. Pour preuve, notre Président-Chanoine qui n'a rien inventé de moins malin que de se percher sur un caisson pour paraître d'une taille égale à celle d'Obama.

 

Complexe-d'infériorité.jpg

VAINCRE UN COMPLEXE D'INFERIORITE

21/12/2008

Mise en bière

Funérailles-de-Derrick.jpg

Derrick

Il vient de périr, Horst Tappert.

Qui ça ?  Derrick, voyons ! l'inspecteur allemand Stéphan Tappert.

Depuis plus de vingt ans que la télé nous le re-rediffuse, lui et son subalterne, l'indégonflable blondinet Harry.

A croire que tous deux formaient un couple d'homosexuels auquel aucun scénariste ne voulut fournir un rôle adéquate.

Pourtant, au début, Derrick fréquentait une femme ... qui fut tôt escamotée, l'inspecteur se retrouvant célibataire, sans bobonne pour allumer le gaz sous la casserole de cassoulet.

Tout à l'opposé de notre Maigret, commissaire bien français ou, plus précisément, bien parisien. Maigret qui, immanquablement, au cours de ses enquêtes, téléphone à sa casanière épouse :

  • Je rentre. Prépare moi une blanquette de veau

  • Bon. Ne tardes pas trop, Jules

Vaine recommandation car, cinq minutes après revirement : « Je ne rentrerai pas ce soir. Je vais m'acheter un jambon beurre et un demi de bière. Repose toi bien, Madame Maigret »

Traduction : garde la niche ma rombière.

L'inspecteur Derrick, lui, n'est jamais saisi au dépourvu quelque soit le contretemps. Toujours prêt pour le charbon Derrick ! Un meurtre vient d'être commis à 10 kilomètres de Munich. Le policier à grandes jambes se rend  tout de suite sur place. C'en est presque à croire qu'il n'a pas eu le temps de s'enfuir après avoir flingué la victime.

 

Seulement, misère ! Au fur et à mesure que les épisodes se succèdent, l'espace disponible s'étrécit et les clartés s'obscurcissent autour de Derrick. Tous les téléspectateurs ont observé le phénomène. Avec le passage des années, l'ensemble se décolore dans la grisaille les images. Pendant qu'une pudibonderie d'ordre moral s'installe, contagieuse. Conséquence : dans les premiers scénarios scénarii, de jolies filles sont présentes, effeuilleuses et dames vénales, ainsi que des épouses qu'un inassouvissement intime oblige à cocufier jusqu'à la cravate molle de leur mari. Mais par suite, tout ce sérail se vide de ses figurantes en concurrence pour l'élection de Miss Trou de Balle (concours bien qualifié puisque tout se joue dans des polars). Et les rares rescapées sont rhabillées façon quaker.

Les actions violentes disparaissent. On parle des assassinats mais sans jamais montrer un assassiné. Les décors se simplifient jusqu'à l'appauvrissement : quatre murs dont seulement trois visibles, et un bureau. Le commissariat cesse d'exister puisque la brigade de flics est supprimée. Voilà que Derrick et son collègue Harry restent seuls pour assurer la tranquillité de toute une ville. Le chef décorateur a bien laissé un téléphone mais quand ce téléphone sonne c'est comme pour annoncer que la ligne va être coupée. Tous les mouvements sont ralentis. Un bavardage à prétention psychologique se substitue aux scènes d'action. Derrick devient même philosophe, s'efforçant de faire comprendre que le crime ne peut pas être éradiqué dans les sociétés.

(Là où je ne suis pas d'accord, c'est lorsqu'il déclasse la prostitution parmi les attitudes criminelles, croyant naïvement l'expliquer par la misère, la contrainte et l'alcoolisme ; et cela conformément à la propagande religieuse anti-sexuelle laïcisée.)

 

C'est une série archi-connue mais qui a mal vieilli. Derrick, surtout, a vieilli plus vite qu'elle - ankylosé, terni. Lourdement abrité derrière le double hublot de ses lunettes et ne conservant pour seul éclat que son bracelet montre de vanité.

Ce n'est pas que les histoires soient insignifiantes ; elles sont plutôt habilement goupillées, et les personnages offrent des caractères bien typés. Elles exhibent sans hypocrisie la vie de chaque jour, le mensonge, le trahison, le complot. Le complot jusque dans la salle à manger de la famille quand, par exemple, des parents pour innocenter le plus aimé de leur deux fils coupable d'un meurtre, font accuser son frère, handicapé mental.

 

Mais pourquoi fallut-il que ces 281 épisodes policiers commencés avec hardiesse se terminassent dans un engourdissement généralisé ?

RYAL