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03/07/2016

Dimanche, jour du Seigneur n° 17

 

Afin de gagner le droit de « faire la Communion Solennelle » il me fallait préalablement passer par le confessionnal. Une forme de grande boite sombre posée dans un coin de l’Église, où j’avais entrevu des adultes chuchotant je ne savais pas quoi de mystérieux.

 

J’ai questionné Maman après qu’elle m’eut mouillé les cheveux pour mieux arranger ma tignasse au-dessus des oreilles :

 

- Qu’est ce que t’as dit, m’man, toi, comme tes péchés avant ta communion ?

 

- Bouge pas la tête, t’as des épis ébouriffés dans ta chevelure. J’ai tort de céder à ton caprice que tu veux laisser pousser tes cheveux. J’en reçois des réflexions des voisines : il a l’air d’un petit bohémien ! Tu penses si c’est agréable ? … Ma confession, si tu crois que je m’en souviens ! … Invente des trucs, débrouille toi. Tiens ! tu dis que t’as volé des ronds dans mon sac à mains pour acheter …

 

- Mais c’est pas vrai !

 

- Ça ne fait rien. Le principal c’est que t’aies l’air fautif. Tu n’oublies pas de dire que tu regrettes ta faute. Oh ! et puis tu m’embêtes ! … Ton père ne voulait pas que t’ailles chez les curés. Moi, ça m’était égal. Mais comme les gamins autour ils y vont au catéchisme, t’y vas comme eux.

 

Un samedi, en fin de journée, comme ça, a fallu que je m’y pointe sans précipitation « au confessionnal » où qu’il fallait avouer des péchés pour avoir le droit d’avaler l’hostie, le lendemain dimanche, jour de la grande Communion Solennelle.

 

Au retour de ma médiocre confession religieuse, trois ou quatre gamins s'étaient préparés à me moquer, rigolards. J’entendis une exclamation venir de loin : le v’là !

 

- Tu dois pas dire de gros mots, tu dois pas mentir, tu dois pas … sinon t’auras pas le droit de faire ta communion.

 

Ils m'entouraient, rivalisant entre-eux à celui qui réussirait à me rendre coupable d'un péché véniel.

 

- Dis : merde.

 

- Qu’est ce que t’as raconté au curé ? Tu lui as avoué que tu mens tous les jours ?

 

- Oh ! Fichez moi la paix ! On devrait jouer aux osselets.

 

- Tu lui as dit comment que tu déculottes les filles dans le ruisseau des Étourneaux ?

 

- Hein ? Vous déconnez. Vous m’emmerdez à la fin !

 

- Ça y est ! Il a commis un péché ! Ça y est !

 

Le plus costaud enroula son bras tôt musclé autour de mon cou (on va le punir de ne pas être bon chrétien). Et, de son autre bras armé d’une main, il me tordit le nez comme pour finir d’arracher le bouchon d’une bouteille de champagne. J’essayais de me dégager en appliquant, tout en souplesse, une deuxième de hanche de judo enseignée dans la salle des sports du Quai Louis Blanc. Mais la prise ne fonctionnait jamais au réel aussi bien qu’elle fonctionne en démonstration.

 

La bousculade virait vinaigre, je vous assure.

 

Heureusement, mon Père arriva sans que j’eus à prier pour qu’il arrivât. Il descendit de sa haute bicyclette dont il disait : « C’est le cheval des ouvriers », et nous cria dessus.

 

- Arrêtez les gars ! Pas de castagne entre copains de la rue ! … Allez plutôt mettre des grosses pierres en travers du ruisseau pour que les grands-parents puissent aller voir leurs morts au cimetière sans avoir à faire un détour par la Miscailloux !

 

La Miss Caillou ? Le quartier de Mademoiselle Caillou. J’en reparlerai.

 

Puis, papa s’adressa à son fils fruit des entrailles de son épouse : C’est encore toi qui as cherché la bagarre, je parie.

 

- Moi ?

 

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Deuxième de hanche.

Dessin par Hélène Tarel

Emprunté à l'ouvrage LE JUDO d'André Lehnert, 1952

 

Ryal

 

 

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