01/06/2025
Tarzanide n° 639
L’Ordoner du jour
Rue Ordener, rue ordinaire dans Paris populaire. Une de ses extrémités rencontre la rue Marx Dormoy, du nom d'un des anciens maires de Montluçon ; et de l’autre le quartier dit de La Goutte d’Or, longtemps évoqué comme enclave arabe donc musulmane pour travailleurs salariés immigrés.
Je connus assez tôt cet arrondissement de Paris. En fait, ce fut mon premier débarquement effectué au tout début de la décennie des années 60.
- Débarquement ? Quel débarquement ? Paris n’est pas une étape portuaire.
- Pas portuaire ? Connaissez-vous des gravures anciennes, celles du XVIIe ?
L’eau de la Seine s’y trouvait encombrée alourdie de navires, de bateaux, de barques etc.
N’ayant en poche que quelques pièces de monnaie et trois ou quatre billets de pas grand chose pliés en deux, je cherchais au moins un plafond pour m’abriter. Je parvenais Porte de Clignancourt, métro Simplon ... Sur ma droite, ça je m’en rappelle, et j’avançais dans je ne sais plus quelle ruelle ou impasse. C’est alors que j’aperçus trois ou quatre femmes un peu âgées et sans coquetterie adossées contre un mur d’une grisaille de pierre tombale jamais balayée. Une porte était ouverte par laquelle on pouvait sortir après un aller-retour, entre deux fenêtres closes par des volets-persiennes. Au-dessus, une enseigne formée d’un lettrage maigre : Hôtel.
- C'est 5 francs !
Pendant trois ou quatre mois je logeais dans ce petit commerce de passes tenu par une vieille femme en blouse noire qui me racontait quelque fois des souvenirs vrais ou inventés de sa jeunesse qu'elle disait provinciale.
Encore parler de la rue Ordener ? : un long trajet à pieds la raccorde à une rue Championnet qui, là bas, dans la capitale, n’est pas coupée en deux par un galopin ruisseau des Etourneaux.
Quant à cette même rue Ordener elle est surtout mémorisée comme un lieu où une banque fut victime d’une certaine Bande à Bonnot.
- Les arnarchistes ?
- Disons de vulgaires bandits romancés par de vulgaires romanciers se croyant politiques.
Mais parlons plutôt d’un Ordener prénommé Paul.
Paul Ordener j'appréciais son talent dès ma scolarité primaire. Sur la table de la cuisine, quand nos trois assiettes étaient absentes, il y avait un livre épais : L’Almanach Miroir Sprint de l’année 1948. L’illustration de sa couverture était signée Paul Ordener.
Pour moi enfant elle suggérait bien la vitesse d’un athlète après un départ coup de feu.
- Dites donc ! Miroir Sprint était géré par le Parti Communiste Stalinien. Votre papa et votre Maman étaient-ils inscrits en dessous de Thorez ?
- Maman ? Non !
Paul Ordener, dessinateur assez vif était le contemporain d’un concurrent encore plus énergique et abondant que lui et qui avait pour nom PELLOS. René Pellos. J'admirais beaucoup ses travaux, ses réussites. Les Pieds Nickelés, Futuropolis, La Guerre du feu. Il était né français, à Lyon ; ce que refusaient de croire quelques-uns de mes élèves qui, mordicus, le voulaient suisse.
Mais en réalité, Ordener s’écrit Ordner ... Vous auriez-dû m’arrêter ! Paul Ordner était son nom véritable.
En 1959, sur la couverture de l’hebdomadaire L’INTREPIDE La signature de Paul Ordner apparut sur cette publication en provenance de l’italien Del Duca champion de la Presse du Cœur pour vraies-fausses demoiselles et femmes retraitées veuves
Ce même illustrateur réalisa également, plus tardivement, des images pour livres destinés à la jeunesse.
Et retenez-vous quand même de me reprocher d’avoir quelque peu triché avec Ordener-Ordner. Vous savez bien que beaucoup d’intellectuels de gauche croient en l’existence de Staline mais demeurent incapables de prononcer les trois mots géorgiens formant réellement l’identité du Petit Père des Peuples opprimés par une démocratie parfaite : celle de l’URSS.
Bar Zing
17:52 Publié dans Arts, BD, BD anciennes, Blog, Fanzine, Grenier de la BD, Journaux, Politique, Société, Sport, Tarzanides | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ordener, ordner, la bd et le sport, pellos, miroir sprint, del duca
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