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09/06/2008

Kiraz

Pensant me donner l'air plus cultivé que bourbonnais, je me suis rendu rue Sévigné, Musée Carnavalet. Dans Paris, oui. Une expo temporaire, ayant l'humoriste Kiraz pour invité, s'y tient jusqu'en septembre, ce me semble.


Mais avant d'un peu commenter le parisianisme du descendant d'arméniens, je tiens à rappeler que le Musée Carnavalet est parfois désigné par des militants de gauche comme Musée de la Révolution. A cause, bien sûr, d'une quantité de souvenirs évocateurs d'une guerre civile provoquée dans notre pays par d' impatients bourgeois d'inspiration Franc-maçonne. On y voit de fausses bastilles d'un format réduit, sculptées dit-on dans de vraies pierres de la vraie Bastille. Les amateurs d'objets tranchants n'y sont jamais déçus : le jouet favorit des républicains : la guillotine, s'y expose sous plusieurs maquettes. Il y a aussi des cocardes défraîchies et des assiettes dans lesquelles est servi comme une omelette rouge le bonnet phrygien. Il y a même le fauteuil à roulettes tout en bois du ci-devant Couthon - qui était infirme - et le portrait (raté) de Marat - qui était infect.

 

D'aucuns murmurent qu'après le milieu des années 1970 un certain maire admirateur de l'obésité du sumo, emprunta dans ce musée un lourd bureau d'époque Régence, pour en installer les quatre pattes dans son cabinet de premier citoyen de la capitale.


Est-ce vrai ?

 

Kiraz c' est tout gentillet, tout propret. Des jeunes filles de papier, aussi beurrées que sucrées, promènent leur incurable paresse entre le dancing chic et la plage estivale à la mode. C'est les enfants d'une bourgeoisie dont la progéniture adopte parfois la nonchalance pour déguiser son cynisme. Les entendez-vous minauder  Marie Chantal jusque dans les lacrymogènes de Mai 68 ?

 

Ces demoiselles snobinettes dessinées sont bien connues d'être publiées dans certains journaux populaires, même si l'huma dimanche (auto proclamé journal du peuple) n'en fit pas son casse-croûte dominical.

 

Kiraz ça se veut, ça se croit apolitique. Mais c'est quant même de la politique – et de la plus pernicieuse. La preuve : Marcel Bloch Dassault – qui fit fortune grâce à un talisman et non pas grâce à la vente d'avions de guerre - offrit les pages de son journal Jour de France aux jeunes élégantes de Kiraz.

 

Et Marcel ne faisait pas de politique, c'est connu !

 

Kiraz c'est le bien surnommé. Ses donzelles de pâtisserie n'ont pas un seul poil qui déborde de leur maillot. D'où le mot : Kiraz de près la motte.

 

C'est dire que Kiraz m'ennuie quant il ne m'agace pas.

 

Je n'excuse pas son talent aseptisé.

 

Il y a, comme ça, des pots de confiture qui vous mettent les doigts dans la merde.

 

Je préfère Pascin ou, encore, en plus salé, en plus risqué : Balthus.

 

Et tenez : je me demande si Kiraz coloriant les arrières plans de ses images, tantôt une perspective de tables de café-bar, tantôt une allée ombrée d'arbres, n'est pas plus intéressant, graphiquement parlant, par ses décors plutôt que par la silhouette monotone de ses filles longilignes toutes sorties du même moule.

 

 

28 mai 2008 - LYAR

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