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02/01/2020

Affamé par le patronat fauteur de guerres

SUD - RAIL

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01/01/2020

Le 01-01-2020

BON NOUVEL AN A TOUS ...

Bonne-nouvelle-année.jpg

Va falloir tenir jusqu'à l'année suivante

 

Le premier jour de chaque année, quand j’étais gamin, je me rendais chez quelques-uns de nos voisins pour leur souhaiter un joyeux nouvel an. La tradition. Notre voisinage était si proche qu’il me donnait l’impression d’appartenir à notre famille. Par exemple lorsque mon père bavardait avec une des voisines du même âge que lui, j’avais l’illusion qu’ils étaient frère et sœur, ce qui me plaisait beaucoup.

 

- Tu resteras au moins un quart d’heure chez Madame et Monsieur Ch … Faut être poli, pas donner l’impression que tu y vas uniquement pour recevoir un cadeau.

 

Oui : le premier janvier, jour des étrennes.

 

En guise de cadeau chez Monsieur et Madame Ch … je recevais une orange. Pas deux : une seule. Papa avait beau m’expliquer « Ils sont vieux, avec leurs manies de la fin du XIXe siècle, et pour eux l’orange signifie nos conquêtes coloniales dont ils sont fiers ».

 

Mais pour moi ce qui retenait le plus l’attention c’était un gros bocal posé sur la crédence d’un buffet énorme … A travers la transparence du verre j’apercevais une eau trouble dans laquelle se baignaient en suspension des limaces sombres. Il faut dire que Madame Ch … était infirme des deux jambes. Je ne l’a connue qu’assise, jamais au grand jamais debout. Pourtant on lui déposait une paire de chaussures au bas de son fauteuil sur lequel elle était condamnée. Espérait-on un miracle ?

 

- Tu comprends m’expliqua ma mère. Elle est très handicapée jusqu’à la fin de ses jours, et ce que tu vois dans le bocal ce sont des sangsues, pas des limaces. Elle a de la tension.

 

- De l’attention !

 

- Ne fais pas le bête : elle a trop de sang. Alors il faut lui mettre de temps en temps des sangsues derrière les oreilles. Je ne plaisante pas crois moi.

 

Vous voyez que les premiers de l’an n’étaient pas tristes pendant ma petite enfance, d’autant que quand je revenais à la maison avec mon orange à la main il y avait une de mes tantes : Tante Marthe, qui m’attendait avec un beau cadeau , un vrai, un vrai gros pistolet pour faire péter des amorces.

 

- Tu veux peut-être l’envoyer à la guerre avant qu’il en ait l’âge ? s’exclamait ma grand-mère qui ne se consola jamais de la mort de ses deux frères pendant la première guerre mondiale.

 

Doc Jivaro