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17/04/2008

Grèves journal Le Monde

Le monde n'a pas été mis en vente chez les dépositaires de journaux, lundi 14 avril 2008. Il ne l'est pas non plus,aujourd'hui, jeudi 17.

 

Motif de cette absence : une grève pour riposter à la menace de licenciement pesant sur quelque 130 salariés.

 

Je la dois aussi par anticipation à tous ceux et celles qui viendront le visiter.

 

Je ne cache pas que j'en suis venu à me ficher éperdument de l'avenir de ce quotidien, lequel me fut pourtant comme indispensable pendant les décennies 60 et 70 de la seconde moitié d'un XXe siècle encore proche de nous.

 

Me faut-il expliquer ma défection de lecteur ? je serais trop long à en détailler les causes. Je vous y ennuierais, je crains. Mais je pense la dater du tout début des années 80.

 

Ces années là, il y eut une brusque aggravation de la délinquance dans les banlieues de nos grandes villes, de même que dans plusieurs arrondissements parisiens ; et cela pendant les deux périodes gouvernementales passées sous la présidence du vieux rusé François Mitterand. Je ne peux rien changer à ça : ce fut ainsi. Je vais même assombrir la peinture en rappelant que cette délinquance se répandit en même temps que l'installation de réseaux terroristes religieux en provenance d'un « autre côté de la Méditerranée ».

 

En ces circonstances, un de mes camarades d'enfance devenu travailleur social essaya de me convaincre que c'est une garantie de démocratie qu'un juge remette en liberté un jeune pickpocket récidiviste. J'en restais éberlué. C'était le temps – mais il n'est pas totalement écoulé – C'était le temps d'une tolérance à sens unique, qui vous déconseillait de dénoncer l'auteur d'un délit lorsque celui-ci était maghrébin mais qui, en revanche, vous excitait à taxer de fascisme tout policier interpellant un peu rudement l'incendiaire de voitures.

 

Nous ne manquons pas d'anecdotes révélatrices de cet atmosphère d'inversion des valeurs. Exemple : Métro Saint Michel. Un après midi, trois ou quatre policiers demandaient ses papiers d'identité à un grand garçon chaussé de baskets. « Il l'emmerde parce qu'il est basané ! » s'exclama une jeune femme assise devant moi. Ses gros genoux écartaient les miens comme pour aller se reposer contre mes deux olives intimes. C'est qu'elle était de taille, la dame de chez marxisme ! Dans sa main elle serrait Libé roulé en forme de matraque. Je me retins – j'eus tort – de lui signaler que, moi aussi, je venais d'être contrôlé par des policiers, rue Montorgeuil ; quoique ma tête ressemblât plutôt à celle d'un franchouillard casanier qu'à celle d'un intrépide fils du désert.

 

Le Monde inclinant à gauche depuis les bousculades et les fumigènes de mai 68, me parut alors faire sienne l'attitude fâcheuse consistant pour certains démocrates à pousser la surenchère jusqu'à l'absurde. Ainsi, trouver mille excuses au malfrat tout en criant haro ! sur le policier.

 

Je me trompais ? possible. Cependant la montée en puissance d'un Edwy Plenel de la LCR dans les rouages du journal fondé par Hubert Beuve-Méry, me renforça dans ma méfiance. Le Monde se politisait par une génération nouvelle de journalistes engagés, pressé d'introduire le commentaire partisan avant d'affiner le compte-rendu objectif.

 

Puis en 1995, le changement de la maquette de ce journal que j'avais délaissé, ne me ramena pas vers lui. Ses graphismes excentrés, ses photos de vedettes et ses pleines pages publicitaires, le rédactionnel cédant devant l'imagerie tout cela me garda dans mon éloignement.

 

Jamais pourtant, on ne se sépare entièrement des bonnes sensations reçues dans sa jeunesse. Je lis donc encore un peu le Monde chaque week-end. Je laisse à ma femme le soin d'acheter l'exemplaire dominical en même temps que les suppléments qui l'accompagnent sous enveloppe transparente – préservatif oblige.

 

Nous nous distrayons tantôt de films d'indiscutable qualité comme « Épouses et concubines » ; et tantôt nous nous agaçons de la bonne réputation de tel ou tel navet, nanar déjà fossilisé ; je parle de «Un frisson dans la nuit » du m'as-tu vu Clint Eastwood.

 

Dernièrement, allongés sagement dans le lit conjugal en compagnie du chat assoupi de volupté, ma légitime et moi avons regardé « Usuals suspects ». A la suite de quoi, ma femme s'est promise de réfléchir sur ce scénario, lequel met en cause une des métamorphoses du diable, celui ci traditionnellement repérable à une infirmité : il boite. De mon côté, je critique avec dérision cette œuvre. C'est que je reste sous l'impression bizarroïde d'avoir visionné clandestinement l'original non expurgé de « La nuit des morts vivants ».

 

A propos du 7ème art, je m'abstiens d'aller voir « Bienvenue chez les ch'tis ». Et Je dispose d'un bon précédent pour justifier mon refus : je n'ai toujours pas vu La grande vadrouille et le Titanic.

 

Yral

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